Le vent sec de la journée frottait contre mes joues rougies par la chaleur tandis que je me trouvais, marchant vers nulle part, dans ce vaste désert au décor désolé. Chaque pas posé sur les pierres formant ce paysage me rappelait pourquoi j’avançais à pas flâneur ainsi, sans but. Mes parents, partis dans cette guerre autrefois noble, mais qui, aujourd’hui, flattait le ridicule et la tristesse de l’absurde, logeait probablement avec les fourmis sur le sol à l’heure où je marchais.

Soudainement, alors que j’entrepris la descente vers une possible oasis (une oasis qui me sauverait probablement de la faucheuse tournoyant au-delà de ma tête comme les aiguilles d’une horloge lors d’un moment stressant), un bruit métallique pénétra mes oreilles.

— QUI VIENT DE FAIRE ÇA? Hurlai-je subitement en gaspillant le peu de salive qui me restait.

Un autre bruit sourd de métal frottant le sol me répondit accompagnée d’une voix de femme étrange – comme si elle parlait dans une conserve : « Exécution du protoc… Erreur du… Terminaison du mo… Erreur système fat…

— Un robot! M’écriai-je. La cause de ce massacre et l’auteur de ce champ de morts qui bordent les routes des villes. Enfin, l’heure pour moi de venger mes frères et sœurs morts pour cette planète!

Des étincelles jaillissaient de l’épaisse carcasse humanoïde se dressant devant moi alors que ma lame s’extirpait de sa sacoche à ma taille. Après l’évaluation de son état, un coup d’épée sur cette boite de métal amoché me sembla débile et une gaspille énorme d’énergie – la ressource qui me manquait alors que mes jambes peinaient à me maintenir debout, face au sable et au soleil. Pendant je me d’adossais sur la roche en face d’elle en me demandant si cette vieille ruine méritait que je lui sectionne les fils un à un pour tous les dommages causés par son peuple (si on pouvait appeler un tas de boites de fils à l’apparence humaines ainsi), elle continuait ses élucubrations : « la centra… Déconnecté… Module ELI Opérationnel! Sauvegarde du mémoire 386! ».

Subitement, elle cessa toutes tentatives de paroles pour ne laisser qu’un son, celui de la machine se redressant sur le roc. Aussi surpris que terrifié, je me levai subitement (il faut dire qu’on ne croise pas tous les jours des robots de cinq mètres et massif telle une remorque s’adosser contre la pierre comme cette journée-là). J’observai quelques secondes l’engin ouvrir et fermer ses mains alors que mon courage de terrasser ce monstre se trouvait maintenant bien loin. Sans que je puisse expliquer pourquoi, je décidai finalement de lancer, d’une voix nerveuse, un signe de discussion : « Bon… Bonjour… ». Un bruit d’engrenage tournant sur lui-même perça le silence alors que, à ma grande surprise, il me répondit : « Bonjour.

— Appartenez-vous au robot méchant, trouvais-je uniquement à dire alors qu’il me fusillait du regard.

— Que signifie ce mot pour vous? Me répondit-il avec un soupçon de confusion dans sa voix difficilement perceptible dû à la froideur de son ton.

— La méchanceté? Eh bien? Se comporter de manière très égoïste et faire du mal aux autres peuvent tenir comme des exemples de la méchanceté, lui répondis-je difficilement, surpris par cette question provenant d’un être supposément plus intelligent.

— Alors j’appartiens au méchant, enchaina-t-il immédiatement. »

Immédiatement après cette révélation (qui prendra tout son sens par la suite), je me relevai subitement pour y dégainer mon arme en envoyant promener mon corps qui me criait au repos.

— Je vois que tu ne crois pas demeurer dans le même camp, répondit-il à mon offensive. Tu crois ne pas te sentir égoïste. Dis-moi, pourquoi veux-tu me tuer présentement?

— Pour ne pas que vous me…

À ce moment, je compris le sens de ses mots et de cette guerre. Depuis le début je considérais sans cesse les robots comme les tueurs et les méchants, mais au fond, la programmation de ces robots terminés, ils naissaient humains, et les hommes d’aujourd’hui demeurent – comme tous leurs ascendants et toutes les espèces vivantes – dans le camp des méchants.