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JilanoAlhuin![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Enfin libre(par JilanoAlhuin)– AURELIA ! DEBOUT, LES CLIENTS VONT ARRIVER ! Les rayons du soleil venaient Ă peine de se prĂ©senter dans la chambre de la jeune fille qu’elle devait se lever. Elle se frotta les yeux, Ă©puisĂ©e, presque comme toujours. Avec peine, elle se leva et s’habilla le mieux possible, se prĂ©senta devant le miroir en face de son lit, avant de descendre en trombe au rez-de-chaussĂ©e. Elle salua Colsim, son patron, et attendit Ă cĂ´tĂ© du comptoir. Le matin se levait Ă peine, rares Ă©taient les clients Ă cette heure. Elle se tenait aussi droite que possible près de lui. Elle lui jetait des regards discrets, emprunt d’une crainte enfouie en elle. S’il n’était pas celui qui lui permettait de vivre, elle aurait volontiers fui cette auberge maudite. Le grand homme comptait dĂ©jĂ l’argent qui lui restait pour entretenir ce qui lui servait d’auberge, et jetait Ă©galement quelques regards avares sur la jeune fille Ă ses cĂ´tĂ©s. Heureusement que son charme lui permettait d’avoir des clients en plus, bien qu’il aurait aimĂ© en voir des plus… respectables. Cependant, il ne perdait pas espoir. Avec quelques tours de manipulation et de mensonges, il pourrait transformer cette gamine sans cervelle en son futur trĂ©sor qui lui rapporterait tant de richesses qu’il mourrait sans utiliser le centième de sa fortune. Quel dommage qu’elle soit un peu trop comme sa mère. Sa mère… une belle femme, attirante et qui ressemblait trait pour trait Ă sa fille… Les mĂŞmes cheveux mi-longs noirs, un regard d’émeraude qui faisait fondre les hommes, un nez fin, quelques taches de rousseur et un sourire chaleureux, si charmant que les plus sauvages devenaient dociles dans l’espoir de le voir ne serait-ce que quelques secondes. En revanche, son caractère… Elle ne savait jamais saisir les bonnes occasions. Quelques mains volantes des hommes pouvaient rapporter ce qu’il fallait pour changer cette auberge miteuse en un vĂ©ritable palais pour les aristocrates. Mais Ă chaque fois, c’était la mĂŞme rengaine. « Je ne serai pas le jouet de tels esprits ! DĂ©jĂ que le tien est loin d’être propre, tes clients sont encore plus pitoyables ! » rĂ©pĂ©tait-elle sans cesse. Heureusement pour lui, une « malheureuse » rencontre avec un client trop ivrogne avait suffi Ă la calmer. Et neuf mois plus tard Ă©tait venu celle qui lui donnerait plus d’argent, s’il parvenait Ă la rendre docile. Et il rĂ©ussissait. En quelques petits tours, l’enfant Ă©tait bien plus docile que sa mère, qu’il se permit de faire disparaitre dès que la gamine Ă©tait en âge de travailler. Il avait simplement dit : —  Ta mère nous a abandonnĂ©s. Elle est partie sans rien dire. MĂŞme Ă moi, te rends-tu compte ? Moi qui l’ai hĂ©bergĂ©e, moi qui l’ai nourrie, moi qui l’ai aidĂ©e Ă avoir une vie respectable… La naĂŻvetĂ© de l’enfant avait suffi Ă l’amadouer, et il n’avait pas besoin de plus. C’était d’ailleurs son meilleur moyen lorsqu’elle s’éloignait trop de la conduite qu’il attendait d’elle. —  Tu ne vas pas m’abandonner comme ta mère ? demandait-il, l’air faussement triste, presque en larmes. AurĂ©lia savait qu’il l’utilisait, mais elle le craignait trop lui, et les ivrognes gĂ©nĂ©ralement prĂ©sents, pour refuser. Qui oserait se dresser contre un homme de deux mètres, dĂ©passant les trois chiffres et capable de vous briser la colonne vertĂ©brale s’il le voulait ? Le temps passait, et enfin les clients arrivèrent. Les premiers Ă©taient des voyageurs qui ne passaient par lĂ que pour un bref repas, et ils ne jetaient jamais plus d’un regard sur la serveuse, mis Ă part pour commander, payer et, si la chance Ă©tait de son cĂ´tĂ©, lui offrir un pourboire ne dĂ©passant jamais cinq pièces d’argent, ce qui Ă©tait lamentable, mais AurĂ©lia se contentait de les remercier pour une « telle gĂ©nĂ©rosité ». L’après-midi, les premiers habituĂ©s arrivaient. Ils Ă©changeaient des mots avec Colsim, commandaient quelques chopes avant que la soirĂ©e habituelle ne commence. Les regards se posaient bien plus sur elle dĂ©sormais, notamment sur ses courbes attrayantes que la clientèle aimerait garder. Elle Ă©vitait cependant les mains baladeuses, et tentait autant qu’elle le pouvait d’ignorer leurs paroles. De toute façon, elle ne comprendrait plus que des bribes Ă cause du brouhaha qui arriverait, ce qui lui facilitait la tâche. La soirĂ©e tomba encore plus vite… et les clients affluaient. En quelques minutes, la salle Ă©tait remplie. —  AURELIA, TABLE QUATRE ET DOUZE, DÉPĂŠCHE-TOI ! IL Y EN A QUI ONT FAIM ! Je fais aussi vite que je peux ! cria-t-elle intĂ©rieurement. Apporter les repas, reprendre la vaisselle sale, resservir les boissons, courir entre chaque table tout en Ă©vitant les attaques perverses des clients Ă©tait un cauchemar. Cependant, entre ses courses, elle se tourna vers un homme seul, attablĂ© contre une fenĂŞtre, qui avait son regard tournĂ© vers elle. Un regard oppressant, effrayant, et en mĂŞme temps… chaleureux. Un regard qui ne fixait rien de ce que les autres fixaient, mais qui semblait plutĂ´t lire en elle. Son cĹ“ur accĂ©lĂ©ra, prĂŞt Ă rompre sa cage thoracique, mais elle dĂ©cida se concentra Ă autre chose. Ce n’était sans doute qu’une ruse d’un client en plus, c’est tout. Elle Ă©vita de justesse une chute, et essaya de reprendre du service, sous le regard de cet Ă©trange personnage qui fit un bref mouvement de tĂŞte en soupirant. —  AURELIA, CESSE DE REVASSER ! Hurlait Colsim. TABLE CINQ, ONZE ET SEPT ! PLUS VITE QUE CA ! La fatigue la touchait, mais la jeune serveuse n’en fit rien paraitre. Elle continuait ses rondes permanentes, mais dĂ©cidait de garder un Ĺ“il sur l’étrange personnage qui l’observait. Lorsque tous les clients furent, Ă son soulagement, servis, elle s’approcha de lui. Il Ă©tait vĂŞtu d’une belle tunique bleutĂ©e aux reflets d’or en son centre, d’une ceinture brunâtre, d’un pantalon d’un bleu nocturne et de bottes noirâtres. —  Bonsoir monsieur, puis-je faire quelque chose pour vous ? Vous n’avez rien commandĂ©. L’homme attendit quelques instants, instants qui semblaient Ă©ternels. Il balaya une mèche d’argent de ses yeux orangĂ©s, pour les planter dans ceux de la jeune fille, la faisant rougir. Lorsqu’il prit la parole, sa voix Ă©tait posĂ©e et douce. —  Pourriez-vous m’apporter une simple acidae, s’il vous plait ? Aurelia fut si surprise par un tel client qu’elle faillit perdre pied. Si poli, si calme, si patient… Si diffĂ©rent de tous ceux qui venaient. —  Je… Oui, tout de suite ! Je reviens. La jeune fille se dirigea vers Colsim, qui comptait joyeusement les pièces pendant que les clients s’empiffraient et buvaient. C’était un rare moment de pause, il allait bien en profiter. —  Une acidae pour la table trois, s’il te plait. L’homme soupira, et se mit rapidement au travail. Si quelque chose ne pouvait lui ĂŞtre reprochĂ©, c’était son talent. Le plat fut prĂŞt en quelques minutes. —  Une pièce d’or et cinq pièces d’argent. Et ensuite, vĂ©rifie les autres tables. ordonna son patron. Elle apporta le repas au client qui la remercia aussi poliment qu’avant. AurĂ©lia essayait de calmer son cĹ“ur qui battait la chamade. Ce n’était qu’une ruse, elle en Ă©tait convaincue ! Combien avait essayĂ© de l’avoir comme ça ? —  Cela fait une pièce d’or et cinq pièces d’argent, monsieur. La politique de la maison veut que l’on paie avant de manger. —  Je connais la politique de la maison. —  Je suis dĂ©solĂ©e, je ne pensais pas que vous Ă©tiez un habitué… pardonnez mon impolitesse. —  Je ne suis pas un habituĂ©, disons simplement que je connais certaines personnes qui viennent ici. Et ne vous excusez pas d’effectuer votre travail sinon, vous risquez de ne pas tenir très longtemps comme cela. Elle s’apprĂŞtait Ă lui rĂ©pondre sèchement, mais dĂ©cida de se taire. Elle n’avait pas besoin de conseil sur sa sĂ©curitĂ©, encore moins venant d’un inconnu probablement aussi pervers que les autres. Du moins, c’était ce dont elle essayait de se convaincre. Il lui tendit la main, prĂ©sentant la somme. —  Cinq pièces d’or et une pièce d’argent. Voici le paiement. —  Monsieur… Je… Vous vous ĂŞtes trompĂ©s, vous avez donnĂ© bien trop. —  AURELIA ! TABLE SIX ! —  TOUT DE SUITE ! dit-elle Ă son patron, avant de revenir vers le client. Monsieur, vous exagĂ©rez... —  Alors, dites-vous que c’est un pourboire. Donnez deux pièces d’or Ă votre patron, et le reste, gardez-le pour vous. —  Je… Aurelia restait bouche bĂ©e. Cet homme Ă©trange l’étonnait de plus en plus. —  En ĂŞtes-vous certain ? —  SĂ»r et certain. Maintenant, si cela ne vous dĂ©range pas, j’ai un repas Ă manger. La serveuse lui souhaita bon appĂ©tit avant de revenir vers Colsim. —  ENFIN ! DĂ©pĂŞche-toi, les clients attendent. Elle lui donna les pièces d’or, Ă la surprise de son patron. —  Tu avais ça sur toi ??? manqua-t-il de hurler. —  Non, c’est ce client qui a donnĂ© tout ça pour son repas. Colsim se tourna vers l’homme, Ă©tonnĂ©. — Curieux… Eh bien, tant mieux. Tu peux aller Ă la table six, leurs boissons ne vont pas s’amener toutes seules. Elle soupira, et prit les boissons destinĂ©es Ă la table six, pendant qu’il jubilait des deux pièces d’or. Enfin un client reconnaissant, pensait-il. AurĂ©lia posa les boissons sur la table, oĂą cinq hommes bien ivres semblaient discuter de leurs vies, aussi communes qu’ennuyantes et « injustes », comme ils le disaient. Elle commença Ă s’éloigner quand un des membres du groupe agrippa son bras. —  Reste un peu ! De toute façon, tout le monde mange, tu peux rester avec quelques vrais hommes ! —  Non merci, je dois me prĂ©parer si Colsim m’appelle. —  Laisse ce vieux croĂ»ton dĂ©garni dans son coin ! En plus ça te fera une pause ! Elle avait une telle envie de le frapper, mais elle se contint. C’était soit ça, soit elle risquait d’avoir de graves ennuis. —  Soit. Mais pas plus de cinq minutes. Mon travail est important. —  Ce n’est pas grave ma jolie, cinq minutes, pas plus pas moins, promis ! dit-il fièrement en souriant Ă ses compagnons. La jeune fille se tenait debout près d’eux en silence. Elle espĂ©rait simplement qu’ils ne fassent pas les idiots. —  Tu dois quand mĂŞme ĂŞtre une chanceuse d’avoir ce travail ! Je suis certain que beaucoup rĂŞvent d’avoir ta chance ! —  Je suppose que ça dĂ©pend du point de vue. —  Mais non, regarde toute cette clientèle qui n’a d’yeux que pour toi ! N’es-tu donc pas fière de la beautĂ© que tu possèdes ? — Pourquoi en serais-je fière ? —  Tu n’imagines pas le nombre de personnes qui souhaiteraient avoir une fille comme toi ! dit-il en se levant brusquement. Ne t’es-tu jamais vue dans le miroir ? Qui ne te dĂ©vorerait pas du regard ? —  … —  Exactement ! Qui n’apprĂ©cie pas ce beau minois, dit-il en lui tenant le menton brièvement. —  Lâchez-moi, s’il vous plait. —  Cette douce peau immaculĂ©e, continua-t-il en lui effleurant le visage. —  Ne me touchez pas, s’il vous plait. —  Et ces magnifiques cour… L’homme se tĂ»t aussitĂ´t, alors que tous les regards se tournaient vers eux. Une effroyable marque rouge se prĂ©senta sur sa joue. —  MĂŞme si des gens comme ceux dans cette pièce me « dĂ©vorent du regard », comme vous le dites, jamais, au grand jamais, je n’accepterai de vivre toute une vie avec eux ! AurĂ©lia rĂ©alisa Ă peine ce qu’elle avait dit qu’elle recula d’un pas. Tous les yeux Ă©taient rivĂ©s vers eux, mĂŞme celui au regard orangĂ© cessa son repas pour observer la scène en silence. Il poussa un juron. Son impulsivitĂ© la perdra, pensa-t-il. Le client jeta un regard noir Ă Aurelia. — Je… Je suis dĂ©solĂ©e ! Je… Je ne voulais pas… La colère gagna l’homme qui rendit la gifle que la serveuse lui avait infligĂ©. Elle, une moins que rien, pitoyable gamine qui ne survivait que parce que l’argent qu’il dĂ©pensait allait dans les poches de son patron, avait osĂ© lever la main sur lui. Il comptait bien lui rappeler qu’elle n’était rien. Son regard se posa cependant sur l’étrange personne qui s’approchait de la serveuse. Il posa un genou au sol, et lui donna une main pour l’aider Ă se relever. Aurelia le regardait avec un air surpris. L’inconnu aux yeux orangĂ©s semblaient avoir un regard teintĂ© d’une part de respect pour elle, et en mĂŞme temps de dĂ©goĂ»t pour l’ivrogne qui venait de la frapper. Elle saisit la main de l’homme, l’enlevant presque aussi vite, comme ayant ressenti un picotement douloureux Ă la main. L’inconnu bougea Ă peine, mettant la rĂ©action de la serveuse sur le compte de la crainte. Avec son aide, Aurelia se releva.
— Pardonnez mon cĂ´tĂ© cavalier. Je n’ai pu m’en empĂŞcher, dit simplement l’inconnu. Aurelia ne rĂ©pondit pas et s’éloigna de quelques pas, pressentant que le client l’ayant frappĂ© avait d’autres idĂ©es en tĂŞte. Et en effet, elle eut raison. Il s’avança vers elle, ignorant l’inconnu qui l’arrĂŞta subitement. — DĂ©gage, ou je te montre le sol de plus près, s’énerva le client. — Cela serait dommage de l’abimer. Je vous propose donc de partir avant que je ne doive abĂ®mer cette pauvre auberge. Je n’aime pas me salir les mains, encore moins pour quelqu’un qui ne vaut rien. — Espèce de… Il s’avança et frappa le sauveur de plein fouet. Avant de se rendre compte que son poing s’était arrĂŞtĂ© juste devant le visage de l’inconnu. L’attaquant le regardait, clignant des yeux une unique fois, avant de se retrouver repoussĂ© en arrière, fracassant une table en deux. — Que s’est-il passé ? chuchota un des clients Ă proximitĂ©. — Il n’a pas bougĂ©, et… MĂŞme Colsim avait arrĂŞtĂ© de compter ses pièces pour observer la scène. — J’ai peut-ĂŞtre Ă©tĂ© trop violent. Je m’excuserais bien, mais il me semble que vous ne m’ayez pas Ă©coutĂ©. Votre choix a-t-il changé ? L’homme se releva difficilement, et se dirigea vers la sortie, sans manquer de tomber plusieurs fois, pestant quelques paroles. Aurelia Ă©tait près du comptoir, Ă©vitant soigneusement le regard de son patron qui n’allait pas manquer de lui reprocher ce qu’il s’était passĂ©. Son sauveur vint près deux, et il dĂ©posa une petite bourse en tissu. — Voici de quoi payer les rĂ©parations. Ayant causĂ© ces dĂ©gâts, il est naturel que ce soit moi qui paie. Oh, y aurait-il moyen d’avoir une chambre ? La nuit se montre, et je doute pouvoir continuer ma route. Colsim compta les pièces, comme s’il sentait une mauvaise affaire. Il le refit quatre fois. — Aurelia, peux-tu montrer sa chambre Ă notre invité ? dit le patron en ayant l’air le plus sympathique possible. La jeune fille obĂ©it, soulagĂ©e d’enfin pouvoir quitter ces ivrognes, au moins pour quelques minutes. Ils montèrent au premier Ă©tage, et elle ouvrit la porte d’une chambre. Un lit simple, une table de nuit avec une lanterne, une chaise accoudĂ©e près d’un petit miroir et une porte donnant sur une salle de bain Ă peine aussi grande, voilĂ ce qui Ă©tait Ă la disposition de la clientèle suffisamment folle pour rester une nuit. Il fallait supporter les insupportables bruits de « fĂŞte » du rez-de-chaussĂ©e, espĂ©rer que les nuages ne soient pas capricieux et ignorer autant que possible les hurlements de son patron qui ne manquait jamais de lui Ă©noncer chaque soir oĂą AurĂ©lia Ă©tait fautive. — Voici votre chambre, monsieur. — Je vous remercie. Faites attention Ă vous, on ne sait jamais ce que les ivrognes peuvent faire. L’homme, qui jusque-lĂ semblait indiffĂ©rent, serra les poings tout en s’installant. La jeune fille commença Ă sortir, Ă regret. Elle aurait aimĂ© rester quelques instants de plus avec lui. Il Ă©tait loin d’être si brutal, si idiot et si inconscient que les habituĂ©s. Son cĹ“ur battait la chamade. AurĂ©lia essaya de se contenir, avant de demander d’une voix faible : — ĂŠtes-vous sĂ»r que vous n’avez besoin de rien ? Ne serait-ce que quelques instants lui seraient prĂ©cieux. L’homme rĂ©flĂ©chit, puis haussa les Ă©paules. — Je suppose qu’un peu de compagnie ne serait pas de refus. Ce voyage est long, et sans compagnon, d’un ennui ! Mais bon, il me faut le faire. En son for intĂ©rieur, elle avait envie d’hurler de joie, de bonheur. Elle se contenta d’acquiescer d’un signe de tĂŞte. L’homme s’allongea sur son lit, le regard observant le toit au-dessus de lui, tandis qu’elle s’assit sur la chaise en face du lit. — Pourquoi donc voyagez-vous, si vous trouvez cela ennuyant ? — Non, le voyage n’est pas ennuyant. C’est le fait d’être seul qui l’est. N’avez-vous jamais tentĂ© de voyager ? — Non, jamais. Bien que l’idĂ©e soit tentante. — Vous devriez essayer. Le monde regorge de merveilles. — Sans doute, mais… ma place est ici. Pour le moment, du moins je l’espère. — Pourquoi donc serait-ce ici votre place ? Vous Ă©panouissez-vous dans cette auberge qui, soyons honnĂŞte, n’est rien d’autre qu’une vulgaire bâtisse menaçant de s’écrouler ? Avec tous ces ivrognes quotidiens ? Vu votre rĂ©action en bas, je doute que ce soit le cas. — Non, mais… Je ne peux pas partir. Colsim a besoin de moi. Et… il a dĂ©jĂ eu Ă souffrir une perte, il n’a pas besoin d’en avoir une autre. — Il a besoin de vous ? Ou vous avez besoin de lui car vous n’avez nulle part oĂą aller ? — Je… — Et quelle perte, si je puis me permettre de demander ? Il m’a tout l’air heureux en voyant de l’argent. — Ma mère nous a abandonnĂ©s il y a quelques annĂ©es maintenant. Elle est partie sans laisser un mot ou quoi que ce soit. — Vous l’avez vue partir ? — Je… Et bien… non, mais… — Qui vous a dit qu’elle Ă©tait partie ? — Colsim, mais… — ArrĂŞtez avec vos « mais ». Un conseil, ne croyez pas toujours ce que votre patron pourrait dire. Vu la clientèle qu’il attire, il doit ĂŞtre aussi pourri qu’eux. AurĂ©lia se tut. Il est vrai qu’elle avait toujours pensĂ© de Colsim comme un homme avec peu de manières, mais elle ne pouvait s’empĂŞcher de penser qu’il avait un bon fond. MĂŞme si ce fond devait ĂŞtre loin. — Non, je… Non, il a un bon fond, j’en suis certain. — A-t-il dĂ©jĂ agit pour vous aider ? — Non. — A-t-il dĂ©jĂ eu la moindre forme de gentillesse envers vous ? — Non, mais… — A-t-il dĂ©jĂ pensĂ© Ă repousser les clients qui vous attaquent comme ce soir ? — Non… — Et vous le croyez ? Vous ĂŞtes bien naĂŻve. Ce soir, il n’a bougĂ© que quand sa table s’est cassĂ©e et qu’il a comptĂ© l’argent qu’il allait perdre pour cette attaque. Croyez-moi, vous feriez mieux de partir d’ici, mĂŞme si vous ne savez pas oĂą aller. D’autres vies avec moins sont plus agrĂ©ables. — AURELIA, QU’EST-CE QUE TU FAIS ? — Faites-moi confiance, et essayez de lui tirer les vers du nez. Il doit bien cacher quelque chose. La jeune fille se leva en silence. Avait-il raison ? — Je… Peut-ĂŞtre, je n’en sais rien. Je verrai bien… Je vais y aller. La soirĂ©e n’est pas finie. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez venir me trouver en bas. — Je le ferai. Merci, et bonne chance AurĂ©lia. — Merci, monsieur. Elle descendit les escaliers, et en croisant Colsim, la serveuse dit : « Notre client avait besoin d’un service, excuse-moi d’avoir tardĂ©. ». L’aubergiste ne commenta pas et continua le service. L’incident avait rĂ©ussi Ă calmer les autres clients, et mĂŞme s’ils commandaient quelques boissons, ils furent relativement calmes. Lorsque tous partirent, le patron d’Aurelia comptait ses pièces, tandis qu’elle restait devant le comptoir en silence. Elle repensait aux paroles de l’inconnu. — Colsim, peut-on parler ? — Nous allons parler, tu as encore mis une vĂ©ritable pagaille ! Heureusement qu’un client a au moins le cĹ“ur sur la main. Ne va pas croire que je m’amuse Ă dĂ©bourser tous ces sous. Et pourquoi tu as giflĂ© cet homme ?! — Mais… il m’a agressĂ©e ! — Non, tu n’es qu’une idiote sans cervelle ! Il faut tout t’apprendre, ou tu ne rĂ©flĂ©chis juste pas ? — Mais… — TAIS-TOI ! C’était une occasion en or de pouvoir gagner plus, et tu l’as laissĂ©e filer ! — C’est comme ça que tu me vois ? Un service qui te rapporte de l’argent ? — N’oublie pas que ton travail, ton service, te rapporte Ă manger et de quoi dormir. Tu n’as qu’à faire des efforts, pour une fois ! Ce n’était rien de grave ! — Rien de… RIEN DE GRAVE ? — EXACTEMENT ! Elle serra les poings. Elle aurait adorĂ© le frapper comme elle avait giflĂ© l’ivrogne. — CERTES, L’ALCOOL EMBRUME LEURS ESPRITS, MAIS C’EST EGALEMENT LE MEILLEUR MOYEN POUR TOI DE TE RENDRE UTILE, ET LA SEULE CHOSE QUE TU FAIS, C’EST FRAPPER UN CLIENT ! — C’est comme ça que tu me vois, alors ? Et bien, tu veux savoir quelque chose ? Je ne serai pas le jouet de tels esprits ! DĂ©jĂ que le tien est loin d’être propre, tes clients sont encore plus pitoyables ! — Fais attention Ă ce que tu dis… Ta mère a… — Ma mère, ma mère, parlons-en ! — Que veux-tu savoir de plus, hein ? — Est-ce qu’elle nous a vraiment abandonnĂ©s ? Ou c’était un mensonge ? — Pourquoi t’aurais-je menti, ta mère… — Ne me rĂ©pète pas ce que je sais dĂ©jĂ . Elle est partie sans laisser un mot ou de traces. Et toi ? Tu n’as pas pensĂ© Ă chercher ? — Tu crois que je n’ai que ça Ă faire ? — Si tu tenais tant que ça Ă elle… alors oui. Colsim soupira, avant de jeter un regard noir vers cette gamine irrespectueuse. — Tu veux savoir la vĂ©rité ? Tu vas l’avoir ! Ta mère est morte ! Et tu veux savoir par qui ? Par celui qui te nourrit et qui a au moins assez de pitiĂ© pour ne pas t’étrangler maintenant ! AurĂ©lia se laissa tomber Ă genoux. — Contente d’avoir la vĂ©ritĂ© sous les yeux ? Maintenant, soit tu dĂ©gages et tu vas te coucher, soit tu continues de me taper sur les nerfs, et je ne te promets pas de ne pas refaire ce que j’ai dĂ©jĂ fait. Et si tu comptes partir, tu ne resterais pas deux heures Ă l’extĂ©rieur que tu reviendrais en pleurs. La jeune fille se leva avec peine, avant de monter les escaliers les larmes aux yeux. Elle entra dans sa chambre et claqua la porte, puis s’effondra en larmes. Elle resta ainsi en silence pendant une Ă©ternitĂ©. L’enfer commençait Ă se refermer sur elle. Quelqu’un frappa Ă sa porte, et elle ne rĂ©pondit pas. Cependant, l’insistance la força. — Partez d’ici, qui que vous soyez. Je n’ai pas besoin de vous. — J’en doute fortement, si vous voulez mon avis. Elle reconnut la voix, et ouvrit doucement la porte. Le client qui l’avait aidĂ©e se trouvait devant elle. Serein, il attendit sa permission d’entrer. Il examina brièvement la chambre avant de s’appuyer contre un mur. — Qu’est-ce que vous me voulez ? Vous ĂŞtes satisfait de voir que je vous ai Ă©couté ? Vous comptez me dire qu’il me ment encore ? — Je pourrais. Et bien que je sois, en effet, satisfait de constater que vous m’ayez Ă©coutĂ©, je ne m’attendais pas Ă ce que vous le fassiez aussi vite. Et non, mon intention n’était pas de vous faire souffrir, dit-il en se plaçant devant elle et en la fixant dans les yeux. — Alors pourquoi ? Et comment saviez-vous cela ? — Comment je le savais ? Disons que j’ai quelques collègues de travail qui m’ont aidĂ©. Et le pourquoi… malheureusement cela devra attendre. J’espère que vous pouvez comprendre. Il approcha une main douce pour essuyer une larme de la jeune fille. — Maintenant… j’ai une question, pour vous : que comptez-vous faire ? — Je… Je ne sais pas. Je n’ai nulle part oĂą aller, et… je ne peux rien faire. Je ne sais rien faire d’autre que ce que je fais habituellement. — Vous aviez dit que vous Ă©tiez tentĂ©e par l’idĂ©e de voyager. L’idĂ©e vous tente-t-elle aujourd’hui ? — Plus que tout au monde. Aurelia s’était calmĂ©e. Elle avait sĂ©chĂ© ses larmes pour observer l’homme sincère devant elle. — Alors, je vais vous demander de rester encore une journĂ©e ici. Je resterai aussi pour Ă©viter que ça ne dĂ©rape trop loin. Mais je vais vous faire quitter cet endroit. Et vous aurez droit Ă quelques rĂ©ponses. — Mais… — Faites-moi confiance, Aurelia. Ce sera bientĂ´t terminĂ©. Elle acquiesça d’un signe de tĂŞte, et l’homme se leva. — Je vous conseille cependant de vous prĂ©parer, si vous comptez voyager. Cela ne sera pas de tout repos. Cela ne pouvait sans doute pas ĂŞtre pire que ce qu’elle vivait actuellement. L’homme la quitta et ferma la porte, avant de se diriger vers sa chambre. Aurelia sĂ©cha ses larmes et alla se coucher. Ses rĂŞves Ă©taient cependant hantĂ©s par cet inconnu, et son cĹ“ur ne pouvait s’arrĂŞter d’accĂ©lĂ©rer quand elle pensait Ă lui. C’était son espoir, sa seule lumière… et elle devait l’admettre, il lui plaisait. Le lendemain matin, elle se leva au bruit des oiseaux. Colsim arrive Aurelia se tourna aussitĂ´t. Qui avait parlé ? — AURELIA, DEBOUT ! La voix de son patron avait retenti. — Oui… j’arrive. Elle secoua la tĂŞte. Cela n’était sans doute que son imagination. Elle s’habilla et se prĂ©para, comme chaque matin. Cependant, son reflet Ă©tait Ă©trange. Un de ses yeux Ă©tait diffĂ©rent. Celui-ci Ă©tait devenu pâle, presque blanc. Pourtant… il semblait que rien n’avait changĂ©. La vue ne lui faisait pas dĂ©faut, et il n’y avait rien d’anormal avec ce changement de couleur. Elle espĂ©rait que cela passe inaperçu. Elle descendit les escaliers et se prĂ©para Ă accueillir les clients. L’homme de la veille Ă©tait descendu aussi, et s’était installĂ© Ă la mĂŞme place que la veille. Quand elle s’approche de lui, il rĂ©pondit : — Comme je te l’ai dit, je reste pour que ça n’aille pas trop loin. C’est tout. Il s’installa confortablement, sans dĂ©tourner son regard d’elle. Es-tu si fragile ? se demanda-t-il intĂ©rieurement. Elle acquiesça et retourna Ă sa place. La journĂ©e ne changeait pas de d’habitude : quelques voyageurs, rien de plus ou de moins. En fin de journĂ©e, les premiers habituĂ©s arrivèrent, mais sans la dĂ©ranger plus que ça. C’est seulement quand le soir tomba que tout s’accĂ©lĂ©ra. Elle retrouva les ingrates paroles des ivrognes, les mains baladeuses et les courses quotidiennes. Elle devait cependant rajouter dĂ©sormais les menaces constantes de Colsim, et de nouvelles moqueries grâce Ă cet Ĺ“il Ă©trange. Ce qui ne fit que l’énerver encore plus. Il arrive La voix Ă©tait revenue. Elle observa autour d’elle, comme cherchant celui qui avait parlĂ©, avant de se tourner vers l’entrĂ©e. L’homme qui l’avait attaquĂ©e la veille. Elle pesta intĂ©rieurement. Lui ne fit que sourire. Il s’installa Ă une table et commanda une boisson. La serveuse lui amena la boisson, et presque aussi vite recula. Ou du moins, essaya. L’homme la tint par la taille et la garda près de lui. — Attends un peu, tu ne vas pas partir aussi vite, enfin. Je ne t’ai pas encore rendu ce que tu m’as donnĂ© hier. Il s’arrĂŞta sur l’œil pâle de la jeune fille, et pouffa de rire. — Quelle belle surprise ! J’ai Ă©tĂ© si violent ? Eh bien, tu es si fragile. Celle avant toi Ă©tait plus rĂ©sistante ! — RĂ©pète un peu ça ! s’écria AurĂ©lia. Frappe-le, il ne te lâchera pas sinon La voix semblait bienveillante. Alors, elle lui obĂ©it et frappa en plein visage de l’homme. — Tu n’as aucun droit de parler de ma mère ! — Petite peste ! Je vais te rĂ©gler ton compte. Recule ! La voix, encore. AurĂ©lia obĂ©it, encore. Et elle Ă©vita de justesse le poing du client. A gauche ! La voix la guidait dans chacun de ses pas. Elle Ă©vita Ă nouveau un coup. La jeune fille Ă©coutait cette voix. Peu importe qui l’aidait, cette personne lui voulait du bien. Alors, elle Ă©vita de multiples coups, jusqu’au moment tant attendu : Frappe ! AurĂ©lia fit exactement ça. Cependant, elle ne s’attendait pas Ă ce que l’homme ait mal. Encore moins qu’il aille se loger directement dans le mur du bâtiment. Elle observa sa main, tremblant de partout, et vit quelques restes d’une Ă©nergie Ă©trange, voguant dans un gris qui tendait parfois vers le blanc et le noir. Son regard se tourna vers les clients qui la regardaient, l’air aussi surpris et effrayĂ© qu’elle. — AURELIA ! QU’EST-CE QUE TU AS FAIT ? — Je… Je ne sais pas, je… Je… j’ai eu peur, je me suis… je me suis dĂ©fendue, c’est tout ! Je ne pensais pas… Je ne voulais pas que… ça… que ça… — Tais-toi ! Je vais te… L’aubergiste ne dit rien de plus. Il se tourna vers les applaudissements d’un homme. Celui qui avait aidĂ© AurĂ©lia la veille. — C’était splendide ! Je ne m’attendais pas à ça. AurĂ©lia et Colsim Ă©taient tous deux perdus. — Comment te sens-tu ? demanda l’inconnu. La jeune fille observa ses mains. L’énergie avait disparu. — Je… je ne sais pas. C’est Ă©trange, effrayant… et fascinant. Qu’est-ce que c’était ? — Ah, je te propose de rĂ©pondre Ă tes questions sur la route. Je crois que ton cher patron serait ravi de te voir partir. N’est-ce pas Colsim ? — Vous croyez vraiment que je vais vous laisser… — Avant de terminer votre phrase, je vous conseille de rĂ©flĂ©chir. Si l’envie m’en prend, je pourrais vous tuer sans bouger. Si vous estimez que votre vie vaut plus que quelques pièces, vous nous laisserez partir. Le patron de la serveuse l’observait en silence. Il ne le craignait pas, et pourtant, son instinct lui hurlait de ne rien faire. — Fais tes affaires, et dĂ©gage. Je ne veux plus jamais te voir ici ! AurĂ©lia se tourna vers l’homme, et sourit. — Tu as entendu ? Tu peux quitter cette auberge miteuse. Je t’attends. En quelques minutes, AurĂ©lia avait prĂ©parĂ© ses maigres affaires dans un petit sac. Elle avait ensuite rejoint l’homme. Ils quittèrent l’auberge, tout en souhaitant une bonne soirĂ©e Ă la clientèle. Le cĹ“ur de la serveuse battait la chamade. Était-ce l’adrĂ©naline, ou alors autre chose ? Son regard se tournait vers l’homme. Ils s’arrĂŞtèrent Ă une Ă©curie, achetèrent un cheval, et l’inconnu monta, suivi d’Aurelia. — Accroche-toi Ă moi. Je n’ai pas les moyens de me permettre un autre cheval, et je doute que tomber soit ce que tu prĂ©fères. Elle l’écouta, et son voyage commença enfin. La jeune fille posa sa tĂŞte sur le dos de l’homme, laissant couler quelques larmes. Elle ne parvenait pas Ă croire ce qu’elle vivait. Ils chevauchèrent sous la nuit, quittant le petit village pour entrer dans une large forĂŞt, jusqu’à devoir s’arrĂŞter. L’homme monta un camp de fortune, et proposa Ă AurĂ©lia de se reposer pour la nuit, lui assurant qu’il veillait sur tout. Lorsque le lendemain vint, Aurelia fut joyeuse de voir qu’enfin elle se sentait bien. Elle se tourna vers l’homme qui Ă©teignit le feu. — Ah, tu es rĂ©veillĂ©e. Nous pouvons parler un peu avant de reprendre la route. Je t’ai dit que je te donnerais des rĂ©ponses. — Je… Oui. Pouvez-vous me dire ce qu’il s’est passĂ©, Ă l’auberge ? — Tu peux me tutoyer, Aurelia. Et pour rĂ©pondre Ă ta question, tu as simplement utilisĂ© ton pouvoir. — Mais je n’ai pas de pouvoir ! — C’est lĂ que tu te trompes. Connais-tu les Éveilleurs ? — De nom, seulement. — Je suis l’un d’entre eux. Notre rĂ´le est de faire naitre la magie que possède beaucoup de monde, sans le savoir. Et tu es une Dimensionelle, au vu de tes pouvoirs. C’est-Ă -dire que tu peux entendre des voix qui sont d’autres versions de toi, et utiliser une puissance contenue dans une dimension qui t’est propre. Tu comprends donc le pourquoi de mon voyage. Du moins, en partie. Le royaume n’est pas dans son meilleur Ă©tat, et nous devons trouver tout ceux qui pourraient aider. — Mais… Je ne sais pas me battre ! — Veux-tu un rappel de ce qu’il s’est passé ? Tu as du potentiel. Elle dĂ©tourna le regard presque aussi vite. — Comment savais-tu que j’avais un certain potentiel ? Je n’ai jamais rien fait de particulier. — Grâce Ă ta mère. Je ne la connaissais pas, non. Mais des collègues ont pu l’observer, et ont dĂ©couvert qu’elle avait un pouvoir. Cependant, tu Ă©tais nĂ©e. Personne ne s’attendait Ă ta survie, honnĂŞtement. Colsim est une ordure, cela n’aurait pas Ă©tĂ© Ă©tonnant qu’il te tue pour asservir ta mère. Mais cela ne s’est pas fait. Ă€ sa mort, j’ai Ă©tĂ© assignĂ© Ă ton observation. Et… c’était une torture. Le nombre de fois que je t’ai vue attaquĂ©e, le nombre de fois que tu t’es pliĂ©e Ă ces ivrognes, que tu as Ă©tĂ© insultĂ©e, qu’ils ont essayĂ© de t’avoir comme si tu Ă©tais un objet… En temps normal, je n’aurais pas dĂ». Quand je suis venu, il est vrai que j’ai failli me raviser. Tu es maladroite, impulsive, naĂŻve et fragile. Je ne croyais que trop peu Ă ton Éveil moi-mĂŞme. — Pourquoi l’as-tu fait alors ? L’homme dĂ©tourna le regard, comme si les restes de cendres l’attiraient soudainement. Pendant quelques instants, il n’y eut que le silence entre eux — Cependant, il reste une question : es-tu prĂŞte à t’engager ? Aurelia ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, son choix Ă©tait fait. — Si ce n’était pas moi, ça aurait Ă©tĂ© ma mère… et tu m’as aidĂ©. Alors… Je viens. Il sourit. — Alors… en route ! Plus vite nous serons arrivĂ©s, plus vite tu seras prĂŞte ! — J’ai une dernière question… — Pose donc. — Comment t’appelles-tu ? — Nerroy. Une fois cette question rĂ©pondue, ils se remirent en route.
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