Administration post-mortem
(par NoĂ«lle)(Thème : Halloween)
« Oui c’est ça madame ! Exactement » dis-je à la secrétaire de la mairie qui me regarda hébétée.
« Vous dites bien être madame Duchemin, celle qui est morte écrasée ? »
« Oui, je sais que ça peut paraitre fou mais c’est bien moi »
Elle retira le stylo qu’elle grignotait pour briser la monotonie et la routine de son métier et griffonna sur un des dossiers en pile sur son bureau. Un vieux bureau qui sentait l’administration chiante et les responsabilités qu’on préfèrerai oublier.
« Vous venez pour changer d’état civil j’imagine ? »
La maire était d’un calme mortel et je vous jure que je m’y connais, on se serai cru dans ma propre tombe. Le silence était quelque fois brisé par la toux d’un homme assis sur les vieux fauteuils inconfortable de la salle d’attente. A la vue de ses rides il me semblait bien qu’il rejoindrait bientôt lui aussi une tombe.
« Oui, madame comme vous pouvez le voir. Je ne suis pas morte ». Je dus reboiter mon bras (qui menaçait de tomber) dans un bruit sourd qui brisa le silence de la pièce.
« Je le constate madame, je le constate », la vieille secrétaire fouillait les dossiers, me répondant sans même me regarder. « Mais vous aviez pourtant était déclarée morte et enterrée non ? »
Il était vrai que ce camion ne m’avait pas loupé et qu’on m’avait retrouvé avec tellement d’os brisé qu’on ne pouvait plus discerner mon pied de mon coude. J’avais eu le droit à une tombe pittoresque dans le cimetière communal et rien ne semblait troubler mon sommeil éternel… Puis je me suis réveillée comme une conne, sous terre, en haillon et avec la dalle. Je ne sais pas vraiment combien de temps il m’a fallut pour sortir de terre, heureusement que j’étais trop pauvre pour m’offrir une tombe décente, sinon je serai vraiment restée bloquée, la honte. Une fois sortie, je me souviens juste de la gueule terrifiée du pauvre mec inconnu qui passait surement fleurir la tombe de sa femme, c’est quand même fou d’avoir autant peu de chance… Pauvre type, je lui ai quand même sauté dessus et j’ai essayé de le bouffer. J’avais trop faim, comprenez. Mais bon, c’était vraiment immonde, j’ai à peine planté mes molaires dans son cou que j’ai compris pourquoi les zombies mangeurs d’humains c’est que dans les films. J’ai surement vomi pendant cinq minutes… Pauvre type… Il perd sa femme, croise un zombie, se fait mordre et dégueuler dessus pendant cinq minutes. Finalement, j’avais nulle part où aller donc je suis rentrée chez ma mère. Elle a eu un vrai coup au cœur en me voyant. Pas qu’elle était spécialement heureuse non, elle a littéralement fait un arrêt cardiaque en me voyant. Vu que je n’existais pas légalement je n’ai pas appelé les pompiers. Le congélateur était assez grand de toute façon. Pour finir, je me suis rendu compte que j’avais beau être un zombie, j’avais quand même besoin d’argent pour payer la bouffe et le loyer donc il m’a très vite fallu un métier et pour cela un état civil…
La dame me regarda longuement, l’air ailleurs… « Bien madame, vous pouvez me rappeler votre identité ? »
« Élise Duchemin, Vingt et un an madame », ce nom aussi original que la plume d’un auteur épuisé était l’idée de mon père. Je n’aurai jamais pensé devoir le garder après ma mort mais la vie nous réserve parfois des surprises… Enfin la mort du coup, on s’y perd assez vite.
« Bien madame, vous serez prescrite à un test ADN pour vérifier votre identité, même s’il ne fait aucun doute de la nature mensongère de vos déclarations… »
Il est vrai que je me posais beaucoup de question sur ce qu’il allait m’arriver si on apprenait que j’avais littéralement ressusciter, j’étais naïve mais bon j’avais très faim et besoin d’argent. J’aurai mille fois préférée le repos éternel que la platitude morne de la vie administrative et générale de nos sociétés. Je n’ai pas connu l’enfer mais je ne sais pas ce qui s’approche plus de celui-ci qu’une mairie.
« Nous vous recontacteront madame… Suivant ! »
Comme vous le savez vous m’avez recontacté et… J’ai réussi le test ADN alors… Pour mon état civil ?