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Louloutre
Spectacles
Academy Universe - ancien lore
  La loutre sans voix(par Louloutre)Je dois avoir l’un des pires rythme de sommeil de toute l’Académie. Enfin, rectification : j’ai globalement un sens du rythme assez déplorable pour une musicienne. S’il n’est pas totalement foireux, c’est parce que je sais quand même suivre un minimum le tempo. Mais mon rythme ne suit aucun métronome. Et en ce moment, mon horloge interne a décidé que minuit n’était pas encore l’heure de dormir… Résultat, je fais n’importe quoi pour me fatiguer. Même fuir discrètement les dortoirs pour aller me baigner au clair de lune à la rivière. Le lendemain, j’allai assister à une cérémonie officielle de l’Académie. Oh ! Je savais que j’allais y jouer un rôle qui me ferait passer un temps sous le feu des projecteurs ! Mais que voulez-vous ? Le stress bloquait tout espoir de voir se pointer le sommeil…
La lune décroissante offrait un éclairage de rêve : assez de lumière pour se déplacer sans taper sur tous les obstacles, ce qu’il faut d’obscurité pour cacher mon corps ondulant dans les eaux glacées du printemps. Ma forme de loutre m’avait permis de me faufiler en toute discrétion hors des murs de l’enceinte scolaire. Enfin… “scolaire”… C’est vachement cool, comme école ! C’est même un de mes endroits préférés ! Il n’y manque qu’un canal pour rapprocher mon aire de jeu favorite… Ce soir-là , l’eau était délicieuse, et la nage fut, comme toujours, un pur bonheur. Mon pelage m’évitait d’attraper froid, et même d’être complètement trempée. Un véritable trésor d’évolution. Mais voilà , d’être là , dans l’eau, de m’amuser innocemment… Il fallait bien que je fasses une bêtise.
Ça n’a pas manqué. Dans les ténèbres, mes amies, je ne sentais aucune présence. J’ai eu envie d’accomplir un vieux fantasme : tester le bain de minuit sous forme humaine. Grossière erreur. Si j’avais une certaine immunité au froid grâce au savant agencement de mes poils de loutre, mon corps nu de jeune femme, malgré les mois sans épilation, ne fit pas long feu. En moins de deux minutes je quittais les flots, les dents claquant sauvagement. Et je n’avais pas pris de vêtement ou de quoi me sécher… Mais quelle bête, je vous jure !
Je retournai péniblement à ma chambre, me séchai et m’écroulai sur mon lit en tâchant de faire le moins de bruit possible. Je dormis comme une masse pendant six solides heures. Et fus réveillée par une horrible sensation.
Mais quelle imbécile… Je savais que j’allais assister à un évènement important ! Je ne pouvais pas réserver mes envies de baignades nocturnes en solitaire à un moment plus approprié ? Genre, à tout hasard en été, la veille d’un jour de rien ? Être réveillée par un tel mal de gorge… Mais vraiment ! Bon… pas de panique, j’ai une bonne heure et demie devant moi pour trouver un remède à mon coup de froid. Mes pauvres cordes vocales, je suis désolée de vous avoir ainsi maltraitées !
Direction les cuisines. La recette est simple : infusion de thym (et de menthe, pour le goût), miel toutes fleurs de mon grand-père, miel de thym (j’en avale au passage trois grandes cuillères pour soulager les brûlures dans ma gorge), une larme de… je ne sais même plus quel alcool que j’ai un peu choisi au hasard et quelques gouttes d’une potion de derrière les fagots “retour de la voix garanti”. Mon grog prêt, je vide une tasse, deux tasses, trois tasses d’une traite. La quatrième est plus difficile à boire cul sec ; mes papilles gustatives commencent à saturer et mon estomac s’alourdit. Je mets encore de la mixture dans un thermos que j’emmène avec moi.
Une fois que je me suis lavé et préparé, Margarett Tare rejoint mon dos tandis que je me mets en route pour faire ce que j’ai à faire. Je passe par le bureau de la Directrice où je glisse une enveloppe avec ce qu’elle m’a demandé, et me dirige vers le lieu de rendez-vous de la cérémonie. La météo est au rendez-vous : un ciel bleu, clair, magnifique. Que demander de plus ? Je suis la première arrivée dans la cabine près de l’estrade. Normal : j’ai au moins… je regarde mon collier-montre… quarante minutes d’avance !? Bon. Au moins j’ai le temps de recouvrer ma voix. Je m’installe dans mon coin et sors Maggie de sa housse. Je gratte ses cordes et tente de reproduire maladroitement des airs. Je tente de chanter… Aïe… pas encore tout-à -fait ça… Le temps passe, mon thermos se vide lentement. À quelques minutes de l’annonce officielle, la Directrice de l’Académie débarque. Mon interprétation du loup, du renard et de la louloutre n’a pas eu l’air de la convaincre… Zut, j’avais presque plus mal à la gorge… Il aurait suffit d’un peu plus de temps. Elle me laisse seule en m’ordonnant de trouver une solution. Quelle pression !
Bon. Pas le choix. Je sors de l’étuis de mon instrument ma réserve secrète de bonbons de chanteuse. “Les cachets de la sirène, la magie de la mer ! Le remède idéal pour retrouver la voix, arrivage spécial de la Sorcière des Mers.” Ça coûte cher, ça a un goût immonde, mais c’est efficace. J’en prends un que je glisse dans mon thermos et que je laisse infuser le temps de remettre mon trésor à sa place. Puisque je suis seule dans la cabine, je me dépêche de prendre ma forme humaine pour descendre complètement ma bouteille à moitié pleine de potion. Comme prévu, le goût est atroce. C’est acide, piquant, amer, salé… rien ne va ! Je rebouche le récipient et me dépêche de redevenir une petite peluche toute douce. Il ne s’agirait pas d’être surprise en posture gênante avant même d’entamer mes fonctions !
En quelques secondes… WOUAH !!! Rien à redire, c’est diablement efficace ! En quelques secondes, j’ai des cordes vocales comme neuves et la furieuse envie de hurler la douce sensation d’être complète. Je suis prête à monter sur scène et à faire tous les discours du monde ! Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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