Jambe de paille et visage de citrouille
(par Noon)(Thème : Halloween)
Jambe de paille et visage de citrouille. C’est ce corps de rêve qui faisait toute la fierté de Nick. Dans le monde qui est le sien, les épouvantails son respectés, et plus leur rembourrage est épais, plus ils se rapprochaient de la royauté.
Nick était heureux, et il ne manquait pas une occasion de le montrer.
Alors qu’il rentrait chez lui, clopinant sur un chemin de terre, un bruissement attira son attention. Qui donc était celui qui osait s’aventurer sur sa propriété ? En se cachant dans les buissons qui plus est ?
Il fit un pas, puis un second en direction de cet invité non désiré et un cercle de lumière surgit à ses pieds. Aveuglé, Nick tenta de protéger ses yeux, mais ses bras ne lui répondaient plus.
Jambe de paille et visage de citrouille. Nick se trouvait dans lieu qui lui était inconnu. Un champ immense et laid, sous un ciel fade et accompagné d’une odeur nauséabonde, une odeur de paysan.
Il fronça le nez, quelle que soit la personne qui l’avait invoqué, il lui ferait payer. Il n’avait pas de temps à perdre avec des créatures inférieures à lui. Il se mit en route, pour rentrer chez lui. Il tenta de faire un pas. Ses jambes ne lui répondaient plus. En réalité, aucune partie de son corps ne lui répondait.
Un oiseau vint se poser sur son épaule. Un oiseau qu’il ne connaissait pas, suivi de deux autres. Au plumage noir et au chant dérangeant. Nick ne pouvait pas bouger les bras pour les faire partir. Il ne pouvait pas bouger les lèvres pour essayer de leur parler. Alors il utilisa ce qu’il lui restait, ses pensées. Il dégagea une aura si noire que les quelques plantes qui poussaient sous lui moururent. Les oiseaux s’envolèrent dans une cacophonie de croassement.
Nick resta sur place.
L’automne passa, le printemps aussi, Nick était toujours là, ruminant sa vengeance envers celui qui l’avait invoqué.
Parfois, d’hideuses créatures faite d’une matière beige et molle venaient le voir. Nick les detestait. Comme lui, elles avaient un corps et une tête, mais ils pouvaient bouger. Les plus petites de ces créatures étaient les plus teigneuses, elles venaient en groupe, criant et gesticulant et s’approchait de lui. Mais très vite, elles s’éloignaient, le pouvoir de Nick était trop douloureux pour des animaux aussi inférieurs. Il le savait. Alors elle commençait à lui jetait des pierres. Les projectiles volaient dans tous les sens. Parfois, Nick était touché, mais il ne sentait rien. Cela l’agaçait, alors il augmentait la portée de son aura, et les créatures prenaient la fuite.
L’été arriva, puis l’hiver. Nick était toujours sur ses positions. Planté dans le sol comme un piquet de bois. Il avait vu autour de lui les plantes pousser puis être ramassées par d’immenses dragons de métal, les dragons ici étaient végétariens. Nick riait dans sa barbe, les dragons avaient toujours été de faibles créatures.
Le temps continuait de passer, et Nick se sentait faiblir. Sans pouvoir bouger, ses muscles s’engourdissaient et il sentait parfois des brins de paille s’échapper de ses vêtements.
Un soir, alors que Nick avait imaginé son énième plan de la journée pour rentrer chez lui, les créatures molles et beiges vinrent le voir. Elles apportaient avec elles un pantin de paille perché sur un piquet. Pathétique.
Nick s’apprêtais à déployer son aura meurtrière, celle qui les faisait fuir à chaque fois, mais l’une des créatures saisit ses jambes et l’arracha du sol, à la place, il planta le pantin. Nick aurait voulu voir ce qu’il se passait, mais petit à petit, il sentait ses yeux se fermer. Et lui qui n’avait jamais dormi de sa vie d’homme de paille plongea dans un profond sommeil.
Il existe une légende, si ancienne qu’elle est tombée dans l’oubli,
Accolé au notre vit le monde des esprits.
Là-bas, tout est magique ou fantastique.
Les hommes de paille y règnent sans partage.
Mais il y a une loi qui sur eux s’applique :
Un jour, lorsqu’ils atteignent l’âge,
Ils se mettent à notre service,
Et deviennent nos épouvantails,
Empêchant les oiseaux de malice,
De voler nos victuailles.