L'Académie de Lu





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Défi images 5 (phare, lune, panthère)


Une lueur dans les ténèbres

(par Ellumyne et Faucheuse)
(Thème : DĂ©fi images 5 (phare, lune, panthère))
(dernière modification : 10/06/2023)



Des mois que toute civilisation semblait avoir disparu. Des mois qu’il cherchait une trace restante de vie. Était-il possible qu’il soit le dernier survivant. Il ne voulait y croire. Il ne pouvait y croire. Il refusait d’accepter cette idée folle. La forêt qu’il traversait lui accordait quelques vivres pour le sustenter, mais pas de quoi tenir sur le long terme. Il ne pouvait faire qu’avancer ou succomber. Mais il était résolu à ne pas laisser la mort l’emporter. Après des heures, il atteint enfin l’orée. Une plaine s’ouvrait devant lui, puis le bord de mer. Le soleil couchant apportait avec lui l’heure de dormir. La pleine lune qui avait envahi le ciel ne rendait pas moins dangereux les déplacements nocturnes. Il devait trouver un endroit sûr où se cacher. Depuis deux semaines, quelque chose le traquait. Quelque chose qui lui était clairement hostile.


Avançant lentement, un pas après l’autre, son regard scrutait les environs à la recherche d’un endroit où passer la nuit. L’obscurité progressait rapidement et seule la faible lueur fantomatique de la lune le guidait dans ce lieu inconnu. Là, au milieu des rochers surplombant la mer, une cavité lui tendait les bras. L’homme s’y précipita avec soulagement. Épuisé par sa marche forcée, il s’écroula sur la pierre froide et se roula en boule en essayant de trouver une position un tant soit peu confortable. Les paupières de ses yeux fatigués se fermèrent contre sa volonté et l’homme se laissa sombrer dans un sommeil bienvenu. Non loin, le vent se leva sur la forêt. Les branches craquaient, les feuilles bruissaient, et les arbres semblaient danser sous les assauts des violentes bourrasques. Dissimulée par cette cacophonie, une masse sombre et imposante se faufilait avec une légèreté insoupçonnée à travers les fougères. Seuls deux yeux d’un jaune vibrant trahissaient sa présence.


Les nuits du voyageur n'étaient pas des plus reposantes. Ses rêves laissaient toujours place à d'horribles cauchemars. Dans ceux-ci, une récurrence, un fauve qui le lacérait et dévorait ses entrailles sans qu'il n'en mourût. Ses yeux s'ouvrirent comme à chaque fois que ce tourment prenait fin. Mais cette fois, rêve et réalité avaient fusionné. Car devant ses yeux bleus, une panthère grognait, prête à lui bondir dessus. De part et d'autre de l’animal, une paire de jambes se dessinait. Mais l'homme ne pouvait se résoudre à lâcher le félin du regard pour découvrir à qui elle pouvait appartenir. Il se releva lentement et prit la pierre le plus grosse qu'il pouvait soulever pour la lancer sur l'animal. Ce dernier recula sous la surprise, permettant au vagabond de prendre la fuite. Au bout d'une course qui lui sembla durer des heures, il finit par s'arrêter et tomba à genoux, ses jambes refusant de le porter plus avant. Derrière lui, rien que le vent. L’animal semblait avoir perdu sa trace. Devant ses yeux, un village, faiblement éclairé par un phare. Celui-ci était fonctionnel, premier signe de vie depuis le bombardement.


L’homme respira profondĂ©ment pour calmer les battements de son cĹ“ur. Sa fuite Ă©perdue prenait fin ici et maintenant. Dans quelques minutes, il allait pouvoir trouver de l’aide. Ă€ manger, Ă  boire… Depuis quand n’avait-il pas bu ? Hier après-midi Ă  la rivière ? Sa gorge Ă©tait sèche. Ses lèvres, autrefois douces, Ă©taient craquelĂ©es et Ă  vif. MalgrĂ© tout, il n’avait jamais perdu espoir. Et cette nuit, sa persĂ©vĂ©rance serait enfin rĂ©compensĂ©e. Prenant appui sur ses mains, il se releva avec difficultĂ©, et s’épousseta rapidement. Mais Ă  sa grande surprise, une tache d’un rouge carmin maculait son pantalon. Tentant malgrĂ© tout de faire un pas vers le village, une vive douleur lui vrilla le genou droit et il dut s’arrĂŞter Ă  nouveau. C’était bien sa veine… Lorsqu’il Ă©tait tombĂ©, sa rotule avait atterri sur un rocher anguleux, Ă©corchant sa peau. Serrant les dents, il clopina en direction de la première cabane et toqua. Un bruissement lĂ©ger lui rĂ©pondit et la porte s’ouvrit sur une vieille femme Ă  la peau parcheminĂ©e et aux yeux d’un blanc laiteux. Cette dernière sortit sans lui jeter le moindre regard et alla s’installer sur un banc non loin, se dĂ©lectant de la fraĂ®cheur de la nuit. OutrĂ© par le manque de savoir-vivre de l’ancĂŞtre, l’homme ne savait pas comment rĂ©agir. Après tout, il avait besoin d’aide, peu importait la bizarrerie de son interlocutrice. RevigorĂ© par son irritation, il tenta une nouvelle approche quand un grognement dans son dos le figea sur place.


Pivotant lentement sur lui-même, il découvrit que la bête qui le pourchassait incessamment n'était que la monture de son adversaire véritable. Le visage caché sous une longue cape verte, une femme tenait une lance dont elle le menaçait. Le voyageur tenta d'émettre un son mais un râle muet sortit de sa gorge. À nouveau, il se décida à tourner les talons. La vieille dame ne semblant pas vouloir lui porter assistance, il jugea prestement les autres habitants du village comme n'étant pas amicaux. Il ignorait ce qui le poussait à imaginer que le phare lui apporterait une quelconque protection. Son instinct l'ayant protégé jusqu'alors, il décida de l'écouter une fois de plus. La chasseresse qui le poursuivait n'avançait pas à pleine vitesse. Sa cadence semblait calquée sur la sienne. Réglée comme un métronome.


Sa jambe le faisait souffrir, mais il continuait à avancer, coûte que coûte. Les gravillons roulaient sous ses semelles et il manqua de tomber à nouveau. Le souffle court, il se retourna en levant un bras devant son visage, dans l’espoir de le protéger d’une morsure mortelle de la bête. Mais contre toute attente, celle-ci s’était arrêtée également, et l’observait de loin tout en balançant sa longue queue noire d’un air impatient. Incrédule, l’homme se remit en marche, guidé par la lumière du phare. Autour de lui, seul le bruit des vagues dont l’écume éclaboussait de temps à autre son visage, trahissait la présence d’une mer presque invisible. La couleur de l’eau se fondait parfaitement avec l’indigo du ciel. La haute tour se dressait maintenant devant l’homme qui posa la paume de sa main sur la pierre froide et lustrée par les éléments. Il contourna l’édifice jusqu’à atteindre une petite porte en bois rongé par l’humidité, et poussa la clenche.


L'intĂ©rieur du bâtiment ressemblait Ă  s'y mĂ©prendre Ă  une maison ordinaire, si on faisait exception de l'immense escalier en colimaçon qui s'Ă©levait en son centre. Mais mĂŞme si le voyageur se sentait irrĂ©mĂ©diablement attirĂ© par le sommet de la bâtisse, il prit un instant pour en explorer les pièces infĂ©rieures. Après avoir fermĂ© le verrou de la porte, il commença sa visite. Le vagabond craignait de nouveaux dangers. S'assurer de ne pas ĂŞtre attaquĂ© par-derrière pendant son ascension lui semblait une idĂ©e plus que raisonnable. Mais chaque pièce s'avĂ©ra vide de toute vie. Les toiles d'araignĂ©e s'amoncelaient dans certains coins du phare. Il devait ĂŞtre abandonnĂ© depuis plus longtemps encore qu'il n'avait pris la route. Trouvant un torchon, il s'en fit un bandage. Le tissu violet jurait sur sa tenue grise, mais cela n'avait aucune importance. L'homme commença la longue montĂ©e que reprĂ©sentaient les centaines de marches. Chaque pas augmentait la douleur qui s'accumulait dans sa jambe. C'Ă©tait comme s'il ne faisait qu'approcher de sa propre perte. Mais rien ne pouvait dĂ©sormais le stopper. L'attraction Ă©tait trop forte. Ses pensĂ©es s'aventuraient sur l'explosion qui avait rasĂ© son village, en faisant de lui l'unique survivant. La guerre avait-elle tout dĂ©truit ? Mais comment expliquer la vieille dame ? Les questions fusaient en son for intĂ©rieur.


L’ascension semblait interminable. Et pourtant, la détermination de l’homme se renforçait marche après marche. Peut-être que là-haut, il aurait une meilleure vue sur les environs et il pourrait se rendre compte de l’étendue des dégâts. Après de longues minutes, il posa enfin son pied sur la dernière marche de l’escalier et émit un grognement de soulagement et de douleur mêlés. Une lumière aveuglante dansait devant ses yeux et il n’eut d’autre choix que de fermer les paupières pour se protéger. À tâtons, il chercha la rambarde extérieure et rouvrit les yeux vers l’étendue d’eau infinie. Cela l’apaisa, et il se demanda à combien de kilomètres cette gigantesque lanterne était visible des bateaux. La chaleur dans son dos était réconfortante, et cela soulagea son corps endolori. Une langue de flammes l’enveloppa tendrement et il se laissa aller, un sourire béat aux lèvres. Une voix douce et envoûtante s’éleva alors au cœur de la lumière et l’homme se retourna pour en chercher l’origine. Mais il ne vit rien d’autre que des reflets tantôt orange, tantôt jaune vif s’entrelacer dans un ballet fascinant.


La voix lui dit qu'il avait atteint la fin de son chemin. Le voyageur continua à regarder en tous sens, se demandant tout à la fois qui lui parlait et quels sens avaient ces mots. La voix poursuivit, lui exprimant l'inutilité de sa peur. La lumière sembla alors prendre forme humaine. De longs cheveux flamboyants battaient derrière son visage solaire. Une jeune femme portant une robe de lumière. L'homme tomba à genoux devant sa grâce. Il connaissait désormais la vérité. Le vent violent s'apaisa aussitôt et sa blessure se referma. Toute souffrance le quitta. D'un timbre cristallin, elle lui demanda s'il était prêt à recevoir le don qu'elle avait pour lui depuis sa naissance. Alors qu'il allait répondre, un cliquetis régulier se fit entendre. L'homme regarda dans la direction d'où lui semblait provenir le son. Il s'agissait de l'escalier qu'il venait d'emprunter. Une pointe en métal apparut d'abord, puis un bâton de bois. La chasseresse avait atteint à son tour le sommet du phare. La panthère lui servait toujours de monture, ses griffes tintant contre les marches comme un carillon.


Étrangement, la vue du fĂ©lin ne lui procura aucun effroi. Bien au contraire, il se sentait calme et serein. Son voyage s’achevait aujourd’hui, et pourtant, il se sentait plus vivant qu’il ne l’avait jamais Ă©tĂ©. Était-ce la douceur de la jeune fille de lumière qui le rassurait, ou bien le sourire aussi Ă©nigmatique qu’encourageant de la chasseresse ? Ă€ vrai dire, peu lui importait. Il rĂ©pondit Ă  l’invitation de la dĂ©esse aux cheveux d’or et tendit une main vers elle. Une douce langue de feu le chatouilla tandis qu’elle enveloppait ses doigts, son bras, son torse puis embrasa son corps tout entier. Une larme de joie roula sur la joue de l’homme alors que ses dernières pensĂ©es se concentraient sur ses deux enfants qu’il allait bientĂ´t retrouver. Le halo de chaleur se dissipa lentement, et la jeune fille se saisit des derniers Ă©clats chatoyants. Elle leur insuffla de l’énergie avant de les propulser vers le ciel, dans une poussière d’étoiles resplendissantes qui allèrent rejoindre les milliards d’autres semblables, lĂ -haut, dans les cieux. Puis, d’un signe de tĂŞte, elle fit signe Ă  sa consĹ“ur de se remettre au travail. D’autres âmes avaient besoin de leur aide pour trouver le chemin vers la paix.














Awoken

Votre texte est très sympa et facile à lire, on entre bien dans la tête de votre personnage. La fin est super douce et très satisfaisante. Les couleurs sont également très bien amenées. Bravo!


Le 10/06/2023 à 15:42:00



Sourne

J'adore les descriptions de votre dernier texte, elles sont immersives et prenantes. Tout au long du texte, je me demandais quelle serait la chute, parce que je voulais savoir ce que tous ces éléments représentaient. Et pour citer Awo, la fin est très satisfaisante, elle répondait à mes attentes


Le 12/06/2023 à 11:23:00

















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