L'Académie de Lu





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De Hiercourt Timeline


Aï

(par Downforyears)
(Thème : Perso secondaire)



Deux jambes sortaient de l’arani, la fleur aux pétales grands comme la main qui mange les imprudents. Elles se débattaient, mais semblaient perdre en énergie.


Aï sortit son couteau de chasse et s’approcha doucement de la créature à la fois animale et végétale. Dans la jungle des jungles, les prédateurs n’étaient pas forcément ce qu’ils paraissaient être. L’arani pouvait se mettre à courir si elle se sentait en danger, ou si elle sentait que sa proie pouvait lui échapper. Et la Sylve ne voulait absolument pas que la créature s’en aille.


Quelques jours auparavant, un étranger était arrivé sur Sheshu, l’Arbre-Père, à bord de ce que les étrangers appelaient un ‘‘Clipper’’. Un vaisseau spatial qui permettait de parcourir la Galaxie. Aï avait senti l’excitation monter en elle. Lorsque l’étranger était parti explorer les environs de Sheshu, la Sylve avait décidé de le suivre, intriguée.


Depuis toute jeune, elle entendait parler de la Galaxie, sans que ses camarades ou ses ainés ne puissent lui décrire précisément ce que cela signifiait réellement. Les contes du soir narraient les exploits des anciens Sylves de l’Arbre Père, parfois des Arbres Fils, mais jamais des coutumes de l’extérieur. Aï avait fini par développer une indifférence aux contes de son peuple, qu’elle connaissait déjà par cœur.


Parfois, un Sylve parti plusieurs années auparavant revenait se ressourcer à l’Arbre Père, puis repartait presque aussitôt. Des êtres comme lui étaient traités comme des étrangers par leur famille, par la communauté qui ne voyaient en eux que des Garil, des troubles-paix.


Aï rabattit une mèche de feuilles blanches sur sa tête, et essuya l’écorce ocre de ses mains sur ses jambières en fibres végétales. L’humidité des lieux l’empêchait d’avoir une prise ferme sur la poignée de son couteau. La Sylve fit un pas de plus. Une brindille craqua sous son pied.


L’arani se gonfla quelques secondes, puis lâcha un nuage de spores avant de partir en courant sur huit petites pattes ressemblant à des racines. La Sylve jura, et commença à grimper au tronc le plus proche. Elle ne devait pas perdre la plante, et elle ne devait pas respirer ses spores.


La Sylve s’accrocha aux différentes branches d’un arbre, avant de se relever. Elle s’élança en courant sur une branche, sauta au-dessus du vide, se réceptionna sur une autre branche non loin de là et continua sa course.


— Osowo ! jura-t-elle.


Comment Aï avait-elle pu ne pas voir cette brindille ? Elle était toujours à l’affut dans la jungle, et sa faculté de repérer les moindres détails d’un lieu était admirée par tous dans son village. Elle esquiva une dernière branche et s’accrocha à une liane pour descendre. Son élan la propulsa vers l’arani, qui venait de cesser de produire ses spores. La créature s’arrêta et un sifflement se fit entendre dans la clairière que la Sylve venait de rejoindre. Deux bourgeons se gonflèrent. Le sifflement se transforma en chuintement, et Aï esquiva une rafale de graines qui se plantèrent dans un arbre derrière elle.


Les graines d’arani étaient tout aussi dangereuses que ses spores. Lors de la pénétration à travers l’écorce, elles relâchaient de nombreux germes qui se développaient rapidement dans le corps. L’intrusion de ces germes étaient très douloureux, et nécessitaient une amputation si rien n’était fait.


Aï observa l’arani. Ses pattes frétillaient, et les jambes qui ressortaient toujours de sa corolle de pétales ne battaient plus que faiblement. La Sylve prit la lame de son couteau entre le pouce et l’index, et se força au calme. Elle n’avait pas le droit à l’erreur. Elle devait viser juste. La lame partit en virevoltant, et pénétra le bulbe central sans rencontrer de résistance.


Les pattes de l’arani se détendirent et la créature s’effondra au sol. La corolle se contracta. Aï jura, elle n’avait que quelques secondes pour sortir la malheureuse victime de la créature.


La Sylve dégagea son couteau et commença à déchirer les larges pétales de la corolle. Après quelques incisions précises, les fibres craquèrent, et la chasseresse put enfin voir l’étranger sortir de la poche de sucs gastriques de l’arani. Pour autant, il n’était pas encore tiré d’affaire.


L’étranger était un humain brun, à la pilosité étrangement distribuée sur le visage, comme s’il décidait où tailler et ou laisser pousser. Ses yeux étaient clos, et sa respiration était gênée par le mucus de l’arani. Son torse musclé se soulevait avec difficultés et ses jambes commençaient à convulser. La Sylve aspergea son visage avec de l’eau de sa gourde, et enleva le plus gros du mucus avec un chiffon en fibres végétales.


L’étranger toussa, cracha, et inspira une grande goulée. Ses yeux écarquillés étaient d’un vert à faire pâlir la jungle, et ses cheveux bruns restaient collés par le mucus qui restait sur sa tête.


— Merci, murmura-t-il.

— De rien, balbutia Aï en utilisant avec difficultés la langue de la République.


La Sylve avait appris cette langue dans les livres, aidée par les rares Sylves qui revenaient se ressourcer auprès de Sheshu de temps en temps. Et même si elle avait déjà échangé quelques mots avec des étrangers, elle ne savait pas si elle pourrait tenir une conversation entière.


— Que faisais-tu…là ? Dans l’arani ?

— L’arani ?

— La… plante. L’arani, dit-elle en indiquant le cadavre.

— Je cherchais des traces d’un ancien temple dans les environs. Votre arbre est le plus grand d’Ovéa, et je me demandais si je ne pouvais pas trouver des constructions. Je suis monté sur un arbre, j’ai été surpris par un lézard, et je suis tombé directement dans cet… arani.


Aï ferma les yeux pour se concentrer. L’humain venait de donner beaucoup d’informations d’un coup, et elle avait du mal à suivre dans la langue de la République.


— Je… connais les environs de Sheshu. Je n’ai jamais vu de… constructions autour de son pied. Pourquoi ne pas demander à Maata ? C’est notre… ancienne.

— J’ai déjà demandé à Maata, mais elle n’a pas voulu me répondre. J’ai fait chou blanc, je vais aller chercher ailleurs.

— A cette heure-là ? s’étonna Aï. On est à trois heures de Sheshu, on n’y arrivera pas avant la nuit. Il vaut mieux camper ici. Il y a une rivière près d’ici. Aller me remplir la gourde, je prépare un… comment vous dites, pour doholo… Un hamac. Lorsque vous serez revenu, préparez un feu. Je vais préparer l’arani.

— Elle se mange ? demanda l’humain, étonné.

— Pas tout. Mais certaines parties cuites. Mmmm…


L’humain se dirigea vers le cours d’eau, et Aï découpa plusieurs fibres qu’elle tressa rapidement. Elle obtint deux hamacs qu’elle fixa à une branche solide en hauteur. Elle s’attaqua ensuite au débitage de l’arani. L’humain revint assez rapidement, ramassa des feuilles et du bois sec, et sortit un cylindre de métal, réhaussé d’une demi-sphère en métal. D’un mouvement du poignet, il activa l’objet et une lame de lumière en sortit, qu’il approcha du tas pour démarrer le feu. D’une dernière manipulation, il fit disparaitre la lumière.


— C’était quoi ? demanda Aï, impressionnée.

— Ça ? C’est ma rapière plasma. Assez utile. Au fait, je m’appelle Maximilien de Hiercourt.

— Maxi… quel nom très long, remarqua Aï.

— Tu peux m’appeler Max si tu veux.

— Et tu es venu ici seul juste pour ces… constructions que tu cherches ?

— Oui. Elles sont importantes pour moi. Pour… de nombreuses personnes.

— Pourquoi ?

— Ce serait long à expliquer.

— Alors explique moi.


Max commença à parler. Des Anciens. De la République. Des problèmes de la République. De la moisissure de la République. Il lui parla pendant leur repas des injustices, des merveilles de la Galaxie. Des étoiles, cachées par la brume sur Ovéa. De planètes recouvertes de sable, sans aucun arbre. D’arbres de métal dérivant dans l’espace, de fleurs de pierre et d’acier si grandes qu’un soleil semblait être leur bouton. De lieux recouverts de glace, de béton ou d’océans.


Aï écoutait tout, posait de plus en plus de questions, et obtenait de moins en moins de réponses à mesure que l’heure avançait. Elle se sentait tellement frustrée de ne pas pouvoir avoir plus de temps avec cet humain. Soudain, Max la coupa.


— Depuis tout à l’heure, tu me poses des tas et des tas de questions. J’en ai une pour toi. Tu sembles si intéressée par la Galaxie, l’extérieur de ta planète, par l’aventure… Qu’est-ce qui te retient de partir ?


Incapable de répondre, Aï se tut pour la première fois depuis sa rencontre avec Max. Alors qu’elle arrivait d’habitude à dormir sans problème dans la jungle, la Sylve ne put pas fermer l’œil de la nuit. Elle tentait d’apercevoir les étoiles, mais n’y arrivait pas… Lorsqu’enfin le soleil se leva, elle avait pris sa décision.


Le retour à Sheshu fut bien plus rapide qu’escompté. Aï accompagna Max toute la journée, et lorsque celui-ci se dirigea vers l’endroit où se posaient les vaisseaux, elle décida de le suivre.


— Je t’accompagne, annonça-t-elle à l’humain.

— Je ne pense pas que tu devrais venir avec…

— Peu importe, je viens. Je t’ai sauvé la vie, je viens.

— Si c’est le cas, on va mettre au point quelques règles. Le vaisseau que tu vois derrière m’appartient, j’en suis le capitaine. Je donne les ordres.

— Pas de soucis, du moment que je suis la deuxième à commander, conclut Aï en s’engouffrant d’un pas conquérant dans le vaisseau de l’humain.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Ellumyne

Très joli texte également @Malemort (Down) pour le défi projet. Ça me donnerait presque envie de le voir en version film juste pour voir une fleur s'enfuir xD. Mais sinon, Max, il s'en sort plutôt bien après un passage au cœur d'une plante potentiellement mortelle.


Le 09/07/2021 à 17:42:00

















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