Un coup au buste. Un dans les jambes. L'Ă©pĂ©e d'Arthur s'abattait avec violence sur le mannequin d'entraĂ®nement devant lui. Il avait besoin d'extĂ©rioriser ses sentiments. VoilĂ  dĂ©jĂ  presque deux semaines que l'attaque du château avait eu lieu. Alya et Eleanor tenaient leur parole : elles mettaient leur pouvoir au service du royaume pour rĂ©parer les dĂ©gâts qu'elles avaient commis.

Mais le jeune prince n'était pas serein. Il n'avait aucune confiance en Eleanor. La jeune fille s'était repentie et excusée, mais... Il sentait au plus profond de lui qu'elle était dangereuse. Et cette impression ne faisait que grandir depuis le procès. On ne renonçait pas en quelques jours à une idée de vengeance qui nous faisait tenir debout depuis des années. c'était impossible. Cela cachait quelque chose. Et puis…

Il n'y avait pas que cela. Il avait à peine pu parler avec Alya depuis son retour. Pourtant, ils ne s'étaient jamais rien caché. Jamais. Mais leur lien s'était comme rompu depuis l'épisode de l'auberge, lorsqu'elle avait révélée sa vraie nature. Et il était jaloux. Voilà. C'était dit. Il était jaloux de la sœur perdue et retrouvée qui passait tout son temps avec son amie d'enfance. Pourtant, il savait que ce sentiment était indigne d'un chevalier, d'un prince, d'un ami. Mais il n'y pouvait rien. Cette jalousie le rongeait. Et il la refoulait, l'entravait, refusait qu'elle éclate au grand jour.

De plus, ces deux sentiments, entremêlés, causaient de véritables déchirements à Alya. Il le voyait. Il le savait. Chaque fois qu'il se montrait désagréable avec Eleanor, acerbe, Alya se décomposait, attristée par le manque d'affinité entre sa jumelle, sa seconde moitié, et son meilleur ami. Mais Arthur n'arrivait à laisser derrière lui ses rancœurs. Rien n'y changeait. Il aurait voulu qu'Eleanor n'existe pas. Pour que tout continue comme avant. Pour que leur lien ne se brise jamais.

Soudain, un cri retentit. Un cri strident. Comme un appel à l'aide. Cela le sortit de ses sombres pensées. N'écoutant que son devoir et son courage, le chevalier s'élança dans la direction du danger potentiel. Mais une fois sur place…

Eleanor était déjà là. Le sourire aux lèvres. Les mains levées pour maintenir en suspension la poutre qui s'était effondrée sur une jeune fille de 13 ans environ.

Arthur voulait passer inaperçu, afin de ne pas montrer qu'il était arrivé trop tard pour accomplir son devoir. Mais…

Il trébucha. Dans une flaque de boue. Et s'écroula. Dans cette même flaque. Il se releva aussitôt, comme si de rien était. Mais il surprit les regards plus qu'amusés des deux filles, ainsi que leur visage refoulant un fou rire.

Rouge de honte, mais tenant à garder une certaine dignité, il tourna les talons et reprit la direction de la cour dans laquelle se trouvait le mannequin. Mais son orgueil en avait pris un sacré coup. Toujours à cause de cette fille.

Non. ce n'était pas de sa faute. C'était la sienne. Il aurait agi exactement de la même manière qu'elle dans une pareille situation. Décidément, il devrait se contenir à l'avenir, s'il ne voulait pas créer d'avantage de séparation entre Alya et lui, par le biais de sa jumelle.