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Downforyears![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Gwen d'Alavir et la quĂŞte du Chuchotruche(par Downforyears)
Gwen soupira. Elle voyageait depuis déjà six jours, et savait qu’elle devrait encore marcher une semaine de plus avant d’arriver à Alavir, la capitale du Royaume d’Alavir. Les ampoules colonisaient ses pieds depuis si longtemps qu’elle n’en pouvait plus de gémir de douleur à chaque pas. Elle regretta de ne pas posséder de monture, et jura une nouvelle fois. A regret, elle décida de faire une pause et s’écarta de la route de terre qui traversait la forêt. Elle pouvait entendre une rivière flâneuse couler non-loin, qui lui permettrait surement de tremper ses orteils, ses talons et la plante de ses pieds. Alors qu’elle arrivait sur une berge recouverte de galets blancs et surplombé par un vieux pont en pierre, elle entendit des bruits mats, régulier, entrecoupés de mugissements étranges. Son instinct ne pouvait pas la tromper, quelqu’un martyrisait un animal !
La jeune femme remit à plus tard son idée de trempette et escalada le talus glissant qui menait à l’une des extrémités du pont. Ses mains rencontrèrent la glaise humide, et elle craignit quelques instants de perdre son épée bâtarde accrochée à son dos. Son armure en cuir bloqua sans problème les épines des ronces, et elle arriva sur une route pavée en soufflant. Ce qu’elle y vit la révolta !
Un groupe de soudards tirait une remorque à quatre roues, se relayant en souriant. Chaque homme qui laissait sa place à l’un de ses camarades lui prenait un fouet des mains, à l’aide duquel il frappait une créature roulée en boule. Sa fourrure se zébrait peu à peu de marques écarlates, là où le cuir et les pointes métalliques de la lanière laissaient des écorchures. Gwen se retint de hurler, puis laissa la colère s’échapper par sa gorge. Comment osaient-ils torturer un animal aussi mignon.
La jeune femme se rua l’épée au clair, et s’arrêta après quelques dizaines de mètres de course pour reprendre sa respiration. Courir au-devant de ses adversaires n’était surement pas une si bonne idée si elle voulait garder des chances de les vaincre.
Gwen se força à observer les alentours, et se rasséréna. Si elle continuait de parcourir le pont, elle tomberait nez-à -nez avec ces bourreaux, qui ne pouvaient pas faire autrement que de traverser l’édifice de pierre. La jeune femme reprit son souffle, puis se posta en plein milieu de la chaussée pavée, les jambes écartées et les poignets sur les hanches.
— Halte-lĂ Â ! hurla-t-elle lorsque le groupe de mercenaire arriva Ă sa hauteur. Laissez ce pauvre animal tranquille, relâchez-le, et je vous laisserai la vie sauve. — Ecarte-toi gamine, ordonna celui qui guidait la troupe. Cette bĂŞte ira au seigneur Wintili, je m’en assurerai moi-mĂŞme. Si tu la veux, il faudra nous passer sur le corps.
Gwen ne laissa pas le temps aux soudards de se mettre en garde. Elle défourailla son épée bâtarde, et profita de son élan pour décapiter le soldat le plus proche d’elle. La tête volait encore dans une gerbe écarlate qu’elle se baissa pour esquiver un coup de taille, et enfonça le pommeau de son arme dans les parties de son nouvel assaillant. Alors que celui-ci se pliait de douleur, elle frappa son nez puis le fit basculer par-dessus le parapet.
La jeune femme réduisit de nouveau la distance pour ne pas perdre l’ascendant sur ses ennemis. Elle para un violent estoc en grimaçant sous l’impact, roula sous les pieds du mercenaire, et entama son aine. Lorsqu’elle se releva, la pointe d’une lame fusa vers son cou. Elle recula, trébucha contre un cadavre encore frais et tomba en arrière.
Médusée après la perte du contrôle des évènements, elle regarda le chef du groupe s’approcher d’elle lentement.
— Trois hommes ! Trois hommes que j’estimais, que j’aimais, tuĂ©s par une gamine hystĂ©rique ! Sais-tu quel monstre nous convoyons ?! — Je sais qu’il hurle de douleur Ă chaque coup de fouet ! Partez, ou mourrez ! — Tu n’imagines pas les consĂ©quences si nous n’amenons pas ce monstre au seigneur Wintili ! — Capitaine, intervint le soudard restant. Partez prĂ©venir le seigneur, je vais la retarder autant que possible. — Je te remercie. Je reviens avec du renfort aussi vite que possible.
Le chef de la compagnie de mercenaire laissa son armure contre le parapet du pont, et partit en sprintant. Gwen sauvegarda son visage dans sa mémoire, et se jura qu’elle le tuerait un jour ou l’autre. D’un geste fluide, elle esquiva l’assaut du dernier soldat, et lui transperça le cœur de sa lame. Lorsque le cadavre heurta enfin le sol, elle se rua vers la remorque sur laquelle se trouvait la bête, et trancha les liens comme elle le put.
— VoilĂ . A toi la libertĂ© maintenant. Tu peux te lever ?
La boule de fourrure déploya ses membres, et Gwen sentit son cœur fondre. L’étrange créature ressemblait à une gerbille géante aux yeux violets entourés d’une fourrure blanche aussi douce que des plumes. Elle ronronnait de plaisir à l’idée de sa liberté retrouvée, et descendit gauchement du plateau en bois de la remorque. Alors qu’elle s’approchait de Gwen, ses pattes velues terminées par des coussinets moelleux se déplièrent, aussi longues que celles d’une autruche. De larges oreilles de chauve-souris vinrent piquer les narines de la jeune femme, et ses moustaches lui chatouillèrent les bras. Ses petites pattes avant prolongées par des petites griffes mignonnes se mirent à frotter son museau, et une queue grise terminée par un plumet blanc remua au gré d’une brise fraiche.
— A quelle espèce appartiens-tu ? se demanda Gwen Ă voix haute. — Ruuuiuiuiuiuuui, lui rĂ©pondit l’animal d’un doux chuintement. — Tu me fais fondre. Je voudrais te garder avec moi, mais tu veux surement reprendre ta liberté…
Gwen posa son front contre celui de la créature, et passa sa main dans la douce fourrure blanche. Une vision s’imposa à elle. Des dizaines, des centaines de cadavres envahissant une plaine désertique. Une mer de fourrure grise, de duvets blancs, parcourue par des fleuves de sang. Le hurlement d’un jeune animal retentit en elle, et Gwen, rompit le contact. Un flot de larmes coulait de ses yeux bleus, reflet de celles qui coulaient des billes violettes de son compagnon. Elle sut ce que représentait ce nouvel ami qu’elle venait de sauver.
Le dernier de son espèce.
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