L'Académie de Lu





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À la manière d'une comédie romantique

L'histoire des Faucheuses


Un trop court moment

(par Elinor et Faucheuse)
(Thème : ComĂ©die romantique)



Le Royaume des Morts… Je ne pense plus y être le bienvenu, mais je dois pourtant y séjourner quelques temps. C’est la seule solution pour me libérer de mes chaînes. Si cela est possible, bien sûr. Moins audacieux que mon apprentie, je n’entre pas par la grande porte. Je ne me risque pas à une confrontation directe. Si je peux trouver Elea sans être remarqué, cela m’éviterait bien des ennuis. J’ai déjà affronté Charon, le passeur d’âmes, et j’ai failli y rester… Même si Margaux a soigné mes blessures, je ne souhaite pas un nouvel affrontement… Surtout que, je l’imagine, sa puissance n’en est que plus grande dans ce royaume.

Mon rĂŞve m’a rĂ©vĂ©lĂ© des vĂ©ritĂ©s cachĂ©es sur mon passĂ©. Des pans de mon histoire que j’avais oubliĂ©s. J’ai Ă©tĂ© maudit Ă  devenir une faucheuse car j’ai choisi de faire passer mes devoirs avant l’amour… J’ai Ă©tĂ© damnĂ© en tant que faucheuse car j’ai choisi l’amour avant mon devoir… Quelle est la bonne voie ? Je ne sais plus que faire… Elea aura peut-ĂŞtre les rĂ©ponses qu’il me manque. Je n’ai de toute façon pas le choix. Je dois faire tout mon possible pour protĂ©gĂ©e la lignĂ©e d’Elinor. Je dois sortir Margaux du joug de ma DĂ©esse. Sinon, je ne saurais imaginer ce qu’il pourrait advenir d’elle. Entre leur ambition de faire d’elle une nouvelle faucheuse et le plaisir de me faire souffrir en la supprimant, qui sait ce qu’ils choisiraient. Je prĂ©fère encore Ă©viter de leur laisser le moindre choix.

Je me suis fait quelques connaissances dans l’autre monde lorsque j’y travaillais en tant que récupérateur d’âmes perdues… Et elles acceptent de m’aider, ignorant l’histoire qui me lie à Elea. Son nom lui-même s’est perdu… Si j’avais su alors que la Sorcière des Âmes n’était autre que celle qui m’avait condamné à cette vie-là… Si j’avais su… Qu’aurais-je fait? Je ne me souvenais même pas l’avoir aimé… Mais… C’était un autre temps… Une autre époque… Il y a des siècles que nous ne nous sommes pas vus.

Sa demeure est suspendue au-dessus d’un maelstrom d’énergie… Un simple pont de bois branlant le relie à la terre ferme. Mieux vaut avoir une bonne raison de la déranger, à l’évidence, car mes pouvoirs de téléportation ne fonctionnent pas dans ce monde-là… J’ai une bonne raison. En prenant mille précautions, je traverse la passerelle et frappe ensuite à sa porte. J’attends, anxieux, et la porte s’ouvre enfin.


Des annĂ©es que je suis lĂ . Que dis-je, des dĂ©cennies, des siècles mĂŞme. Tout ce temps passĂ© dans le monde des morts... qui fait que je ne me souviens qu'Ă  peine de ma vie dans le monde des vivants. Je n'ai plus de nom, plus d'identitĂ©, juste un rĂ´le, la sorcière des Ă‚mes. Sorcière... la chose prend un ton ironique quand on sait ce que je faisais de mon vivant. Enfin... quand on se souvient plutĂ´t. Car qui se souvient de moi ? Qui se souvient d'Elea, la jeune fille qui a passĂ© un pacte avec la dernière Faucheuse, pensant que son amour la sauverait ? Personne. Tous les humains, autrefois mes paires, m'ont oubliĂ©. MĂŞme lui... mĂŞme Amaury a perdu ses souvenirs de moi. En devenant apprenti puis Faucheuse en titre, sa mĂ©moire humaine a Ă©tĂ© effacĂ©e... en mĂŞme temps que moi. Cela fait des siècles que je ne lui en veux plus. Il a payĂ© le prix pour ce qui s'est passĂ©. Et Ă  bien des Ă©gards... un prix bien plus fort que moi. J'ai entendu parlĂ© de tous les malheurs qui l'accablent depuis des annĂ©es... Depuis qu'il a pris son apprentie, cette Elinor.

Mais pourquoi repensĂ©-je Ă  cela aujourd'hui ? Tout cela, je le sais, alors pourquoi mon cerveau refuse-t-il de dĂ©tourner mes pensĂ©es de lui ? Que se passe-t-il ?

Et puis je comprends. Je reçois un message de Charon. Il est de retour. Son but est de me trouver. Et notre DĂ©esse me confie une mission : l'empĂŞcher de repartir. Je l'accepte sans Ă©tat d'âme. Je ne le connais plus, je ne l'aime plus, cela fait bien longtemps que je n'avais pas pensĂ© Ă  lui avant aujourd'hui... Je lis les directives qui me sont donnĂ©es, et je me prĂ©pare Ă  le recevoir.

Les minutes passent, longues, interminables. Mais cela ne change pas des habitudes ici. Chaque minute peut durer une heure, comme chaque heure une minute. Le temps est altéré, j'y suis habituée. Et puis on frappe à ma porte. C'est lui, je le sais, je le sens. Je lui ouvre. Et je reste sans voix. Il a tellement changé... Et en même temps il reste le jeune homme que j'ai connu. Une vague d'émotions me submerge. Et j'en viens même à me demander... si je l'ai vraiment oublié...

— Elea... J'ai besoin de ton aide.

Sa voix... Je rĂ©alise combien il m'a manquĂ©. Et je revois le message. Mission : empĂŞcher Faucheuse de repartir du monde des Morts. Par n'importe quel moyen. Et pour la première fois... je me demande si j'en serai capable.


Je suis immortel. Mais tout comme Elinor, mon corps vieillit malgrĂ© tout, mĂŞme si les âmes que nous fauchons ralentissait Ă©normĂ©ment le processus. Une motivation de notre dĂ©esse pour nous maintenir dans notre mission. Elea n’a pas changĂ©. Elle a toujours l’air d’avoir les vingt ans qu’elle avait lorsque j’ai Ă©tĂ© maudit. Sa vie dans le royaume des morts a permis Ă  son corps d’être prĂ©servĂ© des affres du temps. Et elle est si… Elle est si… belle ! Elle porte une robe pers qui lui sied Ă  ravir. Il y a encore quarante-huit heures, je n’avais plus le moindre souvenir d’elle… Mais maintenant que je suis face Ă  elle… Tous remontent… un par un. La façon dont nous nous sommes rencontrĂ©s, l’amour que je lui ai portĂ©, la façon dont je l’ai trahie… Et en la voyant, mon cĹ“ur fait un bond dans ma poitrine. J’éprouve un attachement certain pour Elinor qui va bien au-delĂ  d’une relation d’un maĂ®tre envers son apprentie ou d’un père pour sa fille…

Mais Elea… Elea… Je l’ai aimé. Et bien plus qu’aimé. Et en voyant sa flamboyante chevelure… ses beaux yeux marrons… J’ai l’impression de retomber amoureux. Je ne peux ignorer les sentiments que j’ai ressentis pour elle… Je ne peux ignorer que nous nous sommes aimés. Et que nous avons par plus d’une fois partagé notre couche. Mon père m’aurait renié. Peut-être aurais-je dû le lui dire ce jour-là. Pour qu’il m’ordonne de quitter notre domaine. Pour qu’il me condamne à l’exil et que je puisse vivre aux côtés de la seule personne qui comptait à mes yeux. Mais c’est trop tard… Le passé n’est que passé… Et aujourd’hui, je suis là pour Elinor. Alors, j’espère que sa rancœur envers moi aura diminué avec les siècles… Il n’y a aucune raison qu’elle m’aime toujours… Aucune raison qu’elle veuille m’aimer à nouveau, eu égard de ce que je lui ai déjà fait subir. Par ma faute, elle a été condamné à vivre en ces lieux plusieurs siècles.

— Elea… J’ai besoin de ton aide, ne sais-je que bredouiller.

Elle me regarde, coite, regarde à l’extérieur furtivement, comme pour vérifier que je n’ai pas été suivi, me saisit par le poignet et me force à rentrer. Nous nous regardons un instant, sans dire mot. Elle semble hésitante… Je ne peux lui en vouloir. Après six cent ans, je lui reviens, non pas pour lui présenter excuses… Mais bien pour lui demander assistance. Je me sens soudainement si lamentable, repensant à ma façon de me comporter avec elle.

— Charon a fait dĂ©truire l’âme de mon apprentie… Sa sombre prĂ©sence menace sa descendance. Je souhaite me dĂ©faire de l’emprise de la mort. Je ne souhaite plus ĂŞtre faucheuse, pour pouvoir veiller sur sa fille. Pour pouvoir accomplir la dernière chose qu’elle souhaitait de moi avant sa mort. Je sais que je t’ai fait du mal… Je le sais parfaitement. Mais je te prie de bien vouloir m’aider.


Il me demande de l'aide. Pour la sauver, elle. Mais il ne sait pas qu'un contrat pèse sur sa tête. Il ne sait pas qu'il ne repartira pas d'ici. Il n'aurait pas dû venir me trouver. Il n'aurait pas dû... Je ne peux pas l'aider. Je ne peux pas désobéir à ma Déesse. A notre Déesse.

Ses yeux me lancent une supplique muette. Il est en plein désespoir, il ne sait plus quoi faire, et je peux le comprendre. Il vit l'enfer depuis si longtemps... Je dois en apprendre plus. Peut-être alors que... Non, je ne peux pas faire ça.

Je suis dĂ©chirĂ©e. Dois-je l'aider et dĂ©sobĂ©ir ? Ou faire ce que l'on attend de moi et l'empĂŞcher de retrouver l'enfant ? Je ne sais pas, je ne sais plus... Et le fait qu'il soit... lui n'aide pas. Je croyais avoir fait le deuil de son amour depuis longtemps, mais Ă  l'Ă©vidence ce n'est pas le cas. Pourquoi tout est si difficile ?

Et un autre dĂ©tail me taraude... Comment peut-il se souvenir de moi ? Il aurait dĂ» m'oublier comme tout le reste... Il ne devrait mĂŞme pas ĂŞtre lĂ ... Alors pourquoi se tient-il devant moi ? C'est bien la seule chose Ă  laquelle il peut rĂ©pondre...

— Comment peux-tu te souvenir de moi ? Tu n'aurais pas dĂ» garder tes souvenirs !

— Je ne les avais pas gardĂ©s... Ils me sont revenu très rĂ©cemment grâce Ă  Margaux...

Margaux ? La fille d'Elinor et de Gabriel ? Que vient-elle faite dans cette histoire dĂ©jĂ  sombrement complexe ?

— Je crois qu'elle est pourvue d'une partie des pouvoirs d'Elinor. C'est elle qui m'a rendu ma mĂ©moire effacĂ©e... Et mes souvenirs de toi.

Je sais que je lui ai posĂ© la question... Mais je me rends compte que plus j'en sais, plus il est en danger. Je ne pourrais jamais garder ses secrets devant la Mort ou un de ses sbires. Que dois-je faire ? Que dois je faire ? Je ne sais mĂŞme pas comment le bloquer ici. Et mon attirance pour lui... est indĂ©niable et me complique grandement la tâche.

Soudain, il me prend la main. Son contact me fait frissonner. J'espère qu'il ne le ressent pas, car cela serait on ne peut plus embarrassant. Il me fixe, et je ne peux m'empĂŞcher de croiser son regard. Ses yeux sont indescriptibles. De nombreuses Ă©motions diffĂ©rentes s'y noient, mais il est surtout très dĂ©terminĂ©. Il veut des rĂ©ponses. Mais je ne peux pas lui fournir ! Je ne peux pas...

— Elea, s'il te plaĂ®t... J'ai besoin de toi.

Comment vais je pouvoir me sortir de cette situation ? Je dois gagner du temps...

— Assieds toi et raconte moi tout. Je dois en savoir plus.


Elle me demande de m’asseoir et de tout lui raconter. Elle ne semble pas s’émouvoir de ma détresse, mais au moins ne me refuse pas assistance immédiatement. Je dois trouver les mots pour la convaincre. Je reste muet quelques minutes, cherchant quoi dire… ou plutôt comment le dire. Puis, je commence mon récit. Comment Elinor est devenue mon apprentie. Comment elle a failli mourir. Le pacte que j’ai passé avec Charon pour la sauver. La façon dont nous avons défié la Déesse elle-même. Notre voyage vers l’avenir et notre retour. La naissance de Margaux. Jusqu’à la mort de… Jusqu’à la dissolution de son âme. Elea semble frémir lorsque je parle de la destruction de l’âme d’Elinor alors qu’elle n’avait pas eu l’air très intéressé par le reste de mon histoire. De son histoire. De notre histoire.

Je la soupçonne immĂ©diatement d’avoir Ă©tĂ© au courant de tout le reste… Mais pas de ce dĂ©tail. DĂ©truire une âme est quelque chose de grave… Quelque chose qui n’est pas un acte anodin. C’est peut-ĂŞtre cela qui l’a convaincra, qui sait ? Pris dans mon monologue, je finis par me sentir obligĂ© de lui prĂ©senter des excuses.

— Je suis tellement navrĂ©, Elea. Tellement… Je n’ai pas voulu prendre le risque d’être rĂ©pudiĂ© par mon père… Ce faisant, je t’ai sacrifiĂ© pour qu’il reste fier de l’homme que j’étais. J’aurais dĂ» renoncer Ă  lui, Ă  ma famille. J’aurais dĂ» renoncer Ă  tout pour toi. J’aurais dû… Je te prĂ©sente mes excuses, Elea. Cette histoire… n’aurait pas dĂ» s’achever ainsi.

Nos regards se croisent… Je la regarde avec une intensité inégalée… Elle doit voir mes sentiments renaître dans mes yeux. Et je sens… j’ai l’impression du moins, qu’elle est troublée…

— Elle n’aurait pas dĂ» s’achever du tout. Je t’aime toujours. Je t’ai oubliĂ© Ă  cause de la malĂ©diction que la faucheuse t’as forcĂ© Ă  me faire subir… Mais depuis que je me souviens de toi, je sais que mes sentiments pour toi sont toujours aussi forts qu’ils n’ont pu l’être lorsque nous Ă©tions jeunes.

Je lui prends la main, m’agenouille à ses côtés, et sans lui laisser le temps de lui répondre, dépose un baiser sur ses lèvres.


Il m'embrasse. Prise par surprise, je ne m'écarte pas. Et tout renaît en moi. Tous les moments de bonheur que nous avons partagé il y a bien des années. La joie de chaque instant passé ensemble. Nos baisers. Nos nuits ensemble. Une fièvre incontrôlable monte en moi, et je lui rends son baiser. Je passe mes bras derrière ses épaules. Il me prend par la taille. Nous nous allongeons tous deux sur le canapé, et nous restons ainsi, à nous embrasser sans trêve.

Cela fait si longtemps que je n'ai pas ressenti cela. Que je ne me suis pas sentie si... humaine. Et je sais que je l'aime toujours. C'est une vérité que j'avais enfouie tout au fond de moi pour me forger une carapace, mais c'est une certitude. Je l'aime, et je ne peux pas accepter de lui faire du mal. Je vais devoir... Désobéir à la Mort.

Rien que cette pensée me fait frémir. Je sais ce qui arrive à ceux qui la défient. Il en est la preuve vivante. Mais je ne peux faire autrement. Je ne peux pas...

Je me mets Ă  rĂ©flĂ©chir pour rĂ©soudre ses deux problèmes : quitter ce monde, et sauver la fille qu'il considère comme sienne. Et je ne vois qu'une solution. Mais si complexe Ă  mettre en Ĺ“uvre. Pourtant c'est... elle est notre seul espoir.

J'espère qu'il est conscient des risques qu'il va falloir prendre pour parvenir à son objectif. Une fois que tout sera enclenché... Revenir en arrière sera impossible. Sans parler des risques qu'il courra, tout au long de l'opération. Et personne n'avait encore jamais défié la Mort comme cela. Si elle l'apprend, son courroux sera terrible, et bien pire que tout ce qu'ils ont bien pu affronter. Je le regarde dans les yeux.

— Il n'y a qu'une solution pour protĂ©ger Margaux. Il faut... Il faut que sa mère revienne dans notre monde.

Il écarquille les yeux. Cela doit lui paraître impossible. Des larmes montent dans ses yeux. Il ne sait pas s'il doit me croire. Et pourtant, il y a bien un moyen pour qu'Elinor retrouve son âme entière.


Aussi longtemps que nous nous embrassons, je ne pense plus à rien, me perd dans ce baiser. Je parviens même l’espace d’un instant à oublier tous les problèmes qui sont miens… Un instant, elle quitte mes pensées. Un instant… Et lorsqu’elle commence à m’exposer son plan pour la sauver, j’ai honte de moi… Honte d’avoir pu l’éloigner de mon esprit… Même si cela n’a duré que quelques secondes. Son plan est risqué, extrêmement risqué. Nous allons devoir faire preuve d’ingéniosité afin que notre Déesse ne l’apprenne pas.

Je suis prêt à prendre tous les risques. Et je sens qu’elle est prête à m’assister. Prête à courir ce risque à mes côtés. Voyant ma résolution, elle ne perd pas de temps… Elle sait aussi bien que moi, si ce n’est mieux même, que les secrets ne le restent pas longtemps dans ce monde. Elle attire à elle un maximum d’énergie magique. La puise du vortex au-dessus duquel nous sommes suspendus. Et lorsqu’elle en a emmagasiné suffisamment ouvre un portail devant nous. Elle me prend la main et me fait avancer dans le passage. Sans me lâcher nous traversons l’espace-temps… Et nous nous retrouvons dans un lieu que je connais… Je suis déjà venu ici, avec Elinor.

Le futur… Le vingt-et-unième siècle. La maison de cette jeune fille qui nous a sauvés, mon ancienne apprentie et moi. Elea semble désorientée. À l’évidence, elle n’a jamais utilisé une telle forme de magie auparavant. J’ai déjà tenté l’expérience… C’est ce qui réduit l’effet sur mon corps, j’imagine. J’entends alors une voix. Une voix que je reconnais aisément, même si plus d’une décennie est passée. Il faut dire que ce timbre est le même que celui de sa copie conforme.


— C’était gĂ©nial, Philippe. Vraiment gĂ©nial ! J’ai rĂ©ussi… Non ! NOUS avons rĂ©ussi ! Nous avons vraiment rĂ©ussi Ă  plier les dimensions… On a ouvert un chemin vers le futur… Bon, bien sĂ»r, il va falloir travailler davantage sur la machine. Il va falloir qu’on la rĂ©pare et qu’on se dĂ©brouille pour qu’elle consomme moins d’énergie, mais je crois qu’ensemble, on arrivera Ă  faire de grandes choses.

Il doit partir hélas. J’aurais bien profité davantage de ses idées. Mais nous ne nous perdons pas de vue. Il me promet qu’il reviendra, et je le crois facilement. De toute façon, nous nous reverrons sur internet dès qu’il sera arrivé chez lui. Il entre dans sa voiture et s’éloigne lentement en me faisant de grands gestes de la main. Je lui souffle un bisou tandis que sa voiture s’éloigne.

Puis, l’improbable se produit. La faucheuse, celle-lĂ  mĂŞme que je viens juste de renvoyer dans le passĂ©, s’approche de moi. Comment est-ce possible ? Ai-je Ă©chouĂ© dans mes calculs ? L’ai-je envoyĂ©, non pas deux siècles dans le passĂ©, mais seulement Ă  quelques dizaines de mètres de lĂ  ? Et il est accompagnĂ© d’une jeune femme que je ne connais pas… Et qui, elle, n’est pas mon identique.


Nous y sommes. La jeune fille qui va nous aider est là. Elle ne comprend pas qui je suis. En revanche, elle reconnaît mon compagnon. Il se charge de lui expliquer la situation. De mon côté, je parcours les lieux, jusqu'à tomber sur la machine. Je l'observe. Elle est ingénieuse. Très ingénieuse.

Cette petite est un gĂ©nie. Se servir des molĂ©cules prĂ©sentes dans certaines pierres pour rassembler l'Ă©nergie suffisante aux dĂ©placements temporels... C'est brillant. Mais il lui manque une chose on ne peut plus importante : une source de pouvoir suffisante. Et cette source, on ne la trouve que parmi nous, employĂ©s du monde des Morts.

C'est pour cela que la Mort a la main mise sur tous ces déplacements. Elle seule regroupe l'énergie et le pouvoir suffisant à l'expérience. Enfin... regroupait. Car aujourd'hui, nous sommes en mesure de le faire. Et c'est ce qui va nous permettre de sauver Elinor.

Je finis de tout inspecter, et je les rejoins. Je le vois à son regard, la jeune fille est prête à nous aider. Je ne sais ce qui la pousse à agir de la sorte, mais c'est admirable. Cependant, je dois m’enquérir d'une dernière chose avant que nous commencions... J'attrape celui que j'ai connu sous le nom d'Amaury par le bras, et m'éloigne avec lui.

— Es-tu sĂ»r que nous puissions lui faire confiance ?

— Absolument certain.

— Et es-tu prĂŞt Ă  la mettre en danger pour retrouver ton ancienne apprentie ?

— Je...

Il hésite. Il ne devrait pas hésiter. Chaque hésitation peut nous être fatal. Maintenant que nous sommes ici, nous ne pouvons plus reculer.

— Tu sais ce que nous risquons tous... Nous venons de nous retrouver, je ne veux pas te perdre Ă  nouveau. Mais l'enjeu de l'opĂ©ration est capital. Et il peut virer au cauchemar Ă  n'importe quel moment. Je ne peux garantir de protĂ©ger la jeune Elinor lorsque nous serons dans le passage temporel... Car ils sauront que nous l'aurons ouvert... Alors je repose ma question : es-tu prĂŞt Ă  la mettre en danger pour retrouver Elinor ?


La Faucheuse m’a tout expliqué. J’ai réussi à le renvoyer chez lui. Pas d’erreurs de calculs… pas d’erreurs du tout. Grâce à moi, ils ont pu rester ensemble douze ans… Douze années grâce, d’après lui, à moi et uniquement moi. Je suis flattée, même si le mérite en revient tout autant à Philippe… Mais pour autant, je ne peux pas l’aider à nouveau. La machine doit être réparée et améliorée. Cela prendra des semaines, peut-être des mois… Et quand bien même. C’est mon ami qui m’a fourni les roches nécessaires au fonctionnement de la machine. Là tout de suite, il est sur la route… Et même s’il acceptait de revenir tout de suite avec d’autres pierres, il lui faudrait des heures pour faire l’aller-retour. Je me prends la tête et réfléchis.


Elea me demande si je suis certain de vouloir faire prendre des risques insensés à l’Elinor du futur. Je n’avais pas songé à cela. Désireux d’accomplir mon objectif avant tout, j’ai complètement occulté l’idée que je mettais d’autres personnes en danger. Je ne peux pas lui demander ça… Je ne peux pas. D’ailleurs, la jeune fille m’annonce immédiatement qu’il lui faudra plusieurs semaines avant de pouvoir nous aider. Elle dit clairement que seule, elle n’arrivera pas à faire mieux.

Mais le temps est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre de prendre. Je n’hésite qu’un instant. Je me téléporte à plusieurs kilomètres de là et stoppe le véhicule de son ami. Je ne lui laisse même pas le temps de comprendre, lui explique qu’il doit retourner à sa partenaire avec ses roches au plus vite… Et il m’emmène avec lui dans sa boîte de métal. Quelques heures après, nous arrivons dans son lieu de travail. Je ne me sens pas bien et le laisse récupérer ce dont il a besoin.

Tout me paraĂ®t Ă©trange ici… Tout, sans exception. Les bâtiments… Les paysages, dĂ©pourvus de forĂŞt. Qu’est-ce que l’humanitĂ© a fait de ce monde ? Lorsqu’il revient Ă  moi, je ne perds pas de temps et nous tĂ©lĂ©porte Ă  nouveau auprès de sa jeune amie. Et ils dĂ©marrent immĂ©diatement leurs travaux.


Ils sont efficaces. Leur symbiose ne fait pas de doutes. Ils n'ont pas besoin de parler pour comprendre. Des regards suffisent. Ils ont la mĂŞme passion, ils sont amis, et ils mettent ces liens Ă  profit. Ils font vraiment bien la paire.

Bien vite, je détourne le regard de leur œuvre, pour me concentrer sur l'autre personne présente ici... Il est inquiet, je le vois? Alors je m'approche de lui, et lui prends la main. Mon contact le ramène de ses souvenirs. La dernière fois, il était là avec Elinor... Je comprends son trouble. Et je veux lui donner du courage. Alors je pose un léger baiser sur sa joue, puis sur ses lèvres. Il me répond doucement. Nous oublions l'espace d'un instant où nous sommes. Nous ne pensons que l'un à l'autre.

Quelqu'un tousse dans notre dos. Ils ont terminĂ©. Combien de temps sommes nous restĂ©s ainsi, perdus dans les limbes du temps ? Suffisamment longtemps pour qu'ils rĂ©ussissent Ă  rassembler et assembler les Ă©lĂ©ments dont nous avons besoin pour notre opĂ©ration... Alors je m'adresse Ă  la jeune fille.

— Écoute-moi. Je vais avoir besoin de toi. Je suis, nous sommes ici sans l'autorisation de la Mort. Mes pouvoirs sont limitĂ©s, et les siens... ne pourront pas ĂŞtre utilisĂ©s, il en aura besoin pour sauver Elinor. C'est pour ça que tu vas ĂŞtre utile. Je vais avoir besoin que tu me transfères tes pouvoirs pendant un certain temps pour que je puisse maintenir le portail assez longtemps.

La petite me regarde, interdite.

— Mais... Je n'ai aucun pouvoir d'aucune sorte ! Je serai incapable de vous aider !

— Tu en es capable... parce que tu es la descendante d'Elinor.


Comment est-ce possible ? Comment est-ce possible ? Elle a mon âge, elle me ressemble comme deux gouttes d'eau ! Comment peut-elle ĂŞtre mon ancĂŞtre ? RĂ©flĂ©chis Eli ! Bien sĂ»r que c'est possible, elle a deux cents ans de plus que toi ! Et cela expliquerait pourquoi elle est arrivĂ©e ici la première fois.. Pourquoi vous portez le mĂŞme nom... Pourquoi vous vous ressemblez tant. Allez... reprends toi !

Elle me demande de l'aider.. Mais je ne sais pas comment faire ! Je ne l'ai jamais fait ! Et je ne sais mĂŞme pas si j'en serai pas capable. Je ne veux pas lui montrer ma peur... Mais elle la voit. Elle me prend les mains, et me dit :

— Pense simplement Ă  l'Ă©nergie qui circule en toi. Ton sang et ton âme feront le reste. Et crois en toi, tu peux le faire.

Elle a peut-être raison... Peut-être que j'en suis capable... Non, pas peut-être. Je ne dois pas hésiter. Ils comptent sur moi, alors je le ferai.

Je la regarde droit dans les yeux, je lui fais un signe de la tĂŞte, j'accomplis les derniers branchements, et je suis prĂŞte. Elle me donne un sourire, et me prend les mains. Je ferme les yeux. Et quand je les rouvre... La machine fonctionne ! Et c'est moi qui ai fait ça.

Une énorme quantité d'énergie s'amasse, et un portail s'ouvre. La Faucheuse nous jette un dernier regard, et s'y aventure.


Cela va ĂŞtre compliquĂ©. Très compliquĂ© mĂŞme. Juste avant de franchir le portail, je rĂ©flĂ©chis intensĂ©ment Ă  tout ce que je dois faire… Je vais avoir un temps très restreint pour agir. Vraiment très restreint. J’embrasse une dernière fois Elea… En sachant que cela risque d’être la dernière fois. Si j’échoue… Je n’ose qu’à peine penser aux consĂ©quences. Si j’échoue, je serais tuĂ© sur le champ et la descendance d’Elinor sera irrĂ©mĂ©diablement condamnĂ©. Que se passerait-il pour la ligne du temps ? Que se passerait-il pour l’Elinor du futur ? Je ne dois pas y penser… Je ne peux pas y penser…

Après une longue hésitation, je plonge dans le portail. Je me sens déchiré de l’intérieur. Je n’avais pas ressenti cela la première fois. Peut-être parce que la première fois, je n’explorais pas mon propre passé. Au moment exact où j’apparais, j’occulte ma présence et court vers la chambre. Je sens que cela draine toute mon énergie. Les êtres autour de moi ne sont pas de simples mortels… Ce n’est que parce que l’on n’est dans le royaume terrestre que je peux effectuer cet étonnant prodige.

J’arrive dans la chambre d’Elinor. À mes côtés viennent d’apparaître Charon et Gabriel. Sur le lit, Elinor, épuisée vient de donner naissance, Chandelier est à ses côtés, le médecin vérifie l’état du bébé et moi… moi, je suis à ses côtés. Je ne dois pas intervenir… C’est une souffrance, mais je dois tout laisser se produire exactement comme lors de la première fois. Tout… Presque tout. Gabriel tue violemment le médecin et commence à retirer l’âme d’Elinor de son corps.

Ma première intervention… tandis que l’âme du médecin quitte son corps, je m’en saisis et commence rapidement à la cristalliser. Je n’ai que peu de temps avant que Gabriel ne fasse de même avec celle de mon ancienne apprentie. Je transpire… Je sais que le temps dont je dispose est très mince… Je vais devoir être plus rapide que Gabriel. Au moment où il lâche son âme pour qu’elle se brise au sol, je substitue rapidement l’âme de la jeune femme avec celle du médecin… Tant pis pour lui. Je retourne ensuite le plus rapidement possible vers le portail… Je sais qu’elles ne pourront pas le maintenir ouvert très longtemps et j’y plonge, avec l’âme cristallisée d’Elinor. Je ne sais pas encore comment lui rendre forme...


Les minutes passent. Longues. Interminables. Je sais qu'il peut y rester. S'il se fait surprendre… Je ne peux imaginer ce qui leur arrivera, Ă  lui, Ă  Margaux, Ă  Elinor… Tout serait terminĂ©. Je prie pour qu'il ne lui arrive rien. Enfin… s'il existe une entitĂ© capable de m'entendre… Plus le temps passe, plus nos forces Ă  toutes les deux s'Ă©puisent. Nous ne tiendrons pas longtemps… il faut qu'il se dĂ©pĂŞche !

Et le miracle se produit. Il surgit de notre cĂ´tĂ© du temps pile au moment oĂą nous allions lâcher. Il est vivant. Quel soulagement ! Et Ă  en juger par la… chose qu'il tient dans les mains, il a rĂ©ussi. Nous avons rĂ©ussi ! Ce voyage lui a pompĂ© toutes ses forces, il est mal en point… Je lance un regard Ă  l'homme qui a assistĂ© Ă  notre opĂ©ration en spectateurs pour qu'il s'occupe de la jeune fille, et je me prĂ©cipite aux cĂ´tĂ©s de l'homme que j'aime.

Il tient serrée contre lui l'âme cristallisée de son apprentie. J'essaye de lui enlever, en vain. Il n'est pas en état, physique ou émotionnel, pour que je tente quoi que ce soit. Alors je le laisse. Je dois m'occuper de nous protéger.

Ces humains ne peuvent pas rester comme cela, à se souvenir de ce qui s'est passé. Cela nous mettrait tous en danger, eux qui ne pourraient pas tenir le secret face à notre Déesse et qui subiraient les pires tortures pour qu'ils avouent, comme nous qui pourrions être trahis par quelque parole mal placée. Ils doivent oublier cette visite.

Je me penche vers Elinor. L'effort l'a épuisée, elle s'est endormie dans les bras de son ami. Je pose ma main sur son front, et comme je l'ai fait avec tant de défunts, je manipule son âme pour lui retirer cette partie de ses souvenirs. Son visage se détend tout à coup. J'ai réussi. Puis je me tourne vers ce Philippe. Il a un premier mouvement de recul, mais il se laisse faire. Je répète l'opération, et lui aussi a tout oublié. Ils se réveilleront dans quelques minutes, sans comprendre pourquoi la disposition de certaines choses dans la pièce a changé. Mais c'est mieux ainsi.

Puis je rassemble mes forces, et je prends la main d'Amaury. Je nous ramène chez moi. C'est le chemin le moins compliqué pour moi, le moins fatiguant aussi, car mon esprit comme mon corps sont habitués à le retrouver. De là, avec l'aide de la force qui entoure mon habitation, je nous transporte chez lui. Au cours de ces deux voyages, il a repris de ses forces. Mais il ne lâche pas l'âme. Je crois qu'il n'a toujours pas réalisé ce qu’il s'est passé… et que son apprentie revivra.

Et nous pénétrons dans sa demeure.


Épuisé, presque catatonique, je laisse Elea me guider jusqu’à notre époque, dans sa demeure. Je la vois recharger sa puissance avec le vortex que nous surplombons. Une fois que c’est fait, elle nous emmène jusqu’à ma demeure. Cette demeure… Le manoir abandonné de ma famille dans lequel j’avais prévu que nous nous cachions cette nuit-là. Celui qui aurait pu devenir notre demeure. Les évènements en ont voulu autrement.

Nous n’avons pas de temps à perdre. Nous nous précipitons dans la chambre d’Elinor. Son corps est toujours là, veillé par mes serviteurs. Elea me prend le cristal des mains… Cette fois, je la laisse faire. Elle m’embrasse pour me rassurer, percevant mon intense stress et se rend au chevet de la jeune femme sans âme.

Je les laisse. J’ai entière confiance en Elea. Je regarde les pièces laissĂ©es Ă  l’abandon… Je finis par arriver dans la chambre que nous avions fournie Ă  Gabriel. Je sens encore son aura dĂ©moniaque imprĂ©gnĂ©e dans les draps… Comment avais-je pu ne pas le remarquer avant ? AveuglĂ© par ma jalousie, j’avais Ă©tĂ© incapable de faire preuve de luciditĂ©. Je secoue la tĂŞte. Je dois chasser ces pensĂ©es. Ce qui est fait est fait… Et Charon est mort dĂ©sormais. Sa tĂŞte a Ă©tĂ© sĂ©parĂ©e de son corps… Il nourrit les vers dans une autre dimension.

Je finis par entendre du bruit. Cela s’agite dans la chambre d’Elinor. J’y cours. Je vois son corps qui flotte Ă  quelques centimètres au-dessus du lit. Et Elea, non loin, qui puise l’âme du cristal pour l’intĂ©grer Ă  son ancienne propriĂ©taire. Au bout de quelques secondes, le cristal se dĂ©sagrège, vidé… et le corps d’Elinor retombe sans douceur sur le lit… Mais elle n’ouvre pas les yeux. Elle ne se rĂ©veille pas. Est-ce que tout est perdu ? Je m’effondre Ă  genoux, et des larmes commencent Ă  quitter mes yeux.


Voilà. J'ai fait ce que j'ai pu. Maintenant, cela ne dépend plus de moi, mais d'elle. Elle doit recréer le lien entre son âme et son corps. Mais j'ai confiance. Elle est puissante, elle y arrivera.

Un bruit sourd sonne derrière moi. Il est là, à genoux, en pleurs. L'apparence inconsciente de la jeune fille doit lui causer maintes souffrances. Mais je le rassure. Je lui dis qu'elle s'en sortira. Je ne lui mens pas. Si d'un point de vue purement théorique, les chances qu'elle ne survive pas sont bien présentes, au fond de moi, je suis certaine qu'elle trouvera en elle la force, la puissance et le pouvoir dont elle a besoin pour rejoindre les siens.

Je l'emmène loin d'elle, dans une chambre. Cela me brise le cœur de devoir les séparer mais je n'ai pas le choix. Je dois accomplir un acte atroce, qui me dégoûte… mais je n'ai réellement pas le choix. J'aurais tellement rester avec lui, avec eux… mais c'est impossible. Ma place n'est plus dans ce monde. Elle n'y est plus depuis bien longtemps. Trop longtemps pour que ce soit réversible. Je l'aime, du plus profond de mon cœur. Mais j'ai désobéi à un ordre direct de la Mort. Je ne connais pas encore les conséquences de ce choix, mais je ne veux pas les leur imposer. Ils ont suffisamment souffert, et ont encore beaucoup de chemin pour atteindre leur objectif, et être libre ensemble.

Mais je sais qu'il ne me laissera pas partir. Pas une deuxième fois. Alors je suis obligée de le faire. Un jour, il comprendra pourquoi je l'ai fait.

Je saisis un couteau qui traĂ®nait lĂ . Et, les larmes pleins les yeux, je l'enfonce dans le bas de son ventre. Il survivra, sa forme de Faucheuse le protège encore. Mais ce coup additionnĂ© aux Ă©preuves de la journĂ©e l'empĂŞchera de me suivre. Je lui murmure :

— Je suis dĂ©solĂ©e, je ne voulais pas… mais je n'ai pas le choix. Ma place n'est pas auprès de vous, auprès de toi. Tu sais combien je t'aime… mais on ne peut pas revenir en arrière. Et nous ne pouvons pas ĂŞtre ensemble. Nous n'avons jamais pu. Maintenant, tu dois prendre soin d'elle. D'elle et de sa fille. Vous ĂŞtes une famille.. Et je n'ai pas ma place au sein d'elle. Je ne l'ai jamais eu. Nos courtes retrouvailles m'ont fait espĂ©rer, j'ai cru que cela serait possible… mais ça ne l'est pas. Alors pardonne moi ce coup bas, mais je sais que tu ne m'aurais pas laissĂ© repartir. Peut ĂŞtre qu'une fois lĂ  bas, j'arriverai Ă  vous faire gagner du temps. Je dois m'en aller, mais ne m'oublie pas, ne m'oublie plus. Je ne t'oublierai jamais non plus. Je t'aime Amaury. Adieu.

Et je le laisse lĂ , dans une marre de sang, pour rejoindre le monde des morts. Mon monde.


Qui… Qui suis-je ?










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











JilanoAlhuin

Bon on va trouver un moyen original de le dire, pour changer. Votre texte est le phœnix de ses bois, et si votre ramage se rapport à votre plumage... Bon j'arrête, je suis pas fait pour ça ! xD Votre texte est très touchant, vous décrivez très bien les relations qui se trouvent entre les personnages et les émotions qui s'y transmettent. Je ne m'attendais pas trop à revoir Éléa honnêtement, je pensais que le personnage ne reviendrait pas, et je suis content de voir que les personnages du passé sont toujours là et restent important, sans être oublié. Le "qui suis-je " final me laisse me poser des questions, cependant je pense que les réponses viendront dans le futur avec d'autres textes. Je n'ai rien à dire d'autre à part continuez, c'est superbe, comme d'habitude


Le 12/07/2021 à 16:51:00



Ellumyne

Vous collaborations sont toujours un plaisir à lire (je sais, je le dis à chaque fois, mais c'est ainsi). Tout comme JilA, je ne m'attendais pas à revoir Elea, mais le résultat est réussi. Je pensais également que l'âme d'Elinor était perdue, mais vous trouvez toujours de bonnes idées pour continuer votre histoire, sans que cela ne devienne répétitif ou ennuyeux. (Oh, et Eli, dorénavant, je ne critiquerai plus la longueur de vos textes. Maintenant que j'ai moi aussi fait une collab sous cette forme, je comprends mieux à quel point on a envie d'ajouter plein de détails et de prolonger l'histoire xD)


Le 12/07/2021 à 21:12:00

















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