![]()
![]()
![]()
![]() ![]() Contraintes aléatoires Contraintes à sélectionner soi-même Testeur d'auxiliaire Situations aléatoires (défi de Schrödinger) Textes sans commentaires Générateur de situation/synopsis ![]() La vie du chat
![]()
Schrödinger![]() Spectacles![]() La vie du chat
![]() ![]() Grigri et Rowenta(par Schrödinger)Un nouveau jour se leva sur l’animalerie. Un nouveau jour de bichonnage par les employés, d'allées et venues d'inconnus venus admirer les locataires, d'enfants s'extasiant sur de mignonnes petites frimousses. Une journée classique, en somme. Mais, pour Grigri, c'était plus que ça! Aujourd'hui était le grand jour, il en était persuadé! Il le sentait dans ses moustaches: la journée allait être différente. Et pour mettre toutes les chances de son côté, il allait sortir le grand jeu. Il s'étira en bâillant, révisant son planning avant l'arrivée des premiers clients, qui ne devraient pas arriver avant au moins deux heures: d'abord, petit-déjeuner. Puis, un peu d'activité physique, entraînement au regard mignon, exercices de miaulements implorants, toilette rigoureuse… Le carillon de la porte faillit le faire sursauter, mais en bon matou qui se respecte il resta de marbre, tournant un regard se voulant indifférent vers l'entrée de l'animalerie. Qui pouvait bien venir à cette heu…. « Minou minou minou! » clama la voix chevrotante d'une vieille femme courbée par les ans. Ah! Une mémé à chats! Proie facile, mais il n'allait pas chipoter. Grigri miaula, fort, parce que la grand-mère avait l'air dure de la feuille. Il fut récompensé quand son regard se posa sur lui, et là , il sut que c'était du tout cuit.
À peine arrivé à son nouveau chez lui, et Grigri commençait déjà à se dire qu'il avait peut-être fait une erreur de calcul. Encore tout tremblant d'avoir vu sa vie défiler devant ses yeux après les cinq minutes de trajet de mamie pourquoi-elle-a-encore-son-permis, le matou commença à renifler la cuisine, curieux de savoir s'il était seul avec mémé. Il sentit alors des mains noueuses se refermer autour de sa taille et le soulever de terre. « Minou minou minou! Oh, comment tu es arrivé là , toi? Viens voir maman! » roucoula la vieille en commençant à le caresser. Cahin-caha, elle quitta la cuisine et déverrouilla sa pièce à vivre, sans cesser de radoter. « Qui c'est qui va pouvoir tenir compagnie à mon petit Rowenta? Mais oui c'est toi! Mais oui! » Elle finit par lâcher un Grigri méfiant près d'une gamelle remplie à ras-bord de croquettes — enfin une bonne action — avant de faire le chemin en sens inverse, à son train de sénateur. Enfin arrivée à la porte, elle se retourna une dernière fois, et offrit au matou un sourire édenté. « Je vais vous laisser faire connaissance, d'accord? À tout à l'heure! » Et la porte se referma. Ouf, enfin seul! Grigri attaqua les croquettes. Tout ça lui avait donné faim! Il n'était par contre plus trop sûr de vouloir rester. Mamie était complètement cramée! Il n'y avait même pas d'autre chat, ici, malgré ce qu'il pensait avoir compris. Ou alors il s'était peut-être déjà enfui… Rassasié, Grigri se lança dans l'exploration des lieux. Par prudence, il commença par repérer les issues de secours et les coins en hauteur, histoire de pouvoir fuir en cas de besoin. Puis, par ordre d’importance, venaient les coins à siestes — la journée l’avait déjà épuisé. Mais il avait encore un endroit à vérifier: où donc mémé avait-elle mis la litière? Elle n’avait quand même pas oublié, si? C’est que Grigri avait besoin de se soulager! Le matou refit le tour du petit salon. Pas près de la vieille télé cathodique débranchée, pas derrière le petit fauteuil de grand-mère, Bastet merci heureusement pas à côté des croquettes… Ah, la voilà ! Cachée entre deux meubles, près du radiateur, le bac rempli de petits cailloux blancs l’attendait bien sagement. Enfin! Mais… À côté de la boîte, c’était… Anxieux, Grigri s’approcha à pas prudents. Oui, il ne s’était pas trompé: à côté de la litière dormait LE monstre. Celui qui faisait un bruit horrible, et que les humains promenaient dans la maison en plein pendant l’heure de la sieste. Mamie lui avait posé un truc sur la tête, un genre de bibelot brillant, peut-être. Pour le moment, il avait l’air de dormir. Le chat hésita. Il avait vraiment envie de faire ses besoins, mais il avait aussi peur de réveiller son ennemi juré. Ceci dit, le monstre avait l’air mort et ne respirait pas. Peut-être que mémé cramée avait oublié de lui donner à manger? Grigri se décida enfin. Il prit son courage à deux pattes et contourna le monstre à bonne distance pour atteindre la litière. Il ne se passa rien, et il put faire ce qu’il avait à faire sans être dérangé. Victoire! 1-0 pour le matou! C’est alors que les choses se gâtèrent. Un grand bruit résonna dans la maison, faisant sursauter le courageux minet. Le fauve se prit les pattes dans le rebord du bac à litière, trébucha, et glissa sur le parquet…droit sur le flanc du monstre! Et là , l’abomination se redressa avec un sifflement infernal! Grigri feula en retour, la queue doublant de volume, faisant le gros dos tout en opérant une retraite stratégique, pas à pas. La tête du monstre se tourna vers lui, avec sa grande bouche ronde, et le matou cracha en retour. D’un coup de patte, Grigri érafla le museau de son ennemi, qui redressa encore plus haut son long cou avec un sifflement indigné. Cette boule de poil lui lançait-elle un défi?! Outré, l’aspirateur fonça vers l’importun, espérant lui faire peur. Manque de bol, le mouvement brusque poussa le félin terrorisé à l’attaque, toutes griffes dehors. Une bataille épique s’engagea alors, chaque adversaire trop paniqué pour fuir, jusqu’à ce que la porte s’ouvre avec fracas. Mamie était de retour! L’arrivée de la grand-mère et le claquement de la porte achevèrent de déstabiliser Grigri, qui tourna les coussinets et fuit la queue entre les jambes. Victorieux, l’aspirateur en profita pour le canarder d’éclats de litière, aspirés puis recraché par ses turbines, alors que mamie arrivait en claudiquant sur le lieu de la confrontation. La dernière chose que vit Grigri avant de bondir par la fenêtre fut la mémé prenant le monstre dans ses bras et lui caressant le dos. «Oh, mon pauvre petit Rowenta…. Minou minou minou! Je suis là , je suis là … Tu as fait un cauchemar? Ooooh, tu vas voir, je vais te trouver un ami…»
La porte de l’animalerie s’ouvrit dans un carillon triste alors que Grigri y entrait, la tête basse. Il avait retrouvé le chemin tout seul, comme un grand, mais n’en tirait aucune fierté. Il était pourtant sûr qu’aujourd’hui serait la bonne… Heureusement, il se retrouva bien vite dans les bras rassurants des soigneurs, qui ne l’avaient pas oublié. Quelques caresses, de l’affection et des croquettes eurent tôt fait de lui redonner de l’énergie, et quand il réintégra ses quartiers tout chauds, il s’était presque remis de sa déception. Harassé par cette journée riche en émotions, Grigri se roula en boule alors que les lumières s’éteignaient, une pensée pleine d’espoir tournant en boucle dans sa tête: la prochaine fois, ce serait la bonne! Et la nuit tomba sur l’animalerie silencieuse. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand ! |