À la personne la plus importante qui ait croisé ma vie
(par Gabrielle)(Thème : MĂ©lilĂ©mots 2)
Ça fait deux ans que tu es parti aujourd’hui. Deux ans… Ça fait si longtemps que je n’ai plus senti tes bras autour de moi. Et dans le même temps, j’ai l’impression que ce n’était qu’hier.
Je me souviens encore de chaque instant de ce jour où j’ai perdu la moitié de mon âme que tu possédais. Je me souviens de ton teint livide, toi qui avais la peau bronzée. Je me souviens de ta souffrance. Je me souviens également de la promesse que je t’ai faite. Et toi, tu t’en souviens ?
(Je m’en souviens, Gabrielle. Je t’ai fait promettre de coucher sur papier toutes ces histoires que tu inventais lorsque nous nous allongions dans le bac à sable, à observer les étoiles. Je t’apprenais les constellations. Tu me racontais des épopées folles.)
Le bac à sable, oui. Ce fameux bac à sable que nos parents avaient fait construire pour nous, le jour de notre naissance. Je l’ai fait. J’ai tenu ma promesse. J’ai trois carnets noircis d’encre pour le prouver. Finalement, ce n’était pas la mer à boire.
J’aurais voulu positiver en ce mercredi, mais je ne peux même pas venir déposer une fleur sur ton lieu d’éternel repos. Je suis positive. Clara m’a contaminée… Et à cause de cela, je suis enfermée. Comme si cette maladie qui ne me fait rien était une falaise. Un précipice infranchissable.
Je me suis enfermée dans la salle de bains. Dans la baignoire, je regarde l’eau s’écraser sur ma peau nue, telle des vagues. Mais ce n’est pas ici que je vais pouvoir nager. Tu te souviens comme j’aime ça : nager.
(Je m’en souviens, Gabrielle. Tu étais si heureuse dans l’eau. Tu oubliais toutes les galères, tous les malheurs… Tu en oubliais le cancer qui m’emporterait...)
J’ai l’impression que ma vie s’est effondrée ces derniers temps. Et ces confinements, ces couvre-feux m’empêchent de faire les choses que j’aime. De voir les gens que j’aime. De me reconstruire, tout simplement.
Bref, ça fait deux ans que tu es parti. Mais tu peux être en paix car je vais bien maintenant. (Je suis en paix, je reste ta petite voix off qui te taquine.) Et tu resteras toujours à mes côtés. Ma moitié… mon jumeau…