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Ar_Sparfell![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Erin McKay - Prémice(par Ar_Sparfell)Le commandant du campement les attendait devant la tente. Il a décollé sa chemise de treillis de son dos moite de sueur et a passé une main dans ses cheveux coupés en brosse. Ils s’étaient fait désirer ceux-là .
Les pneus de la jeep ont crissĂ©, soulevant un nuage de poussière orange, et 4 personnes en uniforme ont sautĂ© au sol. L’un d’eux s’est immĂ©diatement approchĂ© du commandant et a claquĂ© un salut militaire. — Commandant Moore je prĂ©sume ? a-t-il dit en avisant le grade de l’homme. Je suis le capitaine Milkos, du 15ème rĂ©giment. Le commandant a acquiescĂ© d’un air satisfait en lui rendant son salut. — On vous attendait Capitaine. On a subi beaucoup de pertes dernièrement, votre soutien ne sera pas de refus. Ensemble, il regardèrent un des soldats guider les trois vĂ©hicules blindĂ©s qui suivaient la Jeep. Au total, une trentaine de militaires en descendrait et viendrait renforcer ce camp. Le 15ème Ă©tait un très bon rĂ©giment qui avait fait ses preuves dans de nombreuses batailles tout autour de la galaxie. Leur arrivĂ©e permettrait aux soldats du camp de souffler un peu. Avec eux, ils pourraient mĂŞme repousser les rebelles au-delĂ de Babelon Ashtarak d’ici la fin du mois.
— J’ai appris que vous aviez un mĂ©dic dans votre rĂ©giment. Il est lĂ ? — Affirmatif. Le capitaine a passĂ© un regard rapide sur la dizaine de silhouettes qui s'agitaient maintenant autour des vĂ©hicules nouvellement arrivĂ©s. Il a dĂ» trouver celle qu’il cherchait puisqu’il a ouvert les Ă©paules, s’est inclinĂ© en arrière et a hurlĂ© de toute la puissance de sa profonde voix. — MCKAAAYYYY ! Une des silhouettes s’est immĂ©diatement stoppĂ©e et a rejoint son capitaine en trottinant. Son treillis poussiĂ©reux et son Ă©quipement complet Ă©taient semblables Ă tous les militaires de cette base. Mais son visage, lĂ©gèrement rougi par la course et la chaleur ambiante, ne ressemblait pas au visage carrĂ©, barbu et viril du capitaine. Le medic possĂ©dait au contraire un visage fin, un petit nez retroussĂ© et des yeux verts en amande. Sous son casque, ses cheveux courts, collĂ©s par la sueur, Ă©tait d’un roux terne. — Capitaine McKay, mĂ©decin principal du 15ème rĂ©giment, Ă vos ordres mon Commandant ! InterloquĂ©, le commandant regardait tour Ă tour les deux capitaines face Ă lui. — Mais...mais...mais c’est une femme ! Le capitaine Milkos a levĂ© un sourcil et a regardĂ© son mĂ©decin, comme s’il venait soudain de s’en rendre compte. — Nooooon ! Heureusement que vous me le dites mon Commandant, je ne l’avais pas remarquĂ©. (un silence s’est installĂ© entre eux, Milkos retenait un sourire malicieusement insolent) Du coup on en fait quoi ? On la renvoit ? Un regard de dĂ©fi est passĂ© dans les yeux du mĂ©decin. Qu’ils essayent donc de la renvoyer… Elle allait leur montrer de quel bois elle pouvait se chauffer !
Comprenant enfin l’absurditĂ© de la situation, le commandant a laissĂ© Ă©chapper un petit rire nerveux. — Excusez-moi Capitaine, nous n’avons pas l'habitude de voir des femmes dans ce coin-ci. Encore moins des femmes mĂ©decins. McKay a balayĂ© la remarque d’un geste de la main. — Vous en faites pas mon Commandant, je commence Ă avoir l’habitude. Bon alors, oĂą qu’ils sont vos blessĂ©s ? Le commandant a attrapĂ© un militaire qui passait Ă cĂ´tĂ© de lui. — Soldat, va accompagner le toubib Ă l’infirmerie. Le militaire, qui ne devait pas avoir plus d’une vingtaine d'annĂ©es, a claquĂ© un salut retentissant et a accompagnĂ© McKay jusqu’à une tente un peu plus loin.
La tente kaki Ă©tait immense, et sur le dessus, une croix rouge et blanche rayonnait sous le soleil brĂ»lant. L’intĂ©rieur Ă©tait Ă©videmment surchauffĂ©, et malgrĂ© les grandes pales du ventilateur qui brassait l’air, l’atmosphère Ă©tait Ă©touffante. Une entĂŞtante odeur de mĂ©dicament, de sang et de mort saturait l’espace. Des gĂ©missements disparates rĂ©sonnaient faiblement au loin. Un adjudant, la trentaine tout juste atteinte, donnait des ordres rapides Ă une poignĂ©e de jeunes soldats. McKay l’a accostĂ©. — Vous ĂŞtes l’infirmier principal du camp ? Je suis Erin McKay, mĂ©decin au 15ème. L’infirmier s’est stoppĂ© net. Reluquant McKay des pieds Ă la tĂŞte. Qu’est-ce qu’elle fout lĂ cette petite dame ? hurlait chaque mouvement de son visage. — Yes, Ma’am, c’est moi, a-t-il finalement rĂ©pondu dans un ton plein de dĂ©dain. McKay s’est immĂ©diatement raidie. Ses Ă©paules se sont crispĂ©es et ses sourcils se sont froncĂ©s. Son doux regard vert est soudain devenu terrible. Elle n’avait plus rien de la jeune femme pas très Ă©paisse, Ă©crasĂ©e sous son Ă©quipement. Elle Ă©tait le mĂ©decin principal, et elle n’allait pas se faire marcher sur les pieds par un infirmier. — Premièrement, c’est Capitaine, ou Ă la limite Docteur. Deuxièmement je dois te rappeler que tu es censĂ© saluer un officier supĂ©rieur ? Et au lieu de rester lĂ , les bras ballants comme un fruit, indique moi oĂą je peux poser mes affaires ! Surpris par ce revirement brutal, l’infirmier a pris un air penaud et a claquĂ© un salut maladroit. — A vos ordres, mon Cap...heu...Capitaine, a-t-il bĂ©gayĂ© — Et tant que tu y es, montre moi les locaux. Ces blessĂ©s ne vont pas se soigner tout seuls !
5 mois plus tard
Une simple mission de récupération d'otages. On rentre, on récupère les journalistes, et on s’en va. Les ordres du briefing résonnaient encore dans l’esprit d’Erin McKay. Et pourtant, ce briefing avait eu lieu plus de 12h auparavant. Une mission de routine, pensait-elle en chassant la poussière qui lui recouvrait le visage. Tu parles ! Evidemment que ça allait dégénérer. La moitié du 15ème régiment s’était mis en marche vers la ville de Babelon Ashtarak, toujours en proie à de violents combats depuis leur arrivée. Ils partaient pour une simple mission de récupération d'otages dans un quartier plutôt calme. Les otages, deux journalistes Trappistins, s’étaient fait enlever alors qu’ils tournaient un reportage sur les conditions de vie des habitants de la ville en guerre. V’là bien une idée de journalistes ça… La mission de routine s’était rapidement transformée en enfer lorsque le 15ème s'était retrouvé encerclé par deux patrouilles rebelles qui n'auraient pas dû se trouver à cet endroit. Le capitaine Milkos, le capitaine McKay et les dix soldats du régiment avaient rapidement dû trouver refuge dans une habitation délabrée. Les rebelles tenaient leur position en face, mais ne semblaient pas décidés à les attaquer de front. Le régiment avait demandé des renforts. Mais ceux-ci mettraient encore deux bonnes heures avant d’arriver. Voilà où ils en étaient. Douze silhouettes tapies derrière des murs en ruines. Douze ombres transpirantes sous le soleil de plomb. Douze petits soldats tout équipés qui retenaient leur souffle.
Erin a fait le tour des hommes présents du regard. Certains, les yeux fermés, semblaient dormir ou se reposer. D’autres, plus stressés, jouaient nerveusement avec la sangle de leurs armes ou de leur radio. Milkos, le dos appuyé contre la muraille, avait le regard perdu dans le lointain. A quoi peut-il bien songer ? Depuis le temps qu’ils travaillaient ensemble, Erin commençait à bien connaître “son” capitaine. Elle avait été affectée dans son régiment il y a 3 ans de ça, et, ensemble, ils avaient participé à de nombreuses opérations sur diverses planètes. Milkos avait été l’un des premiers à ne voir en elle que ce qu’elle était vraiment : un médecin volontaire et compétent. Il n’avait pas dédaigné son corps maigrichon et ses 1m60 en lui disant qu’une femme n’avait rien à faire dans un régiment d’élite. Il avait choisi de lui faire confiance. Bien sûr, le régiment s’était un peu adapté, et il n’était pas rare que, spontanément, un soldat prenne l’équipement médical qu’elle était censée porter. Erin était peut-être capable de supporter bien plus qu’une femme de sa corpulence lambda, mais elle n’était pas aveugle non plus.
L’arrivĂ©e d’une des sentinelles a brusquement interrompu ses pensĂ©es. — Mon capitaine, les rebelles bougent ! ImmĂ©diatement, Milkos s’est redressĂ©, tous les sens en alerte. Il s’est faufilĂ©, moitiĂ©-rampant, moitiĂ©-marchant jusqu’au poste d’observation de la sentinelle, Erin et le soldat sur ses talons. — Que se passe-t-il ? a-t-il chuchotĂ© au deuxième soldat qui avait Ă©tĂ© dĂ©signĂ© guetteur. — On sait pas trop. On a vu deux gars rentrer dans le bâtiment d’en face, lĂ . La porte bleue qui est juste lĂ . Ils faisaient rouler une sorte de machine. Comme les gros groupes Ă©lectrogènes d'antan, vous savez, lĂ ? Mais en plus gros encore. Et tout noir. Depuis, plus rien. — C’était il y a combien de temps ? — Je dirais moins de 2 minutes avant que Calvez aille vous chercher, lĂ . Pas plus. Milkos s’est retournĂ©, dos au bâtiment pour rĂ©flĂ©chir. Il a enlevĂ© son casque, Ă Ă©bouriffĂ© ses cheveux trempĂ©s et l’a remis. — Qu’est-ce qu’ils veulent bien faire avec un ancien groupe Ă©lectrogène. Ces trucs ne servent plus Ă rien maintenant. — Ils veulent peut-ĂŞtre se faire cuire des pâtes comme Ă l’ancien temps ? a suggĂ©rĂ© le dĂ©nommĂ© Calvez. Milkos lui a lancĂ© un regard sombre. Signe qu’il n’apprĂ©ciait que très moyennement ce genre de rĂ©flexions stupides. Surtout dans ces conditions. — Tu penses Ă quoi ? a alors murmurĂ© Erin pour recentrer la rĂ©flexion. Une arme quelconque ? Il a secouĂ© la tĂŞte, impuissant. — J’en sais rien, McKay... Et c’est justement ce qui m’inquiète. — Les renforts n’arriveront pas avant une heure et demie. Une heure si on a de la chance. Tu penses qu’on va... Mais elle n'a pas pu terminer sa phrase. Un bruit retentissant a dĂ©chirĂ© le calme oppressant du quartier. Comme une dĂ©flagration sourde.
Une fraction de seconde après, une secousse forte a semblĂ© frapper l’immeuble d’à cĂ´tĂ©, tandis qu’une onde violette le traversait de part en part. — What the hell ! s’est exclamĂ© Calvez Ă mi-voix. — Me dites pas qu’ils ont des sorciers...des augmentĂ©s, lĂ ...sinon ça va vite devenir impossible, a grognĂ© le deuxième soldat entre ses dents. Ă€ cĂ´tĂ©, la dĂ©flagration avait rĂ©veillĂ© les autres membres du rĂ©giments. Ceux-ci, tous les sens aux aguets, avaient les yeux rivĂ©s sur leur Capitaine. Ils attendaient un ordre. — Tu penses qu’ils ont un mage avec eux ? a demandĂ© Erin. Je croyais que les mages Ă©taient tous de notre camp pourtant. Milkos ne lâchait pas des yeux la façade de l’immeuble d’en face. Il a rĂ©pondu d’une voix lointaine, presque mĂ©caniquement. — Nan, c’était pas un mage. C’est une arme utilisĂ©e par notre armĂ©e ça. — C’est vraiment une arme homologuĂ©e ça ? — Yup. La question, c’est comment les rebelles ont rĂ©ussi Ă mettre la main dessus ? — Et comment on fait pour pas se prendre la prochaine dĂ©flagration ? a murmurĂ© un des soldats plus loin. Un frisson a parcouru tout le rĂ©giment et Milkos a lancĂ© Ă cet homme un regard meurtrier. Tout le monde avait Ă©videmment compris la menace. Mais le fait de l'Ă©noncer Ă voix haute n’arrangeait rien au stress ambiant. Le capitaine a fait courir son regard sur tous ses hommes. La plupart avait blanchi sous leurs casques lourds. De nombreuses mains jouaient dĂ©sormais avec la sangle des armes. Tous avaient le regard braquĂ© sur lui. Il a serrĂ© les dents. Il fallait qu’il prenne une dĂ©cision pour tous les sortir de lĂ . Il le savait. Mais il n’en a pas eu le temps. Une nouvelle dĂ©tonation a dĂ©chirĂ© l’air.
— A TERRE ! a hurlĂ© Milkos en se jetant sur la personne qui Ă©tait la plus proche de lui : Erin. SoulevĂ©e de terre par la masse de son capitaine qui lui tombait dessus, ils ont roulĂ© tous les deux au sol. Avant mĂŞme qu’Erin ne comprenne exactement ce qu’il s’était passĂ©, une Ă©norme force l’a foudroyĂ©e sur place, lui broyant tous les organes. Le temps a semblĂ© se geler et elle a vu des pierres tomber et rouler autour d’elle.
Qu'est ce que je fais ici, déjà ? Que se passe-t-il ?
Elle avait conscience qu’un poids douloureux pesait sur son dos et ses flancs. Comme si quelque chose était sur elle.
Je suis ensevelie sous quelque chose… Est-ce quelqu’un ? Pourquoi serais-je sous quelqu’un ?
Un liquide chaud s’est mis à couler dans son cou. Le long de sa joue. Puis il remontait sur l'arête de son nez. L’odeur métallique et entêtante qui s’en dégageait ne laissait que peu de doute sur sa nature.
Ce n’est pas du jus de citron… Réprimant un haut le cœur, son esprit embrumé a terminé sa pensée. ...mais plutôt du jus de cerveau.
Elle a tenté de repousser la masse qui lui broyait désormais les côtes. Mais ses mouvements étaient désarticulés et gauches. Elle a enfin réussi à se dégager. Sa vision était couverte d’un voile de brume. Ses yeux ont mis quelques minutes avant de faire la mise au point. Puis elle a contemplé, hébétée, la dizaine de corps étendus dans des mares de sang grandissantes. Son regard hagard s’est finalement posé sur celui qui l’avait protégé. Faisant de son corps un bouclier pour elle. Milkos. Son capitaine. Elle distinguait ses jambes, son buste, ses bras inertes qui l’avaient enlacée. Mais à la place de sa tête, elle ne pouvait voir qu’un trou béant.
Plus de tĂŞte. Plus de casque. Plus rien.
Le sol s’est mis à tanguer dangereusement sous les jambes chancelantes d’Erin. Elle a perdu l'équilibre et sa vue s’est brouillée avant même de toucher le sol.
Avant de sombrer complètement dans l’inconscience, une pensée l’a traversée : Si le médic est blessé. Qui va le soigner ?
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