— Attention Ă  la marche ! glapit une voix aiguĂ« au fond de la boutique poussiĂ©reuse. J'ai dĂ©jĂ  bien assez d'estropiĂ©s qui rentrent dans mon magasin après avoir cherchĂ© des noises Ă  mon nouveau garde du corps.

— Bonjour Durazin ! Ne vous inquiĂ©tez pas, j'ai survĂ©cu Ă  mon tĂŞte-Ă -tĂŞte avec votre minotaure, rĂ©pondit Henry non sans une certaine fiertĂ©.

— C'est bien, vous faites partie des chanceux. Tap-Tap prend parfois son mĂ©tier un peu trop Ă  cĹ“ur. Qu'est-ce qui vous amène ici, humain ? demanda la taupe.

— Disons que j'ai trouvé quelque chose qui pourrait vous intéresser, expliqua le jeune homme.

— Eh bien montrez-moi ça ! s'exclama le receleur, ses yeux aveugles brillant soudainement d'intĂ©rĂŞt.

— Figurez-vous que ce bracelet a des propriétés magiques que je n'avais encore jamais vues de ma vie, expliqua le jeune homme en tendant le bijou en argent à son interlocuteur.

— Gamin, tu es loin d'avoir vécu assez longtemps pour saisir l'ampleur de la puissance magique dans notre univers, soupira Durazin, lorsque le dauphin serti de saphirs irradia soudainement d'énergie, brûlant au passage quelques poils de la patte griffue.

— Honnêtement, cela ne m'intéresse pas plus que ça. Je préfère l'argent à la magie. C'est plus concret et moins dangereux, rigola faiblement Henry, en reculant de deux pas, plus inquiet qu'il ne le laissait paraître.

— Il émane de ce bijou quelque chose d'étrange, murmura le receleur, les vibrisses frémissantes.

— J'avais remarqué. C'est bien pour cela que je suis venu vous voir.

— Kyrielle de créatures de tous horizons seraient prêtes à tuer pour cette merveille… marmonna la vieille taupe.

— La question Ă©tant… Combien vous, vous m'en donneriez ? demanda Henry, avide de richesse.

— Ma foi, deux mille couronnes, pas une de plus.

— Non ! Je refuse ! C'est bien trop peu !

— On ne marchande pas les prix chez moi… gronda le receleur, menaçant.

— Puisque c'est comme ça, rendez-moi le bracelet, j'en obtiendrai un meilleur prix ailleurs.

— Que dites-vous ? Vous avez de la chance que je vous en propose un bon prix !

— Rapace ! Crapule ! ScĂ©lĂ©rat ! Vous n’êtes qu’un sale voleur ! Jamais plus je ne remettrai les pieds chez vous, rĂ©pliqua sèchement Henry en arrachant le bracelet des doigts crochus de son interlocuteur.

— Saigne-le Tap-Tap ! hurla Durazin d'une voix suraiguĂ«. Écrase-moi ce misĂ©rable insecte !

— Temporisons un peu, voulez-vous ? Nous… Nous pouvons trouver un arrangement, n’est-ce… ? murmura le jeune homme, blême de peur face au minotaure qui venait de pénétrer dans la boutique, les yeux fous.

— Uppercut, démembrement, coup de massue, que choisissez-vous ? demanda le receleur avec un sourire en coin.

— Vous, m'avoir demandĂ©, maĂ®tre ? gronda le garde du corps en tapotant sa massue sur sa cuisse surdimensionnĂ©e.

— Week-end de merde… murmura Henry.

— Xylophile ! hurla le minotaure en se précipitant vers le bureau de Durazin.

— Yéti poilu se prend de passion pour le bois ? demanda le jeune homme interloqué.

— Zappé de vous dire… Il n’est pas xylophile, il cherche un stylo bille… Je vous laisse imaginer la suite…