— Au rapport, mon commandant !

— Bien le bonjour soldat ! Repos !

— Commandant, tout se passe bien avec les manĹ“uvres du champ de tir ?

— Des problèmes avec les manifestants, mais bon, que voulez-vous !

— Encore eux ? Pourtant, nous sommes mardi après-midi… ces gens ne travaillent jamais ?

— FainĂ©ants d’écologistes ! S’ils bossaient, au lieu de nous embĂŞter ! Ils ont mĂŞme construit une barrière pour empĂŞcher nos tanks de passer.

— GĂ©nĂ©ralement, ils s’enchainent aux arbres et ils beuglent des slogans. Ceux-lĂ  sont beaucoup plus organisĂ©s.

— HĂ©las, maintenant les Ă©colos, c’est surtout des bobos qui travaillent dans la tech. Ils sont moins violents que les hippies, mais ils ont les moyens. D’ailleurs, ils nous ont demandĂ© quelque chose en particulier, ou ils sont juste venus faire chier ?

— Ils exigent que nous cessions de tirer sur le terrain d’entrainement.

— Jamais ! Ce terrain vague nous a Ă©tĂ© attribuĂ© sous Pompidou, et nous l’avons toujours utilisĂ© pour tirer au canon ! Ces Ă©colos et leurs niaiseries, quelle bande de… de…

— Kikoos ?

— Lieutenant, je ne connais pas ce mot, mais je ne suis pas sĂ»r… je voulais dire que c’est une bande de…

— Margoulins ?

— Non, je pensais à… enfin, vous voyez, ce sont des Ă©colos, des hippies, des… merde, j’ai oubliĂ© le mot.

— Oui, je vois ce que vous voulez dire…

— Parce qu’il serait bon d’être prĂ©cis sur les termes ! Nous sommes dans l’armĂ©e, tout de mĂŞme.

— Quelqu’un d’écologiste, on dit que c’est un…

— Rastaquouère ! VoilĂ , c’est ça, rastaquouère, ça m’est revenu ! Vous ne trouvez pas que ça leur va bien, lieutenant ?

— SacrĂ©ment bien trouvĂ©, commandant !

— Tout de mĂŞme, ils ont bien changĂ©. Quoi que, ça nous change un peu de la monotonie du camp. Nous sommes toujours lĂ , Ă  nous tourner les pouces… Sous ce soleil, on va mourir de soif !

— Un thĂ©, mon commandant ?

— Vous n’avez rien d’autre ?

— Whisky ? Ou plutĂ´t un bon vin chaud ? Attendez, non, c’est vrai qu’avec votre diabète vous ne supportez pas le xy… xumose…

— Xylose, lieutenant, le xylose ! Et Ă  cause de ça, plus de vin. Pas que de croissant Ă  cause du glucose, ni de poire Ă  cause du fructose, mais ça je m’en fiche, je ne mange pas de fruits. Manquerait plus que je devienne vĂ©gan !

— Y’a pas Ă  dire, ça ne vous rend pas la vie facile. Ceci dit… les contestataires ont commencĂ© Ă  bouger. Ils chantent. Je crois que c’est une reprise de Tryo au tam-tam.

— Zadistes un jour, zadistes toujours…