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Eskiss![]() Spectacles![]() ![]() ![]() De vermeil Ă©claboussĂ©e - Rosemary(par Eskiss)« Avez-vous connaissance de la dernière nouvelle, ma chère ? Les Ravenblood se sont trouvĂ© une nouvelle fille le mois dernier. — Encore une ? » Avec un rire mĂ©prisant, la voluptueuse femme blonde savoure une gorgĂ©e de son verre. Puis se lève et se dirige d’une dĂ©marche fĂ©line vers la fenĂŞtre qui Ă©claire le salon oĂą elle se trouve. Elle s’abĂ®me dans la contemplation de la lune dont le reflet argentĂ© illumine sa peau pâle, presque translucide. Elle reprend, d’une voix acerbe : « Ils aiment Ă s’enticher de celles qu’ils trouvent dans la rue. Pour la plupart sauvages et sans Ă©ducation. MĂ©langer leur sang de cette façon… quelle tristesse pour l’honneur de nos Familles. — Et pourtant, nous dĂ©pĂ©rissons et eux croissent. Cette semaine encore, deux de nos enfants ont disparu. » Elle soupire et se tourne vers son interlocuteur avec une moue agacĂ©e. Bel homme dans sa quarantaine, les cheveux bruns soigneusement coiffĂ©s, la peau aussi pâle que la sienne. Celui-ci lui dĂ©coche un sourire moqueur « Je sais ce que vous pensez : nos ennemis lupins sans doute ? Voire l’Inquisition ? » Il secoue lentement la tĂŞte et croise avec dĂ©licatesse ses doigts fins sur ses genoux. « Si seulement. Mais nous avons perdu leur trace tout près de notre manoir. Impossible qu’un canidĂ© ait pu s’infiltrer aussi près de notre demeure sans ĂŞtre repĂ©rĂ©. Quant aux Inquisiteurs… leur force a beau croĂ®tre chaque jour, ils savent que nous affronter signerait leur arrĂŞt de mort tout autant que le nĂ´tre. Et de toute façon, ils y auraient forcĂ©ment des traces. Impossible qu’ils aient pu capturer ou tuer Tybalt sans y perdre des hommes — Comment ? Tybalt ? » Dans un bruit cristallin, le verre Ă©clate sous la pression de la main de la femme. Ses Ă©paules tremblent, ses pupilles argentĂ©es s’affolent. « Tybalt ? Mais c’était le plus prometteur de nos enfants ! Comment… — J’aimerais bien le savoir, ma Lady. Mais pour l’instant, aucune piste » Elle dĂ©tend progressivement son poing et essuie machinalement le sang sur ses mains avec un mouchoir. Ses lèvres s’arquent dans un sourire menaçant : « Qui que ce soit… il paiera »
Soudain, ils se figent, les sens aux aguets. Du bruit, plus bas. Des pas. Des éclats de voix, des bruits de lutte, un hurlement bref. Le cliquetis de l’acier, une voix qui s’exclame « Ne la laissez pas passer ! » et s’achève dans un râle d’agonie. Puis le silence. Encore plus angoissant que le vacarme qui l’a précédé. L’homme se lève avec vivacité et dégaine une dague en argent. Elle se contente de retirer ses chaussures et se tient prête à bondir. Ils entendent des pas se rapprocher. De façon irrégulière, un, puis deux, puis un. Une voix fluette qui chantonne. Qui s’arrête devant la lourde porte en bois du salon. Après quelques secondes qui leur paraît une éternité, elle s’ouvre en grinçant. Une jeune fille diaphane leur fait face. Quatorze ans tout au plus, des membres graciles, de longs cheveux argentés qui caressent sa nuque, d’immenses iris violets. Du sang coule le long de ses pâles poignets, en fine rigole qui goutte sur le sol. Il se décide à prendre la parole : « Qui es-tu ? Que fais-tu là ? » Elle a une mimique étonnée, comme surprise qu’il lui adresse la parole. « Je suis Rosemary, 5ème fille des Ravenblood. Et la raison de ma venue… »
Ils ne lui laissent pas le temps de prononcer un mot de plus. Lui se précipite sur elle et fend l’air de son arme en direction de sa tête, sa compagne se propulse contre un mur, prend appui et se jette sur elle en visant son cœur. D’un gracieux mouvement de tête, Rosemary esquive la lame puis fait dessine une arabesque avec son poignet. Dans un claquement sec, un fouet de sang se dresse et fauche la main qui menace sa poitrine. Les deux se jettent en arrière, elle feulant de rage en tenant son moignon contre elle, ses dents devenues canines aiguisés, lui méfiant, sa dague pointée sur son assaillante. Il grogne. « Tybalt, c’est toi, pas vrai ? » La jeune fille lui adresse un sourire mutin. « Il était délicieux ». Dans son dos, son sang se tord en serpents qui oscillent, dressés, comme prêts à attaquer. « Une Impie » frissonne l’homme « Tu dévores tes semblables… n’as-tu donc aucun honneur ? » Rosemary incline la tête, intriguée « Humains, vampires… vous avez tous le même goût, pourquoi devrais-je me priver d’un festin pour une question d’honneur ? » Et elle passe à l’attaque.
Ils prennent instantanément conscience qu’ils n’ont aucune chance. Elle est trop rapide, trop précise, ses fouets de sang, trop mortels. Elle est la première à mourir. Dans un bond désespéré pour esquiver une main griffue qui se tend vers son cœur, une vrille sanglante la décapite par surprise. Il accuse le coup, ses traits se tirent et il accélère. Dans un ballet hypnotisant, le duel se poursuit, lame argentée contre fouets vermeil, agilité et grâce contre force animale, pupilles fauves contre iris brillants. Il commet une première erreur, sa chemise se tâche de rouge, puis une seconde et sa dague s’envole, sa main encore crispée contre la garde. Il halète, cherche du regarde une échappatoire, se précipite vers la fenêtre. Sa course féline semble inarrêtable, il croise les bras pour se protéger des éclats de verre, trois étages, il sent l’odeur d’un humain dehors, il aura le temps de se régénérer et après… Une douleur fulgurante le cloue au sol. Il baisse avec difficulté les yeux sur sa poitrine, traversée par une immense pique de sang. Avec terreur il l’entend se rapprocher, puis son souffle chaud dans son cou « Vous et votre Famille n’étiez qu’une créature du passé. A ne vous nourrir que de faibles humains, à fuir les lupins, vous en avez oublié que vous aussi… vous n’étiez qu’une proie » Et elle plante ses canines dans sa nuque.
Accoudée à la fenêtre, Rosemary rêvasse. Un fin sourire étire ses lèvres rougies par le sang de ses victimes. Elle finit par se relever, lèche pensivement quelques gouttes de sang éclaboussant ses poignets. Demain, elle sait que toutes les Familles de la ville seront en émoi. Une des plus anciennes, éliminée en une nuit ? Ils se poseront des questions, trouveront des réponses. Impie. Ils la considéreront probablement comme une créature pitoyable, une bête furieuse à éliminer dès que l’occasion se présentera. Ils se rallieront contre l’hérésie qu’elle représente. Mais les Ravenblood… ils l’admireront. Et la protègeront. Le Pacte avec les lupins et l’Inquisition la protègera. Et les Familles disparaîtront. Elle ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Les prochaines années s’annoncent si excitantes. |