Bien sûr que je vous entends. Mais je vous ai déjà dit que je n’avais pas envie d’en parler.

Évidemment que je me souviens de tout ! Je n’ai juste pas envie d’en parler.

Oui, je connais le blabla habituel. Faut en parler, faut que ça sorte, et caetera, pas besoin

de me le rĂ©pĂ©ter mille fois. Pourquoi vous voulez que je vous rĂ©pète cette histoire ? Ça doit

faire au moins vingt fois que je vous la raconte encore et encore, et vous me répétez les mêmes

choses, encore et encore.

Vous ĂŞtes sĂ©rieux ? Vous voulez encore savoir comment ça s’est passĂ© ? Vous n’êtes pas lassĂ©s d’entendre les mĂŞmes mots chaque fichue fois ?

Oui, aller de l’avant, c’est ça... Je connais la chanson.

Bien sĂ»r que j’aimerais la revoir. Vous croyez que ça me fait du bien qu’elle soit plus lĂ  ?

OK, très bien ! Je vais l’ouvrir...

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C’était une soirée habituelle. Vous savez, quelques boissons, une petite friterie pour manger

le soir, et quelques jeux pour détendre l’ambiance. Vous avez sans doute déjà fait ce genre de fête. C’était pour l’anniversaire d’une amie qu’on avait organisé tout ça. Il y avait Jeremy, Cassie, Eddy, Jack, Osvald et moi. C’était une surprise pour Zoé, alors Cassie lui avait proposé d’aller vite fait chercher quelques chips pour une soirée film tant que c’était ouvert, rien de plus normal, à la superette, à quelques minutes à pied. La victime de notre surprise avait accepté, et Cassie en avait profité pour nous faire rentrer. Nous avions tout pris pour la fête, et quand elle était revenue... Vous n’imaginez pas la tête qu’elle faisait. Elle avait envie de pleurer, et en même temps elle semblait tellement contente. Je ne l’oublierai jamais.

La suite... C’était une superbe soirée. On avait joué à plein de petits jeux, comme le UNO (Vous auriez vu la tête de Cassie quand elle avait dû piocher douze cartes...), un loup-garou (où j’avais pris mon meilleur accent de maitre du jeu), un action ou vérité aussi loufoque que stupide... C’était sans doute la meilleure soirée de ma vie.

Après, Jeremy avait voulu qu’on aille sortir faire un tour. Il ne faisait pas encore nuit, il y avait encore un peu de lumière. On Ă©tait allĂ© au parc du coin... Un petit endroit sympathique, l’air Ă©tait presque pur si on oubliait le fait qu’on se trouvait en ville... C’était un endroit Ă©panouissant, avec quelques arbres, un petit chemin de terre avec plusieurs bancs, et au centre du parc, un genre de petit prĂ©au en forme de cercle pour s’abriter de la pluie. Tout autour, si l’on omettait les escaliers, il y avait pleins de fleurs de toutes les couleurs. On s’était assis sur un banc, du moins, trois d’entre nous, les autres Ă©taient restĂ©s debout. Jeremy nous avait alors demandĂ© si un cache-cache nous tentait. En effet, le parc promettait plein de cachettes en tout genre. Eddy, qui Ă©tait un peu plus prudent que le reste du groupe... Et sans doute le seul aussi sobre que moi, avait proposĂ© que personne ne soit seul, la nuit arrivant doucement. Nous Ă©tions tous d’accord, alors nous avions fait deux groupes de deux et un groupe de trois. J’étais avec Osvald, Eddy Ă©tait avec ZoĂ© et Jack, tandis que Jeremy Ă©tait avec Cassie. Nous avions fait quatre rounds avant de rentrer. Pour le premier, Jeremy et Cassie avaient comptĂ©. Osvald et moi nous Ă©tions cachĂ©s près des arbres. Je m’étais mĂŞme mis des branches et des feuilles dessus, pour devenir l’arbre. Nous avions mis des durĂ©es de dix minutes par round. Alors, pendant dix minutes, j’étais un arbre. J’avais mĂŞme pris mon tĂ©lĂ©phone car j’avais commencĂ© Ă  m’ennuyer. Osvald avait essayĂ© de changer de place sans vraiment se cacher, mais s’était fait avoir. Eddy, ZoĂ© et Jack avaient tentĂ© de se cacher dans le parc d’enfant... du parc, mais s’étaient fait trouver en premier. Jack qui avait Ă©tĂ© le dernier parmi les trois trouvĂ©s avait rejoint mon groupe. On voulait qu’il n’y ait que deux chasseurs. Alors, on avait couru le plus vite possible jusqu’à arriver Ă  un buisson. Ils s’étaient cachĂ©s derrière le buisson... Et moi dans le buisson. J’étais allongĂ© au sol, sans bouger. On aurait pu mettre la musique Ameno de ERA tant j’étais immobile. Mes camarades avaient tentĂ© de fuir pour ne pas ĂŞtre vu en voyant les chasseurs arriver, tandis que je restais en silence, priant pour ne pas me faire trouver. Et ma prière avait Ă©tĂ© entendue ! Je n’en avais pas cru mes yeux sur le coup, mais j’étais si fier. On avait fini par m’envoyer un message sur mon tĂ©lĂ©phone quand c'Ă©tait terminĂ©, et je pus enfin sortir. Je frottai mes vĂŞtements couverts de feuilles et de terres, avant de reprendre.

Cette fois-ci, c’était Osvald et Jack qui cherchaient. J’avais choisi une planque similaire, proche des fleurs, séparée de mes amis. J’avais essayé d’en écraser le moins possible en m’allongeant. Plus pour être mieux planqué que par réel besoin d’être écolo... Mais... l’idée n’était pas la meilleure, car au final, j’étais le premier trouvé. Je profitai du temps restant pour chercher... Et je dois avouer que les cachettes de mes camarades étaient meilleures. Deux étaient cachés dans un arbre, après y avoir grimpés, tandis que deux autres étaient dans le parc d’enfant, jouant avec la nuit qui tombait et la hauteur des jeux. Nous nous sommes réunis après. N’ayant pas encore cherché, je m'étais proposé pour chercher, quitte à être seul, vu que les autres n’avaient pas été trouvés. Mes amis acceptèrent, et ils étaient partis tous de leurs côtés.

J’avais quinze minutes, étant seul, pour les trouver. Puis, je m’étais lancé. J’avais cherché le plus évident, le préau, ou je trouvai Cassie et Eddy, dégoutés d’être les premiers. Je courais, vu que je ne voulais pas perdre une seconde. J’avais cherché dans les arbres, peut-être que certains avaient grimpés, dans les buissons et autres... sans succès. J'avais cru trouver un groupe de personnes, mais ce n’étaient que des inconnus qui passaient par là, alors j’avais repris ma recherche. Au bout des quinze minutes, j'étais retourné à l’entrée du parc, envoyant un message à mes amis. J'avais demandé aux arrivants où ils étaient. Et je m'étais senti idiot. Osvald s’était caché derrière un banc, assis dans l’herbe. Quant à Jeremy et Jack, ils avaient marché dans le parc, évitant de près mon regard. Ils auraient pu me suivre que je n’aurais rien vu. Nous avions attendu quelques minutes pour Zoé, qui n’était pas encore arrivée. Mais alors que le temps passait, l’inquiétude vint.

— Vous n’étiez pas avec elle ? demandai-je. Nous avions dit que nous restions en groupe !

— Je vais essayer de l’appeler, elle va rĂ©pondre, dit Jack en s’éloignant, tremblant.

— Je ne sais pas comment ça se fait, elle nous avait suivi, non ? RĂ©pondit Jeremy en se tournant vers Jack, le regard perdu.

— On n'a rien vu en tournant dans le parc... Rajoutèrent Eddy et Cassie.

Nous nous étions décidés à la chercher tous ensemble, il n’y avait aucune seconde à perdre. Jack avait continué ses appels, tandis que nous avions couru dans tout le parc en l’appelant. Nous avions fini par nous séparer en groupe de deux, hors de question d’être seul. C’est en passant du côté enfant du parc que j’avais entendu une sonnerie. Je m’y étais dirigé, cherchant le téléphone de mon amie, seule raison logique de ce bruit... mais je n'avais fait que le trouver, sans sa propriétaire. J'avais montré ma découverte à Jack, avant de le prévenir d’appeler la police. Et le reste... Vous savez la suite. Toujours aucune nouvelle.

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VoilĂ , c’est ça toute l’histoire. Vous ĂŞtes content ?

Ce n’était pas si dur de parler... Dites ça pour vous...

Evidemment que je ne sais rien ! Si je savais oĂą ZoĂ© Ă©tait, vous croyez vraiment que je serais

assis dans ce foutu siège Ă  vous parler ?!

Oui, je vais me calmer ! Lâchez-moi un peu ! On ne sait mĂŞme pas si elle est vivante ! Vous

vous imaginez ça, de savoir si elle morte ? Non, ça ne vous touche pas, qu’est-ce que vous

pouvez en avoir Ă  faire ?...

Comment ça, qu’est-ce que ça me fait ? J’y tenais, Ă  ZoĂ© ! Je devais... Non rien, oubliez. De

toute façon, c’est fini... Je n’aurai jamais la chance de la revoir...

Ce que je ressens ne vous regarde pas. On peut en finir ? Je voudrais bien rentrer chez moi.

C’est ça... convainquez-vous que votre méthode fonctionne... Vous me direz quand vous en

serez lassĂ©. Je peux sortir ?

Merci, bonne journée.

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