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Ellumyne![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Des étoiles plein les yeux(par Ellumyne)Il était presque minuit, et la fête battait son plein. La musique, assourdissante, n’était entrecoupée que par des annonces au micro tout aussi tonitruantes. Maël tentait de se frayer un chemin dans l’attroupement pour rejoindre son meilleur ami. Mais à chaque pas, il devait esquiver tantôt un enfant serrant dans ses bras une peluche plus grosse que lui, tantôt un couple partageant une pomme d’amour au milieu du chemin, comme si le monde autour d’eux n’existait plus. Il soupira d’exaspération, puis, se hissant sur la pointe des pieds, il repéra la cabane à churros et plongea à nouveau dans la nuée de visiteurs. Cette dernière se clairsema à mesure que le jeune homme s’éloignait du cœur de la fête foraine et il put enfin respirer un peu.
Ses yeux scannèrent les environs à la recherche d’Alexandre. Mais son regard s’arrêta sur tout autre chose. Grande, blonde, la démarche assurée, Emilie fendait la foule avec la grâce d’une déesse. Ses longs cheveux bouclés encadraient un visage de porcelaine qui lui donnaient un air doux et angélique. Son sourire solaire resplendissait dans la nuit, plus encore que les guirlandes multicolores qui les entouraient. Lorsqu’elle aperçut le jeune homme, elle lui lança une œillade qui envoya son cœur sur orbite, avant de pouffer, les joues rosies par la timidité. Puis elle s’éloigna, entourées de ses trois meilleures amies, qui gravitaient autour d’elle comme autant de satellites autour de l’astre céleste qu’elle incarnait. De toutes façons, inutile de faire des plans sur la comète… Avec ces gardes du corps, toute approche était vouée à l’échec. Mais bizarrement, cela le soulageait un peu. Après tout, qu’aurait-il eu d’intéressant à lui dire ?
— Hé, mon pote ! Ça va ? On dirait que t’as vu un fantôme !
— Oh Alex ! Euh… Je…, bégaya Maël, encore un peu à l’ouest.
— EST-CE QUE VOUS EN VOULEZ ENCOOOOOORE ? beugla une voix dans un micro mal réglé.
Les deux garçons sursautèrent et Alexandre entraîna son ami vers le manège le plus proche : le train fantôme.
— Tu crois qu’ils ont installé quoi comme nouveauté cette année ? Un squelette ensanglanté mangeur de cervelle ? Une pluie d’araignées dévoreuses de chair ? Oh, non attends, je sais…
— Alex ! Je rentre pas là -dedans ! On s’était mis d’accord, rien qui fait peur…
— Pfff, petit joueur… Allez viens, suis-moi !
Ils passèrent devant un manège en forme de pieuvre, où de pauvres victimes harnachées dans des nacelles, tournoyaient comme des fusées autour d’un axe central, et dont le gérant éructait des encouragements audibles à des kilomètres à la ronde. Ignorant le stand de tir à la carabine, ils longèrent celui de la pêche aux canards et Alex ne se priva pas pour proposer une petite partie à son trouillard de pote. Face au mécontentement de Maël, il explosa de rire et continua à marcher.
— Ahh voilà  ! Les montagnes russes ! Et cette fois, ne me dit pas que tu ne veux pas monter !
— Hum… Tu es sûr… Que ça ne fait pas peur ? Hein ?
— Mais non ! Viens ! Fais-moi confiance.
— Mouais…
Face à l’indécision du plus jeune, et pour éviter tout refus qui lui aurait gâché la soirée, Alexandre posa la paume de sa main dans le dos de Maël et le propulsa en avant, sans ménagement. Ce dernier, léger comme une plume, se retrouva dans la file d’attente sans avoir eu le temps d’émettre la moindre objection. Ce fut bientôt leur tour, et ils s’installèrent dans un wagon, bien arrimés par une ceinture de sécurité. Le train se mit en branle et Maël senti la pression monter en lui, malgré le sourire un peu trop confiant de son meilleur pote.
La première petite descente se déroula sans encombre, et les deux jeunes garçons s’amusèrent énormément. La suivante, plus raide, commença à provoquer un léger mal de mer à Maël qui avait la désagréable impression que son estomac vivait sa propre vie, et ne suivait plus du tout le chemin des rails.
— Ca ne fait que commencer ! hurla Alexandre en riant à gorge déployée.
Le wagon penchait dangereusement sur le côté, donnant un nouveau haut le cœur au gamin. Mais soudain, tout se calma, le mouvement ralentit, et le train entama une montée lente, presque paresseuse. Seul un cliquetis régulier rythmait l’ascension inéluctable. Mais ce n’était que le début. Maël savait qu’il aurait dû se méfier. Son cœur battait la chamade et il transpirait à grosses gouttes. Ses mains moites étaient agrippées à la barre de sécurité devant lui, et, quand le vide apparut devant lui, il ferma les yeux. Le bruit métallique s’arrêta au même moment et il sut que c’en était fini de lui. La mort lui tendait les bras.
Le train bascula brusquement en avant, entrainant ses voyageurs dans une chute vertigineuse. Tous hurlèrent de peur et de plaisir mélangés, tandis que le vent frais de la nuit leur fouettait le visage. La descente semblait durer un temps infini, et la voix d’Alex s’éleva dans les airs.
— Eeeeeet looooooopiiing !
Les rails remontèrent soudainement, encore et encore, jusqu’à ce que tout le monde se retrouve la tête en bas. Un court instant, ils furent en apesanteur, comme si les lois de la gravité n’existaient plus. C’en fut trop pour Maël, dont le repas du soir se fraya un chemin dans son œsophage avant de se retrouver bloqué par ses mâchoires serrées par la terreur. Quand le parcours arriva à sa fin, le pauvre n’eut pas d’autre choix que de cracher ce qu’il avait en bouche et quelques gouttelettes aventureuses formèrent une jolie constellation sur son jean noir.
— Toi ! Plus jamais je ne te fais confiance ! crachota le plus jeune à son ami de toujours.
— Désolé… murmura Alexandre, d’un air contrit.
Ils marchèrent un moment en silence, sourds à la gaîté ambiance, afin de se remettre de leurs émotions.
— Si tu veux, après on pourra faire… proposa timidement Alex.
Le regard assassin de Maël le fusilla sur place et il enchaîna, hésitant.
— La galerie des glaces ?
Un sourire apparut au coin des lèvres de Maël et sa bonne humeur reprit le dessus. Il connaissait parfaitement la technique pour sortir d’un labyrinthe, et imaginer son pote tourner en rond au milieu des cloisons vitrées l’enchantait d’avance.
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