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Zandra-Chan![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Duel(par Zandra-Chan)Elle me fixe mĂ©chamment. Ou plutĂŽt, elle me toise â on fait pourtant la mĂȘme taille. Elle me toise avec un regard froid et un sourire narquois. Parce quâelle sait ce que je pense et je pense⊠non⊠je sais que je ne peux pas gagner. Les bras croisĂ©s, elle patiente. Elle sait trĂšs bien que, mĂȘme si je lance lâoffensive, elle pourra rĂ©pliquer sans difficultĂ©. Jâinspire profondĂ©ment, prĂȘte Ă lancer ma premiĂšre estocade, mais rien ne vient. Rien. Son sourire grinçant sâallonge. Jâai tout juste le temps de lever ma garde que son attaque fuse. — On a pas commencĂ© que tu es dĂ©jĂ Ă court dâidĂ©es ? Ce nâest que le dĂ©but de son assaut ; je sais que la suite arrive. Alors je me tasse, laissant le moins dâouvertures possible. — Tu comptes jouer la tortue, aujourdâhui aussi ? Tu sais que ça nâa jamais marchĂ© contre moi, nâest-ce pas ? Jâencaisse. Je ne peux pas faire autrement. Je ne sais faire que ça. Loin dâĂȘtre aussi habile quâelle, je ne peux que subir les coups. Le temps que je trouve comment riposter, elle a dĂ©jĂ lancĂ© une nouvelle attaque. — Tu glandes rien de tes journĂ©es, tu pourrais faire un effort au moins maintenant ! Les dents serrĂ©es et parfaitement incapable de rĂ©pliquer, je reçois â aujourdâhui encore â la mĂȘme claque.
Depuis quand est-ce que je prĂȘte attention Ă ce quâelle dit ? Depuis quand elle sâest incrustĂ©e sans que personne ne remarque rien ? Depuis quand elle me savate sans vergogne, tous les jours â et parfois plusieurs fois par jours â, sous couverture dâun âduel pour m'aguerrirâ ? Bien trop longtemps. MĂȘme si, en de rares occasions, je parviens Ă la refouler, Ă la repousser, Ă remporter un de nos combats, jâai toujours cette amĂšre sensation que câest inutile. Quâelle est telle une mer de culpabilitĂ© qui vient ronger, aussi lentement quâinexorablement, le petit rocher de mon assurance. Ou plutĂŽt que je nage dans une piscine Ă vagues de conscience, sans Ă©chelle, et quâelle mâentoure de murs, de falaises de critiques et de remontrances. ForcĂ©ment, au bout dâun moment, se dĂ©battre lĂ -dedans, ça Ă©puise.
Plus ou moins Ă lâabri derriĂšre ma garde, je lâobserve dâun Ćil torve â mais toujours un rien craintif. Alors quâelle continue Ă faire pleuvoir ses frappes plus ou moins sournoises, elle ferme soudain la bouche et sâimmobilise. Un frisson me parcourt lâĂ©chine. Ă sa posture, il est certain que câest le calme avant la tempĂȘte. Mes doutes sont vite confirmĂ©s : elle inspire Ă plein poumons ; je nâai pas le temps de lâarrĂȘter. — ArrĂȘte de te croire unique, de te penser spĂ©ciale. Tu rĂȘves Ă©veillĂ©e. Tâes quâun grain de sable⊠Par miracle, je peux prĂ©dire cette offensive. Je me redresse pour attaquer Ă mon tour. — ⊠à lâĂ©chelle de lâunivers, je sais, merci. Câest ton cas aussi, je rappelle. Une feinte. Son sourire vicieux me fait mal avant mĂȘme que je ne reçoive le coup. — ⊠un grain de sable dans l'Ćil de chacune des personnes que tu cĂŽtoies. Un caillou dans leur chaussure ! âFaut tâĂ©vacuer au plus vite. Ceele-lĂ , je ne lâai pas vu venir. Jâai pris le choc de plein fouet. Elle continue avec hargne, ses attaques se faisant de plus en plus lourdes. — Mais je tâen prie, puisque tu sembles enfin dĂ©cidĂ©e Ă rĂ©agir, vas-y ! Dis ce que tu penses ! Mes lĂšvres sont ouvertes, mais ma voix est scellĂ©e. Impossible de rĂ©pliquer. Je me tasse Ă nouveau. Je ne peux rien faire de plus quâencaisser. Je ne peux rien faire de plus⊠— Câest bien ce que je pensais. âSpĂšce dâincapable. Tâes vraiment irrĂ©cupĂ©rable ! Je lâentends qui continue de vocifĂ©rer derriĂšre ma garde qui sâeffrite peu Ă peu. — Une indĂ©cise qui passe ses journĂ©es Ă se morfondre, voilĂ câque tâes ! Ma garde vole en Ă©clats. — Tu sers Ă rien ! Tâes quâun poids mort ! Le monde se passerait bien dâtoi ! Chaque coup fait mouche et je plie sous la douleur. Des larmes me montent aux yeux. — Quâest-ce que tu fais encore lĂ , dâailleurs ? Parasite ! Son assaut me perce de part en part. La douleur me paralyse, se rĂ©pand, Ă toute allure, partout. Mes lĂšvres tremblent. Plus quâune contre-attaque, je parviens Ă placer une parade â une parodie de parade, vu quâelle nâattaque dĂ©jĂ plus. — JE SAIS ! Je sais ! Je sais⊠Tais-toi sâil te plaĂźt⊠Je sais tout ça. Je ne veux mĂȘme plus la regarder ; jâenfoui ma tĂȘte dans mes mains. Son ton acerbe ne fait quâajouter du sel sur ma plaie bĂ©ante. — Tu as admis. Tu as perdu. Encore. Elle clos le combat par une derniĂšre invective. — ImbĂ©cile. Le silence tombe. Les coups ont cessĂ© de pleuvoir, mais la douleur demeure.
De longues minutes plus tard, je relĂšve enfin les yeux. Lâimage que me renvoie le miroir est toujours la mĂȘme : une petite mĂ©tisse â jâaime dire bronzĂ©e de naissance, câest plus âpoĂ©tiqueâ â, aux cheveux noirs et aux yeux marrons. Une fille banale, prostrĂ©e sur place, aux yeux encore larmoyant et au fond desquels lâanimositĂ© nâa pas disparu ; elle est juste invisible aux autres. Invisible parce que tournĂ©e vers lâintĂ©rieur. |