![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() DĂ©fi de Schrödinger (trois images)
![]()
Schrödinger![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Peur du noir(par Schrödinger)À l'arrière du véhicule qui emmène notre équipe sur le lieu d'intervention, je vérifie une dernière fois mon équipement, nerveuse. Lampe de recherche, OK. C'est la première fois que je suis appelée sur une urgence pareille. Pas un bâtiment déjà évacué depuis des jours, mais un château normalement protégé par un lampadaire central. Gyrophare de protection, en état de marche. La panne avait été signalée deux heures après le coucher du soleil. C'était peu, mais suffisant pour que l'infestation ait eu le temps de prendre racine. Torche d'élimination, fonctionne. Divers appels à l'aide avaient été détectés en provenance de plusieurs parties du bâtiment, il y avait donc au moins des survivants, mais l'éclairage de secours n'allait pas tenir jusqu'à l'aube. Fusées et grenades de secours, prêtes. Plus perturbant, les personnes prisonnières font état de phénomènes inhabituels. Des problèmes en perspective? Dans le doute, je préfère revérifier mes équipements… Le van s'arrête quelque part entre mon troisième et mon quatrième cycle de vérifications, m'arrachant un sursaut et un petit cri de surprise. Les autres rigolent gentiment et me charrient comme si rien ne sortait de l'ordinaire. Ils descendent les uns après les autres, chacun avec un petit signe d'encouragement, auxquels je réponds d'un pâle sourire qui doit plus ressembler à une grimace. Je leur suis reconnaissante d'agir comme d'habitude — ils savent que je suis toujours nerveuse avant une mission d'extermination, quand bien même ils ne s'expliquent pas pourquoi diable j'ai choisi ce corps de métier. Je ne leur ai jamais dit. Ils ne comprendraient pas. Je prends une grande inspiration avant de descendre à mon tour. En posant le pied hors du van, je vois que nous ne sommes pas les seuls à avoir été appelés; ce ne sont pas une ou deux équipes qui sont déjà sur place, mais une demi-douzaine de véhicules comme le nôtre, éclairés comme des sapins de Noël, qui sont garés en demi-cercle devant un vieux bâtiment qui n'a sans doute plus été utilisé depuis des années. Urgh… À tous les coups, le système avait été redémarré juste pour cette fête. Pas étonnant que ça ait sauté. Les riches et leurs lubies… Un électricien est déjà à pied d'œuvre pour réparer le grand lampadaire central au plus vite, avant le lever du jour dans l'idéal. Ce n'est certes pas ça qui empêchera la formation des nids, mais au moins on pourra mettre les civils à l'abri avant l'extermination plus tard dans la semaine. Mon chef m'appelle et je le rejoins. Un briefing avec un responsable du gouvernement dépêché sur place plus tard, et nous déployons notre matériel selon une méthode bien rôdée. Il ne nous faut qu'une dizaine de minutes pour tout mettre en place, après quoi nous ne perdons pas de temps pour nous aventurer vers notre cible. Les grosses agences s'occupent du château lui-même; nous, nous devons secourir une bande de jeunes s'étant aventurés dans un vieux donjon avant la catastrophe. Trois d'entre nous iront les secourir. Moi et le dernier membre de l'équipe devrons nous séparer et éliminer un maximum de nids pour sécuriser les lieux. J'aurais préféré être parmi l'équipe de sauvetage, mais le chef dit qu'avec mes nerfs, je risquerais de les faire paniquer. Ce n'est pas faux, mais quand même… Je ne peux retenir un frisson en m'éloignant du camp de secours; les ténèbres nous entourent et je les sens grouiller. La lampe de recherche suffit à détruire les nuisibles, et les piles sont neuves, mais il y en a beaucoup, même à l'extérieur, alors que le ciel est dégagé et que le fin croissant de la Lune est levé. Nous entrons bientôt dans le bâtiment, et l'obscurité se fait encore plus pressante. Ou…pas? Stupéfaite, je lève les yeux pour découvrir des… des constellations, à défaut d'autre terme. Des traits de lumière bleue se croisant pour créer des formes géométriques sur les murs. Les autres sont tout aussi stupéfaits que moi, je n'ai même pas besoin de les regarder pour en être sûre. "Bah merde alors…", je ne peux m'empêcher de murmurer. C'est la première fois que j'entends parler d'un tel phénomène. Les nuisibles détestent la lumière, c'est bien connu. Même la pâle clarté de la pleine Lune les détruit, et ils saccagent toutes sources de lumière artificielle. Et pourtant, ceux-là ils…brillent? Le chef nous reconcentre vivement. On aura tout le temps de comprendre plus tard, pour l'instant la priorité c'est d'évacuer les victimes. J'acquiesce à ses paroles, et nous nous remettons au travail. Bientôt, nous nous séparons dans un grand escalier en colimaçon; les victimes sont en bas, mais tous les signes indiquent que les plus gros nids se trouvent vers le sommet. Je monte, seule. Privée de la protection lumineuse du groupe, ma nervosité revient en force. Les attaques des nuisibles, étonnamment calmes jusque-là , se font incessantes. Je suis obligée d'utiliser une grenade éclairante pour les éloigner un instant, puis une autre presque au sommet des marches pour prendre le temps de changer les piles de ma lampe de recherche et de mon gyrophare. Le fait de n'avoir pas croisé le moindre nid secondaire en chemin me perturbe. Un lieu désaffecté comme celui-ci aurait dû en contenir plein, pourtant. Un mauvais pressentiment, qui n'avait rien à voir avec mes nerfs, me taraude. Je parle constamment dans ma radio pour me calmer — ou, au moins, pour que s'il m'arrive quelque chose, on sache quoi… Je me retrouve à un palier, une grande salle circulaire, en ruines et envahi par la végétation, comme le reste du bâtiment. Les attaques se font incessantes, et les traces du nid sont parfaitement visibles. Et vu la quantité de nuisibles, il doit être gigantesque! Ma lampe-torche éclaire bientôt une grande horloge, qui ne semble pas à sa place en ce lieu. Un détail m'interpelle, sans que je puisse dans un premier temps mettre le doigt dessus. Puis je comprends: au-delà du fourmillement grouillant des nuisibles, je perçois un "tic-tac" entêtant. Éclairant de ma lampe le cadran, je peux confirmer que les aiguilles tournent encore. Étrange. L'heure est exacte, en plus: 23h54. Je m'en ouvre à ma radio, puis saisis ma petite caméra et l'allume. Je dois être tout près du nid. S'il est aussi grand que je le pense, une image serait utile. Après une trentaine de secondes stressantes, le faisceau de ma lampe de recherche tombe enfin sur une masse d'un noir absolu, juste derrière l'horloge, et j'en reste bouche bée un instant. Le nid est tout simplement gigantesque! Jamais je n'en ai vu d'aussi grand. Je me demande d'ailleurs si ce n'est pas le nid le plus étendu jamais découvert. Enfin, je verrai ça plus tard. Ma caméra a bien enregistré l'image. Maintenant, il faut que je le détruise, mais j'ignore si une torche d'extermination ordinaire sera efficace sur un nid aussi énorme. Rapidement, je sors toutes les lampes dont je dispose. "C'est le moment de montrer tes talents d'improvisation, ma belle!" Je travaille à toute vitesse, assemblant les éléments d'un flambeau suffisamment puissant pour détruire l'immonde structure pour de bon et ne pas seulement la refermer pour une durée indéterminée. Lorsque je crois être prête, je me redresse et m'éloigne de quelques pas pour tester mon bricolage sur les nuisibles environnants. Le faisceau de lumière crue parvient à m'éblouir malgré mes lunettes spécialement conçues pour éviter ce désagrément, ce qui m'arrache un sourire satisfait. Je me retourne et vise le nid. Mais alors que je suis sur le point d'appuyer sur la détente, un puissant carillon me vrille les tympans. Bouche bée, je jette un regard sur l'horloge, qui indique minuit pile. Mais c'est au deuxième coup que l'impensable se produit. Subitement, une explosion de couleurs s'échappe du nid, sous forme de jets de fumée multicolores. Du vert, du bleu, du jaune, du rouge fusent dans toute la pièce, e je ne peux que regarder, incrédule. Le troisième coup de carillon est suivi du même spectacle, tout comme le suivant, et celui d'après. Les explosions s'enchaînent, de plus en plus majestueuses, de plus en plus étendues. Par réflexe, je m'éloigne du nid, mais ne peux détacher mon regard du spectacle qui se poursuit jusqu'au dernier coup, et se conclut par un bouquet final si étendu que je n'ai que le temps de mettre mon bras devant mon visage pour me protéger. Puis tout redevient sombre. Mon ouïe se remet en marche et j'entends le chef et les autres m'appeler. Hébétée, je ne peux que les rassurer faiblement dans un premier temps. Puis, reprenant mes esprits, j'explique toute la scène à mon chef tout en vérifiant que la caméra a bien tout enregistré. Une fois mon rapport terminé, je lui demande ses ordres. J'hésite désormais à détruire un nid si unique. Mais comme le dit le chef, il pourrait s'avérer dangereux. Alors, couverte d'une poudre bariolée, je lève ma torche d'extermination 2.0, et vise le trou sombre. Et mon doigt se crispe sur la détente.
|