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JilanoAlhuin![]() Spectacles![]() ![]() ![]() Le soleil se levait dans la forêt. J’avais entrepris de voyager vers Hamelin. D’après les rumeurs, il y avait une invasion de rongeurs qui ne cessait de dévorer les provisions d’un pauvre village. Je n’avais pas vraiment de talent de dératiseur, mais j’en avais un autre.
Je ne savais pas si je pouvais réellement les aider… Mais il fallait bien essayer !
J’ai marché à travers la moitié du pays pour atteindre ce village. Quand j’y parvins, je dus admettre qu’il était pitoyable. Les maisons étaient peu entretenues, si elles l’étaient d’une quelconque manière, l’odeur était infecte et les villageois semblaient peu appréciables.
Lorsque j’entrai, ils me regardaient tous d’un regard mĂ©fiant et hostile. J’avançai en silence, comme je l’étais toujours, jusqu’à ce qu’un homme vĂ®nt Ă moi. — Monsieur, qui ĂŞtes-vous ? — Mon nom n’a pas d’importance. — Que faites-vous donc ici ? demanda-t-il plus agacĂ©. — J’ai entendu parler de votre… problème de rongeurs, dis-je afin de le calmer. Comme par magie, il redevint calme et son regard s’était teintĂ© d’espoir. — Vous pouvez nous aider ? murmura-t-il. — Je suis dĂ©ratiseur. Je peux vous en libĂ©rer. En Ă©change d’un paiement, bien Ă©videmment.
Je mentais, je n’étais pas dératiseur, loin de là . Quand au paiement… Je n’aimais pas trop être payé lorsque j’aidais quelqu’un, je voulais le faire pour le simple plaisir. C’était plus pour me faire passer pour un professionnel, faire croire que j’avais un prix et que mes services se méritaient.
— Nous vous donnerons tout l’or que nous possĂ©dons ! Mais pitiĂ©, dĂ©barrassez-nous de ces crĂ©atures !
Je fis mine de réfléchir, observant les villageois autour de moi qui me regardaient intensément.
— Bien. Promettez-moi simplement que le paiement sera donnĂ© en temps et en heure, et je vous libère de ces vils rats dès ce soir. — Je vous le promets.
D’un regard satisfait, je marchai dans le village en attendant la soirée. Les villageois étaient distants, ils me jetaient des regards interrogateurs. En effet, je n’avais rien de spécial, mis à part un petit sac assez léger.
Le soleil se coucha, les habitants rentrèrent chez eux. J’en entendais quelques-uns dire que je n’étais qu’un charlatan, un menteur qui usait de leur désespoir. Ces mots étaient blessants, mais je gardai le silence. Je n’étais pas là pour provoquer une quelconque dispute. Je pris mon sac et j’en sortis l’outil qui allait libérer ces pauvres gens. Un petit bout de bois percé à intervalle régulier dans lequel je soufflais, libérant ainsi un son prodigieux qui charmait bon nombre de gens.
Ma flûte.
Alors je jouai. La musique arpenta le village comme un fantôme, et tous les rongeurs vinrent à mes pieds, obéissant à mes moindres exigences. Je marchai avec eux, et ils écoutèrent mon chant. Je les guidai jusqu’à une rivière sauvage. Je m’arrêtai devant celle-ci, et les animaux hypnotisés se jetèrent à l’eux, tous sans exception.
Lorsqu’il n’en resta plus aucun, je finis ma mélodie, et je refis le chemin inverse. Je rentrai au village en silence, rangeant l’instrument de ma réussite, et j’attendis le matin. Le même homme qui m’avait accueilli vint à moi, l’air ébahi.
— OĂą sont… OĂą sont les rats ? — Je croyais vous avoir dit que je vous dĂ©barrasserais de ces animaux. — Mais… Cela ne fait qu’une soirĂ©e ! — J’avais Ă©tĂ© clair aussi lĂ -dessus.
Il se tourna vers les villageois, comme cherchant de l’aide parmi eux. Pourtant, tous Ă©taient tĂ©moins : j’avais rĂ©ussi, et leurs problèmes de provisions se noyaient comme les rats l’avaient fait. — Mais… Mais…Je… Nous… — Vous… ? — Nous ne pouvons vous… donner votre paiement. Je le regardai alors moi-mĂŞme surpris, haussant un sourcil. — Que dites-vous ? — Nous ne pouvons vous payer… MalgrĂ© tout cela…
J’étais hésitant. Pris de pitié par cet homme et son village, et d’autre part agacé par son mensonge. Une jeune femme d’âge mûr vint à ses côtés et murmura quelque chose à ses oreilles. Le regard de l’homme se teinta soudainement de colère et de rage.
— Oui… Oui ! S’exclama-t-il. Vous avez usĂ© de sorcellerie ! C’est la seule chose possible ! — Je vous demande pardon ? — Vous ĂŞtes un sorcier ! Nous refusons de payer un individu tel que vous ! Hurla-t-il alors. — Vous vous fichez de moi ? Quelle est cette plaisanterie ?
C’est alors que je vis les autres villageois, devenus tout aussi hostile que lui. Ils criaient à l’unisson : Sorcier ! Sorcier !
Je quittai en courant le village, forcé de fuir. Je retournai dans la forêt, et revins près de la rivière qui avait condamné les rats. Si je n’étais pas aussi naïf, jamais je n’aurais cru à leur mensonge ! Je n’aurais jamais aidé de tels individus !
Je m’assis contre un arbre, me lamentant sur mon sort, ma naïveté et mon idiotie. Je me tournai vers la rivière, avant d’avoir une idée.
Une idée cruelle qui me donnerait mon paiement.
Le soir-même, je revins au village. Tous dormaient. Je sortis ma flûte, et je jouai à nouveau. De chaque maison, les enfants sortirent. Ces rats me suivirent dans la forêt, aussi idiots que ceux que j’avais noyés la veille. Je les guidai vers la rivière, et j’arrêtai ma mélodie, afin de jeter un regard à ces pauvres enfants. En un instant, je fus pris de culpabilité. Ils étaient innocents. Qui étais-je pour les punir ? Les punir alors qu’ils étaient innocents ?
Le lendemain, je revins au village, contemplant mon méfait. Les villageois étaient apeurés, enragés et tristes suite à la disparition de leur chair et de leur sang.
Je poussai un soupir, et revint dans la forêt. Je ne pouvais peut-être pas les laisser impunis, mais je ne pouvais pas partir sans mon paiement. Je rejouai mon enchantement, et je partis, suivi d’une troupe d’enfants.
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