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Silwek![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Douleurs partagĂ©es(par Silwek)Shekhar rejoint ses appartements bien après que la nuit ait recouvert la citĂ© sainte. Il redoutait le calme et la solitude de sa chambre et resta de longues minutes dans l’entrĂ©e, indĂ©cis. Aucun domestique ne se prĂ©cipita pour le dĂ©shabiller ou lui prĂ©parer un bain dĂ©lassant, il n’était que Shekhar, premier serviteur de l’Avataréïs Sanda Silavata, la dĂ©esse incarnĂ©e. Finalement, il se laissa tomber dans un fauteuil. DĂ©jĂ , sa douleur se rappelait Ă lui, frappant dans sa poitrine comme une lame de poignard explorant son cĹ“ur. NĂ©anmoins, il souriait. La simple image de son aimĂ©e se matĂ©rialisant dans son esprit provoquait en lui un tourment dĂ©licieux. On lui avait dit que ce sentiment Ă©tait artificiel, elle s’était mĂŞme enfuie pour le soulager, lui et tant d’âmes aliĂ©nĂ©es Ă sa prĂ©sence. Il se l’était rĂ©pĂ©tĂ© maintes fois, il n’avait jamais rĂ©ussi Ă s’en convaincre. — Elle est partie, souffla-t-il. Il se prit la tĂŞte dans les mains et poussa un long soupir. Rassemblant ses dernières forces, il se leva, mangea un simple fruit et se prĂ©para pour la nuit.
Un coup discret. Émergeant des rares heures de sommeil qu’il avait pu obtenir, il se glissa mollement hors du lit. Comme toujours quand elle Ă©tait pressĂ©e, Sanda n’attendit pas et fit ouvrir la porte Ă sa servante. Shekhar entra dans le salon avec une longue tunique de nuit, bâillant largement pour chasser la fatigue. — Shekhar ? Elle portait une tenue Ă©laborĂ©e de voilages et d’étoffes lĂ©gères mĂŞlant subtilement les nuances de rouge et d’orange pour lui rappeler ses flammes. Ă€ ses pieds nus, elle arborait des bracelets de chevilles aux clochettes d’or flambant neuf. Et sur sa tĂŞte, son voile Ă©tait recouvert d’une couronne complexe de chaĂ®nettes d'or, de rubis et de diamant. — Ah ! Tu es lĂ , s’exclama-t-elle. Tu aurais pu t’habiller un peu plus. Elle dĂ©tourna pudiquement la tĂŞte. ParĂ©e entièrement de sa tenue officielle, sa dignitĂ© habituelle prit des airs de contrariĂ©tĂ©. Shekhar Ă©tait trop las pour ĂŞtre offensĂ©. — Si j’avais eu le temps, je l’aurais fait. (Il jeta un Ĺ“il Ă la fenĂŞtre.) Je suis surpris de te voir dĂ©jĂ prĂŞte, dois-je m’inquiĂ©ter ? Elle fronça le nez et s’assit sans manières dans son fauteuil, rappelant que derrière la dĂ©esse se trouvait une adolescente. La servante muette se plaça en retrait, sans un bruit. — Je voulais m'assurer que tu n’ais rien oubliĂ©, lança Sanda. Shekhar tira une chaise et s’installa près d’elle. — Ne serait-ce pas Ă moi de dire ça, plutĂ´t ? Leurs regards se croisèrent et un voile sombre passa derrière les flamboyants iris de Sanda. Elle avait lu ses Ă©motions, il le savait. — Tu dĂ©sires partir la retrouver ? demanda-t-elle en se dĂ©tournant. Comme Kaylan, comme Pran ? Ses mots le blessèrent d’autant plus que la mĂŞme dĂ©tresse se lisait dans les yeux de la jeune femme, il n’avait besoin d’aucun pouvoir pour le deviner. — MĂŞme si je le voulais, elle ne souhaite pas ĂŞtre retrouvĂ©e. Tu le sais aussi bien que moi. Elle tritura l’un de ses voiles avant de dresser fièrement le menton et sourire. — Je peux te soulager, annonça-t-elle. J’ai trouvĂ© un sort qui annulera le sien. Shekhar s’adossa Ă son siège, les sourcils froncĂ©s. Il n’y avait que deux manières de manipuler l’esprit. Sachant qu’il avait dĂ©jĂ fait le tour de la première, il craignait ce qu’il allait entendre. — OĂą ça ? demanda-t-il froidement. Le sourire de Sanda s’effaça. Il en Ă©tait maintenant certain, elle envisageait d’utiliser la magie du sang, la magie interdite. — Peu importe, je le fais pour toi. Pour que tu te libères de son emprise. — Qui te dit que c’est ce que je veux ? Et tu ne l’as pas encore lancĂ© sur toi-mĂŞme, n’est-ce pas ? Elle se leva d’un bond et lui tourna le dos. — Si tu es si intelligent, pourquoi choisir de souffrir ? Tout ça c’est pour de faux. Ce n’est rien d’autre que son dĂ©sir d’être aimĂ©e qui a Ă©tĂ© perverti par son pouvoir. — Dis-moi dans les yeux que tu en es certaine, que tout ce que tu lis en moi est factice. Et alors, oui, j’irais moi-mĂŞme chercher quelqu’un pour l’effacer. Mais je ne te laisserais pas commettre une telle hĂ©rĂ©sie. Pas toi. — Tu ne veux pas gâcher ton travail, c’est ça ? dit-elle tout bas. Shekhar grogna et se leva Ă son tour. — Parce que tu es Sanda Silavata et que tu es importante pour bien trop de monde, y compris moi. Elle se retourna, raide, le visage crispĂ© et une larme sournoise glissant sur sa joue. — J’ai besoin qu’elle revienne, Shekhar. (Elle commença Ă trembler.) Pourquoi ça fait si mal de penser Ă elle ? Et pourquoi je t’en veux ? Mais au lieu de se mettre Ă crier, elle avança et se blottit contre lui. Elle pleura avec pudeur, son corps de magicienne glacĂ© tressautant doucement et en silence entre ses bras. Il se sentait maladroit, comme d’habitude, mais le contact de Sanda ne le dĂ©rangeait plus autant. Il s’était pris d’affection pour cette enfant portant le fardeau de tout un Empire, si puissante en apparence et pourtant si ignorante du monde. C’est en elle et en son destin qu’il devait puiser la force d’avancer. Et puis, avec un peu d’espoir, Laxmi reviendrait auprès d’eux.
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