L'Académie de Lu





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Carnage démoniaque

(par Sourne)
(Thème : 5 morts)



Une sensation de froid prenante s'insinuait dans les moindres failles de ses vêtements. Pourtant, elle était habituée au gel, fière Nordique qu'elle était, et le froid ne la faisait pas plus que ça frissonner. Mais ce fut le cas et son corps frémit dans toute son entièreté. Surprise par cette sensation qui lui était jusque là inconnue, Grima inspecta visuellement son treillis de combat. Minutieuse avec son équipement, grâce à ses années vécues au service du Fournisseur, il n'y avait bien évidemment pas la moindre faille dans sa tenue. L'angoisse la frappa néanmoins lorsqu'elle constata que ses chargeurs de fusil et surtout son fusil lui-même avaient disparu. Frénétiquement, elle balaya du regard son environnement, à la quête de son armement. Grima trouva une icône divine, qu'elle blottit contre sa poitrine bien qu'elle ne connaissait pas la déité représentée.

Ils étaient plongés dans une pénombre impénétrée de lumière, des ténèbres absolues les emprisonnaient dans une pièce sans issue. Sébastien n'avait pas peur du noir, jamais il n'avait fait de cauchemars. Hélas pour lui, une anxiété le tenait fermement et refusait de le quitter, anxiété renforcée par les effets de l'anti-sérum qui lui avait injecté le Grand Leader. Foutu Pierre qui, par crainte des sentiments, avait élaboré le sérum pour contrôler l'humanité d'une main de fer mais qui dans un élan de doute avait produit un élixir aux effets inverses. Et à ce moment précis, Sébastien se serait bien passé de l'anti-sérum qui coulait dans son sang, bien qu'il lui servait dans sa quête de vengeance. Mais quand il passa ses mains dans les poches de son sweat gris, l'infiltré trouva une photo, dont il ne reconnut pas les personnes présentes.

Un géant de près de deux mètres se dressa sur ses solides et musculeuses jambes, puis il frotta avec énergie l'arrière de son crâne. Son dernier banquet abondamment arrosé de boissons fortes ne l'avait pas laissé indemne cette fois-ci, se dit-il. Ne paraissant pas même remarquer l'endroit dans lequel il était, il s'étira, ses articulations craquèrent dans un bruit digne du tonnerre. Sa cotte de maille cliquetait délicatement à chacun de ses mouvements, la fourrure d'ours qui garnissait le col de son armure se soulevait à chacune de ses frappes factices. Le Roi Forcemiti était le plus digne représentant du peuple le plus bagarreur et le plus buveur de Foya, les Altyéens. Durant ses étirements, une pièce dorée tomba et roula un instant, avant que le Roi n'abatte son pied dessus et ne la récupère.

Il fut le premier à s'être relevé, il était le premier à être sur ses gardes. Dans cet environnement étrange, où l'on ne pouvait pas voir clairement et dont les limites étaient définies par des sortes de flammes noires, compactes et n'émettant pas la moindre chaleur, le chevalier de Leste était des plus mal à l'aise. Son épée et sa dague à rouelle n'étaient plus ceintes à sa taille, remplacées par une gourde contenant une liqueur, mais il mit ses bras en position de combat. Même sans arme, il était sans le moindre doute plus vif que tous ceux qui traînaient et gémissaient encore au sol, et ses gantelets en acier devaient laisser un goût ferreux dans la bouche de ses potentiels adversaires. Et s'il les battait tous et qu'il pouvait s'extirper d'ici, il pourrait les dépouiller de leurs objets de valeur, comme lors du pillage de Treitesso, en Aéssie.

Était-ce là le purgatoire ? Était-il enfin absous de ses pêchés ? Ce fut ce que se demanda le Croisé Condamné, qui était sur Terre depuis la quatrième croisade, durant laquelle il avait péri. Pour ne pas dire qu'il était coutumier du fait de se réveiller dans un lieu étrange à une époque inconnue, ce changement soudain d'environnement entre celui-là et sa cellule de confinement ne le perturba guère plus que cela. Et contrairement aux autres personnes présentes ici, dont il devinait qu'ils étaient tous des guerriers issus d'époques, de lieux et d'univers différents du sien, sa fidèle épée divine était toujours dans sa main. En attendant son tour d'être jugé, il jugera la foi des autres.

Hagard, le Duc d'Aéssie se demandait par quelle sorcellerie il avait été déplacé dans cette prison de ténèbres. Puis lui revint des souvenirs qu'il n'avait pas vécu, la mémoire de l'un de ses ancêtres qui avait pactisé avec le Démon suite à la mort de la Déesse Agria, cet aïeul lui avait juré de prendre le trône du Royaume du Sud lorsque le moment serait venu et de le lui donner, tout cela sans violence. Malheureusement, le Duc emprisonné ici n'avait pas restitué son trône au Démon, provoquant son ire et des massacres inutiles. Pour l'Aéssien, sa vie après la mort serait l'isolement dans cette sombre dimension, n'ayant qu'une maigre tranche de viande comme ultime réserve de nourriture. Il la garderait précieusement, et se battra pour la garder si elle s'avérait vitale.

Ignorant royalement les autres, un étrange individu assis en tailleur se rongeait les doigts, aussi fins que sa morphologie en générale. Le Dévoreur n'avait que la peau sur les os, des guenilles sur sa peau pâle. Manger était sa seule préoccupation et il avait toujours faim, son ventre criait sempiternellement famine. Il y avait bien à ses pieds ce qu'il assimilait à un tas de chair, il avait déjà manger de cette viande-là, mais quelque chose l'empêcher de s'en repaître. Peut-être cette nuit fort inhabituelle.

Deux personnes parurent prier, une femme en vêtements précieux mais modernes et un homme portant un plastron finement décoré. Ils ne vénéraient pas le même dieu, ils ne venaient même pas de la même planète, mais ils se recueillaient et ils étaient sous le regard inquisiteur du Croisé Condamné. La Reine ne s'en aperçut point, serrant dans ses mains un crucifix dorée, mais le Earl Eagles le remarqua et arma son arbalète avec le seul carreau qu'il avait, fait des mêmes ténèbres que celles qui les entouraient. Il était habitué aux mousquets, mais en l'absence de son précieux fusil, le Earl se rabattrait sur cette arme d'Archéronien. D'ailleurs, la Reine qui l'avoisinait ressemblait fort à une Impériale, mais étant cerné d'ennemis éventuels, Le Earl préférait conserver son unique tir pour le moment.

Tandis que les autres n'avaient pas d'intentions belliqueuses, le cobaye d'Osiris analysa d'un œil mauvais ses adversaires, pour déterminer dans quel ordre il devait les éliminer. Avec le pouvoir du Cube dans ses veines, il était invincible, pensait-il, et à raison. Même dénué de son pistolet énergétique, il pouvait balayer tous ces vermisseaux d'un revers de main, bien que le Earl Eagles le laissait perplexe. Comme lui, il était un Estien, mais il était néanmoins armé d'une arbalète au Cube Noir que portaient les dragonniers de son époque, reliquats anachroniques d'une ère révolue. Par défaut, et en dépit de leur même patrie, Steven s'attaquerait au Earl en priorité.

Militaire dans sa vie d'avant, Steven était pourvu de capacités physiques hors-normes, et cette montagne de muscles se précipita en quelques pas vers sa proie. Toutes les autres personnes furent ébahies par la vitesse avec laquelle le cobaye d'Osiris, dont il était dévoué depuis que sa famille fut massacrée par des Archéroniens. De justesse et grâce à sa magie de vision absolue, le Earl éluda de justesse la charge, bien qu'une douleur lancinante le foudroya au niveau de ses côtes. Retombant lourdement au sol, Eagles regarda dans les yeux son agresseur qui s'apprêtait à se précipiter sur lui, et il fut frappé par la couleur de ses iris. Un azur parfait, sans impureté, comme les anges qui servaient son dieu.

Bien qu'il ne connaissait pas le noble qui gisait au sol, il était du devoir d'un Roi de défendre les opprimés et d'être le plus juste possible. Tandis que Steven mit un pied en avant, se reposait sur ses appuis avant de charger de nouveau, Forcemiti surgit dans son dos et de ses bras aussi larges que des troncs, l'immobilisa fermement. La Nordique Grima se tourna quant à elle vers le Earl Eagles et lui demanda d'abattre Steven, mais hélas le noble était comme pétrifié, incapable de raisonner. Alors, Grima s'en alla voir le Croisé et tomba à genoux, le supplia et l'implora de les sauver avec son épée. Pleurant quelques larmes de craintes, la Nordique portant l'icône divine à son cœur et priant son propre dieu.

La foi de la personne pleureuse était teintée d'appréhension pour sa propre vie et le Croisé Condamné percevait bien que jamais elle ne prierait de son plein gré, mais cela lui suffit pour agir. En dépit de son haubert, il se déplaça vers Steven avec une telle vitesse qu'il parut aux autres qu'il s'était téléporté. Tandis que Forcemiti lâcha prise suite à un violent coup de tête reçu dans son nez sanguinolent, le Croisé asséna un coup d'épée, qui traversa la gorge de Steven.

Cependant, pas la moindre goutte de sang ne perla, comme si la lame n'avait tranché que de l'air. Mais pourtant, tous étaient témoins de l'attaque qui aurait éliminé le cobaye d'Osiris, qui n'avait pas pressenti l'attaque. Pour la première fois en mille ans, l'épée du Croisé Condamné l'avait trahi ? Il ne pouvait pas le croire, à moins qu'il ne devait se repentir sans arme. Quelle était donc la symbolique de cela ? Devait-il subir son état de revenant pour les mille prochaines années ? Tant de questions se bousculèrent dans la tête de l'immortel, lorsqu'une explosion les enveloppèrent, Steven, Forcemiti et lui-même.

À quelques mètres de là, le Earl Eagles s'était rétabli et instinctivement, il avait tiré son unique carreau sur le cobaye d'Osiris, qui fut désintégré à cause des deux forces opposées qui étaient entrées en contact. Le Roi d'Alty, qui était derrière, encaissa de plein fouet l'onde de choc, qui l'avait propulsé contre un mur de ténèbres. Ses blessures étaient graves, du sang coulait de tous ses orifices, sa bouche émettait un râle de douleur et de supplications. Mais le Croisé, lui, ne parut pas perturbé par l'explosion des énergies universelles, et dans un halo de lumière, il se régénéra entièrement.

Les autres étaient occupés à regarder le Croisé briller de mille feux, ils étaient bien sots. Et puisqu'ils s’entre-tuaient aussi, de Leste n'avait qu'à en profiter pour récupérer le butin. Une pièce en or luisait et attira bien plus le regard du chevalier que la régénération miraculeuse du Croisé. Sans le moindre scrupule ou moment d'hésitation, le chevalier s'accapara de la piécette et la gardait jalousement dans sa main. En marchant pour mettre à l'abri sa précieuse trouvaille, de Leste trouva une seringue, qui devait être détenue par Steven à l'origine. Bien qu'il n'en connaissait pas l'utilité, le chevalier se dit qu'un objet ayant résisté à une explosion devait bien valoir quelque chose.

Émerveillé par le miracle de ce qu'il avait vu, le Duc remarqua derrière le Croisé Forcemiti, agonisant au sol. Il se fit donc le devoir d'assister du mieux qu'il pouvait ce noble homme, qui avait voulut sauver sans hésiter le Earl Eagles. Même s'il n'avait qu'une tranche de viande, cela accorderait peut-être au Roi un ultime repas, qui lui permettrait de s'en aller en paix. Mais avant qu'il n'eut le temps de faire un pas, une mâchoire se referma sur la main qui tenait la nourriture. Le Duc hurla de douleur et par réflexe, fit férir son membre libre sur le Dévoreur, mais ce dernier n'en démordait pas et tenta de saisir le morceau de viande qui gigotait dans la main prise de spasmes. Avec plaisir, l’anthropophage buvait le sang du Duc, bien qu'il était bien plus attiré par la nourriture normale.

Pendant ce temps, la Reine acclamait le Croisé et affirma à Sébastien que c'était grâce à son propre dieu que le maudit avait survécu. Elle faisait de son mieux pour amener le jeune adulte à se convertir à sa religion, avec laquelle elle était venue à la tête de l'unique colonie de survie terrestre. Sébastien était athée et le Grand Leader avait interdit toute forme de culte, sauf autour de sa personne bien évidemment, mais le jeune homme était bien incapable d'expliquer le phénomène lumineux. Ce qui l'importait, c'était de se venger de Vince, pour avoir perdu la femme dont il était épris, la tendre Aéssie. Sa rage se démultiplia sous les effets de l'anti-sérum et il repoussa violemment la Reine, faisant fi de sa propagande stupide. Ce fut à ce moment que le Croisé lança son offensive sur la fausse prophète, dont la foi était corrompue et mauvaise. La pointe de l'épée divine perfora la Reine en plein cœur, mais dans un élan de survie désespéré et vain, elle frappa le Croisé Condamné du crucifix doré, au niveau du torse. Alors que la fausse prophète perdait du sang en quantité, le Croisé s'en alla pour toujours dans un autre halo de lumière.

Le Earl Eagles détestait le vol plus que tout, s'il n'était pas utile à l'effort de guerre. Certes, il avait dérobé des dragons par le passé, mais c'était pour servir le Royaume Divin de l'Est. Et lorsqu'il s'était rendu compte que le chevalier de Leste avait dérobé de l'argent à un agonisant, il eut un haut-le-cœur et il avait contraint, en le prenant par la gorge, à donner en échange la flasque d'alcool qu'il avait. Amer de devoir partager ses ressources, de Leste faisait boire la liqueur au Roi Forcemiti, sans avoir la minutie d'une mère qui porterait le biberon à son nourrisson. Handicapé de par ses blessures, les gorgées d'alcool brûlaient son œsophage, mais elles lui apportaient satisfaction. Quand la dernière goutte de liqueur disparut dans sa gorge, Forcemiti s'effondra sur le sol froid, raide mort.

La main rougie de morsures, ruisselante de sang et bleuie n'était rien par rapport à la souffrance que ressentait le Duc devant les restes de la femme qu'il avait juré servir, mais qu'il avait pourtant assassiné. La Reine Valèntia était la souveraine qui avait rétabli la prospérité dans le Royaume du Sud, mais cela n'avait pas empêché le Duc d'Aéssie de lui planter une dague dans le dos et tout cela, pour une promesse qu'il n'avait pas tenu. Le poids de la vie des milliers d'âmes qui avaient péri lors de l'apparition des Légions de l'Arc pesait sur les épaules de l'Aéssien. S'il n'avait pas parjuré par deux fois, les choses auraient été bien différentes. Sa gorge se resserra, sous l'emprise de ses poings qui maintinrent une grande pression jusqu'à sa mort. À proximité de son corps reposait celui du Dévoreur, empoisonné par la tranche de viande. Sa gourmandise, qui avait coûté la vie de centaines de survivants d'une apocalypse de dévoreurs zombifiés, venait de prendre sa vie.

Mécontent de la mort de Forcemiti, le Earl revenait vers le chevalier, qui se retrouva vite acculé contre les ténèbres solides qui les enfermaient tous ici. Dans un élan d'avarice et pour ne pas que le Earl ne lui vole sa précieuse pièce, de Leste l'avala. Mais hélas pour lui, elle se retrouva en travers de sa gorge et il fut prit d'une quinte de toux, qui ne la délogea malheureusement pas. Le chevalier de Leste, connu aussi bien pour sa vitesse au combat que pour sa cupidité, périt étouffé par une pièce d'or. Consterné par cette stupidité, le Earl eut un besoin de se recueillir et marcha vers Grima, afin de lui demander s'il pouvait avoir la statuette qui représentait son dieu, le Saint Gardien du Cube. Bien trop apeurée par ce qui se produisait tout autour d'elle, le Nordique crut qu'il voulait s'en prendre à elle et le frappa au crâne avec l'icône, qui se brisa sous la force de l'impact, en même temps que le crâne du noble estien.

Ils n'étaient plus que deux objets dans cette pièce sombre, créée par des ténèbres. La seringue fut prise par Grima, et Sébastien avait toujours la photo avec lui. Le jeune homme tournait nerveusement en rond dans le faible espace qui était offert aux survivants, un espace sans la moindre faille ni échappatoire. Les deux se retrouvèrent face à face après un instant, ils se scrutèrent. Dans la main de Grima, le jeune homme reconnut une seringue du sérum, le poison qui inhibait les sentiments. Mais si il se l'injectait, lui qui était victime du produit inverse, il reprendrait sans doute en lucidité et cessera sa quête de vengeance qui faisait souffrir ses autres amis, au mépris du Grand Leader. Alors que ses pensées lui intimaient l'ordre d'être poli avec sa potentielle sauveuse, ses sentiments sans limites firent qu'il arracha brutalement des mains d'une Grima intimidée et se l'injecta dans le même geste.

Les peurs, la colère, la haine à l'égard de son meilleur ami, tout cela disparut des pensées de Sébastien, en même temps que sa conscience. Le jeune homme, gagné d'un sentiment de sérénité, chuta au sol, décédé. Atlas, l'IA qui manipulait le Grand Leader n'était pas dupe, et avait par conséquent dégrader les molécules afin qu'elles rongent le cerveau de celui qui s'injectait du sérum et de l'anti-sérum. Choquée par cette mort soudaine, Grima s'avisa d'une photo qui glissa de la poche du sweat de Sébastien. En la prenant délicatement, elle vit que c'était une image d'elle adolescente et du Fournisseur, son mentor éliminé par sa propre agence d'espionnage. Prise de chagrin, encore ébranlée par ce qui était arrivé dans cette pièce ténébreuse, la Nordique se lova sur elle-même, se laissant dépérir.














JilanoAlhuin

What the heck, pourquoi ils se battent tous ? xD J'ai pas capté le pourquoi du comment...(enfin, y en a un qui a une "raison", mais les autres, aucune) x) Le texte est sympa, bien que j'ai vu une phrase qui a perdu une partie d'elle même : "Toutes les autres personnes furent ébahies par la vitesse avec laquelle le cobaye d'Osiris, dont il était dévoué depuis que sa famille fut massacrée par des Archéroniens ". Il manque un bout :thinking: Mais dans l'ensemble, le texte est cool :smileycool~1:


Le 25/06/2021 à 15:26:00

















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