Le prix de la liberté
(par Louloutre)(Thème : DĂ©fi d'Elinor)
Comment… Comment ose-t-il m’enfermer, ce vieux croûton !? Il sait que je déteste cette cabane ! Je tape à la porte de toutes mes forces, mais rien à faire… Je hurle. Il y a peu de chance que ça dérange de potentiels voisins, vu comme on est isolé de tout, mais au moins, ça me défoule. Un peu. À peine. Je suis toujours en colère.
Et puis je la voit.
Oh, l’ouverture est fine, c’est certaine, mais en forçant, je passerai ! Je m’attelle à la tâche de dégager les planches. Je vais lui montrer, moi, si je ne peux pas aller dans la montagne !
Le trou s’élargit ; je vais pouvoir passer de l’autre côté.
Hein ? Des pas ? Il arrive ? Ha ! Encore mieux ! Il me verra fuir sous son nez ! Ce sera bien fait pour lui. Je le déteste !
Je m’élance à travers le champs. Il tente de me poursuivre. Il hurle. Je ris. Je ne suis même pas à pleine vitesse et le distance si aisément… Quel être stupide et fragile ! Pas étonnant qu’il aie peur de tout ! Il est incapable de se défendre ! Il n’est pas taillé comme moi. Il n’est pas fait pour survivre dans la nature ! Moi, oui.
Je m’élance au dessus de la barrière. Ciao, papy ! La montagne est à moi ! Reste bien dans ta ferme, et trouve toi une compagne plus docile, vieux sénile !
Tout est merveilleux ici. Je suis allée toujours plus haut, et me voilà au sommet, alors que la nuit pointe le bout de son nez. J’ai pris mon temps pour me promener et savourer ma liberté nouvelle. Maintenant, je domine tout. Je suis la Reine de la Vallée, dans ma belle robe blanche.Je vois la ferme d’où je suis partie il y a quelques heures, bien lointaine tout en bas. Haha ! Comme elle est minuscule ! À se demander comment j’ai pu rester là -dedans si longtemps ! Il croyait pouvoir me priver de tout cela en me confinant et en tentant de m’effrayer avec ses histoires sur mes six prédécesseuses ? Eh bien non. T’as perdu. Je suis là , je me suis emparée du monde et tu n’as plus de pouvoir sur moi.
Une voix grave dans mon dos me ramène à la réalité.
“Eh bien, demoiselle. On s’est perdue ? Vous êtes nouvelle ici, peut-être…”
Oh non. Ne me dites pas que…
Je me retourne. C’est bien lui.
Le Loup.
Merde.
Qu’avait dit le vieillard déjà ? Qu’il avait mangé toutes celles qui s’étaient enfui… Merde, je comprends pourquoi. Il est énorme ! Et… quoi déjà ? La dernière, Renaude, s’était battue contre lui, toute la nuit, il me semble… Bon… Une lueur d’espoir… Une lueur d’espoir qui vacille fortement face à celle dans le regard de mon adversaire. Il me dévore déjà des yeux, l’enfoiré ! Il va voir si je vais me laisser faire sagement.
Le combat a duré toute la nuit. C’était la première et dernière fois que je me battais. Je savais que j’allais mourir, je ne suis pas bête. Je voulais juste… voir si je pourrais tenir aussi longtemps que Renaude… Je voulais tenir plus longtemps qu’elle… Mais il est fort. Il a juste joué avec moi. Une danse où il me laissait croire que je pouvais le guider, mais c’était bien lui qui la menait. Je suis salement blessée… Mais… ça valait le coup.
Le coq chante enfin.
On se regarde. C’est entendu, j’ai tenu aussi longtemps que mon aînée. Je peux mourir en paix.