L'Académie de Lu





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Demolition Man.

(par Downforyears)
(Thème : DĂ©fi d'Elinor)



BFM TV résonnait entre les murs de béton gris. Une tasse de chocolat chaud entre ses pattes tremblantes, il tentait de trouver une explication à ce qu’il pouvait voir sur l’écran.


Les directs alternaient entre deux bâtiments en flammes, diffusant les images des pompiers tentant d’éteindre les incendies menaçant de se propager dans leurs quartiers respectifs.


— On vous rappelle l’actualitĂ© de cette nuit, recommença le prĂ©sentateur, Maitre Hibou, pour la sixième fois en une heure. A 20h37, c’est une villa cossue Ă  l’ouest de la capitale qui a Ă©tĂ© dĂ©truite entièrement. Le souffle de l’explosion a rasĂ© les dĂ©pendances et entrainĂ© un incendie dans les dĂ©combres. D’après les experts, les murs de chaux et de paille ont volĂ© en poussière, et c’est Ă  prĂ©sent leurs restes qui sont en train de bruler. Le propriĂ©taire des lieux n’a pour le moment pas Ă©tĂ© retrouvĂ©.

— A 22h18, continua le Miroir Magique, c’est une villa en bois Ă  l’est de la capitale qui a cette fois Ă©tĂ© soufflĂ©e par une explosion. D’après les experts, l’explosif utilisĂ© est surement le mĂŞme que pour la villa de chaux et de paille. Le parquet anti-terroriste s’est saisi de l’affaire. En attendant de rejoindre notre envoyĂ© spĂ©cial, Jean Wilfried BottĂ©, un point sur la mĂ©tĂ©o avec P. Inocchio.

— La pluie devrait bientĂ´t tomber… commença le pantin devant une carte mĂ©tĂ©o, son nez s’agrandissant progressivement.


Transpirant comme un porc, Jean éteignit la télévision. Ces deux explosions qui avaient soufflé des maisons, ces deux incendies… Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Cela ne pouvait être que lui. Jean observa ses mains trembler, du chocolat chaud tomba sur le sol. Pourvu que sa femme et ses enfants soient en sécurité chez ses parents…


Jean Bon se mit à inspecter les moindres recoins de son bunker en brique et en béton. Il l’avait fait construire en se servant des fonds propres de l’entreprise qu’il cogérait avec ses associés, Lars Don et Terry Neutpor. Un bunker qui résisterait à une apocalypse nucléaire, équipée de sanitaires, d’une cuisine, de plusieurs chambres, et même d’une cheminée assez coquette.


Bien sûr, il n’en avait jamais parlé à ses associés, et lorsque le fisc était venu constater les trous dans le budget, il avait accusé l’un de ses employés de falsifier des notes de frais. Le coupable idéal.


Qui venait de pénétrer dans le bunker par le conduit de ventilation.


— Luciano ? bĂ©gaya Jean. Que faites-vous lĂ  ?

— Je viens pour solder les comptes, Mr Bon, rĂ©pondit son ex-employĂ© d’une voix glaçante, tranchante. Je suis passĂ© voir vos associĂ©s hier, et j’ai dĂ» les cuisiner plusieurs heures chacun. Ils ont mis du temps Ă  comprendre quel Ă©tait le problème. Je vous pensais tout trois coupables, mais en rĂ©alitĂ©, il n’y avait que vous. Dès le dĂ©but, c’était vous.

— Moi ?

— Oui, vous. Vous qui avez dĂ©tournĂ© des fonds. Vous qui avez maquillĂ© vos magouilles. Vous qui m’avez accusĂ©. Pourquoi m’avoir accablĂ© ? J’étais votre employĂ© modèle !


Jean tenta de se reconstituer une attitude digne. Luciano avait été un salarié parfaitement compétent, serviable, presque bonne poire. Cela lui avait joué des tours par le passé. Mais aujourd’hui, il dévoilait sa vraie nature.


— EmployĂ© modèle ? s’offusqua faussement Jean. L’image que vous donniez Ă  notre entreprise Ă©tait catastrophique. Un loup, expert en dĂ©molition ? Les contrats Ă©chappaient de plus en plus Ă  Bon, Don & Neutpor. Et les affaires judiciaires auxquelles vous Ă©tiez mĂŞlĂ©es !!! L’affaire du Petit Chaperon Rouge, vous y avez repensĂ© Ă  l’affaire du Petit Chaperon Rouge ?

— C’était de la calomnie pure et simple. De la diffamation ! s’emporta Luciano. J’étais le coupable idĂ©al pour cacher sa relation avec le Chasseur ! Au final, c’est lui qui a Ă©tĂ© incarcĂ©rĂ© pour dĂ©tournement de mineur.

— Mais le doute subsistait sur vous ! Et l’agneau ? Vous y avez pensĂ© Ă  l’agneau que vous avez dĂ©vorĂ© ?

— On m’a accusĂ© de l’avoir mangĂ© en pleine conscience ! C’était un kebab frauduleux. J’avais commandĂ© un kebab vĂ©gĂ©tarien ! Qu’y puis-je si ce Renard a fait de la publicitĂ© mensongère ? La DGCCRF m’a innocentĂ© dans cette histoire !

— Et l’enfant que vous avez dĂ©vorĂ© ? Ce berger qui criait sur vous virtuellement, dont vous avez-vous-mĂŞme dit qu’il vous insupportait !

— Il propageait des rumeurs sur moi ! Sur tous les rĂ©seaux sociaux ! C’en Ă©tait devenu du harcèlement ! Il propageait des rumeurs sur tout le monde ! L’enquĂŞte a dĂ©montrĂ© que c’était l’ogre qui Ă©tait le coupable. A ce moment-lĂ , j’étais en train de dĂ©molir les vieux immeubles sur la colline aux 7 nains. Du travail proprement effectuĂ© vous l’avez dit vous-mĂŞme. Les logements sociaux Blanche-Neige ont Ă©tĂ© une rĂ©ussite. Grâce Ă  qui ? A moi, en partie. A chaque affaire, j’ai Ă©tĂ© dĂ©signĂ© comme le coupable idĂ©al, Ă  chaque affaire, j’ai Ă©tĂ© innocentĂ©. C’est du dĂ©lit de faciès !

— Et maintenant, vous allez faire quoi ? demanda Jean, tremblant de rage autant que de peur.

— J’ai rĂ©cupĂ©rĂ© de l’explosif dans les rĂ©serves de l’entreprise en partant. Soit vous vous dĂ©noncez pour cette affaire de dĂ©tournements de fond, soit je fait exploser le bunker.

— Ecoutez… Je vous propose un arrangement Ă  l’amiable. Mes associĂ©s sont surement morts, je vous laisse la moitiĂ© des parts dans l’entreprise.

— Vos associĂ©s ? Morts ? Mais ils sont vivants ! se rĂ©crimina Luciano.

— Quoi ? Ils ne sont pas morts dans les explosions ?

— Bien sur que non.

— Mais, et les incendies ? Ce sont bien les maisons de mes associĂ©s que j’ai vues sur BFMTV ! SoufflĂ©es, soufflĂ©es, soufflĂ©es et envolĂ©es par des explosions. Vous ĂŞtes bien Ă  l’origine de ces explosions tout de mĂŞme ?

— Pas du tout ! Je n’aurais pas eu le temps d’installer les explosifs en si peu de temps. Avec les bouchons, le temps de prĂ©paration, c’est impossible.

— Mes salauds d’associĂ©s ! jura Jean. Ils vont vous accuser, et toucher l’assurance pour se refaire !

— J’en ai assez d’être le coupable idĂ©al, hurla Luciano en se jetant sur Jean. Je m’occuperai de vos associĂ©s plus tard. Pour l’instant, je vais vous obliger Ă  coopĂ©rer !


Le patron et son ex-employé s’agrippèrent et roulèrent au sol. Leur lutte les fit rouler jusqu’au salon, où trônait un fauteuil devant la cheminée. Luciano frappa plusieurs fois Jean, qui répliqua de toutes ses forces. Leur empoignade les fit traverser le salon, jusqu’à toucher les flammes de la cheminée. Lorsque Jean vit les flammes lécher les bâtons de dynamite à la ceinture de Luciano, il se dit que finalement, ses combines n’avaient pas été une si bonne idée depuis le début.




























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