L'Académie de Lu





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Academy Universe - ancien lore


Remise des diplĂŽmes

(par Schrödinger et Zandra-Chan)
(Thème : La remise des diplĂŽmes)



La curiositĂ© me ronge. Quand bien mĂȘme je sais trĂšs bien que je devrais me prĂ©parer un minimum pour la cĂ©rĂ©monie d’aujourd’hui — mĂȘme si je n’y suis conviĂ©e qu’en tant que spectatrice —, j’allume mon ordinateur. Je suis vraiment trop influençable
 ou prĂ©visible ? Pour que Malkym, que je ne connais pourtant que depuis peu, puisse viser aussi juste en m’offrant un jeu vidĂ©o
 TiraillĂ©e entre l’envie de voir ce que j’ai reçu et la culpabilitĂ© de ne pas faire ce que je devrais, je reste quelques secondes Ă  agiter mon curseur dans le vide. Il finit par glisser lentement vers le dernier icĂŽne apparu sur mon bureau et le jeu se lance. Et “la curiositĂ© tua le chat”. Bon, je vais pas en mourir, mais
 Et puis, si c’est sympa, je pourrais le streamer, comme Malkym l’a suggĂ©rĂ©. AprĂšs un Ă©cran noir un rien trop long Ă  mon goĂ»t, l’écran titre apparait.


Untitled Cat Game




 Marrant comme ça me rappelle autre chose
 Bien. Alors
 Je lance une “nouvelle partie”, frissonnant de plaisir Ă  l’idĂ©e de commencer un jeu.

Un nouvel Ă©cran noir prolongĂ© me fait froncer les sourcils, avant qu’un fondu Ă©trangement saccadĂ© ne me rĂ©vĂšle une simple boĂźte en carton.


PosĂ©e sur l’une des branches d’un sapin du petit bois de l'AcadĂ©mie, la boĂźte en question, en apparence ordinaire, s'agite soudainement, faisant s'envoler quelques oiseaux. Il faut quelques secondes Ă  son occupante, plongĂ©e dans une obscuritĂ© que ne trouble mĂȘme pas un fin trait de lumiĂšre, pour remettre un peu ses idĂ©es en place aprĂšs la petite dĂ©charge qui vient de la rĂ©veiller. Elle se souvient s'ĂȘtre endormie contre un arbre, dans une forĂȘt censĂ©e accueillir de sympathiques petites bestioles
 Et elle se retrouve roulĂ©e en boule dans une sorte de
boĂźte ? Avec un soupir qui laisse rapidement sa place Ă  un bĂąillement, elle se redresse, encore un peu groggy.

"Ok, c'est quoi ces conneries?" pense-t-elle.

— Miaou mya mrow? dit-elle, Ă  sa grande surprise, soudainement parfaitement Ă©veillĂ©e. "Attends, quoi?!"


Suivant les rares consignes qui s’affichent Ă  l’écran, je secoue le carton qui s’ouvre, laissant apparaĂźtre au grand jour mon personnage : un chat blanc comme neige.


Le carton, jusqu’alors en Ă©quilibre sur la branche, tombe Ă  terre, envoyant bouler le chat immaculĂ© qui atterrit de justesse sur ses quatre pattes avec un miaulement de surprise. La jeune femme piĂ©gĂ©e dans ce corps inconnu se calme cependant rapidement devant l’absence de danger visible. Le bref accĂšs de panique passĂ©, c’est la curiositĂ© qui prend le dessus : c’est bien la premiĂšre fois qu’elle se retrouve dans la peau d’un matou ! Au moins, ça explique pourquoi elle ne sent pas la prĂ©sence de ses petits Ă©missaires dans son esprit, pour une fois
 Elle Ă©vacue cette prĂ©occupation d’une pensĂ©e nonchalante.

"Bah ! On verra ça plus tard! Faut juste pas que je reste comme ça trop longtemps, mais en attendant
 Ça peut ĂȘtre marrant d’ĂȘtre un chat!"

Et un chat
 vraiment bizarre, maintenant qu’elle prend cinq minutes pour examiner son corps d’emprunt. DĂ©jĂ , c’est un mĂąle, et rien que ça, ça change un peu. Ensuite, elle a les pattes avant un peu transparentes, des fourmis dans les pattes arriĂšre et
 pas de pouls ?!

"D’aaccord, ça, effectivement, c’est inquiĂ©tant. On dit que les chats ont neuf vies, ok, mais là
"


Le carton Ă©tant Ă  prĂ©sent en hors-champ, je me doute que la cinĂ©matique d’introduction est terminĂ©e. Je n’ai mĂȘme pas encore fait avancer le chat au design intĂ©ressant que le jeu glitche soudain, changeant quelques textures, et notamment la couleur de mon avatar qui redevient rapidement blanc. Oulà
 Je le sens moyen le jeu, d’un coup
 Il est pas stable ? Un peu inquiĂšte pour l’intĂ©gritĂ© de mon ordinateur, je change d’application par un rapide raccourci clavier et ouvre une courte recherche de donnĂ©es corrompues, masquant la fenĂȘtre de jeu. L’examen des fichiers me donne un rĂ©sultat:


"reality.dll a été altéré"


Mes sourcils, dĂ©jĂ  froncĂ©s par l’inquiĂ©tude, descendent encore, d’incomprĂ©hension cette fois.


Prise d’une inspiration subite, Neige se retourne vers la boĂźte abandonnĂ©e plus loin, et y voit un autre chat, qui lui ressemble jusqu’au dernier poil de moustache, immobile Ă  l’intĂ©rieur. Avec un petit miaulement horrifiĂ©, elle se prĂ©cipite vers le fĂ©lin inanimĂ©.

"J’ai pas tuĂ© mon hĂŽte, quand mĂȘme!"

Elle va pour le secouer doucement de sa patte, espĂ©rant qu’il soit simplement dans les vapes, mais au moment oĂč ses coussinets entrent en contact avec la fourrure de son double, les deux chats se retrouvent aspirĂ©s l’un contre l’autre en un Ă©clair et, une seconde plus tard, le matou, dĂ©sormais noir et avec un petit cƓur qui bat, se retrouve perchĂ© sur une armure, dans les couloirs de ce qui ressemble Ă  un bĂątiment scolaire, oĂč s’activent d’étranges personnages.


N’ayant guĂšre plus d’explications de la console de commandes, je reviens sur le jeu. Attends
 mais
 j’étais pas lĂ , tout Ă  l’heure ! Et puis
 mon perso bouge tout seul ? Je reste mĂ©dusĂ©e devant le chat — devenu noir — qui se dĂ©place de lui-mĂȘme Ă  travers ce que je reconnais ĂȘtre l’AcadĂ©mie. Je secoue un peu brutalement mon curseur, interloquĂ©e par cette anomalie, et le chat s’immobilise. Mais qu’est-ce que
 Mes rĂ©flexions sont interrompues par l’apparition d’une premiĂšre tĂąche, en haut Ă  gauche de mon Ă©cran: faire tomber l’armure. La liste s’allonge rapidement avec des objectifs tous plus incongrus les uns que les autres. Voler l’archet du barde gĂ©ant ? Jouer Ă  l’apprenti faucheur ? Mais
 de quoi ?! Je reste quelques secondes immobile Ă  fixer mon moniteur et ses consignes improbables. Je finis par hausser les Ă©paules. Bon, ben, en avant. Sans chercher Ă  comprendre plus avant — ce n’est pas le premier jeu qui me demande des choses Ă©tranges —, je rapproche mon personnage de l’armure dĂ©corative.


AprĂšs ĂȘtre descendue de son perchoir d’un bond gracieux — elle n’a certainement pas failli glisser car peu habituĂ©e Ă  se dĂ©placer Ă  quatre pattes, non non — la jeune femme dans le corps d’un chat dĂ©cidĂ©ment trĂšs Ă©trange dĂ©cide d’explorer un peu ce nouvel environnement, dĂ©cidĂ©ment trĂšs intriguant. Une Ă©cole avec des armures, pourquoi pas. Mais avec un dragon ? Ça, c’est dĂ©cidĂ©ment plus inhabituel! Reste Ă  savoir oĂč est-ce qu’elle est tombĂ©e. Une envie subite la pousse Ă  se rapprocher de la derniĂšre armure de la rangĂ©e. Ça la dĂ©mange presque de la faire tomber juste pour voir ce qui arrive, dis donc — les instincts du chat, sĂ»rement.


J’ai dĂ©jĂ  validĂ© mon action quand je rĂ©alise qu’il y a un dragon rouge qui passe au bout du couloir. Je panique un peu Ă  l’idĂ©e qu’il rapplique — c’est que c’est dangereux ces bĂȘtes-lĂ  dans les jeux ! — en entendant le vacarme provoquĂ© par la chute de l’armure. Au final, ni lui ni personne ne rĂ©agit. Le bruit s’est perdu dans les cris d’agitation de nombreux Ă©lĂšves qui rĂ©sonnent dĂ©jĂ  dans les longs corridors. La consigne se raye d’elle-mĂȘme et le second objectif passe en surbrillance : repeindre Inferno. Inferno ? Le cheval ? Si on est Ă  l’AcadĂ©mie, il doit ĂȘtre Ă  l’écurie. En toute logique, j’y dirige alors mon personnage, me demandant bien comment un chat allait bien pouvoir “peindre”. Je ne suis pas arrivĂ©e au bout du couloir que la tĂąche Ă  exĂ©cuter change d’elle-mĂȘme. Il me faut maintenant dĂ©chirer le mot d’excuse.


Le chat noir, bizarrement satisfait de son geste instinctif mais ĂŽ combien satisfaisant, se dĂ©pĂȘche de trottiner plus loin pour ne pas se faire disputer. BientĂŽt, une odeur de cheval, de foin et de crottin vient lui chatouiller le museau, lui arrachant un froncement de truffe.

"Une Ă©curie ? Dans une Ă©cole ? Faut que j’aille voir ça !"

Trottinant d’un pas guilleret, pas perturbĂ©e pour un sou par cette expĂ©rience, le chat se dirige vers la source de cette odeur, tombant truffe-Ă -naseaux avec un cheval gris zĂ©brĂ© de rayures noires ayant l’odeur ferreuse du sang.

"Hm. Curieux."

Elle a le temps de voir une silhouette s’enfuir par une autre porte en laissant un bout de papier bien en Ă©vidence. Sans doute pas Ă  l’attention du chat, mais, heh, c’est beaucoup trop tentant comme cible !


Alors que je contorsionne la camĂ©ra pour tenter de lire le message ainsi exposĂ©, je ne peux m’empĂȘcher de me dire que la cape de la personne qui vient de partir me rappelle furieusement celle d’Elinor. Elle a beau ĂȘtre espiĂšgle, je ne la vois pourtant pas apposer un pinceau sur la robe du destrier de la Mort en personne. Je parcours le texte rapidement. Un mot d’excuse. Mon regard remonte vers l’objectif et je serre les dents. Par principe, ça ne me plaĂźt que trĂšs moyennement d’avoir Ă  faire ça — et c’est lĂ  un doux euphĂ©misme. Ce n’est qu’un jeu
 j’essaie de me rassurer. Un coup de patte plus tard, le papier est en lambeaux, Ă©parpillĂ© dans le foin. À nouveau, la tĂąche se raye et la suivante est mise en valeur: voler l’archet du barde gĂ©ant. Cependant, un doute s’installe. C’est clairement dans l’AcadĂ©mie que ça se passe, et j’aurais jurĂ© que c’était Elinor que j’ai vu partir. Alors que je tente de mettre le doigt sur ce qui me gĂȘne, le chat que j’incarne glitche Ă  nouveau. Je suis de retour dans les couloirs. Mais cette fois, ma prĂ©sence semble ĂȘtre remarquĂ©e.


Sans transition, le chat un peu dĂ©boussolĂ© apparaĂźt soudainement au milieu d’un couloir, transportĂ© hors de l’écurie par un Ă©ternuement inattendu et un peu trop violent. Neige ronchonne un peu dans l’esprit du fĂ©lin. DĂ©cidĂ©ment, ces tĂ©lĂ©portations pourraient avoir le bon goĂ»t de prĂ©venir, ce serait plus amusant
 Se sentant observĂ©, le matou fait un tour sur lui-mĂȘme pour se repĂ©rer
 et ne voit que trop tard arriver une dĂ©mone en furie qui la prend dans ses bras avec un cri de joie. Le chat pousse un miaulement Ă©tranglĂ© en se dĂ©battant comme un beau diable, mais rien n’y fait.

"HĂ© ! Mais ça va pas, non ? Je suis pas une peluche, laisse-moi descendre ! Ou sinon, une autre tĂ©lĂ©portation, sivouplaĂźt ! Ce serait le moment !


Je retiens difficilement un hurlement de terreur. Certes, la dĂ©mone est jolie, coiffĂ©e de son diadĂšme et tout, mais la voir subitement entrer dans le champ de la camĂ©ra, pour se saisir de mon personnage de surcroĂźt, m’a fait plus que sursauter. J’en ai brutalement tirĂ© la souris Ă  moi dans mon mouvement de panique. Mon calme partiellement retrouvĂ©, j’essaie d’agiter mon curseur. En vain. Je remonte le fil de ma souris pour voir que j’en ai mĂ©chamment abĂźmĂ© le cĂąblage, pourtant long pour Ă©viter ce genre de situation. Super
 Je la dĂ©branche et me lĂšve. J’hĂ©site Ă  fermer le jeu. Il a vraiment pas l’air stable ; si je le ferme Ă  l’arrache maintenant, rien ne me dit que ça va pas se rĂ©percuter sur mon ordi. Laissant le jeu tourner, je quitte ma chambre en souriant de la derniĂšre image montrĂ©e par l’écran — une dĂ©mone qui cĂąline avec application le chat noir —, direction la salle technique avec ma souris en poche.


La dĂ©mone tient bon et ne semble pas prĂȘte Ă  lĂącher sa prise toute douce, au grand agacement de sa prisonniĂšre. Mais les supplications muettes de Neige finissent apparemment par arriver aux oreilles de quelqu’un, car par un coup de bol providentiel, le chat disparaĂźt subitement des bras qui l'Ă©touffent, laissant la dĂ©mone dĂ©semparĂ©e. Et lorsque le matou rĂ©apparaĂźt, c’est Ă  nouveau dans une sorte de boĂźte sombre, mais en mĂ©tal, cette fois. Une fois remis de ses Ă©motions, car dĂ©cidĂ©ment ce corps de chat est une vraie boule de nerfs quand tout ne va pas comme il le veut, le fĂ©lin tourne sur lui-mĂȘme pour vĂ©rifier son intĂ©gritĂ© physique, et son unicitĂ©, au passage — la premiĂšre fois qu’elle s’est retrouvĂ©e dans une boĂźte, elle s’est dĂ©doublĂ©e, aprĂšs tout.

"Bon, les vĂ©rifications d’usage sont effectuĂ©es, sortons d’ici
"

Et, joignant le geste Ă  la parole, le chat tente de pousser la porte qu’elle devine de sa patte avant, espĂ©rant que ce ne soit pas verrouillĂ©...et a une nouvelle surprise : cette fois, sa patte passe Ă  travers. InterloquĂ©e, la jeune femme rĂ©essaye avec l’autre patte, pour un mĂȘme rĂ©sultat.

"Bon bah
 Autant en profiter, hein!" pensa-t-elle en haussant les épaules en un mouvement pas trÚs félin.

Sans plus attendre, elle passe les deux pattes avant dans la porte, puis la tĂȘte, et commence Ă  phaser tranquillement Ă  travers la porte d’un casier — c’est l’atterrissage qui va poser problĂšme. Sauf que, arrivĂ©e aux pattes arriĂšre, soudain plus rien ne passe ! Le casier, ou le corps du matou, s’est souvenu des lois de la physique, et plus rien ne passe, au grand dam de la nouvelle prisonniĂšre, qui ne perd pas de temps Ă  manifester son incrĂ©dulitĂ© Ă  grands miaulements furieux.

“Non, mais, vous vous foutez de moi?!”


Je suis Ă  mi-chemin entre les dortoirs, la salle de spectacle et l’aile principale quand je croise un garçon — que je n’ai jamais vu — qui regarde partout autour de lui. Un nouvel Ă©lĂšve qui s’est perdu ? L’AcadĂ©mie est vaste, et j’ai Ă©tĂ© moi-mĂȘme un peu dĂ©sorientĂ©e les premiers jours. Fort heureusement, tout le monde ici est gentil et m’a fait bon accueil. Voulant perpĂ©tuer ce cycle vertueux, je m’approche de lui. Un court Ă©change me fait comprendre qu’il est le cousin d’Elinor et qu’il cherche la bibliothĂšque, dans l’espoir d’y trouver l’apprentie de la Mort.

— C’est dans ce grand bĂątiment-lĂ , je lui explique en pointant la direction du doigt. Longe le couloir jusqu’à l’escalier et monte Ă  l’étaaAAAAHÏEUH!

Alors que j’avais le dos tournĂ© pour lui montrer le chemin, le garnement en a profitĂ© pour attraper ma queue et tirer brutalement dessus. Il fuit avec un rire moqueur alors que je soutiens mon membre malmenĂ©. Sale gosse
 Il se payait ma tĂȘte. La dĂ©marche ralentie par la douleur, j’ai le temps de voir passer une cape noire familiĂšre. Je ne peux m’empĂȘcher de vocifĂ©rer.

— Tu diras Ă  ton cousin que c'est trĂšs malpoli de tirer la queue des gens! Surtout celle des femmes!

Ma tirade lancĂ©e avec Ă©nergie, je reprends ma marche, sans me prĂ©occuper de mon interlocutrice. En arrivant dans l’aile ouest, la seule vue d’une armure Ă©crasĂ©e au sol me fige. Attends
 Attends
 Je scrute les alentours. Oui, c’est bien dans ce couloir que j’ai fait intervenir le chat noir du jeu. Et la troisiĂšme armure est par terre, comme dans le jeu. Un frisson me parcourt quand j’aperçois la dĂ©mone au diadĂšme dĂ©boucher de l’intersection la plus proche. Son regard comme son sourire en disent long. Mais je ne tiens pas Ă  finir comme le chat. Je recule. Elle avance. Je me mets Ă  courir. Elle fait de mĂȘme. Au secours ?


Toujours coincĂ© dans son casier, le chat noir possĂ©dĂ© commence Ă  trouver le temps long, et la situation de moins en moins amusante. Il y a bien des gens qui passent, et qui jettent des regards surpris au curieux spectacle, mais aucun n’a la dĂ©cence d’essayer de faire quelque-chose. Tu parles d’un karma, pour une malheureuse armure et un petit mot dĂ©chiqueté  RĂ©duite Ă  miauler "Ă  l’aide" Ă  chaque fois que quelqu’un passe, elle voit quand mĂȘme passer des choses intĂ©ressantes. D’abord, un Ă©lĂšve qui ne semble pas si Ă©trange que ça, jusqu’à ce qu’il dĂ©ploie une large faux en triturant un bitoniau, et que le fĂ©lin regarde avec intĂ©rĂȘt, son hĂŽte involontaire apprĂ©ciative.

"Tiens, une faux cachĂ©e ! Pas mal, ça. C’est bien, les faux. Pas autant que les guillotines, mais presque."

Un instant plus tard, c’est au tour de l’inconnue de l’écurie de passer en trombe, apparemment Ă  la poursuite de son prĂ©dĂ©cesseur. Et aprĂšs ça, plus Ă©trange encore, alors qu’elle appelle encore Ă  l’aide avec force feulements, c’est un biscuit qu’elle voit apparaĂźtre au dĂ©tour d’un couloir. FourrĂ© Ă  la framboise, vu l’odeur agrĂ©able. Plus surprenant encore, c’est lui, ou plutĂŽt elle, qui est la premiĂšre Ă  s’adresser enfin au chat coincĂ©.

— Schrödinger ?

Le chat lui renvoie un regard maussade.

"Un peu d’aide serait la bienvenue
 Mais l’aide d’un biscuit, ça va pas ĂȘtre un peu limitĂ© ?” Le biscuit en question se rapproche, en tout cas, apparemment perplexe.

— Comment est-ce que tu


Elle ne finira jamais sa phrase, interrompue par un hurlement Ă  glacer le sang. Avec Ă  peine un regard en arriĂšre, elle se prĂ©cipite vers l’origine du cri, en laissant en plan le pauvre chat qui ne peut que miauler dans le vide. Peu aprĂšs, c’est au tour d’un squelette en robe noire, Ă  qui il manque un os, de passer devant le matou sans s’arrĂȘter pour l’aider. Le fĂ©lin soupire; vu comment c’est parti, ça risque d’ĂȘtre long



La dĂ©mone au diadĂšme ne me lĂąche pas d’une semelle. Notre jeu de chat et de la souris — quand bien mĂȘme, en thĂ©orie, ça devrait ĂȘtre moi le chat — se poursuit si longtemps que j’ai l’impression d’avoir dĂ©jĂ  fait deux fois le tour du campus pour tenter de la semer. Hors d’haleine, je contourne les dortoirs et, profitant du couvert de l’angle du mur, grimpe Ă  un balcon en me servant de ma souris comme d’un grappin. Je me hisse jusqu’au deuxiĂšme Ă©tage juste Ă  temps pour que la dĂ©mone, qui arrive en trombe, ne cherche pas Ă  une telle hauteur. Perplexe, elle observe les alentours quelques secondes avant de repartir, manifestement déçue. Si elle ne m’avait pas fichu une telle trouille dans le jeu et qu’elle ne m’avait pas poursuivie avec tant d’étoiles dans les yeux, j’en aurais eu un vrai pincement au cƓur. De peur qu’elle ne revienne soudainement, je continue mon escalade. Jetant un Ɠil aux nombreuses fenĂȘtres, j’essaie de retrouver ma chambre. Ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas, ne pas regarder en bas !

C’est avec un soulagement certain que j’arrive sur mon minuscule balcon et passe la porte-fenĂȘtre coulissante. Pendant mon ascension, je crois bien avoir entendu quelqu’un me parler, mais trop concentrĂ©e, non seulement je n’ai rien Ă©coutĂ©, mais je n’ai surtout pas osĂ© regarder qui c’était. DĂ©jĂ  que j’ai failli lĂącher deux fois
 Je retrouve ma chambre. Et mon ordi. J’écarquille les yeux en regardant l’écran : le chat noir aux pattes translucides est maintenant encastrĂ© dans la porte d’un casier et nombre d’objectifs se sont barrĂ©s tous seuls. Ayant bien compris que le jeu n’est pas si virtuel que ça, je quitte ma chambre pour la seconde fois, avec une destination diffĂ©rente, mon clavier Ă  la main.


Dans sa porte, le chat noir commence Ă  s’ennuyer. Il n’y a plus grand monde qui passe, dĂ©sormais. Apparemment il y a une assemblĂ©e pour une remise de diplĂŽmes qui va bientĂŽt commencer, d’aprĂšs les conversations des Ă©lĂšves. Ça fait d’ailleurs plusieurs minutes qu’il n’y a eu personne. Plus qu’à espĂ©rer qu’il y ait des retardataires, et
 OUI ! Au dĂ©tour d’un couloir, une jeune femme aux cheveux violets, avec oreilles et queue de chat — mais qui ça Ă©tonne encore, depuis le temps... — apparaĂźt et, miracle, se dirige droit vers le chat prisonnier.


Ce n’est qu’une fois face au matou que je rĂ©alise. Ni mort, ni vivant. Ni dedans, ni dehors. – Schrödinger?!


Le chat miaule, à mi-chemin entre l’approbation et la demande d’aide.


— Pardon pour ce que je t’ai fait faire ! Je-... Donne-moi deux secondes.

M’asseyant Ă  mĂȘme le sol du couloir, je pose mon clavier en catastrophe — c’est en voyant les couloirs dĂ©serts que je me suis souvenue qu’il y avait la cĂ©rĂ©monie ; et on est pas en avance ! — et branche ma souris cassĂ©e dessus.

— Si j’ai pu changer la rĂ©alitĂ© Ă  partir d’un jeu, l’inverse doit ĂȘtre possible
 Enfin, on va prier pour que ça marche.

Quelques clics hasardeux et raccourcis clavier plus tard, un panneau de commande ex machina s’ouvre devant moi. Rien que ça ? Je tape frĂ©nĂ©tiquement quelques lignes de code et aprĂšs avoir Ă©crasĂ© la touche entrĂ©e, le chat pixellise, s’étire, se dĂ©forme et disparaĂźt. Pour rĂ©apparaĂźtre sur mes genoux.


Lorsque j’ouvre les yeux, j’ai du mal Ă  situer oĂč je suis. Bon, vu que je suis en chat, je dois ĂȘtre Ă  l’AcadĂ©mie, mais...il me semblait que je m’étais endormi dans une boĂźte, non? Qu’est-ce que je fais sur les genoux de
 Zandra ?! En catastrophe, je retombe au sol et dĂ©rape sur le marbre du couloir. Heureusement que les chats quantiques, ça rougit pas ! Et puis comment je suis arrivĂ© lĂ , moi, et on est quand ? Et pourquoi j’ai l’impression que quelqu’un d’autre avait pris ma place, d’ailleurs ? Je lĂšve un regard interrogateur vers Zandra, espĂ©rant qu’elle ait une explication Ă  tout ça, et rajoute un miaulement inquisiteur pour faire bonne mesure.


Je hausse un sourcil.

— Me regarde pas avec cet air atterrĂ©, c’est pas moi qui ai dĂ©cidĂ© de devenir un personnage de jeu vidĂ©o. Être Ă  mi-chemin entre la vie et la mort, ça te suffisait pas ? Il faut que tu sois Ă  cheval sur les dimensions aussi maintenant ? ‘Fin bref. Grouille, on va rater la cĂ©rĂ©monie de remise des diplĂŽmes !

Joignant le geste Ă  la parole, je commence Ă  me lever.


“Jeu vidĂ©o ? Quoi ? Comment ? C’est quoi ce
 Oh, c’est vrai, la cĂ©rĂ©monie!”

Je m’aperçois un peu tard que les couloirs de l’AcadĂ©mie, d’ordinaire grouillants de monde, sont dĂ©serts. Faudra qu’elle m’explique ça plus tard, mais en attendant
 Pas de temps Ă  perdre : d’un bond j’atterris sur son pied. Un saut quantique plus tard, et le dĂ©cor comme la population environnante ont changĂ©. L’altitude aussi, malheureusement. Bon, bah
 oups ? Deux petits mĂštres au-dessus du sol, c’est rien, je tomberais bien. Et Zandra
 bah Zandra aussi, non? Un coup d'Ɠil Ă  mes cĂŽtĂ©s me rassure : elle atterrit souplement sans bobo. Ouf! Elle a juste l’air d’ĂȘtre passĂ©e dans le sĂšche-linge, mais c’est tout. Et en bonus, on est pile Ă  temps: je vois Lu’ monter Ă  son pupitre via son escabeau. Bingo! Je m’installe tranquillement en sphinx, laissant ceux qui peuvent applaudir pour moi.


Encore hĂ©rissĂ©e par cette chute inattendue — ce n’est que parce que j’en ai pas eu le temps que je n’aie pas criĂ© —, je tente de retrouver contenance en suivant le mouvement de foule : j’applaudis l’entrĂ©e en scĂšne de notre chĂšre directrice.

Alors qu’Elinor monte sur l’estrade Ă  son tour, je me souviens du mot qu’elle a laissĂ© dans l’écurie et que “j’ai” dĂ©chirĂ©. Les joues rouges d’une honte rĂ©trospective, je prie pour que mon action n’ait pas eu trop de rĂ©percussions. Il va falloir que je m'excuse au plus vite
 aprĂšs ce bordel, j’ajoute mentalement alors que mes yeux s’arrondissent en voyant dĂ©barquer un rĂ©giment de soldats en treillis rose bonbon.

— C’est pas ma faute ! je crie au milieu de la dĂ©bandade d’élĂšves.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Elinor

Je sais pas si j'ai envie de vous faucher ou de vous fĂ©liciter... Bon, va pour la deuxiĂšme option parce que sinon je vais me faire enguirlander. J'aime beaucoup votre texte mĂȘme si j'ai pas tout tout compris et ça matche bien entre vous deux (niveau Ă©criture, je prĂ©cise^^). Bon par contre heureusement que j'ai Ă©crit avant, parce qu'honnĂȘtement je sais pas comment les suivants vont se dĂ©brouiller avec ça. On peut dire que vous allez leur donner du fil Ă  retordre !
votre concept c'est elle croit qu'elle est dans un jeu vidéo, mais c'est la réalité, ou il y a pas de réalité^^' ?


Le 08/05/2021 à 22:21:00



Malkym

D'habitude, je lis pas les textes de plus de 4 pages -_- (En effet, ça a le potentiel de me faire vite chier, au-delà). Or, j'ai beaucoup apprécié lire votre texte ^^
Et ce, pour 2 raisons.
1 : Je suis la source de votre malheur et donc de l'histoire par la simple obtention de ce jeu foireux ! Et ça, c'est plaisant >x)
2 : L'Ă©change continu de personnage me plaĂźt particuliĂšrement. C'est un rĂ©el plaisir de lire les Ă©vĂ©nements arrivant au personnage, et je suis convaincu que si les deux textes Ă©taient sĂ©parĂ©s, je n'aurai pas eu ce mĂȘme plaisir de lecture.


Le 08/05/2021 à 22:29:00



Faucheuse

Super participation @Zandra, la dessinatrice nocturne et @Schrödinger
J'ai cru que vous alliez tout casser la timeline au départ
mais finalement, non et c'est trop génial


Le 08/05/2021 à 22:42:00



Eskiss

trÚs bon texte qui vient mettre les gens dans la panade, et créer une nouvelle réalité, rien que ça ! j'avoue avoir été un peu perdu au début avec cette histoire de Neige mais dans l'ensemble j'ai beaucoup aimé, c'était bien drÎle et vous avez intégré moults caméos, ce quin est plutot cool !


Le 08/05/2021 à 23:32:00



melle.maudite

Ma participation à votre jeu vidéo est superbe, bientÎt vous aurez mon point de vue et vous aurait mes impressions et ressentir de pourquoi je fais ça, je ne suis pas méchant OK!


Le 09/05/2021 à 10:42:00

















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