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![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() DĂ©fi images 4 (chouette, tableau, Lune)
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Schrödinger![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Journal d'un veilleur(par Schrödinger)10 août Aujourd'hui, j'ai commencé un nouveau travail. Gardien dans un grand musée parisien. Pas le Louvres, non, mais le Petit Palais, dans le 8ème. Je redoute de perdre ce poste aussi vite que les précédents. Mais j'ai bon espoir. Les conservateurs nous ont rassemblés à 5h ce matin. Moi, et les trente autres nouvelles recrues. Ils avaient l'air content d'avoir tant de monde. Je crois que ça fait des années qu'ils sont en manque d'effectifs. Ils nous ont expliqué les bases de notre rôle. Veiller au respect des œuvres et des distances de sécurité. Surveiller les allées et venues des visiteurs. Les renseigner, si possible. Puis ils nous ont dispersés par groupes de trois dans les diverses salles, sous la direction d'un superviseur. Nous avons sept jours de mise à l'essai. Il ne faut pas que je me foire.
13 août Ça fait maintenant deux jours que je suis en poste. Jusqu'ici, tout va bien. Quelqu'un est venu me voir, tout à l'heure, pendant mon service, pour me demander où trouver une certaine œuvre. J'ai eu de la chance: c'était une sculpture dont je me souvenais. Mais j'étais tellement stressé que j'ai failli l'envoyer de l'autre côté du musée. Heureusement, je m'en suis rendu compte avant qu'il ne soit trop tard, et j'ai fini par réussir à l'orienter comme il fallait. J'ai peur d'avoir été ridicule, mais mon chef m'a félicité.
14 août Je commence à m'habituer au boulot. Ce n'est pas bien compliqué. Le plus dur, c'est de rester vigilant tout le temps. L'un de mes collègues a du mal à rester concentré. C'est mesquin, mais ça me rassure: le contraste est à mon avantage. Je ne crois pas qu'il va rester après la période d'essai.
16 août Bientôt la fin de ma première semaine. Mon superviseur m'a assuré que je pourrai rester. Mon collègue, par contre… En fin d'après-midi, il a fait un malaise, en plein service. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais il est subitement devenu blanc comme un linge. On a dû l'évacuer avant qu'il ne s'écroule en plein service. Pendant tout ce temps, il avait le regard fixé sur un tableau du XIXe, comme s'il avait vu un fantôme. Pourtant, il n'a rien d'extraordinaire. Une lune rousse qui illumine une cascade, entre deux falaises, donnant l'impression que l'astre coule comme une rivière de miel. Joli, mais c'est tout. Mon collègue a donné sa démission sitôt remis sur pieds. Je n'ai pas eu le temps de lui demander plus de détails.
24 août Voilà maintenant quinze jours que je suis gardien de musée au Petit Palais. Le travail au milieu de toutes ces œuvres d'art me plaît énormément. Je ne pensais pas, en postulant, que j'apprécierai autant de rester pendant des heures devant un même tableau et de simplement le contempler. Bien sûr, je reste attentif au moindre problème qui pourrait arriver. Mais en général, c'est très calme. Je dois parfois demander à un groupe de visiteurs de faire moins de bruit, ou insister pour faire partir un passionné à l'heure de la fermeture. Ça arrive, parfois. Mais dans l'ensemble, les gens sont respectueux, et le boulot est tranquille. J'espère rester le plus longtemps possible.
6 septembre Un visiteur est venu me voir, aujourd'hui, pour me demander un renseignement. Il voulait voir un certain tableau. Pourquoi ça m'a frappé déjà ? Ah, oui! C'est celui qui a valu à mon collègue de démissionner. Je ne sais pas pourquoi j'en parle. Ce n'est pas la première fois qu'on me pose ce genre de question. Mais quelque chose chez ce type m'a troublé, je crois. Dans son regard, peut-être? Hmm… Bizarre. Maintenant que j'y pense, je n'arrive pas à me rappeler de son visage. Je me souviens de sa canne, de son fédora, de son long manteau. Je me souviens qu'il était grand, plus que moi en tout cas. Je me souviens même qu'il avait gardé ses gants, alors que le Palais est quand même bien chauffé. Mais impossible de revoir son visage ou de me rappeler de sa voix. Je pourrais le croiser à nouveau que je ne le reconnaîtrais pas. Pour moi qui suis assez physionomiste, c'est très perturbant. … Bah! Il était tard, c'est sans doute la fatigue. Je dors mal, ces temps-ci, alors ça doit être ça…
11 septembre Moi qui ne pensais pas entendre à nouveau parler de sitôt de la peinture de la lune rousse, voilà que je me suis retrouvé posté juste en face! J'en ai profité pour la regarder de plus près, dans les moindres détails. Et plus je l'admire, plus je trouve ce tableau magnifique. Envoûteur, même. D'après la plaque, il n'a pas de nom. Pas d'auteur connu, non plus. On l'a retrouvé dans la collection privée d'un mécène, qui en a fait don au musée dans son testament, mais sa femme, elle-même grande amatrice d'art, n'avait apparemment jamais vu cette peinture. Tout ce qu'on sait, c'est qu'elle a été peinte en 26. C'est dommage qu'on n'en sache pas plus. J'aurais aimé pouvoir l'appeler par son nom. Ça me paraît la moindre des choses. Ne serait-ce que par respect. L'un des conservateurs m'a confié que l'on tâchait d'en savoir plus. D'après lui, ce sera l'affaire de quelques années. En attendant, je vais l'appeler « Lune de Miel ».
20 septembre Cet après-midi, j'ai eu le droit à ma première sortie de classe! Un essaim de vingt-huit ou vingt-neuf gosses, accompagnés de deux adultes un peu dépassés. C'était une expérience amusante. Épuisante, aussi. Je ne sais pas comment les profs font pour tenir toute une journée, mais ils ont toute ma sympathie! J'ai dû intervenir plusieurs fois pour leur demander de parler moins fort, le plus souvent avec succès. Il n'y a qu'une fois où ça n'a pas marché. Une douzaine d'entre eux était agglutinés autour d'un tableau, visiblement en plein débat. Quand je me suis approché, j'ai vu qu'il s'agissait de « Lune de Miel ». Décidément! J'ai l'impression que je n'arrête pas de le croiser! Ceci dit, j'étais au moins sûr de pouvoir répondre à la moindre de leur question, et trancher le débat. Sauf que quand je leur ai demandé quelle était leur question, je me suis retrouvé bien embêté. La moitié d'entre eux étaient persuadés qu'on voyait la silhouette d'une personne, près de la cascade. L'autre camp soutenait que les falaises étaient désertes. Une question simple, à laquelle moi, qui avait passé des heures à contempler cette peinture, ne pouvait que répondre. Et pourtant… D'un côté, je voulais leur dire qu'il n'y avait personne, que le tableau ne représentait qu'un paysage. Mais d'un autre côté, je ne pouvais pas nier ce que j'avais sous les yeux. Parce qu'il y avait bien quelqu'un. Une silhouette, contemplant l'horizon dans la lueur de la lune rousse. Pas très grande, certes, mais quand même bien visible. Mon premier réflexe, ça a été d'appeler un conservateur. Je pensais que la vraie toile avait été volée, et remplacée par un faux. Mais comme je ne voulais pas inquiéter les enfants, j'ai d'abord répondu à leur question, comme si tout allait bien. Je ne suis pas sûr de les en avoir convaincus. Le pire, c'est que quand je suis revenu avec un responsable et que je lui ai montré le personnage en lui expliquant la situation, il s'est contenté de me dévisager avec une légère inquiétude. Il m'a ensuite affirmé qu'il y avait toujours eu une silhouette. Je ne sais pas quelle tête j'ai fait, mais ça n'a pas eu l'air de le rassurer. J'ai prétexté un mal de tête qui m'avait mis un peu à cran. Que je n'avais pas dû voir ce détail avant, et que j'avais sauté aux conclusions. Je pense qu'il a accepté l'explication, vu que je ne suis là que depuis un mois et demi. … Après tout, c'est peut-être le cas? Je dors toujours aussi mal, surtout le jeudi. J'ai peut-être manqué ce détail, la dernière fois. C'est l'explication la plus plausible. Rationnelle. J'arrive presque à m'en convaincre. Presque.
25 septembre Deux responsables sont venus me voir, ce matin. Le veilleur de nuit actuel prend sa retraite, début octobre. Ils veulent savoir si j'accepterais de le remplacer. Je suis scié qu'ils aient pensé à moi. Scié et enchanté. Ils m'ont laissé jusqu'à la fin de ma journée pour y réfléchir. J'ai failli leur répondre que je n'en avais pas besoin. L'occasion est trop belle pour la laisser passer.
4 octobre Aujourd'hui, c'était mon premier jour en tant que veilleur de nuit. Mon prédécesseur restera avec moi jusqu'à la fin de la semaine, et après je serai tout seul. Je dois avouer que j'appréhende un peu ce moment. Même si c'est encore plus tranquille qu'en journée, les galeries vides sont d'un lugubre… Le travail en lui-même est facile. On arrive à 17h, un peu avant la fin de la journée, pour faire un premier tour des étages, histoire de voir si tout est en ordre. Et puis, une fois que tout le monde est parti après 18h, on s'assure que toutes les portes sont bien fermées, que les alarmes sont bien en place…et c'est tout. Après, pendant le reste de la nuit, il y a juste à rester dans la loge et attendre le matin sans s'endormir. C'est très rare qu'il y ait une intrusion. En fait, d'après mon prédécesseur, ça n'arrive presque jamais. On est loin des films de Hollywood…
9 octobre Ça y est. Le Petit Palais est désormais tout à moi pour la nuit. Je ne suis pas encore très serein, pour être honnête. Sans visiteurs, l'endroit est sinistre. Le moindre bruit me fait sursauter. Dans le noir complet, même les œuvres d'art que j'ai appris à côtoyer me filent la chair de poule. Mon prédécesseur a prétendu qu'il lui avait fallu deux mois pour s'y habituer, mais je crois qu'il s'est fichu de moi et que ça lui a pris moins longtemps. Enfin, j'espère.
21 octobre Bon. Jusque-là , tout s'était bien passé. Pas d'intrusion, pas d'alarmes, pas de vraies raisons de s'inquiéter… Je commençais même à être plutôt calme, une fois la frayeur des premières semaines passées. Alors, quand la première alarme a résonné, j'ai failli m'étouffer avec mon café. Sur mon tableau, une lumière rouge venait de s'allumer dans une des galeries. Il y en a eu une deuxième juste après, dans l'Auditorium. Je crois que mon cœur n'a jamais battu aussi fort. Mais il fallait quand même que j'aille vérifier. Tout seul, dans le noir, avec une lampe-torche et la peur au ventre. Je me suis fait des films. Du voleur au monstre de film d'horreur, en passant l'agent secret et les aliens, je crois que j'ai tout imaginé. Au final, c'était juste une chouette. Je ne sais pas comment elle est arrivée là . Une fenêtre mal fermée, peut-être? En tout cas, elle était là et elle m'avait foutu la trouille du siècle. Surtout quand elle s'était posée sur le piano juste derrière moi, alors que je ne l'avais pas encore vue. La note a failli me faire sauter au plafond! Le problème, ça a été pour la faire partir. Elle n'arrêtait pas de s'envoler et de se poser n'importe où en déclenchant les alarmes au passage. J'ai tout essayé pour m'en débarrasser. Même de lui demander. Finalement, elle a disparu d'elle-même, alors que je m'étais décidé à appeler mon responsable. Je suppose qu'elle a fini par retrouver la fenêtre ouverte. J'ai passé une heure après ça à chercher l'issue pour la fermer et être tranquille, mais impossible de mettre la main dessus. Bizarre… En tout cas, ça a animé ma nuit. Au fond, je n'arrive pas à en vouloir à cet oiseau de malheur. Dans le clair de lune, cette petite chouette était vraiment belle. Au moins autant que les œuvres exposées ici.
22 octobre La chouette est revenue! Pourtant, j'ai fait attention à ce que toutes les issues soient bien fermées, comme l'a demandé mon responsable quand je lui ai raconté l'incident. Je suis sûr et certain que tout était verrouillé à double-tour, alors comment elle est arrivée là ?! Elle n'a pas fait son nid ici, quand même! N'empêche, je suis content d'avoir de la compagnie. Même si c'est celle d'un oiseau. J'aimerais juste qu'elle arrête de déclencher les alarmes.
27 octobre Cet après-midi, en faisant le tour avant la fermeture, j'ai entendu deux de mes collègues discuter d'un drôle de visiteur. Apparemment, il leur a fait une forte impression, alors qu'il ne leur a même pas adressé la parole. Quand je leur ai demandé ce qu'il avait de bizarre, ils n'ont pas su me donner de réponse. L'air de rien, je leur ai demandé de me le décrire. Je suis sûr qu'ils parlent du type qui m'avait demandé où était « Lune de Miel », début septembre. Même après presque deux mois, impossible de l'oublier. Ma copine la chouette est toujours là , aussi. Je n'ai toujours pas trouvé sa cachette, ni compris comment elle entrait et sortait. Enfin, je me suis habitué à sa présence. Elle semble intelligente. Je crois qu'elle a capté que je ne la chassais que quand elle se posait trop près des œuvres exposées, et maintenant elle se tient à l'écart. Ce qui est drôle, c'est que j'ai l'impression qu'elle s'est prise d'affection pour « Lune de Miel », elle aussi. Je la vois souvent posée devant, immobile, comme si elle l'observait. J'ai pris une photo, mais ça ne lui a pas plu et elle s'est envolée. J'espère qu'elle reviendra demain.
31 octobre Quelque chose ne va pas. Je ne sais pas quoi, mais je sens qu'il va se passer un truc cette nuit. Et je ne dis pas ça parce que c'est Halloween et que j'ai regardé trop de films d'horreur. Pour une fois, j'écris ces lignes en même temps que je vis les événements. Pour calmer mes nerfs. J'entends un hululement. Ma copine la chouette est de retour, comme toutes les nuits. Mais c'est la première fois que je l'entends. Elle hulule à nouveau. Elle m'appelle, j'en suis sûr. Alors, je suis peut-être fou, mais je me lève, je prends ma lampe-torche, et je me dirige vers le son. Je reconnais la galerie. Je sais où elle m'emmène. J'ai les mains moites. Je tremble. Mais j'écris toujours. Enfin, j'arrive dans la salle où trône « Lune de Miel ». La chouette est là , elle hulule toujours, le regard rivé sur la toile. La lune peinte est plus rousse que jamais, dans la lueur de ma lampe-torche. La silhouette hum
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Oh put- Ces mots….c'est pas moi qui les ai écrits! Faut que j'me tire!
Je viens de tomber à la renverse dans une banquette qui n'a jamais été là . J'ai perdu ma lampe, mais ce n'est pas grave parce que la pièce n'est plus plongée dans l'obscurité. Je suis plus au Petit Palais. Je suis dans une petite pièce éclairée par quatre candélabres. Sous une arche, entre deux colonnes cuivrées, « Lune de Miel » trône, trois fois plus grande, dans un cadre doré. Mon cerveau s'est arrêté. Mes yeux ne croient pas ce qu'ils voient. Je continue d'écrire, je sais pas trop comment. Je sens à peine la chouette se poser sur ma tête, ses serres égratigner mon crâne. Je n'arrive pas à détacher mon regard de la peinture. Elle est en train de changer. La lune a pâli. Les couleurs s'affolent, se fondent un tourbillon sombre. L'astre devient un œil jaune, la rivière une larme. Je crois voir des silhouettes dans la toile. Inhumaines. Elles agitent le canevas, veulent déchirer la toile, la gueule ouverte en un cri silencieux. Elles viennent pour moi. Elles viennent me manger. Elles viennent m'emporter avec elles. Elles viennent me chercher pour que je les rejoigne. Je ne peux pas bouger, mon regard est comme attiré par l'œil. J'écris toujours, en pilote automatique. Soudain, un son sec me sort de ma transe. Je tourne la tête, et je le vois. L'inconnu de septembre. Il est comme dans mon souvenir. Le bruit que j'ai entendu, c'est le bout de sa canne venant heurter le sol en damier. Avant que je ne puisse voir son visage, il s'est déjà avancé entre moi et la peinture, sans même me regarder. Sa silhouette se découpe sur la toile. Je sens la chouette décoller en silence. Elle le rejoint. Je jurerais qu'il lui parle. Puis elle va se poser sur le cadre doré de la peinture, et me fixe. Je n'arrête pas d'écrire. Même quand l'inconnu me jette un regard par-dessus son épaule. Même quand je vois qu'il n'a pas de visage. Qu'à la place, un tourbillon de ténèbres entoure un œil jaune. Le même que dans le cadre derrière lui. Je n'arrête pas d'écrire. Même quand l'être qui me fait face commence à se déliter. Son fedora s'évanouit en fumée. Je m'aperçois un peu tard que son reflet, dans le sol, n'est fait que d'un maëlstrom de nuées sombres. Ses épaules se désagrègent, puis ses bras et le reste de son torse. Sa canne. Ses jambes. Ses pieds. Ne reste qu'un œil désincarné, qui me fixe toujours. Je cligne des yeux, et je suis de retour au Petit Palais. Je suis assis par terre, sur le sol de la galerie. Juste à côté de moi, ma lampe-torche éclaire « Lune de Miel ». À sa place. Comme s'il ne s'était rien passé du tout. La chouette vient me rejoindre, mais je la remarque à peine. Mon regard reste rivé sur la falaise. Il n'y a plus personne dessus. Je n'ai pas cessé d'écrire.
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