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Ellumyne![]() Spectacles![]() La vie du chat
![]() ![]() Un chat-pardeur(par Ellumyne)Un nouveau jour se leva sur l’animalerie. Les petits chiens baillaient, les chats s’étiraient, les perruches faisaient leur toilette et les hamsters grignotaient tranquillement dans leur cage. Tout ce petit monde s’apprêtait à vivre une journée de plus, espérant secrètement être adopté par un chaleureux foyer. La clochette tintinnabula soudainement, annonçant l’arrivée d’un nouveau client potentiel. Une jeune femme entra, avant de déambuler dans les allées, cherchant la partie du magasin réservée aux félins. Depuis toute petite, elle désirait avoir une petite boule de poils pour compagnie, mais ses études, puis son travail l’avaient éloigné de ce rêve. Eloignée de sa famille. Eloignée de cette Terre. Astronaute sur la station orbitale d’Ortalia, Héléna enchainait des missions de plus en plus longues et complexes. Et sa dernière, qui avait duré près de six mois, ne s’était pas tout à fait finie comme elle l’aurait souhaité. Après avoir violemment claqué une porte pour faire part de son mécontentement à son idiot de collègue, celle-ci s’était quasiment dégondée lors de l’impact, faisant trembler une partIe de la station. Sous le coup de la colère, elle n’avait rien remarqué. Mais d’autres incidents divers et variés avaient eu lieu lors de la mission. Un pied de chaise tordu lorsque la jeune femme s’était assise dessus, une poignée de porte brisée lorsqu’elle l’avait tirée vers elle. Suite à cela, une équipe d’ingénieurs chevronnés avaient eu pour objectif de chercher la source du manque de solidité du matériel présent dans la station, et la jeune femme se retrouvait donc au chômage technique. Perdue dans ses pensées, elle évita de justesse un vendeur. — Oh, excusez-moi, je ne vous avais pas vu, s’excusa-elle penaude. — Bonjour Madame. Ce n’est rien. Vous désirez quelque chose en particulier ? — Oui, je cherche un sac de Croc-Mi pour le chat de ma mère. — Par ici, je vous prie. Le vendeur lui désigna un rayonnage consacré aux croquettes, boulettes, boîtes de thon et autres délices pour les félins. — Vous avez du choix ! D’ailleurs, j’y pense, l’animalerie dans laquelle mes parents vont habituellement est située beaucoup plus loin. Ça fait longtemps que vous êtes installé ? Ils gagneraient du temps à venir ici. — Nous sommes toujours là où nous avons besoin de nous, répondit le vendeur avec un sourire énigmatique. Déstabilisée par l’attitude du jeune homme, Héléna porta à nouveau son regard sur la nourriture. Sa main s’approcha du paquet de Croc-Mi quand soudainement, quelque chose de doux lui caressa la cheville. Baissant les yeux, elle aperçut le bout d’une queue qui disparu derrière sa jambe, avant qu’une tête ne réapparaisse de l’autre côté. Un chat se frottait à elle en ronronnant, cherchant à obtenir des caresses. — Petit chenapan, viens par ici ! Tu as encore réussi à ouvrir ta cage ! Tu ne vois pas que tu embêtes la dame, s’exclama le vendeur. — Oh non, laissez, il est adorable. Comment s’appelle-t-il ? — Sylvestre ! Héléna s’accroupit pour se mettre au niveau de la mignonne boule de poils et lui gratouilla la tête, augmentant par la même occasion de volume des ronrons. Après quelques minutes de câlins mutuels, c’est avec un léger pincement au cœur qu’elle prit le chat dans ses bras et le tendit au vendeur pour qu’il le remette en cage. Mais ce projet n’était pas du tout au goût du matou qui siffla de rage. Toutes griffes dehors, il chercha à retourner auprès de sa nouvelle amie en s’accrochant à ses manches, lacérant le tissu au passage. Sa patte agrippa le joli bracelet en argent de la femme, qui glissa le long de son poignet. Dans le chaos, au milieu des poils qui volaient en tous sens, et sans que personne ne comprenne quoi que ce soit, le bijou passa autour du cou de l’animal, le pendentif en forme de dauphin brillant de mille feux. Soudainement, se contorsionnant une dernière fois, le chat s’échappa de son étreinte forcée et tomba au sol avant de sauter d’un bond tout en haut d’une étagère. Se sachant hors d’atteinte, Sylvestre s’arrêta quelques secondes pour observer le vendeur d’un œil mauvais. Les saphirs incrustés dans le bracelet reflétaient la lumière des néons, et Héléna regarda l’animal d’un air stupéfait, ne sachant pas si elle devait rire de la situation, ou s’inquiéter de la tournure que prenaient les évènements. Sans crier gare, le félin pris appui sur ses pattes arrière, donna une impulsion avant de sauter au sol, se réceptionnant en souplesse sur ses pattes de velours. L’étagère vacilla sous la poussée, menaçant de tomber. D’un bond majestueux, l’animal s’échappa au travers d’une fenêtre ouverte. — Il faut le rattraper, s’écria le pauvre vendeur paniqué. — Mon bracelet ! renchérit Héléna. Tous deux se précipitèrent vers la sortie et scrutèrent le parking silencieux. Une brise légère leur caressait le visage, mais aucun mouvement ne venait troubler la quiétude des lieux. Soudainement, un hurlement strident retentit, les faisant sursauter. A l’unisson, ils tournèrent la tête vers la voiture d’Héléna, dont le capot était désormais déformé par l’arrivée inopinée du matou. Ce dernier, qui ne souhaitait pourtant ne faire qu’une une sieste bien méritée au soleil, était courroucé par l’alarme qui mugissait dans ses oreilles. Les poils hérissés sur son dos, il venait de sortir ses griffes, lacérant la tôle comme s’il s’agissait d’une vulgaire feuille de papier. — Ma voiture ! Mais c’est quoi ce chat ? s’égosilla la jeune femme pour couvrir le bruit. — Sylvestre est tout à fait normal ! Je ne comprends pas ce qui se passe ! répondit le vendeur d’une voix suraiguë. Les incidents dans la station spatiale revinrent brusquement en mémoire à Héléna. Tout ceci était trop similaire pour que ce soit une coïncidence. — Le bracelet ! hurla-elle en pointant du doigt le matou. — Porcelet ? N’insultez pas ce chat voyons ! s’offusqua son interlocuteur. Farfouillant dans son sac à main, le cœur battant à tout rompre, elle parvint à attraper les clés de sa voiture et à couper l’alarme. Le silence soudain les frappa de plein fouet et ils mirent quelques dizaines de secondes à s’y habituer. — Le bracelet ! C’est le bracelet ! Il faut le récupérer avant que les choses n’empirent ! expliqua-t-elle. — Hum… Je vois… répondit le vendeur. Ils s’élancèrent de concert à la poursuite de l’animal qui avait sauté de la voiture et avançait maintenant vers la route, au risque de se faire écraser. — Reviens ! Minou minou ! s’écria Héléna. Sourd aux appels, Sylvestre marchait tranquillement sur le parking quand un camion s’avança à pleine vitesse sur la chaussée. N’ayant pas envie de finir aplati comme une crêpe, le chat fit demi-tour, fila entre les jambes des deux humains avant de bondir en haut d’un chêne. Calé sur une branche, le félin s’étira avant de s’allonger confortablement. — Ce saut ! Impressionnant… murmura le vendeur. Bon, au moins, il n’a pas plus l’air de vouloir bouger. — Il faut que je récupère mon bijou. Il est… particulier… Depuis que je l’ai, il se passe des choses étranges autour de moi. Comme si parfois, sous le coup de la colère, j’avais une force surhumaine. Mais je viens seulement de faire la relation, expliqua la jeune femme. — Mmh… Intéressant… Dans tous les cas, il faut que je récupère Sylvestre, avant la fermeture ce soir. Les deux compagnons d’infortune passèrent le reste de la journée à essayer de faire redescendre la tête de mule qui refusait catégoriquement de bouger ne serait-ce qu’une patte. Rien n’y fit, appels, croquettes, pâtée odorante, souris en tissu. Le matou restait sourd à toutes les sollicitations. A la tombée de la nuit, ivre de fatigue, Héléna annonça au vendeur qu’elle ne pouvait pas rester plus longtemps et lui expliqua qu’elle reviendrait récupérer son bracelet le lendemain. Avec un sourire énigmatique, l’homme accepta son offre et la regarda partir dans sa voiture désormais toute griffée et cabossée. Dix minutes plus tard, le chat qui commençait à avoir faim, descendit enfin de son promontoire pour manger sa pâtée et il put enfin réintégrer sa cage, maintenant qu’il s’était calmé. Le vendeur en profita pour récupérer le bijou et alla le cacher tout au fond d’un tiroir. Les derniers rayons du soleil embrasèrent le ciel d’une lueur orangée, avant de disparaitre. La nuit tomba sur l’animalerie silencieuse. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand ! |