L'Académie de Lu





Pas encore inscrit ? /


Lien d'invitation discord : https://discord.gg/5GEqPrwCEY


Tous les thèmes
Rechercher dans le texte ou le titre
Expression exacte
Rechercher par auteur
Rechercher par type de défi
Tous les textes


PseudoMot de passe

Mot de passe perdu ?

Mélilemots 9


Pensées d'une guerrière

(par Jalon)
(Thème : MĂ©lilemots 9)



Kairen était assise sur un banc dans le long couloir du palais royal. L’heure était tardive, et la lueur des lanternes du plafond creusait les reliefs de son armure rutilante. Bien que les terres de la Nouvelle Alliance de Nyria étaient en paix depuis un an déjà, elle ne pouvait se résoudre à se séparer de ces lourdes plaques de fer serties de bronze ambré qui avaient fait son identité. La paix, la réunification des territoires, tout cela découlait en grande partie de ses faits d’armes, et aussi d’une longue et sombre période passée à guerroyer.


Sa survie et sa contribution lui avaient valu le grade de Générale en Chef des armées de la Nouvelle Alliance. Il fallait au moins cela pour compenser la grande tristesse qui pouvait parfois l’envahir alors qu’elle se perdait dans la danse hypnotique des pensées et souvenirs qui remontaient à la Guerre du Sorcier, à laquelle elle avait mit fin, certes avec grandes souffrance et des pertes inoubliables, mais avec un certain soulagement. Désormais, la guerrière n’avait plus à craindre les lendemains sans réveil, ne voyait plus le nombre de ses soldats fondre continuellement, n’avait plus à s’inquiéter pour ses proches encore en vie et l’étau de la peur de l’inconnu et du mystère s’était desserré.

Et pourtant, Kairen ne s’était jamais sentie aussi vide que durant cette année ayant suivi la fin de la guerre. Certes, le fait de voir le peuple des terres autrefois dévastées s’épanouir de nouveau lui réchauffait le cœur, en plus de justifier tous les combats qu’elle avait menés pour que tous ces gens vivent une vie normale, mais le problème était là. Jamais le destin n’avait jusque-là accordé une vie réellement normale à Kairen, en temps de paix, dans un cadre parti pour durer. Les premières années de sa vie, les seules à avoir bénéficié d’un semblant de paix, semblaient maintenant avoir été écrasées, comme la verdure de sa région natale fut mise à feu et à sang par les premières batailles. Ces souvenirs dans sa tête étaient piétinés par les interminables années de guerre, où elle n’avait fait que combattre, et voyager pour aller combattre ailleurs dans le seul et unique but d’un jour ramener la paix. Un fantôme de nostalgie, qu’elle sentait parfois ressurgir, mais qui ne faisait qu’alourdir sa peine alors qu’il s’était déjà éloigné.


Toujours seule dans le couloir, elle baissa la tête. La destruction de la vallée de son enfance avait scellé son destin. Elle était faite pour combattre, au prix de ne plus jamais connaître une vie normale, sacrifiée sur l’autel de la guerre. La paix n’était pour elle plus qu’un vide dans son esprit jadis débordant d’activité, de dilemme, d’émotions, de panique, de soulagements, de frissons, de défis…


— Ma gĂ©nĂ©rale, fit une voix.


L’interpellée sursauta. Elle releva sa tête, et identifia son interlocuteur. C’était un garde du palais, qui effectuait son inspection du soir. Son armure à lui était une version largement simplifiée de celle de Kairen. Il portait en outre un heaume de garde, ainsi qu’une hallebarde de fer et une lampe à huile.


Sans bouger de son banc, Kairen se redressa.


— Soldat, rĂ©pondit-elle. Au rapport ?


— Rien Ă  signaler. Le palais est dĂ©sert, comme il est supposĂ© l’être. Il n’y a que vous.


La guerrière ne répondit pas. Il y eut un petit silence, que le garde finit par briser.


— Sauf votre respect, ma gĂ©nĂ©rale, je vous sens... prĂ©occupĂ©e.


Kairen se crispa. Elle aurait préféré se passer de ce genre de discussion pour ce soir. Mais le garde la perçait à jour. Elle hésita longuement à répondre. Rien ne l’obligeait de le faire. Elle était complètement en droit de congédier le soldat et retourner dans ses quartiers sans demander son reste. C’était ce qu’elle faisait d’habitude avec ceux qui étaient trop bavards à son goût. Mais à ce moment-là, elle ne put s’y résoudre. La situation était telle que l’arrivée de cette personne, en plein milieu d’un moment de solitude, avait l’air d’un encouragement. Une fenêtre ouverte. Ainsi, elle inspira cette petite bouffée d’air et répondit, le regard vers le plafond.


— Vous ĂŞtes-vous dĂ©jĂ  senti vide après une grande Ă©preuve ? Comme si l’épreuve en elle-mĂŞme vous paraissait plus gratifiante que ce que vous en avez tirĂ© au final ?


Le garde s’appuya sur sa hallebarde, l’air pensif.


— Peut-ĂŞtre bien, fit-il Ă  mi-voix.


Son regard croisa celui de sa générale.


— Je ne suis pas un grand penseur, mais je pense que ce sentiment a une explication plutĂ´t claire. Vous parlez d’une Ă©preuve que vous auriez passĂ© qui ne semble pas encore avoir portĂ© tous ses fruits ?


Kairen acquiesça en silence.


— Je comprends, poursuivit le garde. Peut-ĂŞtre que dans ce cas, l’épreuve n’est pas encore terminĂ©e.














Sourne

Je trouve que ton texte est bien écrit et se lit bien ! Par contre, certaines phrases semblent un peu trop longues... Et en parlant de sembler, il y a une répétition à un moment, de semblant/semblaient xD
En tout cas, on sent bien l'importance de Kairen !


Le 16/05/2023 à 12:04:00



Awoken

Ton texte est chouette et prenant à lire. La dernière phrase rajoute une chouette ouverture pour un prochain texte (écrit la suite!) et les mots du mélilémots sont bien insérés. Bravo!


Le 20/05/2023 à 14:40:00



Ellumyne

Très beau texte @Jalon, rêveur à temps plein . Étrange comme la paix semble attirer plus de tristesse que de joie aux guerriers aguerris. En tous cas, on est vite plongé dans ton histoire. Et les mots sont plutôt bien placés.


Le 23/05/2023 à 12:58:00

















© 2021 • Conditions générales d'utilisationsMentions légalesHaut de page