Lö Felìseìzö [ Sourne et Solìa ]
(par Sourne)(Thème : DĂ©fi d'Ellumyne)
La première journée de travail à l'Académie venait de s'achever, tandis que Sourne s'en allait à l'extérieur. Aussi harassé que s'il tirait une remorque de briques, le dragon au sweat rouge désirait plus que tout prendre l'air, rester seul afin de méditer en toute quiétude. Nombre de ses camarades vinrent vers lui tout au fil des heures, le dragon ressentait toujours cette solitude, qui lui pesait depuis sa fuite et l'abandon de sa princesse.
Lourdement, Sourne s'affala dans l'herbe, leva les yeux vers les étoile. Il voulait réfléchir à ce qu'il ferait par la suite. Le dragon se devait de s'exercer encore et toujours à l'art des mots et des lettres, dans l'espoir de disposer un jour de suffisamment de force pour au moins oser songer à libérer sa chère Solìa de l'emprise de ces reîtres chevaliers.
Un éphémère sourire s'esquissa sur le museau du dragon au sweat rouge, pour disparaître en un battement de cil. Quelle ironie, il suivait des cours dans l'art des lettres alors qu'il pressentait depuis le début le potentiel de sa chère princesse dans l'art de l'Aria, un chant magique. Solìa se plairait sans aucun doute ici, se répétait Sourne, intérieurement et sempiternellement. Habituellement si travailleur, le voilà bien flâneur... et il en culpabilisa, il se devait de tout faire pour la libérer.
Sourne pesta contre lui-même, il s'en voulait de laisser la princesse derrière lui. À cette heure, cela faisait bien des semaines que Solìa devait demeurer enfermée dans sa froide tour de pierres. Au moins, ses domestiques devaient toujours lui tenir compagnie... mais au fond de lui, le dragon savait qu'ils se manquaient mutuellement. Et au lieu de continuer de se dénigrer, Sourne devait sauvegarder ses forces pour le jour de leurs retrouvailles.
Tandis que les étoiles et la Lune poursuivaient leur course dans le ciel nocturne, un éclair éblouit le dragon au sweat rouge. Il tenta de préserver ses yeux en passant l'une de ses imposantes pattes devant, jusqu'à ce que l'éclat de lumière s'en alla. Quelque peu aveuglé, Sourne recouvrit néanmoins sa vue et regarda devant lui.
Un étrange oiseau apparut devant lui. Haut d'un mètre, revêtu d'un plumage jaune aussi rayonnant que le Soleil, l'oiseau monstrueux toisait de son regard ardent le dragon. Déstabilisé par cette créature, Sourne sut tout de suite qu'il s'agissait d'un drac, un monstre venu d'un autre monde. Sortant les griffes et les crocs, préparant son souffle enflammé et sa queue, le dragon se parait à lutter contre cette menace étrangère.
Cependant, l'oiseau ne réagit pas aux intentions belliqueuses de Sourne et au contraire, son regard s’adoucit. Une nouvelle fois décontenancé, le dragon prit un instant pour sonder au mieux l'âme de la créature qui se tenait devant lui. Un Felìseìzö, un oiseau du bonheur, l'un des seuls dracs bénéfiques pour les autres formes de vie.
Le regard que se jetait mutuellement Sourne et le drac durant un instant, à l'issu duquel le dragon baissa les épaules. Ce simple contact visuel lui permettait de comprendre toutes les intentions du Felìseìzö et enfin, le dragon semblait enfin pouvoir prendre l'ascendantsur son destin.
Des centaines de kilomètres et des milliers de chevaliers le séparaient de sa princesse, mais pour la première fois depuis des semaines, ils pourraient communiquer. Avec un entrain et un enthousiasme comme jamais il en ressentirait, le dragon écrit une lettre à Solìa, sa chère princesse.
Le dragon prenait soin de calligraphier à la perfection chaque mot, chaque lettre. Il veillait aussi à la tournure de chacune de ses phrases et à raconter la moindre des petites anecdotes qui pourrait réconforter sa princesse au grand cœur. Tandis que le dragon au sweat rouge rédigeait sa lettre, au comble du bonheur, le drac lui adressait un regard bienveillant, presque humain.
Une fois l'écriture achevée, Sourne adressa sa lettre au Felìseìzö. La missive décolla doucement des mains du dragon et voleta jusqu'au drac, qui s'en saisit dans son bec denté. L'oiseau rayonnant agita sa tête ronde et duveteuse, comme pour saluer une dernière fois le dragon au sweat rouge, puis il déploya grandement ses ailes et disparut dans un nouvel éclair.
Soulagé, le dragon retourna au dortoir, en levant la tête vers le ciel une ultime fois. Prenant d'abord le Felìseìzö comme un messager des étoiles, Sourne rationalisa et espéra. Sans nul doute, Solìa commençait à maîtriser sa capacité à invoquer des dracs, comme son père invoqua jadis Sourne.
Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !