L'Académie de Lu





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Ă€ jamais

(par JilanoAlhuin)
(Thème : DĂ©fi images 5 (phare, lune, panthère))



7h38.


Un son strident réveillait l’homme d’âge mûr. D’un geste brutal, il abattit sa main sur l’objet qui se brisa.


Il ne le ramassa pas, et se contenta simplement de le laisser tel qu’il était. Il se leva, agacé, bloquant d’une main la lumière qui passait par l’unique fenêtre de la chambre où il résidait.

L’homme passa à peine dans la salle de bain pour regarder sa barbe et ses cheveux qui n’avaient point changé. Il les coiffa par habitude, puis descendit. Il arriva dans sa cuisine et sortit quelques tartines et une confiture rouge dont il ne savait plus reconnaitre le goût.


Il avala son déjeuner sans même le sentir. Il s’étira avec de jeter un simple regard à son salon : un fauteuil indigo en cuir abîmé par le temps, en face d’une vieille télévision qui ne renvoyait rien, si ce n’est le reflet de celui qui la regardait. Il serra les dents et quitta le phare, son domicile depuis longtemps, en claquant la porte.


Il marcha pieds nus dans l’herbe verte qu’il ne connaissait que trop bien. La douceur qu’il avait ressentie jadis était maintenant un sol épineux, douloureux, qui le torturait chaque jour. Il se déplaça au bord d’une falaise rocheuse, tout en jetant un regard en dessous de lui, où l’eau bleue de l’océan se heurtait aux pierres. Il en visualisa une qui lui était plus que familière. Le souvenir était toujours bien encré dans sa mémoire.


Il aurait aimé sauter à nouveau. Mais cela n’avait pas d’intérêt. Il se contenta de fixer l’horizon. Le soleil jaune brillait de mille feux, le narguant de sa chaleur. Le gardien du phare se demanda si, un jour, ces rayons pourraient le brûler. Il secoua la tête. Quelle idée pouvait-il bien avoir ?

Le zénith laissa place à un crépuscule orangé, qui lui-même laissa place à la nuit. Les étoiles brillaient. L’homme fixa le ciel. Dans les cieux, il discerna un sourire presque moqueur. Il leva une main vers ce lieu inatteignable, tentant d’arracher les étoiles de leur voile violacé.


Il se retira avec rage, rentra en brisant presque la porte de chez lui, et remonta. Il s’installa dans son piètre lit, dont le bois pourri tenait miraculeusement.


7h38.


Le son aigu résonna. Il le brisa sans réfléchir. Il se leva. Il se dirigea vers son miroir. Se coiffa. Mangea, et sortit. Il attendit. Le soir venu, il repartit dormir.


7h38.


Le son aigu. Brisé. Levé. Miroir. Coiffure. Repas. Sortie. Attente. Rentré. Couché.


7h38.


Encore.


Et encore.


Et encore.


Chaque jour, il se hantait de mille pensées, toutes aussi sombres les unes que les autres. Toutes étant un espoir qu’il avait essayé.


La roche ne portait pas la marque sanguine qui aurait dû s’y trouver quand il avait sauté.

Le phare était toujours en bon état, malgré un incendie qu’il avait allumé de son plein gré.

Le corps tenait toujours malgré les infernales blessures qu’il s’était infligées.


Il n’attendait plus rien de ce lieu torturé. Il ne voulait plus rien attendre. La seule chose qu’il souhaitait est de pouvoir fermer les yeux, sans jamais les rouvrir. De pouvoir arracher son cœur qui le maintenait ici. Il rentra d’un air aussi enragé qu’il était affligé.


7h38.


Réveillé à nouveau. Il observa là où devait se trouver une large plaie. Là où une marque était. Pourtant, rien. Le couteau qu’il s’était planté n’avait rien fait. En allant dans sa cuisine, il le redécouvrit rangé parfaitement, comme si de rien n’était. Il se laissa tomber au sol en pleurant, jusqu’à ce que la nuit tombe.


Même lorsque la lune se présenta, il ne cessa sa plainte.


1h47.


L’homme releva le regard. À travers une fenêtre, il aperçut un rayon lumineux. Il saisit la poignée de l’entrée, avant de s’arrêter.


Était-ce encore un espoir vain ? Une ultime moquerie de son triste sort ?


Serrant les dents, il quitta son domicile. La lumière n’était déjà plus. Pourtant, quelque chose brillait autant qu’un soleil.


Où plutôt, quelqu’un.


Elle se tourna vers lui, lui offrant un doux regard. Ses yeux d’or le fixèrent, tout en affichant un sourire radieux. Ses longs cheveux noirs flottaient aux vents.


Pour la première fois depuis il ne savait combien de temps, il découvrit un sourire. Le premier depuis si longtemps. Où était-ce depuis toujours ?


Il s’approcha timidement. Il tendit une main aussi effrayée que curieuse. Il effleura la peau luisante et douce de l’étrangère.


Elle leva la sienne, comme pour en faire de mĂŞme.


Puis, tout disparu. L’étrangère s’évapora comme une vulgaire illusion. L’homme fut aspiré par une force qu’il ne connaissait point.


Puis…




7h38.


L’homme se leva brusquement. Il jeta des regards à gauche, à droite. Il n’avait aucun repère. Il se précipita à sa fenêtre, pour ne voir personne.


Il était seul.


Il l’avait vue. Il l’avait touchée. Il en était certain. Ce n’était pas un mirage.


Alors, il laissa son cœur battre d’espoir à nouveau. Il attendit là où il avait vue l’étrangère.

1h47.


Elle apparut. Comme une force divine, la lumière descendit des cieux devant lui, et elle fut devant lui. Elle le vit, et aussitôt, son regard se remplit de joie.


L’homme s’approcha, hésitant. Leurs mains se saisirent. Il manqua de se laisser tomber, avant de voir le visage de son opposée. Des perles vinrent aux yeux de la femme. Des dizaines de questions passèrent dans son esprit, et avant même qu’il ne puisse en poser une, tout disparut à nouveau.


7h38.


Il n’allait pas abandonner. Il recommença. En trombe, il sortit. Il attendit.


1h47.


La revoilà. Il profita de cet instant autant que possible. Un moment fugace, mais précieux. Il découvrit ce jour-là ses doux cheveux.


7h38.


Encore.


1h47.


Puis, ses tendres caresses sur sa peau rugueuse.


7h38.


Encore.


1h47.


Ensuite, la beauté de son sourire sincère.


7h38.


ENCORE.


1h47


L’harmonie séduisante de tout son être.


7h38.


ENCORE !



1h47


La légèreté de ses lèvres.


7h38


ENCORE !


1h47.


Le vide son ĂŞtre.


7h38.


Encore.


1h47


La tristesse de son regard.


7h38.


Le vide qu’il reconnut en lui.


Il se leva, épuisé. Il se dirigea vers la salle de bain en essuyant ses larmes, sans prendre le temps d’éteindre ce maudit réveil.


Il s’observa dans le miroir. Son regard éteint était presque aussi lumineux que la femme qu’il croisait maintenant chaque soir.


Pourtant, son cœur ressentait une haine vicieuse. Une haine envers quiconque s’amusait de les séparer, une rage intense envers ce destin cruel.


Ce jour-là, quand l’heure fatidique arriva, il hésita à sortir. Pourquoi souffrir à nouveau ? Pourquoi continuer ? Il se dirigea vers sa cuisine d’un pas lent. Il ne fallait pas. Il jeta un regard vers l’extérieur, où la lumière revint, tout comme elle. En quelques instants, il comprit ce qu’elle ressentait. Solitude, peur, trahison, colère, tristesse… Tout ce qu’il avait ressenti. Le silence était si bruyant. Dans le calme de son phare, son cœur battait comme un tambour prêt à détruire chaque pierre qui y existait.


Il détourna son regard de la fenêtre. Il ne pouvait pas. Il ne voulait plus.


7h38.


Péniblement, il se leva. Il reprit sa routine de torture. D’abord s’observer dans le miroir, se coiffer, manger, et attendre. Comme avant.


Il arriva dans sa cuisine lentement. Il prit des tartines, sa confiture, et son couteau habituel. Il songea un instant à l’objet qu’il tenait. Celui de sa dernière tentative. Il observa son torse, dénué de toute marque. Il posa une main à son cœur qui menaçait de quitter son corps. Il essaya de le calmer, en vain.


Il soupira, tentant de revenir sur une pensée quelconque qui l’aiderait. Alors que des milliers d’horribles pensées germèrent, une lumière venait percer chacune d’elle sans même qu’il ne le réalise. Il se frotta les yeux en hurlant. De colère, de douleur, de tristesse. Il repoussa la table qui se retourna sur le côté. Le métal résonna dans la pièce. Il alla ramasser l’ustensile.


Il le fixa un instant, essuyant une larme de son visage. Avec un essui, il lava la saleté sur l’objet. Il observa le métal, qui renvoyait sa propre image. Pendant une simple seconde, il vit un visage chaleureux derrière lui. Il se tourna instinctivement, pour ne voir personne. Il était seul.

Son cœur battait la chamade. Il saisit le couteau, prêt à le planter pour qu’il cesse, avant de s’arrêter.


C’est alors qu’il comprit comment.


1h47.


Il sortit. La lumière revint. La femme était là. Néanmoins, en le voyant, elle ne savait que ressentir. Colère et tristesse se battaient, pour qu’au final aucune des deux ne gagnent. Ils se rapprochèrent ensemble. Leurs lèvres se rencontrèrent, tandis que leurs cœurs battaient à l’unisson.


1h58.


Ils s’enlacèrent, alors que le corps de l’une souhaitait partir, tandis que l’autre se faisait rappeler.


1h59.


Chaque seconde devint douleur. Meurtrière, mortelle, frappant leurs êtres pour qu’ils se séparent à nouveau. Pourtant, seule leur poigne sur l’autre devint plus forte.


Pendant une unique minute, ils subirent toute une vie de torture.


2h00


La lumière revint. Chaleureuse. Accueillante. Douce. Le sol fut de plus en plus éloigné. La terre n’était plus. Le phare était si loin, désormais.


Il posa une main sur sa douce joue, elle caressa ses cheveux désormais en bataille.


Ils s’échangèrent un regard.


Leurs destins liés à jamais.


Leurs cœurs offerts à l’autre.


Leurs âmes unies même après la mort.


Ils avancèrent main dans la main dans la lumière.














Awoken

pour "À jamais". Ton texte est très chouette à lire, j'ai commencé à avoir les larmes aux yeux à la fin. En gros, le gars se la jouait "un jour sans fin". Les couleurs sont très bien incorporées mais je crois qu'il manquait une image, la dernière, celle de la panthère; Bravo!


Le 19/06/2023 à 19:19:00



Sourne

J'ai bien aimé ton dernier texte ! J'ai accroché et j'ai pu ressentir les émotions du protagoniste, même si ton style se base surtout sur les actions. J'étais vraiment tourmenté entre son désespoir et la lueur d'espoir !


Le 22/06/2023 à 22:05:00

















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