On fait une omelette... [ Chrisu ]
(par Sourne)(Thème : DĂ©fi d'Ellumyne)
Punaise, la chaleur m'étouffe... faut dire, pourquoi je m'ennuie à gravir un volcan moi... Ah oui, pour faire plaisir au cuisinier de l'Académie. Il pouvait se le chercher tout seul, son œuf. Ou aller à la supérette du coin. Mais non, mon modeste génie existe. Si seulement les élèves de Lu' ne mentaient pas sur leur puissance, ils s'en occuperaient.
Enfin, je pose le pied sur la dernière pierre de ma marche forcée. Et je ne dirais qu'une chose... il fait pu...naise de chaud ici ! J'espère que la récompense prendra l'ascendant sur tout ce que je peux imaginer... Comme des montagnes de culottes, héhé.
Ça me paraît bien cliché tout ça... Un unique œuf, soigneusement et ostensiblement placé au centre du cratère rougeoyant de magma. Slurp, je lèche mon doigt et je le porte au ciel. Le vent vient du nord-nord-nord-ouest, très précisément. Donc, je suppose que la vouivre débarquera dans cette direction.
Suffit de garder cette direction à l'œil je suppose, pendant que je me faufile jusqu'à mon précieux. Hé, ces misérables rivières de lave ne vont pas m'arrêter, vu comme je saute par-dessus ! Allez hop hop, en deux bonds trois mouvements, j'arrive devant cet œuf !
Je m'en saisis et hooo... quand je l'agite très fort, ça fait splosh splosh à l'intérieur ! Marrant. Mis à part ça, ça ressemble à un œuf de poule. En plus gros, plus rugueux, plus rouge, plus ovale, un peu écailleux. Mais ça y ressemble. Un peu.
Allez, j'emballe le précieux dans du papier bulle, histoire de ne pas l'abîmer. Et même pas besoin de remorque pour le transporter, juste mon sac à dos, contrairement à ces Académiens-là qui s'en serviraient, EUX.
Tiens, il fait sombre tout Ă coup. Et je sens qu'un truc vient tout juste d'atterrir dans mon dos...
— HĂ©hĂ©... salut maman vouivre ?
— Grrrrrrrrrr.
Pourquoi je me retrouve dans cette situation, moi ? Et dire qu'on me certifiait que les vouivres venaient toujours dans la mĂŞme direction que le vent, pour qu'on ne les sente pas !
Viiiiite, je dois sauvegarder ma viiiie. Je me précipite au-dessus des rivières de lave et je descends lestement la montagne ! Et cette fichue vouivre continue de me poursuivre !
Encore un pas et... boum. Super, je viens de trébuchet sur une petite caillaaaaaasse, et bam, aaaaah, je fais des roulés boulés sur le dos !!
Ainsi ma vie s'achève... la maman vouivre s'approche inéluctablement de moi. Je vois dans son regard qu'elle désire ardemment ma mort, son haleine putride vient heurter mes délicates narines, sa gueule fournie en dents crochus pointe vers moi. Elle se tient là , à deux mètres. La distance idéale pour me sauter dessus... et pour se prendre ma bombe puante !
Haha, tu fais moins la maligne maintenant, hein ? Toujours disposer d'un atout en poche, voilà la clé du succès dans mon domaine héhé ! Mais par contre... mais çaaa puuue ! Pouah, je vais vite vite rentrer à l'Académie moi.
Horrible, je ne parviens mĂŞme pas Ă me souvenir de mon trajet de retour avec cette odeur de l'enfer. Au moins, la cuisine se tient devant moi, avec son vieux cuistot rondouillard qui me fait entrer.
— Ah, rebonjour Chrisu, me dit-il de sa voix cassĂ©e et rauque. Tu me livres ce que je voulais ?
Ma montre, ma montre avant tout. Presque un centième de seconde d'avance sur mes prévisions ! Si avec ça, il me donne pas l'une des culottes qui traînent dans sa chambre. Un peu bizarre en fait... Mais bon, puisqu'on ne me pose pas de question sur la provenance de mes produits, alors je ne lui demanderai pas d'où viennent tous ces sous-vêtements.
— Heu, Chrisu ? Ma commande ? Mais on dirait qu'il peut attendre un tout petit peu ce Philippe !
— Ouais ouais, ton colis. Je retire de mon dos le sac et je cherche un peu. Ah, voilĂ . Un Ĺ“uf de vouivre, tout frais tout chaud !
J'enlève le papier bulle et je tends le colis au cuistot enjoué, mais... Mais il le tient mal cet empoté et splash. L'œuf vient de tomber par terre, le blanc et le jaune dégoulinent de toutes les fissures. Ah non, ça va pas se finir comme ça ! Je ne veux pas retourner là -bas et me recoltiner maman vouivre !
— Ne t'en fais pas Chrisu, ça se rĂ©cupère ça, m'assure-t-il en prenant une cuillère pour racler le sol et mettre l'Ĺ“uf dans un bol.
Je commence Ă me poser des questions sur ce Philippe lĂ ...
— Ravi de voir ta satisfaction... Et n'oublie pas, Chrisu livreur jamais flâneur, partout toujours !
Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !