L'Académie de Lu





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Voyage, voyage

(par Ellumyne)
(Thème : DĂ©fi de Schrödinger)



Elle était là… Je la sentais rôder autour de moi… L’ombre… Immobile, je retins ma respiration tout en observant les alentours pour essayer de détecter sa présence. Elle apparut sur ma droite et je me retournai pour lui faire face. Vêtue d’une robe blanche et vaporeuse, elle semblait flotter dans les airs. L’auréole de lumière qui émanait de son corps spectral m’empêchait de voir son visage avec précision et ce dernier m’apparaissait comme un amas de couleurs troubles. La créature s’approcha doucement de moi et effleura mon coude de sa main décharnée. Une douleur aigüe me transperça le bras, remontant de mon poignet jusqu’à mon épaule droite et je me mis à hurler tout en repoussant la chose toutes mes forces. Elle recula, hors de ma portée et me fixa d’un air hésitant.

Des larmes perlèrent au coin de mes yeux et je repris ma course dans l'escalier en colimaçon. Marche après marche, je montais, montais, toujours plus haut. Les vieilles pierres crissaient sous mes pas nerveux. A la lumière des alcôves, se succédait l’obscurité des antiques piliers en granit. L’un laissant place à l’autre, dans un rythme infernal, au fur et à mesure de mon ascension. Mon cœur tambourinait fort dans ma poitrine, si fort que je craignais qu’il ne finisse par exploser.

— Tic, tac…

D’oĂą venait ce bruit ? Etrange, je ne portais jamais de montre. Une horloge peut-ĂŞtre ? Je n'en voyais aucune pourtant. Hors d'haleine, je m'arrĂŞtai et appuyai mon dos contre le montant d’une alcĂ´ve, essayant de calmer ma respiration saccadĂ©e et les battements de mon cĹ“ur. Des murmures indistincts s'Ă©levèrent dans les airs, tournoyèrent autour de moi, sans que je ne parvienne Ă  dĂ©terminer prĂ©cisĂ©ment leur position. Une suite de mots inarticulĂ©s se fit entendre et une brume spectrale envahit soudainement le rez-de-chaussĂ©e de la tour. Des volutes grises ondulèrent, enveloppant les Ă©tages, les uns après les autres, jusqu’à me lĂ©cher le bas des jambes. Les ombres… Il y en avait donc d’autres… Je devais fuir.

— Tic, tac…

Je posai mon pied sur la marche suivante, mais l’une des créatures diaphanes me barrait la route. Un hurlement de plus en plus aigu me vrilla les tympans, avant de passer dans les ultrasons. Plaquant mes mains sur mes oreilles, je tentai de tourner les talons pour lui échapper, quand elle se précipita sur moi. Une décharge électrique me paralysa sur le champ, coupant net ma respiration. Une lumière aveuglante m'empêchait de discerner mon environnement, et il me fallut plusieurs secondes pour me rendre compte que j'étais allongée sur le sol, contre la pierre dure. Un froid glacial s’empara de mon corps, et c’est avec difficulté que je pris deux ou trois inspirations, avant de tenter de me relever. Claquant des dents, j’attrapais d’une main tremblante le garde-fou et me hissait sur mes jambes. La mousse verte et dense était douce sous ma peau et l'odeur qui en émanait était apaisante.

— Tic, tac…

Mon regard se porta sur la volĂ©e de marches devant moi. Trois ombres y flottaient, attendant patiemment que je m'approche d’elles pour attaquer. Leurs voix, bien qu’incomprĂ©hensibles, reprirent avec plus d'intensitĂ©. Mais venaient-elles rĂ©ellement des crĂ©atures, ou bien Ă©taient-elles dans ma tĂŞte ? Je n'aurais su le dire. Je ne pouvais plus avancer. Et puis, Ă  quoi cela aurait-il servi ? Cet escalier semblait monter vers l’infini. Cela faisait-il des minutes, des heures, des jours que j'y Ă©tais enfermĂ©e ? De ma mĂ©moire brouillĂ©e, seuls quelques fragments me revinrent. Des phares dans la nuit, un crissement, des Ă©clats de verre brisĂ©, et une douleur telle que je n’en avais jamais connue.

Je ne me souvenais plus comment j'avais atterri dans cet endroit. Je savais juste qu'il fallait que j'en sorte coûte que coûte. Les jambes flageolantes, je décidai de rebrousser chemin. De redescendre tout en bas, là où peut être, je trouverai la sortie. Mes pas résonnèrent au milieu du silence pesant tandis que je dévalais les marches en chancelant. La peur me donnait des ailes et je m’enfonçai dans la brume grisâtre. Cette dernière troublait ma vision, et je sentis mon corps défaillir, comme endormi, et je priai pour ne pas trébucher.

— Reeeste aveeec nouuus… me susurra une des créatures en tendant son bras émacié vers moi.

Mais je ne me retournai pas. Je refusai de cĂ©der au dĂ©sespoir. Je voulais seulement sortir d'ici et retrouver ma vie d'avant. Tout ceci n'Ă©tait qu'un cauchemar ! Et j'allais me rĂ©veiller ! Mais avais-je une vie ? Si oui, Ă  quoi ressemblait-elle ? Mon corps commençait Ă  faiblir, et mon esprit flanchait lui aussi. Je ne tiendrai plus longtemps, je le savais. A bout de forces, je m'assis sur le vieux parapet rongĂ© par les intempĂ©ries.

— Tic, tac…

Une ombre apparut juste devant moi. Comme sortie de l'éther qui m'entourait. Je voulais pleurer, je n’en n’avais même plus l’énergie et mes yeux restèrent secs.

— Tieeens booon… murmura la créature.

— Laissez-moi ! implorais-je d'une voix rauque, la gorge nouĂ©e par l'Ă©motion.

Sans tenir compte de ma supplique, elle s'approcha lentement et posa sa main squelettique sur mon cœur. La décharge me propulsa en arrière et, étonnement, je ne ressenti aucune douleur. Je basculai dans le vide, mes longs cheveux blonds flottant autour de mon visage, comme dans un film au ralenti. Mes yeux écarquillés se fixèrent sur le ciel d’un bleu nuit profond. Ce soir, la lune et les étoiles brillaient d'une intensité surnaturelle. Sous mes yeux ébahis, des constellations se formèrent et se rompirent, dans un ballet incessant, comme pour m'inviter à les rejoindre. En réponse, je tendis mon bras dans leur direction, pour essayer de les toucher, mais elles étaient trop loin.

— Tic, tac…

Me jambes passèrent par-dessus ma tête et je tombai, encore et encore. Seul le doux sifflement du vent à mes oreilles rythmait ma chute.

— Tic, tac…

Les étages de la tour se mêlaient les uns aux autres dans un flou artistique et je ne discernais plus qu'un magma de marron teinté de vert.

— Tic, tac…

Le sol se rapprochait de plus en plus vite, mais je n'avais plus peur. Que pouvait-il m'arriver ? Je ne senti mĂŞme pas la collision. Seul un flash blanc annonça la fin de mon voyage. Un voyage sans retour. Je fermai les yeux et fut engloutie dans un trou noir.

— Tic…

— Heure du décès, 22 h 34.

— Tac…














Ar_Sparfell

J'avais pas lu le TW avant de lire ton texte. Mais le titre semblait mignon, joyeux, doux, avait une odeur de vacances et de sable chaud...

ET BAH NON !!! fais un table flip et va faire un calin à @ahromiga qui nous a apporté une bulle de mignonitude dans ce défi de psychopathes
En vrai il est grave cool ton texte, mais lui aussi il fait dans la mignonitude
sacrasme, sarcasme


Le 21/03/2021 à 21:00:00

















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