Mon cœur tambourine dans ma poitrine. J’ai les yeux rivés aux murs de la chambre d’hôtel. Le soleil entre à flots par la fenêtre, à peine atténué par les rideaux translucides. Je sens avec une acuité accrue son corps contre le mien. Un bras enroulé autour de moi, il a le front contre le haut de mon dos. Il hume mon odeur.

J’ai la gorge sèche. Je regarde le verre d’eau posé sur la table de chevet avec envie. J’ai l’impression que ma poitrine va exploser. Il n’a rien dit depuis que nous nous sommes installés en cuillère, entièrement habillés, sur le lit. Il respecte ce que je lui ai demandé. Attendre que je vienne vers lui. Que je l’embrasse. Mais j’ai tellement peur.

Un visage flirte à la limite de ma conscience. Je veux l’en chasser, mais je sais que je n’y parviendrai pas. Il est toujours dans ma tête, toujours prêt à me ruiner le moral. Lui. Je ferme les yeux et il m’apparait encore plus nettement. Je rouvre brusquement les paupières. Je ne veux pas de lui, pas dans ce moment. Il n’a plus sa place dans ma vie, il faut que je l’oublie.

Mais j’ai mal.

Mon cœur se serre. Pour l’effacer, je repense aux quelques vers que l’homme dans mon dos m’a écrit. Quelques mots qui brillent sur l’écran d’un téléphone. Quelques mots qui se sont gravés dans mon esprit. Qui se sont frayés un chemin jusqu’à ma poitrine. Des mots qui ont réveillé un espoir.

Je peux presque les entendre, et ils me bercent. C’est doux. Chaud. Je prends une profonde inspiration, collant un peu plus mon dos contre lui. Il en profite pour se serrer plus fort contre moi. Je ne peux m’empêcher d’être effrayée par tout ça. J’ai envie d’abandonner. De fuir. Éviter de souffrir encore.

Je me mordille la lèvre. J’ai les larmes au bord des yeux. Je ne sais pas ce que je dois faire. Si je ne fais rien, il repartira, et je sais que je n’arriverai pas à lui laisser sa chance. Je mettrai un terme à tout ça. Ce sera terminé.

Comme s’il sentait mon hésitation, ses doigts se mettent lentement à me caresser le ventre. Ses gestes sont si doux et si tendres que je sens mon cœur battre plus fort. Il frotte légèrement son front contre mon dos. Il est là.

Le sang bat à mes tempes. Je remonte ma main pour saisir la sienne et la décoller de mon corps. Lentement, presque douloureusement, je me retourne pour lui faire face. Il plonge ses yeux dans les miens. J’observe les pépites dorées de ses pupilles, noyées dans un océan aux nuances de vert et de brun. Il me questionne du regard.

Mon souffle se bloque dans ma gorge. J’oscille entre sa bouche et ses yeux. Si je ne le fais pas maintenant, je risque de le regretter toute ma vie. Mon visage s’approche du sien. Avec une pointe d’hésitation, je pose mes lèvres sur les siennes.

Je sens ses bras m’entourer et m’attirer un peu plus contre lui. Ils sont chauds, tendres, aimants. Je me sens à ma place. Mon appréhension fond petit à petit, je me laisse aller un peu plus. Mes lèvres s’étirent en un demi-sourire contre les siennes.

Lorsque nos bouches se décollent, je ne peux m’empêcher de baisser la tête pour poser mon front contre son torse. Il me serre simplement contre lui, le menton posé sur mes cheveux. Et je souris vraiment. Il n’y a plus aucune trace de larmes dans mes yeux.