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Louloutre![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Dans d’autres circonstances, Lizzie aurait montré plus d’enthousiasme face à la découverte de l’entrée encore relativement intacte d’une construction à moitié en ruine et en grande partie envahie par la végétation de la forêt. Elle qui se promenait depuis des années dans ces bois, elle ne s’attendait pas à y trouver un jour quelque chose d’aussi inattendu qu’un vieux bâtiment isolé. Il était même étrange qu’elle n’en ai jamais entendu parlé, depuis le temps qu’elle avait aménagé dans la région et malgré sa passion pour les curiosités prétextes à des aventures, même si la plupart du temps elles n’étaient qu’imaginaires. Elle ne s’attendait pas non plus à croiser une espèce de fou encapuchonné qui la menacerait avec une arme et la guiderait jusqu’à un coin aussi perdu et ignoré. Si l’homme derrière elle n’avait pas pointé un pistolet sur sa nuque, elle aurait été absolument émerveillée par les lieux. Mais voilà , l’homme avait une arme, l’avait amenée ici, et elle ne savait pas quoi faire, à part suivre les ordres qu’on lui donnerait jusqu’à ce qu’une opportunité se présente et lui permette de renverser la situation. “Entre.” L’interjection avait été quasiment aboyée, brisant le mutisme rythmé par des pas qui s’était installé sur le chemin, cependant le léger tremblement dans la voix rauque, presque brisée, trahissait une certaine peur, presque de la tristesse. Lizzie cru y voir un signe qu’elle pouvait essayer de lui parler. Elle eut à peine le temps d’ouvrir la bouche qu’elle sentit une main dans son dos la pousser violemment. Elle manqua de trébucher sur le pas de l’antique porte. L’intérieur était aussi vieux, envahi de plantes, sombre et poussiéreux que ce que le peu d’extérieur visible laissait présager. Une lumière apparut de derrière la jeune fille : l’homme avait allumé une lampe torche visiblement. “Avance.” Elle n’osait pas se retourner, et avança, suivant la lumière. Elle n’avait pas trop le choix : ils évoluaient dans des couloirs où il fit rapidement très sombre, et le peu de croisements qu’ils empruntèrent montraient nombre d’issues condamnées par des effondrements ou d’énormes racines. Lizzie était perdue. On aurait dit que le bâtiment était démesurément grand. Et profond. Ils avaient déjà descendu pas mal d’escaliers, avaient tourné dans tous les sens, à se demander comment des murs pouvaient encore tenir en dépit de l’âge et de l’évidence que ces galeries devaient avoir transformé le sol en véritable gruyère.
Au milieu d’un énième corridor, Lizzie se sentit soudainement chancelante. Elle crût voir mille couleurs danser devant ses yeux d’un coup, et sa tête devint toute légère, comme creuse. Elle entendit son ravisseur respirer bizarrement ; sans doute était-il dans le même état qu’elle, mais elle n’était pas du tout en état de profiter de la situation. Ses jambes étaient en coton, ses yeux trop embués et son cerveau trop vaseux pour réussir quoique ce soit, en particulier une fuite. Il ne fallut pas longtemps à celui qui portait l’arme pour s’en remettre, là où Lizzie eut encore besoin de deux bonnes minutes pour être parfaitement droite sur ses pieds. Ils marchèrent encore. Au détour d’un couloir, une lumière se diffusait. L’homme semblait les diriger vers la source de cet éclairage. La trouée brillante était l’entrée d’un gouffre qui s’ouvrait sur un ciel nocturne étonnamment clair ; un escalier avait été creusé aux parois de la fosse profonde naturellement circulaire. Lizzie en était certaine : il n’y avait pas de gouffre dans la région. “Mais… où on est ?” demanda-t-elle d’une voix blanche. Dans sa terreur, les mots étaient sortis quasiment mécaniquement. “Avance” répliqua fermement l’homme. “Où on est, bordel ?!” hurla-t-elle. “AVANCE !” gueula-t-il. C’était un cri désespéré, un de ceux qui font jaillir tant d’émotions qu’il cloue sur place. Assommée de stupeur, la jeune fille descendit automatiquement les marches. La tête vide et le pas lourd, elle se mit à pleurer malgré elle.
En bas des escaliers, au fond du gouffre, se trouvait une plateforme circulaire. Au sol, des petits sillons formaient un motif complexe. De nombreux symboles se démarquaient aux abords de la circonférence. Lizzie cru y reconnaître des signes du zodiaque et des écritures asiatiques ; elle identifia quelques-uns comme étant des runes, et d’autres lui évoquaient la culture sud-américaine. Elle pensa à l’horloge astronomique qu’elle avait vu une fois, lors de ses vacances à Prague. Elle se demanda si c’en était une. Et pourquoi l’homme l’avait amenée ici. Elle se tenait en plein milieu du cercle. Elle se retourna vers lui, et le vit pleurer.
PAN !
Le coup de feu résonna, l’écho claqua contre les parois rocheuses. Le silence suivant la mort du sacrifice fût brisé quelques secondes plus tard par le cri déchirant du bourreau, alors que le sang se répandait et traçait les lignes d’un dessin vieux comme le monde. Ce qui devait être fait était fait. Une vie, le prix du sang, ce n’était rien. Il fallait maintenir le sceau. Il le fallait. Il le faut. Le compte-à -rebours ne doit jamais se terminer. Le sang d’Elizabeth Waters épargnera à peine un mois.
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