L'Académie de Lu





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À la manière d'une comédie romantique

Elbaronsaurus Timeline


Qui ne dit mot consent

(par Elbaronsaurus)
(Thème : ComĂ©die romantique)



Ce petit visage opalin et ces petits yeux bleus. Je les connais...Il m’ont reconnu.

Il ne m’appelle pas, il ne l’a jamais vraiment su, mais je vois dans son regard que mon visage est resté fixé dans sa mémoire et que par son sourire il m’invite à venir le rejoindre. La pourchasse du canard semble déjà bien loin de ses pensées. Il me faut le rejoindre.

J’abandonne ma place à la fenêtre, enfile mes souliers et me dirige au pas de course vers la porte, sans prêter attention à ceux que j’ai pu réveiller.Porte ouverte, je me dirige à l’assaut du couloir et de la porte du fond, seul accès à l’escalier qui me permettra d’atteindre l’extérieur.Le bois craquelle plaintivement sous les à-coups de mes pieds.

Comme je pouvais m’y attendre, en ouvrant le pan de lattes grossièrement taillées, le garde est présent. Habit de treillis, képi vissé sur le crâne, ne s’attendant pas à mon arrivée fracassante, il a tout juste à peine le temps de se retourner, avant de se laisser surprendre par un coup de genou magistral dans les parties.

D’abord surpris par mon propre geste et observant une fraction de seconde ma victime brune à la peau mate virant dans des tons violacés s’affaler à genou sur le planché en souffletant difficilement, je finis par me diriger vers les marches, les dévalant avec une dextérité digne de celle d’un faon apprenant à marcher.

Je manque donc plusieurs fois de perdre membres et dents, mais la poussé d’un certain instinct primaire reste bien plus forte que le risque de mourir de manière imbécile dans cette descente aux marches plus qu’irrégulières.

Seul dans ce grand volume que représente le hall d’entrée, je me dirige vers la porte attenante à l’extérieur. Personne n’est encore levé semble-t-il. Il est tôt. La porte s’ouvre sans difficulté.

Personne ne pense donc à la fermer à clé?

Je le vois, il est resté planté là, m’attendant. Il me regarde, ce petit sourire toujours figé. Je me dirige alors plus calmement à sa rencontre. Mon cœur bat si fort. Je crains que ceci ne soit qu’une illusion. Pourtant, il est bien là, devant moi.

Tout ceci est difficile à croire.Qui aurait pu imaginer que ce soit possible. Après tout ça. Après tout ce vacarme, ce sang versé, ces pleurs, ces cris. L’apocalypse n’aura pas eu la vie de ce petit garçon. La fin du monde me laissera profiter d’un être cher.

Il ne bouge pas, me regardant arriver vers lui. Je dois avoir la bouche en béatitude. Puis, il regarde à sa gauche, avant de finalement attendre que je ne sois plus qu’à deux mètres de lui, pour venir se jeter sur mes jambes.

«Papy...»

Voilà ce qu’il me dit en me laissant le serrer dans mes bras.

C’est bien lui, c’est bien mon neveu. Il n’a jamais su m’appeler tonton, excepté une fois où je lui ai répété durant quinze minutes.En général, les hommes de la famille se faisaient...se laissaient appeler papy.

Ce p’tit aimait beaucoup trop mon père.

Je ne sais même pas ce que je pourrais lui dire. Aucun mot ne me vient et ma gorge se noue tellement que j’ai l’impression que le moindre son la traversant pourrait la pulvériser. Je préfère donc profiter de l’instant. Les larmes me montent.

Mon neveu est lĂ .

Seul?

Je me relève, le tenant dans mes bras. Puis je regarde autours, entendant derrière moi les protestation du garde, qui n’ayant pas tellement apprécié mon traitement matinal, venait de sortir de cet hôtel de fortune arme à la main.

Son visage rubicond et déformé par la douleur et la colère finit par vite se radoucir en me voyant tenir l’enfant.

Les larmes finissent par couler. J’essaie à nouveau de regarder aux alentours. Ce petit ne peut pas être venu tout seul.On ne laisse pas un enfant si jeune se trimbaler comme ça dans les rues d’une cité en construction quand bien même tout ne soit plus que désolation et déperdition.

On a encore au moins cet instinct de protéger sa progéniture,du moins, je l’espère.

«KAÏS!!»

Cette voix!

Elle a beau être désagréable quand elle crie ainsi, le soulagement que je ressens à ce moment la rendrait presque douce et chaleureuse à mes oreilles.Mes jambes cherchent à se dérober sous moi. Je me sens presque défaillir.

L’appel se répète à quelques reprises avant que le petit ne lève la tête et ne lui réponde.

«MAMAAAAN!»

Il se débat. Il cherche à descendre. Maladroitement et avec l’énergie des émotions qui me traversent, je le pose sur le sol caillouteux et le laisse courir jusqu’à l’angle de la bâtisse.Après un tant de relâchement,je vais pour m’avancer, lorsque je le vois revenir, tirant par le bras une femme aux longs cheveux blonds, vêtue d’un jean bleu marine et d’un simple t-shirt.

Ça contraste complètement avec ce que j’avais vu aux abords du château la veille.

Nos regards se croisent, elle semble aussi surprise que moi, alors que ses yeux et les miens s’humidifient de concert. Elle laissetout juste le temps au petit de répéter un «Papy», avant de le prendre dans ses bras et de se jeter à son tour sur moi. Et c’est dans cette étreinte bienfaitrice que je finis par sentir d’autres petits corps se coller à nous en s’extasiant.

«TONTOOON NICOLAS!!»

C’est impossible. Ils sont tous passés au travers de la tempête. Je me laisse bercer par ce déferlement d’amour et de bien-être.Mon corps doit faire probablement face à un déferlement d’hormones qui n’avaient plus été activées depuis pas mal de temps.

Des applaudissements, des sifflements et des exclamations. Nous avons attiré l’attention des gens autours, dans la rue, aux fenêtres, aux portes. Même de ceux perchés sur les toits qui avaient décidé de démarrer leur travail aux aurores.


— Comment?Comment c’est possible?Demande-je encore sous le coup de l’émotion.

— On a eu de la chance!

Elle de dégage de l’étreinte générale et me regarde.

— On n’était pas Ă  la maison quand c’est arrivĂ©. On Ă©tait allĂ© chez une pote. Personne ne pouvait garder les enfants, alors ils sont venus avec moi.


M’apprêtant à répondre une banalité, une main se pose sur mon épaule. En me retournant, je me retrouve nez à nez avec le soldat qui avait reçu mon genou.


— DĂ©solĂ©, mais il va falloir tout de mĂŞme attendre les rĂ©sultats des tests. DĂ©clare-t-il.


Négatif.

J’ai attendu bêtement et sagement dans une pièce, seul, comme si j’avais été puni d’avoir pu retrouver ma sœur et ses enfants.

J’ai attendu là en écoutant la vie battre son plein. A l’abandon dans mon placard donnant accès à un semblant de fenêtre à la vitre mal réalisée. Par elle, le décors au dehors était déformé, flouté. Impossible donc de pouvoir me distraire par ce biais.

On avait décidé de m’enfermer là suite à mon comportement irrationnel et potentiellement dangereux. Et comme ici, ce qui reste d’armée est seul garant de la loi, frappé les couilles d’un des leurs pouvait être perçu comme un crime de lèse-majesté.

Au moins il aura obtenu vengeance.

Quoi qu’il en soit, je suis enfermé entre quatre planche de bois, depuis un temps incalculable–Pris au piège, non pas dans un donjon, mais dans une grande cabane qui doit contenir plusieurs pièces comme celle-ci, close par des chaînes–,pour que maintenant on vienne me dire «Négatif».Parmi ceux qui m’avaient accompagné n’avait de trace du virus. Je suis donc libre de sortir.

— Je crois savoir que finalement vous avez pu retrouver votre sĹ“ur.Me dit l’infirmière encore plantĂ©e devant moi.

— Oui, merci tout de mĂŞme de vous ĂŞtre donnĂ© la peine de chercher. Vous savez oĂą elle est?

— Votre sĹ“ur?Elle vous transmet ceci.

Elle me temps un morceau de papier jaune.

Quelques mots et une adresse. Je n’avais pas remarqué que cet endroit possédait des noms de rue.

«On t’attend au 32 rue de la délivrance.»

— C’est oĂą ça?

— Au bout du village, vers la chute.

— La chute?

— Oui la chute d’eau. Vous n’êtes jamais venu au château avant?

— Si bien sĂ»r, j’y ai mĂŞme travaillĂ©. Et oui, je sais oĂą est la chute. Merci.


Sans autre forme de politesse, je m’extirpe de cette cabane. Je suis au pied du château,côté jardins de Le Nôtre, ou ce qu’il en reste. Courant le long des marches qui servent d’accès à la terrasse, j’arrive rapidement à l’orée de l’ancien jardin anglo-japonais. Seuls les arbres qui marquaient le point de passage entre cette partie et le jardin à la française et ses bassins derrière moi, ont survécu aux grands travaux en place, tout comme le petit cours d’eau qui fait un quasi-tour complet de la bande de terre que je dois rejoindre.

Les petits ponts qui encerclent cette langue de terre où se trouvait, isolé, le petit hameau du château, sont encore en place. Hameau dont les habitations factices avaient été assimilées aux maisons nouvelles.

Le soleil est déjà haut dans le ciel et cette journée de printemps est particulièrement chaude. détalant à en perdre haleine, je sens la transpiration commencer à couler le long de mon dos et mes tempes.Les activités de la journée animent le coin et mon agitation inattendue laisse certaines femmes transportant du linge ou des denrées et autres charpentiers improvisés se retourner brièvement sur moi.

J’ai moins d’un kilomètre à parcourir. Il y a encore si peu de temps, je n’aurais pas pu courir, ma jambe blessée m’en aurait empêché. La vie au village m’avait permis de mieux la soigner et de la reposer. Des mois d’attention du médecin m’ont rendu presqu epleine capacité. Je ne suis plus le coureur que j’avais pu être avant la débâcle,mais je pouvais encore faire un kilomètre sans trop en souffrir.

Je finis par arriver à une route de terre croisant la mienne. Un wallaby se tenant sur ses pattes postérieurs et sa queue m’apparait. Placide, il agite sa mâchoire inférieur. Il doit manger quelque chose. Il ne cille pas, m’observant de ses yeux en forme de bille.Trouver un tel animal ici aurait pu avoir tout pour surprendre, mais qui connait le château de Chantilly sait bien que ces animaux sont présents depuis bien longtemps sur le domaine.

Les clôtures ont simplement dû être ouvertes et les animaux libérés.

Le petit mammifère au pelage gris brun se tenant devant une zone constituée de petites maisonnées aux fondations réalisées de pierres collées entre elles grossièrement grâce à une forme de ciment. Comme pour beaucoup de choses en ces lieux, le reste n’est que bois. Les toits sont plats et la plupart du temps en pente.

Le silence qui règne me sidère. J’ai l’impression d’être à mille lieux de l’agitation qui ne se trouve pourtant qu’à une dizaine de mètres derrière moi.

Les petites habitations sont séparées les unes des autres par de courtes ruelles très étroites. A peine la place de passer un corps comme le mien.Malgré tout, je m’avance et le petit animal s’enfuit en bondissant.De petits panneaux peints indiquent le nom des rues, mais je me retrouve vite perdu dans cette structure labyrinthique. Trop de voies, de croisements, de culs de sac...

C’est étrange, les lieux donnent l’impression d’être abandonnés et une forte odeur m’oblige à placer mon t-shirt devant mon nez. Ça sent le rance, le vieux, l’inerte. Ça sent la mort.

Dans quoi vit-elle?

A force de tourner en rond et de me perdre dans ces dédales, je finis par déboucher sur le bord du canal. Les eaux au courant presqu’inexistant n’y sont perturbées que par la seule chute d’eau qui déverse le trop plein du Tête du Rond, le réservoir. Sur la rive, non loin du déferlement d’eau bouillonnante, un lavoir avait été construit.En arrière de la «Grande Chute», une partie de la forêt est toujours debout.

Plus au nord, Vineuil et Saint Firmin s’étalent. Les maisons de pierre semblent y avoir été épargnées. Quelques personnes traversent les petits champs qui s’étendent en pente légère jusqu’au canal. Les chevaux sont là également, profitant de l’herbe verte et grasse qui y poussent.


— T’as rĂ©ussi Ă  trouver!DĂ©clare une voix fĂ©minine dans mon dos.

Je fais volte-face.

— Sans trop savoir comment, mais apparemment oui.

— Vas-y entre.


Elle se tient à la porte d’une des petites bicoques. Il y a deux fenêtres d’un coté et de l’autre, les carreaux mal travaillés.

J’entre timidement. L’intérieur est très vide, juste de quoi pouvoir s’asseoir, dîner et regarder à l’extérieur.Enfin, deviner l’extérieur. Comme dans la guérite où j’avais été retenu, les verres des fenêtres sont si grossièrement réalisés qu’on n’y voit véritablement peu de chose. Juste des formes ou des couleurs.

Alors qu’une mouette chante au-dehors, la porte se referme et je sens déjà que je ne vais pas vivre le meilleur moment de ma vie. Le visage de ma sœur est fermé, presque sévère. Elle s’installe contre un vieil évier–preuve des raids de récupération–,et reste à attendre, ses yeux fixant un point invisible.


— OĂą sont les p’tits?

Je décide de briser la glace.

— KaĂŻs dort, c’est l’heure de la sieste et les filles sont dans leur chambre. Depuis les attaques elles savent...

— Je vois.

— T’as fait comment toi?

— Pour?

— Etre lĂ , toujours...vivant!

— HonnĂŞtement, j’sais pas. J’avais tout pour crever. J’ai Ă©tĂ© blessĂ© Ă  la jambe...

— J’peux voir?

— Ça a Ă©tĂ© bien soignĂ©, (je soulève mon pantalon Ă  l’endroit oĂą ma jambe affiche encore les stigmates des Ă©vènements passĂ©s), tu vois?

— SoignĂ© par qui?

— Bah, après ĂŞtre restĂ© seul quelques semaines, j’ai fini par croiser des gens qui s’étaient rĂ©unis en communautĂ©.J’y ai eu un «vrai»toit, un mĂ©decin pour s’occuper de mes blessures, de quoi manger Ă  ma faim. J’étais loin des premiers temps oĂą je passais mes journĂ©es Ă  marcher autour de Compiègne pour trouver de quoi survivre.

— Ça a dĂ» ĂŞtre terrible...

— Je faisais avec, mais...

— Tu n’y es pas allĂ©?

— Quoi?OĂą?

— Oh, Ă  ton avis, (son ton devient menaçant), oĂą crois-tu que je pense que tu aurais dĂ» aller?

— Je vois...

— Oh, arrĂŞte de rĂ©pĂ©ter tout le temps «je vois», ça me sort par les oreilles!

Le ton monte.

— Que veux-tu que je dise de plus?J’ai pas d’idĂ©e lĂ  tout de suite.

— Tu y es allĂ© ou pas?

— Non...

— Mais...Pourquoi?Comment?Tu n’y as pas pensĂ©?

— Tu crois que je les ai oubliĂ©?Que je vous ai oubliĂ©?

— On dirait bien, t’as mĂŞme pas Ă©tĂ© voir si...

Elle sanglote, mais je n’ose pas aller la réconforter. Elle n’est pas triste, mais très en colère.

— Mais, Ludivine, tu penses sĂ©rieusement que ça vaut le coup de...

— Le coup de quoi?De m’énerver?Tu vas encore me dire que je vais trop loin, que j’en fais trop. J’en fais peut-ĂŞtre trop ok, mais toi en attendant tu ne fais rien, tu n’as rien fait.

— Tu y as Ă©tĂ© toi?Hurle-je en sortant de mes gonds.

— Non, on va dire que moi j’ai trois enfants et qu’il me faudrait quelque chose comme plusieurs jours de marche pour aller lĂ -bas.

— Donc toi aussi, penser que tout le monde Ă©tait mort, ça t’arrangeait pas mal au final!

— Mais, comment tu peux dire ça?Tu Ă©tais lĂ -bas, c’était Ă  toi de le faire!

— C’est facile de dire ça maintenant, alors qu’avant ce matin tu ne savais pas non plus si j’étais envie.

— Ne commence pas Ă  faire le «monsieur je sais»tout encore lĂ !

— Ce n’est pas la question, j’essaie de rester un minimum logique.Pour moi, il Ă©tait plus probable que tout le monde soitmort!

Un silence prend place. Je vois ses mains se nouerà l’évier en inox. Les jointures de ses doigts deviennent blanches tant elle se cramponne.J’ai probablement été trop violent. Trop sincère.

— Calme-toi s’il te plait!l’implore-je presque.

— Je suis calme...

— Ok!Tu m’excuseras, mais j’ai besoin de prendre l’air un peu.

— D’accord, vas-y.


Une fois à l’extérieur, je prends une grande inspiration.Puis,mon regard se promène au-delà de ce lieu désolé et nauséabond. La partie sud est quasi encerclée par des bâtisses bien mieux construites, plus jolie. La moindre maison, même à moitié montée donne plus envie que la totalité des misérables barraques qui entourent l’abris de ma sœur.Je profite encore un instant du soleil, des quelques bruits qui me parviennent des travaux et du bouillonnement de l’eau derrière moi, avant de reprendre courage et de retourner affronter la lionne qui doit ronger son frein à l’intérieur.

— Bon, excuse-moi, j’aurais pas dĂ» rĂ©agir comme ça!Me dit-elle alors que je pĂ©nètre Ă  nouveau chez elle.

— T’inquiète!

En réalité, j’avais l’habitude par le passé de ses accès de rage précédant des excuses ou des regrets.

— Je ne t’en veux pas tu sais. Mais j’aurais aimĂ© savoir s’ils...

— S’ils sont toujours lĂ ?J’ai pas voulu aller vĂ©rifier. Oui j’étais pris par mon besoin de survie, et oui, j’aurais pu tout de mĂŞme aller y faire un tour...mais,crois-tu que c’est facile?

— Non...

Sa voix se perd.

— Alors tu peux comprendre que j’ai eu besoin de me voiler la face.J’ai pas voulu affronter le pire. J’ai sĂ»rement perdu la quasi-totalitĂ© des gens que j’ai connu. Mes amis, la famille...

— ArrĂŞte...

Elle s’étouffe presque.

— DĂ©solĂ©!Ce que je dis est dur Ă  entendre, mais...

— Et s’ils Ă©taient encore en vie?

— HonnĂŞtement...ça m’étonnerait. Rien que le fait de s’être retrouvĂ©, d’être vivant, toi et moi, et les petits, ça doit tenir d’une forme de miracle. Un concours d’«heureuses»circonstances, une coĂŻncidence incongrue...

— En gros on a de la chance...

Ses yeux s’embuent.

— Oui!

— Les filles me demandent parfois si...enfin si on reverra papy, mamy et les tontons...

— C’est normal. Tu leur as rĂ©pondu quelque chose?

— Simplement que je ne savais pas...

— Au-moins tu leur as dit la vĂ©ritĂ©.

— J’aurais aimĂ© pouvoir leur dire une vraie vĂ©ritĂ©!

— Un oui ou un non?

— VoilĂ .

Un nouveau silence s’installe alors qu’elle me regarde enfin dans les yeux.

— Il faudra aller voir!

— Quand?

— Un jour, vite.

— T’es certaine que ce soit judicieux?

— J’ai besoin de savoir...

— Je v...Ok d’accord...

Je réfléchis.

— On ira!dĂ©clare-je.Mais pas avec les enfants.

— Je vais pas les laisser seuls.

— T’as raison. Quoiqu’il en soit, qu’ils ne voient pas l’état de la maison.

— Ok.

On sent le dépit dans sa voix.

— On ira, mais laisse-moi dĂ©jĂ  le temps d’arriver ici.

— Tu sais oĂą dormir au moins?

— Bah j’ai mon groupe, on a dormi dans une sorte d’hĂ´tel pour potentiel pestifĂ©rĂ©. Après, je sais pas ce qui est prĂ©vu.

— On n’a pas beaucoup de place ici, mais si t’as nulle-part...

— C’est gentil merci.

— J’suis heureuse que tu sois lĂ , ça fait plaisir aux filles.

Elle s’avance vers moi et me prend dans ses bras.

— T’inquiète, je suis lĂ . J’vous lâche plus maintenant.

L’étreinte dure un temps impossible à déterminer, mais cela me semble assez long.Je finis par me retirer.

— Dis, c’est quoi cet endroit?

— Le village «ouvrier».

— Ça pue non?

— Un peu, j’ai l’impression que des animaux viennent crever ici, puis les linges sont lavĂ©s juste Ă  cĂ´tĂ©. Des sceaux d’excrĂ©ments sont vidĂ©s aussi dans une fosse sceptique improvisĂ©es qui a Ă©tĂ© creusĂ©e Ă  cĂ´tĂ©.

— MĂŞme dans mon village de SDF on n’avait pas ce genre de souci.

— Tout a Ă©tĂ© fait dans la prĂ©cipitation ici quand il a fallu penser Ă  reconstruire. Donc, toute main d’œuvre volontaire s’est vue offrir une de ces petites habitations, parmi les premières construites Ă  la hâte quand Emilien a commencĂ© Ă  diriger les opĂ©rations.

— Ah, cet Emilien...

— Ouais, pendant ce temps, les gens «de la haute»eux, ils Ă©taient tranquillement installĂ©s dans les villes voisines qui ont Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©es, en attendant que des gens comme nous lavent leurs fringues, cultivent les terres et construisent leurs futures maisons.

— C’est ça son monde idĂ©al?

— C’est comme ça qu’il commence en tout cas.Enfin, en attendant, les petits ont un toit et de quoi manger.

— C’est un dĂ©but.

— On verra ce que ça donne, en attendant, on est en vie.

— Et donc, tu es une ouvrière?

— Je lave leur linge..










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











JilanoAlhuin

Comme tu as prévenu, en effet, ça n'a pas l'air d'une comédie romantique, même si tu en as repris les codes. Je dois dire que ton texte est très mignon. Le fait de voir le personnage retrouver des proches dans l'apocalypse, ça doit vraiment faire quelque chose, et tu l'as bien retranscrit, même si je pense qu'on pourrait avoir plus de détails sur certains trucs. Mais bref, dans l'ensemble c'est un texte très sympathique et agréable à lire


Le 13/07/2021 à 01:04:00



Downforyears

en effet, on est pas vraiment dans la comédie romantique. Pour autant cela n'enlève rien à la qualité que tu nous propose, et j'ai beaucoup aimé l'histoire.


Le 13/07/2021 à 07:35:00



Ellumyne

Très beau texte, avec un début assez émouvant. Je trouve que les émotions que tu transmets sonnent toujours juste et j'aime beaucoup le résultat. Bon après, niveau comédie romantique, c'est vrai qu'il y a certains codes. Mais, comme tu le dis toi-même, c'est tout de même un tout petit peu détourné pour coller à ton histoire ^^


Le 13/07/2021 à 22:12:00

















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