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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Échec et mat(par Ellumyne)Sur le plateau de la falaise, le chemin escarpé serpentait au milieu de la végétation éparse. L’automne, déjà bien avancé, avait bronzé peu à peu la verdure ambiante, créant une atmosphère chaude et douce à la fois, malgré les bourrasques de vent. — Attends-moi Victor ! J'en peux plus… croassais-je, la gorge sèche. — Non ! hurla mon frère en retour, pour couvrir le bruit de la bise. Tu ne crois quand même pas que je vais te laisser gagner ? Chaque coup de pédale furieux projetait des gravillons dans ma direction, telles des volées de chevrotine, sous les roues crantées de son VTT, tandis que nous roulions dans une course effrénée à travers le paysage aride. Victor prit un raccourci, évita de justesse un buisson rachitique et s'arrêta devant la porte en bois de la vieille maison dans une gerbe de poussière. — Preum's ! A moi les pièces blanches ! rigola-t-il tandis que je le rejoignais péniblement. Posant les vélos contre la barrière, nous entrâmes à l'intérieur. Une forte odeur de café assaillit nos narines et, après avoir fait un câlin à notre grand-mère, nous nous installâmes autour de la table. Victor disposa un échiquier entre nous et plaça minutieusement les pièces avant de déplacer le premier pion. — À toi ! s'exclama-t-il d'un air réjouit. Sans entrain, je poussai l’un de mes pions, et, après plusieurs tours, le plateau devint rapidement un capharnaüm de pièces éparpillées. Je commençais sérieusement à nager en eaux troubles, complètement perdue. Le cavalier bougeait-il en diagonale ? J'observais l'échiquier, l'air absent, jetant de rapides coups d'œil au sablier qui me narguait. Chaque grain de sable qui chutait me rappelait que mon temps de réflexion était compté. Qu'est-ce que je pouvais détester ce jeu…Mais j’avais promis une partie à mon frère pour son anniversaire. — Allez, joue ! Ce n’est quand même pas la mer à boire ! m’encouragea Victor. — Un petit gâteau pour vous requinquer, les enfants ? nous interrompit notre grand-mère. Elle nous apporta un plateau avec un monticule de cookies aux pépites de chocolat ainsi qu'une tasse de café chacun. Je m'emparai avidement d'une petite douceur et la croquai à pleines dents. Cependant, ma canine hurla de protestation lorsqu'elle manqua de se casser dessus. Je recrachai vivement le tout et me mis à tousser, expectorant un mélange de miettes et de postillons sur la table, au mépris de toute bienséance. Je palpai avec circonspection la chose dure comme du ciment en me demandant quelle recette ma mamie avait bien pu utiliser. Cookies au sable et aux pépites de gravier ramassés sur le chemin, le tout enrobé de colle forte ? — Ils sont bons, n’est-ce pas ? Je les ai préparés spécialement pour vous, chevrota notre grandmère. — Mmmh, oui mamie, mentis-je en m’emparant de ma tasse de café. Je trempai le biscuit dans le liquide noir et fumant dans le vain espoir de le ramollir. — Oh, on dirait que tu as pris un coup de soleil, ma petite. Avec ta peau aussi blanche que la craie des falaises d’Etretat, tu devrais mettre de la crème solaire, enchaîna ma grand-mère. Tête en l’air, j’avais oublié le tube chez moi en partant, mais je balayai la remarque d’un haussement d’épaules. Je savais pertinemment qu’elle avait raison, et que je serais probablement rouge comme une écrevisse en rentrant le soir, mais je faisais semblant de ne pas tenir compte de la remarque, en attendant qu’elle passe à un autre sujet. Jamais je n’aurai la peau bronzée comme elle, je n’y pouvais rien. Perdue dans mes pensées, ma main tournait machinalement au-dessus de la surface de mon breuvage quand un plouf me fit sursauter. — Eh zut ! M’exclamai-je. — Un gâteau à la mer ! s’écria Victor en explosant de rire devant mon air déconfit. Le cookie, disloqué, sombrait lentement au fond des abysses. Seules quelques miettes rescapées nageaient encore à la surface. Dégoûtée, je reposai la tasse loin de moi. Partie farfouiller dans son placard, notre grand-mère se retourna à nouveau vers nous, une bouteille à la main. — Pour fêter dignement ton anniversaire, Victor, je vous propose qu’on sable le champagne ! — Ça veut dire boire, m’expliqua mon frère en se penchant vers moi, l’air goguenard. — Gna, gna, gna, répliquais-je en lui tirant la langue, mais secrètement heureuse qu’il dissipe mon incompréhension. L’après-midi passa rapidement, dans la joie et la bonne humeur.
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