L'Académie de Lu





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(par Noon)
(Thème : La vie du chat)
(dernière modification : 06/06/2022)



Un nouveau jour se leva sur l’animalerie sous les yeux las du matou fatigué. Aujourd’hui encore, il attendait qu’on vienne le chercher, observant sans relâche les allers et retours des clients choisissant leurs futurs compagnons. Mais les clients qui voulaient des chats se faisaient rares par ici. « Des animaux trop exotiques » avec un « entretien trop compliqué », c’est ce que le chat entendait à chaque fois qu’un enfant regardait ses parents l’air suppliant, pointant du doigt l’animal à fourrure.

Nonchalant, le chat attendait. Allongé sur son perchoir, la tête posée sur ses pattes, il était las de se déplacer pour accueillir les nouveaux clients.

En même temps que la clochette de la porte d’entrée, un tintement mélodieux fit se redresser ses oreilles, il était différent du son habituel, à la fois plus grave et plus aigüe, comme si toute la musique du monde se tenait à l’intérieur de cette note. Le son semblait venir de l’arrière-boutique. Il était incapable de dire pourquoi, mais ce son l’appelait, il ne pouvait pas y résister.

Filant entre les pieds des clients, le chat s’éclipsa dans l’annexe de l’animalerie. C’était une pièce sombre remplie de cartons. Pourtant, ce matin-là, une lumière douce éclairait la pièce. Le chat commença à explorer.

Il trouva la porte contre le mur du fond, et dès que ses pupilles se posèrent dessus, il comprit qu’il ne pourrait plus reculer. C’était comme si une force invisible le poussait vers ce battant qu’un noir d’encre décoré d’oiseaux d’argent. Pour la première fois, le matou ne s’intéressa même pas aux oiseaux, seule la poignée, qui luisait légèrement, méritait son attention.

L’ouvrir ne lui prit que quelques secondes. A peine eut-il sauté pour atteindre la fameuse poignée que la Porte s’ouvrit dans un grincement mélodieux. Derrière la porte, il n’y avait rien d’autre que de la lumière. Comme un rideau brillant qui cachait un monde de merveilles.

Le chat se battait contre lui-même, son instinct lui disait de ne pas y aller. Mais son corps continuait d’avancer. Il passa le cadrant et la porte se referma avant de disparaitre, ne laissant derrière elle qu’une réserve d’animalerie plongée dans l’obscurité.

Ebloui par la lumière qu’il venait de traverser, le chat mit quelques secondes avant de pouvoir voir où il était arrivé. C’était une pièce circulaire, aux murs colorés et à la moquette rose.

Quelques meubles trônaient çà et là, tous beaucoup plus petit que la moyenne. Une petite table, accompagnée de ses petites chaises, un petit lit et même un petit miroir. Le chat venait d’atterrir dans une chambre d’enfants.

Une très étrange chambre d’enfant. Accrochées aux murs d’immenses étagères décoraient la pièce, faisant tache à côté du mobilier si petit. Mais les étagères ne semblaient pas si étranges si on les comparait à ce qui était posé dessus.

Il y avait là des centaines de poupées, toutes d’allure différentes. Et toutes, étrangement réalistes. Elles reposaient là, sur les étagères, semblant, comme les animaux de son animalerie, attendre que quelqu’un vienne les chercher. Le chat était là, en train d’observer la pièce, lorsqu’un bruit se fit entendre, derrière l’un des rideaux.

Vif comme l'éclair, le chat parti se cacher entre deux de ces étranges poupées à l'odeur particulière. Juste à temps pour ne pas être vu par la petite fille qui jaillit de derrière le rideau. Le chat eut tout le temps de l’observer en détails. Ses longs cheveux bruns voletaient autour de son visage tandis qu’elle tournait la tête de droite à gauche, cherchant quelque chose.

Elle semblait mécontente, les sourcils froncés sur ses yeux noirs qui parcouraient la pièce avec une frénésie grandissante. Puis, alors que chercher de loin ne semblait plus la satisfaire, elle commença à se déplacer, regardant dans tous les recoins. Sous le lit et les chaises, derrière tous les rideaux.

Une plainte déchirante s’élevait peu à peu de sa gorge, et des larmes commençaient à couler sur ses joues rondes. Elle s’attaqua ensuite aux étagères, déplaçant les poupées les unes après les autres, les lançant derrière elle, formant au milieu de la pièce une pile de minuscules humains.

Tandis que la petite se rapprochait de sa cachette, le chat avait de plus en plus peur. Il le sentait, quelque chose d’effrayant allait arriver si elle le trouvait. Il comptait l’espace qui les séparait. Quarante poupées. Vingt poupées. Dix poupées.

Une poupée.

N’écoutant que son instinct, le chat ne bougea pas d’un millimètre.

Alors que la petite allait retirer la poupée qui le cachait, une voix grave résonna dans la pièce.

— MĂ©lissa, il te plait ton ami ?

Il profita de la diversion, la petite fille avait tourné la tête en direction du plafond, et le chat avait sauté dans le tas de poupées, caché là, il observa la conversation entre cette enfant effrayante et la voix de l’homme invisible. Elle se plaignait de ne pas trouver son ami. Il la réconfortait. Tout aurait pu se passer au mieux, si elle n’avait pas commencé à pleurer à chaude larme. Alors, la voix, avec un ton paniqué prononça une phrase incompréhensible et la porte réapparut. La petite fille, tout sourire, parti se cacher derrière un rideau. Lorsque la porte s’ouvrit, le chat se précipita dans l’entrebâillement, passant entre les jambes d’une fille qui portait une paire de basket bleu ciel. Le chat était de retour à l’animalerie, un lieu qui lui semblait maintenant, plus que réconfortant. Il sauta sur son perchoir habituel et regarda le soleil se coucher. Ainsi, après une aussi courte aventure, la nuit tomba sur l’animalerie silencieuse.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !

























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