Réalité
(par Lu' Directrice)(Thème : DĂ©fi d'Ellumyne)
Mon regard s’envole sur les collines qui me font face. Je plonge mon esprit dans ce paysage, oubliant la remorque pleine de foin que je dois ramener au village. Subjuguée, j’absorbe chaque détail de ce que la nature m’offre. Mes yeux parcourent les reliefs, glissent sur chaque mont, s’arrêtent quelques secondes sur une forêt noire, loin devant moi, reprennent leur course, toujours plus loin. Les détails m’émerveillent. Si je tends la main, je dois pouvoir toucher le paysage du bout des doigts.
Hauts dans le ciel, j’aperçois des rapaces, leurs grandes ailes déployées, faire des ronds au-dessus de l’herbe. Leur danse m’éblouit. Majestueux, leurs longues plumes luisent au soleil. Je ne peux décrocher mon regard de leur ballet, fascinée. Ils se tournent autour, en miroir, déployant et repliant leurs ailes. Je ne comprends pas ce qu’ils font, mais ce spectacle fait preuve d’une beauté que j’admire pour la première fois.
Soudain, un cri strident retentit. L’un d’eux fond sur l’autre. D’autres cris se font entendre, de plus en plus aigus, de plus en plus douloureux. Des plumes volent en tous sens. Une sorte de bataille prend place, coups de serres et coups de becs se succèdent. L’ascendant du plus volumineux se fait rapidement sentir.
Mon cœur se serre lorsque je vois l’un des deux corps plonger vers le sol. Un craquement sec résonne dans la vallée lorsqu’il s’écrase sur une pierre saillante. Je frissonne de tout mon long et ferme les yeux, cherchant à chasser l’image de son squelette désarticulé. Je tente d’humecter ma bouche sèche, sans y parvenir. Lorsque je rouvre les paupières, le gagnant vole tranquillement dans les airs, flâneur. On ne dirait pas qu’il vient de tuer l’un de ses congénères. Mon sang se glace dans mes veines, des sueurs froides coulent le long de mon dos.
Tremblante, je porte les mains à mon visage. J’appuie sur quelques boutons. Un menu s’affiche, me proposant différentes options. Je sauvegarde la partie et retire mon casque de réalité virtuelle. Les frissons ne cessent de parcourir mon corps. Ce jeu parait beaucoup trop réel pour moi.