L'Académie de Lu





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Un jour de plus

(par Silwek)
(Thème : MĂ©lilĂ©mots 2)



Bien installée contre moi, ma fille n’écoute qu’à demi ma lecture, préférant regarder les images de la page suivante. J’y mets pourtant tout mon cœur, mais la patience n’est pas son fort. Les chiens ne font pas des chats.

Après une troisième dernière histoire, j’éteins la lumière et clos notre rituel du soir.

— Allez, ma grande, le marchand de sable est passé. On ferme ses petits yeux et on pense à de jolies choses. Bonne nuit, ma chérie.

Je guette une réponse avant de refermer la porte en douceur.

Sur la pointe des pieds, je vérifie une dernière fois que tout le monde va bien. Mon mari est concentré devant son écran, le casque vissé sur la tête, discutant joyeusement tout en jouant en ligne, ignorant parfaitement que je me tiens à quelques pas. Le chien a mangé, les chats sont tous rentrés, plus un bruit dans la chambre de Mélo.


On n’a plus besoin de moi.


Je m’installe dans mon lit, coussin dans le dos, épaisse couverture. Immédiatement, mes deux chats me rejoignent, l’un à mes pieds, l’autre contre mon épaule. Le téléphone en main, je peux enfin occuper mon esprit à autre chose, me complaire dans l'inaction et nier qu’un jour de plus je n’ai rien accompli, rien d’important, rien de notable.

Mon bras me lance, il se fait tard et mon mari discute encore de l’autre côté de la maison. Je capitule. J’éteins à contrecœur mon téléphone, quittant le monde des dehors, organisant déjà la journée à venir, me noyant d’avance dans un verre d’eau, comme toujours.


Je ne connais qu’un seul moyen de chasser les mauvaises pensées, je dois les submerger. Et rien de mieux que de les transformer en histoire.

D’abord, un mot, un nom, une idée simple.

Un personnage apparait. Ce soir, c’est Talik. Une pauvre fille qui m’accompagne depuis si longtemps qu’elle est devenue une partie de moi. Je visualise sa peau bronzée, son ample manteau noir, son regard mélancolique. Je me déconnecte du réel et glisse son esprit dans le mien. Mon lit se métamorphose en une mer tout juste tangible dans laquelle je dérive, les membres agréablement engourdis.

Un décor émerge à son tour.

Je lévite à quelques centimètres du sol, au bord d’un aplomb rocheux vertigineux. Au pied de la falaise, le désert s’étend. Mouvant. Fluctuant. Pourtant, il me faut avancer, ou la réalité s’immiscera à nouveau.

J’invoque mes souvenirs, ceux de Talik. Mon cœur se serre. Je vis sa tristesse, sa détresse, sa volonté, comme la mienne. Je nage dans des émotions qui ne m’appartiennent pas, et j’en redemande. Car je sais d’où elles viennent, je sais ce qu’elles sont. Et je sais qu’elle peut les surmonter. Elle y perdra des plumes, mais elle y arrivera.














Elbaronsaurus

je viens de lire est tout même. C'est un description d'un moment de vie qui marque la routine, une routine du soir entre l'apaisement et la solitude. C'est tranquille et triste à la fois. Et cette conscience qui embarque dans un demi rêve où l'on ne peut faire autrement que d'appeler un avatar qui nous ressemble, qui a les mêmes émotions que nous, des pensées similaires. Un avatar que l'on ne connait que trop bien. l'individu pris en étau dans une capitulation fataliste.Ton texte est simple certes, mais efficace.


Le 09/04/2021 à 17:37:00

















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