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Downforyears![]() Spectacles![]() ![]() ![]() On the road again(par Downforyears)
— On the road again… Like a band of gypsies we go down the highway…
Comment ça a commencé ? Par un voyage Rennes-Marseille en passant par Lyon. Le trajet de vacances normales, avec le coffre et la remorque pleins, les gamins qui s’excitent à l’arrière, la chaleur qui étouffe et les bouchons sur les routes. On aurait pu aller à la Rochelle, à Bordeaux, à Biarritz, mais non, il a fallu que ma femme me gonfle avec sa mère Marseillaise qu’elle devait absolument voir, son père Marseillais, mais divorcé, qu’elle devait voir, les oncles et tantes Marseillais qu’elle n’avait pas vu depuis un an, les grands-mères Marseillaises... A ma place, t’aurais fait quoi ? La même chose.
Tu aurais dit ‘‘Oui Chérie’’, tu aurais fermé ton clapet, tu aurais affiché un air ravi parce qu’au final ça permettait d’économiser la location, et tu aurais accepté deux semaines avec une contrefaçon Marseillaise de mafia Corse. A Marseille, c’est peut-être Plus Belle la Vie, mais surtout Plus Chiants les Congés. J’espère que je vais pas me faire suer dans les bouchons, comme les autres années. Ça fait combien de temps qu’on est parti de la maison ? J’en sais plus trop rien, je suis ni une montre ni une horloge.
— Mamour ? — C’était On the Road Again, Bison futé a classé cette journée noire dans le sens des départs, on compte déjà 350 km de bouchons…
Putain, déjà 350km de bouchons. Je peux te dire que ça fait huit ans qu’on va chaque année à Marseille pour les vacances ‘‘Parce que tu comprends, j’ai besoin de voir la famille, et ça nous fait économiser de l’argent, et puis…’’ Oui, j’imite la voix criarde de ma femme. Je sais même pas pourquoi…
— Mamour ? A qui tu marmonnes ? — Personne, réponds-je en sortant de mes pensées et de mon dialogue avec toi. — Fais attention, le feu est rouge !
Je pile. Derrière, les enfants applaudissent. Je peste contre les trois voitures qui viennent de débouler devant-nous en nous grillant la priorité. J’te jure, pas capable de respecter le code de la route.
— Oh les enfants, s’étonne ma femme regardez le GPS, il reste tout pile mille kilomètres à faire avant d’arriver à … — MARSEILLES, hurlent ma femme et les enfants en chÅ“ur.
Putain j’en peux plus. Et qu’est-ce qu’elle me veut l’autre là  ? Une gitane vieille et moche comme une pomme pourrie passe à côté de ma voiture, et me montre un tas de cartes. Et pourquoi le feu démarre pas ? Je t’en prie, le lecteur, tu veux pas prendre ma place ? Tu vas voir, Marseille c’est super !!! Non ? Vraiment pas ?
— Mamour ? Tu veux pas lui ouvrir et donner un peu de monnaie ? — Si tu veux, soufflé-je en espérant avoir la paix. — Moi donner six cartes pour vous. Elles être avenir sur route. Cadeau, cadeau. — Vous voulez un peu de monnaie ? — Si vous voulez. Mais vous prendre cartes. Six, pas plus, pas moins.
On fait l’échange, vingt centimes contre six cartes pleines de graisse ou d’alcool, comme si elle avait passé trois siècles dans une taverne. Et ce feu qui reste rouge… En attendant, je regarde les cartes, qui ressemblent à celles d’un jeu de tarot. Mais ce ne sont pas des figures que je connais.
Oh le con ! Devant moi, le mec avec sa clio rouge vient de donner un billet de dix pour les six cartes. Quel abruti.
— Tu as vu, Mamour, on dirait un feu vert la carte. Et celle-ci, elle est marquée 50. Et une de 25. Encore une 50. Oh, celle-ci on dirait un jerrican d’essence. Celle-là par contre, je sais pas… Mimi, demande-t-elle en donnant la carte au plus petit, tu dirais que ça ressemble à quoi ? — Un pneu crevé. Comme dans Flashmaquequoine ! — Oui, c’est ça.
Je commence à râler contre le feu rouge. Si seulement il pouvait passer au vert… Oh, c’est le cas. Je redémarre façon Fast and Furious, et je double Clio rouge qui vient de caler. Les deux autres idiots qui m’avaient grillé la priorité démarrent aussi en trombe.
Oui, je suis parfois beauf, oui, j’aime pousser ma voiture, oui, j’ai déjà écrasé un chat sur la route. C’était lui ou mon rendez-vous avec… Je peux te le dire à toi, Lecteur, j’ai une maitresse. J’en ai marre de me faire appeler Mamour par quelqu’un qui a délaissé la notion de couple pour celle de mère de famille. Je suis un connard égoïste ? Oui, mais j’ai des besoins. Et ce jour-là , c’était le chat ou mon rencard. Ça a été le chat.
— Tu marmonnes quoi encore ? — Rien, lui réponds-je alors que je suis encore agacé par le feu qui a été si long à se mettre au vert. — Les enfants, vous me rendez-les cartes ? demande ma femme pleine d’entrain. — J’en ai perdu uuuunnne… se plaint le cadet. — Laquelle ? répond ma femme en faisant la moue. — Le feu veeeert… — On en retrouvera d’autres sur la prochaine aire, promis. — La prochaine aire ??? On vient à peine de rentrer sur l’autoroute !!! — Mais Mamour, il veut une carte… — Je veux ma caaarte… Ouiiiiinnnnnn !!! — Papa ? Papa ? Pipiiiiiii… — Il faut tenir autant que possible, chéri. — Ouiiiiiinnnnnn !!! — Pipiiiiiiiiiiiii !!!
Toi, cher lecteur, fais-moi penser à relire toute l’affaire Dupont de Ligonnès. Je sens qu’il va m’inspirer. En attendant, je vais fixer mes pensées sur ma maitresse, sur ses jambes, sur… Je pile comme un dingue ! Un Partner gris, le même que celui au feu tout à l’heure, vient de me faire une queue de poisson. Si seulement il pouvait crever celui-là  ! Enfin, pas lui, mais sa voiture. J’ai à peine le temps d’accélérer qu’il a déjà passé la prochaine courbe. La bonne nouvelle, c’est qu’enfin, presque une heure a passé. On va pouvoir faire une pause bientôt.
Les gamins arrêtent pas de perdre les cartes dans la voiture, entre les doudous, les livres et les gameboy. Ou les 3DS, je sais pas. Ils sont géniaux le reste de l’année, mais pour une fois j’aurais voulu qu’on reste à la maison, ou qu’on aille ailleurs qu’à Marseille… Tiens tiens tiens… Je me mets à jubiler… Je jubile. On dirait bien Partner gris, sur le bord de l’autoroute. Cheh pour lui, il a bien un pneu crevé.
— Papa, c’est quoi le bip ? me demande l’ainé. — Déjà  ? On peut pas être à cours d’essence ? — Mamour, il y a une aire pas loin. — Bon, briefing pour la famille, annoncé-je pour donner le change. Les garçons, vous allez au pipi, je vais prendre de l’essence. — Et moi, je vais voir si je peux trouver des nouvelles cartes pour les garçons ! complète ma femme. — Si tu veux…
Bon, sérieusement, lecteur, j’ai une question. C’est la seule période de l’année où elle m’exaspère comme ça, sinon j’arrive à la supporter, même si je dois aller voir ailleurs. Mes enfants sont turbulents, à la limite de l’hyperactivité, et là j’ai envie de les tuer. Je fais quoi ?
Au final, je me résigne à faire le plein et je vais payer. Ma femme me rejoint avec les enfants, qui ont chacun deux cartes en main. On dirait celles de tout à l’heure, c’est une mode que j’ai raté ?
— Un vieux monsieur nous les a données, me signale l’ainé. Du coup, on lui a donné vingt centimes, comme toi tout à l’heure.
Je regarde les cartes. Une valeur 100, une valeur 200, deux valeurs 50.. Je n’arrive pas à savoir si je suis content ou non. Je crois que je suis surtout excédé de voir ces cartes me pourrir encore plus le voyage.
On a fait tout juste 125 kilomètres depuis le début notre entrée sur l’autoroute, et j’aimerais qu’on en finisse au plus vite. Nous reprenons la voiture, et abattons encore cent kilomètres avant de commencer à ralentir. Pas un bouchon ? Pas déjà  ??? Lecteur, il y a un putain de bouchon, je te jure que je vais péter un câble !!! Tu vois que je me mords le poing ? Tu le vois ?
— Pourquoi on ralentit ??? — C’est un bouchon, Mimi, répond ma femme. — C’est un accident ? — Non, c’est des travaux. Mamour, dis-lui que c’est des travaux. — C’est des travaux, marmonné-je.
Imagines-tu, lecteur, deux heures de route à 50 sur l’autoroute ? Et bien, c’est ce que nous traversons. Malgré mon énervement, j’essaie d’occuper les enfants avec des jeux de mots, de devinettes ou de charades. Jusqu’au moment où nous nous arrêtons. Je ne fais même plus attention au GPS, je crois qu’il reste encore sept-cent soixante quinze kilomètres avant Marseille. Autour de nous, les autres automobilistes commencent à klaxonner. Une sirène et un gyrophare nous dépassent sur la bande d’arrêt d’urgence.
Clio rouge ??? C’était un flic ? Ou un pompier ? Tout du moins un véhicule prioritaire… Je plaque la paume de ma main contre mon front. Un choc résonne contre la vitre à ma gauche. Je la fais descendre.
— Wesh, cousin. T’en veux, c’est de la bonne. Dix balles !
C’est moi ou ce merdeux veut me vendre une de ces cartes à 10 balles. Et c’est quoi ces trucs, c’est une mode que j’ai encore loupé ? Toi, lecteur, t’en as entendu parler de ces cartes avec des nombres ? Celle-ci a un cinquante, barré en noir sur fond blanc. J’acceptes ?
J’accepte, résigné.
— Wesh, cousin, tu vas pas regretter.
Je lui souris, contrit. Je crois que je n’ai même plus la force d’être énervé…
Après quelques minutes de bouchon supplémentaire, le bouchon semble se dissiper comme par magie. J’en profite pour rejoindre une nouvelle aire d’autoroute, où nous faisons une pause déjeuner. Les gamins éparpillent les chips partout, je me fais attaquer par une guêpe qui en veut à mes abricots, j’en profite pour essayer de mater à droite et à gauche. On dirait presque une routine, que je quitte à regrets en rejoignant le volant, ma femme se plaignant d’une migraine. Les deux heures de route qui suivent me paraissent presque magiques. Au final, j’aime quand ça roule. Je peux explorer mes pensées, profiter du paysage.
— Mamour, tu as vu le message sur le panneau électronique ? — Quoi ? — Là , au-dessus des voies.
Je regarde vite fait le panneau digital.
‘‘Sabot vide, jouez votre dernière carte’’ Clio : 725 Break/remorque : 425 Partner gris : 275 Lotus bleue : 275
Ça veut dire quoi tout ça ?
— Papa, on a perdu la dernière carte, m’annonce l’ainé… — C’était quoi ? — Un cent…
Moins d’une heure après, ce que je craignais arrive. La voiture cale. J’ai à peine le temps de la stationner sur la bande d’arrêt d’urgence. Epuisé, je m’endors…
— On the road again… Like a band of gypsies, we go down the highway…
Tu comprends, maintenant, cher lecteur ? Tu comprends dans quoi je suis piégé ? Alors maintenant que tu as pris le temps de lire mon histoire, qui se répète en boucle… OH ! Pourquoi tu te marres lecteur ? C’est dingue, chaque lecteur qui arrive ici se marre. L’autre idiot avec ses cornes et ses lunettes dorées, il a ris pendant des plombes en répétant un chiffre compliqué ! Oh, arrête de rire ! Moi je suis coincé, et j’ai besoin de ton aide !!! C’est bon, tu t’es assez marré ? Bon…
Je disais, maintenant que tu as pris le temps de lire mon histoire, j’aimerai que tu me dises.
COMMENT FAUT FAIRE POUR GAGNER AUX MILLE BORNESÂ ????
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