Amphithéâtre
(par Je Suis DĂ©solĂ©)(Thème : Perso secondaire)
[Ça arrive à tout le monde…>
Elle avait une chevelure dorée qui se perdait sur les champs de blé derrière elle, la récolte simulait au gré des vents les vagues d'un après-midi en mer. Elle inspirait, c'était la première fois que je tombais amoureux, elle ouvrait légèrement ses lèvres et y laissait entrer une bouffée d'air. Sans le savoir elle avait aspiré mes émotions, mes rêves, mes peines et mon âme. Mais je me devais de garder au moins la raison, si je paraissait bête me remarquerait-elle ? Je ne savais quoi faire pour me démarquer, mais alors que dans le flou d'une réflexion profonde je m'écartais du réel ma raison s'envola comme un oiseau prenant son envole.
Ces yeux azur avaient croisé les miens, son parfait visage fut reflété sur mes iris, alors rendue fou par cet ange je fermais les yeux rougissant comme une lune de sang. Nous n'étions alors plus que deux dans l'univers, l'entièreté du réel se retenait le souffle, l'ange aux cheveux d'or allait parler. Elle levait l'une de ces mains en ma direction, si gracieusement que j'eu la sensation de la voir s'envoler et par peur de la perdre je fit un pas dans sa direction. Mes mains étaient moites et je serrais fort la fourche à quatre dents qui me servait à ramasser le foin, je souhaitais la saluer mais aucun mot n'était digne d'elle et aucune étoile ne filait dans le ciel. D'un pas de plus je m'approchais et plus mon cœur me serrait plus je serrais la fourche. J'y pensais fortement, si je me ratais j'irais m'enterrer à l'autre bout du monde. Je vivrais en ermite aux côtés des bêtes. Elle me regardait, sa main encore levée, j'aurais dit qu'une éternité s'était déroulée mais moins d'une seconde avait passé. Alors je serrais les dents, elle était si belle, je serrais la fourche, j'étais si bête. Pris de folie je compris pourquoi la cage thoracique se nommait ainsi, il retient le cœur bestial des Hommes.
Je faisais un pas de plus vers elle, vers le paradis, mais je sentais mon pied glisser. Comme s'enfonçant dans les ténèbres, était-ce la fin ? Je tombais en arrière et lâchais la fourche qui se perdait un peu plus loin, tombant je ne voyais plus son visage mais le ciel et sentait le choc du sol sur mes fesses. Mécontent d'avoir écrasé sa nourriture, un bousier avait grimpé sur ma jambe. J'avais glissé juste devant l'eden pour finir couvert de honte. Le ciel était azur, comme ses yeux. Je me sentais observé, misérable, un instant j'étais seul avec elle nous étions des astres inexplorés et celui d'après je n'étais qu'un résidu de honte. Dans la bouse je me levais sautillant pour m'en dégager le plus rapidement possible, mais alors je l'entendais rigoler. Je me retournais sans la regarder et fuyait en courant, c'est décidé j'irais vivre à l'autre bout du monde.