Triste réalité
(par Faucheuse)(Thème : MĂ©lilĂ©mots (mots de l'espace))
La reine regardait les fusées exploser dans le ciel devant Ur et Koz, les deux satellites. Les artificiers s’activaient à quelques centaines de mètres d’elle pour offrir un formidable spectacle. La population émerveillée pouvait ce soir oublier la guerre pour fêter la nouvelle année. Melia n’en faisait rien. Ses yeux avaient beau regarder, son esprit était ailleurs. Dans sa main, une missive partiellement déchirée. Des tâches de sang formaient une constellation sur elle. Il ne faisait aucun doute que c’était le sang de celui qui l’avait écrit, voulant envoyer un ultime message à la femme qu’il aimait.
Un temps qui avait semblé infini à la souveraine s’était écoulé entre le moment où les mots avaient été couchés sur le papier et celui où ils avaient finalement rejoint leur destinataire. La veille de ces solennités, un cavalier était arrivé dans la cour du palais, filant comme une comète. Le jeune soldat semblait fier de lui. Melia l’avait renvoyé aussitôt. Quelle importance vitale avait ces mots finalement. Elle n’avait jamais douté de l’amour que lui portât Erick. Cette lettre n’altérerait rien à cet état de fait.
Pourtant, en cette soirée de festivités, son visage, habituellement solaire, arborait une mine triste. La lettre n’était destinée qu’à lui témoigner de l’amour. Elle avait lu entre les lignes pour en tirer de précieuses informations. Erick avait décrit les soldats placés sous son autorité comme des marionnettes soulevées par des fils invisibles. Cela ne laissait aucun doute quant au fait que des mages des étoiles avaient rejoint les forces du dieu-cerf. Cela expliquait leur défaite écrasante. Propulsé dans les airs et maintenu en apesanteur, ils avaient été des cibles faciles.
Des larmes quittèrent les yeux de la jeune femme. Elle n’avait pas pleuré lorsqu’elle avait appris sa mort. Pas plus lorsque son corps avait été incinéré. Lorsque les prêtres avaient envoyé les cendres rejoindre l’orbite de Safra, la déesse des âmes perdues, elle était anéantie. Mais même là , ses larmes n’avaient pas coulées. Les derniers sentiments de son amour perdu n’avait rien changé à tout cela… Mais apprendre que les mages de Yegin, celui qui lui avait proposé une alliance était responsable et qui désormais réclamait ses terres, était de trop.
Bien des vautours gravitaient autour d’elle, attirée par les avantages d’une amitié royale. Mais aucun d’entre eux ne l’aurait trahi comme le prince l’avait fait. Il avait malicieusement placé ses pions avant qu’ils ne fondent sur leur proie. Officiellement, trois royaumes se battaient pour la souveraineté du continent… Melia comprenait désormais que les deux étaient alliés. N’y avait-il donc aucun espoir ? Avait-elle cédé une partie de ses terres pour rien ?
Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !