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Zandra-Chan![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Deux survivantes(par Zandra-Chan)Comme tous les jours depuis que je me suis installée ici, je passe la porte-fenêtre pour aller prendre soin de mes plantes. Je plonge mon seau dans le récupérateur d’eau et commence ma tournée, pas le moins du monde inquiétée par les cyborgs qui se traînent en bas. J’ai fait le test : les Charognards ne sont pas assez intelligents pour chercher à prendre les escaliers internes, et comme mon building n’a pas d’escaliers de secours extérieurs… Et même s’il y en avait eu, les Mécaniques l’auraient déjà bouffé. Les journées se suivent, se ressemblent, s’écoulent lentement. Ça me convient bien. Cette terrasse presque constamment balayée par le vent, située à une vingtaine d’étages, est devenue mon sanctuaire, mon univers tout entier. Il y a un an, à peine quelques semaines après que les Transformés se soient écroulés, j’ai eu la chance de trouver cet endroit. Je le protège depuis des rares individus qui ont eu la bonne idée de lever le nez pour voir la verdure dépasser de la balustrade. Le réveil des Transformés en cyborgs le mois dernier n’a pas changé grand-chose pour moi qui était déjà hors d’atteinte et l’esprit tranquille, vu que j’avais déjà poussé tous les “cadavres” dans les étages inférieurs. J’ai “juste” dû barricader la porte de l’appartement que je me suis appropriée. Certes, je suis prisonnière en quelque sorte, mais je préfère être coincée dans un 80 m² plutôt qu’être en pièces détachées.
Le dernier humain – vraiment humain – que j’ai vu passer en bas, ça remonte Ă plus de trois mois. La dernière “visite”, Ă presque six mois. C’est pour ça que, ce matin, alors que je m’occupe du jardin-terrace comme Ă mon habitude, quand j’entends du bruit Ă©manant de la bouche d’aĂ©ration qui donne sur ma menthe poivrĂ©e, je ne rĂ©alise pas tout de suite ce qu’il se passe. Je reste immobile Ă fixer la grille d’oĂą Ă©manent des grognements d’effort. Ce n’est que quand j’ai la certitude que la personne qui s’agite lĂ -dedans va bel et bien ressortir sur ma terrasse que je parviens Ă m’élancer vers l’appartement. Je me suis rĂ©pĂ©tĂ©e la scène vingt fois, cinquante fois, cent fois. Mes mains tremblent quand mĂŞme alors que j’attrape ma hache – une petite hache de secours adaptĂ©e Ă mon gabarit. J’arrive juste Ă temps pour voir une fille sortir du conduit de ventilation. Mes sourcils s’élèvent d’eux-mĂŞmes alors que je dĂ©taille l’intruse : une ado pas plus grande que moi, des cheveux châtain clair attachĂ©s en une queue de cheval nĂ©gligĂ©e, des taches de rousseur en-dessous d’un regard noisette acĂ©rĂ©, vĂŞtue d’une tenue dĂ©contractĂ©e salie par le temps et sa rĂ©cente expĂ©dition dans les conduits. Mon regard s’arrĂŞte sur son arme. Un pistolet. Je dĂ©glutis et m’avance d’un pas pour qu’elle me remarque. Son expression est perdue et mĂ©fiante – au moins autant que la mienne, j’en suis sĂ»re. Suivant le procĂ©dĂ© que j’ai rĂ©pĂ©tĂ© encore et encore, je lui montre tour Ă tour les bandages que j’ai dans la main gauche, puis la hache que je tiens de l’autre. Une façon silencieuse de communiquer que j’ai piquĂ©e Ă un livre “d’avant”, pour le cas oĂą on ne parlerait pas la mĂŞme langue. Elle semble peser le pour et le contre, Ă©valuer la distance qui nous sĂ©pare, pendant que ses doigts se rapprochent de l’étui de son arme de poing. Je me tends. Si elle fait mine de s’en saisir, il va falloir que je lance l’assaut. PitiĂ©, soit pas dĂ©bile ! On a pas besoin de s’entretuer ! Comme si ma supplique mentale lui Ă©tait parvenue, elle se redresse un peu avant de dĂ©signer ma main gauche. J’écrase un soupir de soulagement et lui indique alors un petit panier près de moi, dans lequel se trouve dĂ©jĂ un vieux taser – une antiquitĂ© du XXIème siècle. Je recule pour lui laisser le loisir d’avancer. Quand nous sommes Ă©quidistantes du panier, je pointe son Ă©tui Ă pistolet, puis le petit contenant. Au bout de longues secondes de questions silencieuses et d’angoisse, nous lançons nos armes dans le panier, d’un tacite accord commun. Elle comme moi commençons enfin Ă nous dĂ©tendre. Enfin… “dĂ©tendre”... On est plus sur le point de s’écharper, au moins. J’inspire profondĂ©ment, essayant tant bien que mal de calmer mon cĹ“ur paniquĂ© et d’empĂŞcher mes mains de trembler. J’en pose une sur le buste. — Zandra. — Aya, me rĂ©pond-t-elle après un court silence.
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