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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Destination finale(par Ellumyne)Plongé dans un noir opaque, tâtonnant son environnement proche avec hésitation, Jordan respirait profondément pour tenter calmer les battements de son cœur. Cela ne faisait pourtant que cinq minutes que ce fichu bandeau lui masquait la vue, mais le temps lui paraissait déjà interminable et son pied tapotait le sol en rythme pour évacuer le stress. — Veux-tu bien te détendre Jordan ? La soirée s'annonce délicieuse. Un enterrement de vie de garçon, cela n'arrive qu'une seule fois dans sa vie. — Parle pour toi, Édouard, c'est vous qui l'organisez…D'ailleurs, qu'est-ce qu'il fiche Manu ? On n'a pas toute la nuit ! Au même moment, la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas avant que son ami de toujours n'ait eu le temps de répondre. — Hé les gars ! Ça gaze ? Z'avez la frite ? lança le nouveau venu à la cantonade. — T'es en retard… marmonna Jordan en se frottant les yeux à travers le bandeau. — Tut tut tut ! Touches pas à ça, toi. Tout excité, Manu attrapa ses deux amis par le bras et les poussa vers la sortie en prenant tout de même soin de guider l'aveugle pour éviter qu'il ne trébuche et ne chute avant même d'être sorti de chez lui. Avançant tous les trois dans la rue faiblement éclairée par quelques lampadaires épars, ils se dirigèrent vers le centre-ville. Après tout, c'était là qu'on s'amusait le plus. Une fois arrivés dans la zone piétonne, il lâcha complètement la pauvre victime et la laissa livrée à elle-même. Jordan se dandina, hésitant, posant délicatement un pied après l'autre comme si le sol était recouvert de lave. Manu explosa de rire avant de prendre la parole. — On dirait un pingouin qui marche sur la banquise en Antarctique ! — Hum, ce sont des manchots. Les pin… — Oh ça va Édouard, nous assomme pas avec ta culture à la noix ! — Vous voulez pas m'aider au lieu de vous chamailler ? quémanda Jordan — Toujours tout droit mon pote. T'inquiètes, on t'arrêtera avant que tu te manges un mur. Ou pas… Haha ! Fier de sa blague d'une nullité pourtant abyssale, le jeune homme se remit à marcher tout en donnant des instructions plus ou moins précises à son ami. — À droite. Non, l'autre droite. Voilà , maintenant, tout droit. Attention, ils font des travaux sur les canalisations à gauche. Jordan marchait maintenant d'un pas plus assuré. S'arrêtant au moindre doute. Repartant après confirmation. L'air frais de la nuit ainsi que l'impatience de découvrir la destination de leur voyage, le maintenaient parfaitement éveillé malgré l'heure tardive. Ses enjambées se firent plus pressées et alors qu'il tendait l'oreille pour situer ses deux amis, son pied glissa sur un objet cylindrique. Manquant de perdre l'équilibre, le jeune homme cria de surprise en se rattrapant in-extremis. — Qu'est-ce que c'était que ça ? — Hum. A première vue, je dirais qu'il s'agit d'un tournevis. Manifestement, un ouvrier a oublié ses outils à côté du chantier, expliqua Édouard, qui s'était rapproché, en observant le sol avec attention. — Ouais. Fait nuit, on n'a pas vu. Désolé fréro, s'excusa Manu — Vous vous fichez de moi ? s'emporta leur ami. C'est moi qui ai les yeux bandés. C'est moi qui suis censé ne rien voir ! Une fenêtre s'ouvrit brusquement au-dessus de leur tête et une femme les apostropha à distance. — Chuuuut ! Vous pourriez faire moins de bruit ? Vous allez réveiller mes enfants. — Excusez-nous m'dame ! hurla Manu avec sa délicatesse habituelle. — Chuuuut ! reprit l'habitante en faisant de grands gestes pour les inviter à s'éloigner de son logement. — Inutile de nous chuter de la sorte, nous libérons les lieux, souffla Édouard de sa voix d'aristocrate. Jordan, refroidi par la tournure des évènements s'accrochait désormais au bras de Manu comme à une bouée de sauvetage. Avançant cahin caha, ils zigzaguaient sur la route, l'un se plaignant de n'être toujours pas arrivé, l'autre râlant qu'il ne sentait plus son bras. La fine équipe passa devant un groupe de jeunes, en sweet à capuche qui les sifflèrent et raillèrent leurs démarches pour le moins chaotiques. — Abrutis ! cracha Manu. — Ne t'occupes donc pas de cette bande de pingouins, nous sommes bientôt arrivés, répondit Édouard de son air guindé habituel. — Ah ! Il était temps ! C'est pas tout, mais je commence à avoir faim, moi ! annonça Jordan. — C'est pas l'moment mon pote, on est à la fin du périple. Même si, maintenant que tu en parles, je me ferai bien un burger avec un maxi frites. — Saviez-vous que d'après les outils d'analyse du ministère de la santé, manger au moins une fois par semaine au fast food… — Edouuuuard ! s'exclama Jordan. — En tant que membre honoraire de l'Académie de Grenoble, spécialisée dans… s'offusqua Édouard. — Pitié ! le coupa encore une fois son ami. Le trio s'engagea dans une ruelle sombre avant de s'arrêter devant une vitrine illuminée. Jordan enleva son bandeau avec un soupir de soulagement. Mais son bonheur fut de courte durée. Ses yeux, habitués à l'obscurité, furent violemment agressés par une multitude de néons rouges clignotants et de flashs d'un blanc aveuglant. Incapable d'y voir quoi que ce soit, il ferma les paupières tout en appelant ses amis. — On est où ici ? C'est quoi ma surprise ? — Eh bien, très cher, nous sommes à l'Académie d'amour ! lui expliqua Édouard dont le sourire s'étendait jusqu'aux oreilles. — Que… quoi ? bégaya Jordan, un peu perdu. Mais seuls les rires de ses amis firent écho à sa question. Ces derniers détalèrent quand la clochette de la porte vitrée retentit, annonçant la venue de quelqu'un. Toujours ébloui par la lumière ambiante, Jordan ne pouvait pas les rejoindre et il réitéra sa question. — Je suis où ? — Bonsoir mon chou. Tu viens découvrir les délices de l'amour ? fit une voix suave tout près de son oreille. — Manuuuuu ! Edouuuuuard ! Vous allez me le payer ! hurla le jeune homme quand il comprit que ses amis l'avaient emmené dans le quartier rouge de la ville.
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