La pièce était illuminée de multiples écrans holographiques, mais seul un retenait l’attention du directeur de l’entreprise. Il écoutait un émouvant discours de son vieil ami. Quelle tristesse, la mort de sa fille, son épouse ne se remettait pas… que des foutaises. Il soupira en souriant. Comme d’habitude, ses affaires étaient réglées rapidement et simplement. La porte de son bureau s’ouvrit. Il se tourna et vit sa fidèle employée.

— Leney ! Te voici. J’ai presque cru que tu serais en retard.

— Vous savez aussi bien que moi que ce n’est pas dans mes habitudes.

— Je sais, je sais, mais tu as une Ă©lève dĂ©sormais. Comment va-t-elle ?

— Elle ne va on ne peut mieux, merci de demander.

Il ferma les yeux et poussa un soupir.

— Tu sais bien que je ne parle pas de sa santĂ©. Des cibles sont en attentes depuis quelques temps, tu le sais aussi bien que moi.

— Elle progresse bien. Depuis quelques temps, elle ne cesse de s’amĂ©liorer. Je pense que vous pouvez obtenir des rĂ©sultats prochainement.

— Je vous laisse encore une semaine. Ensuite, il me faudra des rĂ©sultats.

— Ce sera fait, je peux vous l’assurer. J’y pense, ne vous Ă©tonnez pas si Ashley vous parait plus froide par rapport Ă  votre première rencontre.

— Pourquoi donc ? Me prend-elle pour responsable de son sort ?

— Non, loin de lĂ . Elle a commencĂ© Ă  prendre des Eukas.

Il lui adressa un regard surpris.

— Vraiment ?

— Oui. Moi-mĂŞme, je ne m’y attendais pas mais elle avait l’air convaincue que c’était la bonne solution.

— La bonne solution ? Pourquoi ?

— Je ne sais pas. Il vous faudra lui demander vous-mĂŞme.

— Je vois… C’est encore mieux que ce que je ne pensais. Et si ses progrès sont aussi rapides que tu me l’assures…

— Alors elle sera une excellente assassin dans très peu de temps.

Les pièces s’alignaient parfaitement. Tout était parfait.

Non, presque parfait.

Il n’y avait plus qu’un problème à régler, et ensuite ce serait parfait.

— Je te transmets les donnĂ©es de ses futures cibles. Je voudrais obtenir des rĂ©sultats avant de l’envoyer dans une mission importante.

— Pourquoi ne pas m’envoyer moi, dans cette mission ?

— Il serait mieux que ce soit elle qui s’en occupe.

— Pourrais-je au moins savoir qui est la cible de cette mission ?

En quelques secondes, les informations furent échangées. Leney vérifia chaque cible, à l’aide de son bras robotique. Lorsqu’elle arriva à la fameuse mission dont il parlait, son regard fut empreint de doute.

— ĂŠtes-vous certain que c’est une bonne idĂ©e ?

— Qu’entends-tu par-là ?

— Et bien… Cette cible… Ashley y est encore Ă©troitement attachĂ©e. Je ne pense pas que cela serait une bonne idĂ©e. Du moins, pas avant un certain temps, si vous tenez tant Ă  vous en dĂ©barrasser.

Il la regardait dans les yeux, interrogateur, puis il sourit.

— Leney… Te serais-tu prise d’affection pour elle ? Je ne te croyais pas comme cela.

Son visage se crispa à peine, mais cela suffisait comme réponse pour son supérieur.

— Non. Je ne fais que mon travail, et si je vous demande d’attendre, c’est afin d’optimiser le rĂ©sultat que vous obtiendrez avec elle. Si elle s’en rend compte, vous perdrez sans doute une très bonne employĂ©e, soutint-elle malgrĂ© tout.

— Et combien de temps penses-tu que cela sera nĂ©cessaire d’attendre ?

— Je ne sais pas. Je vous dirais bien un mois, voir deux.

— Trop long.

— Mais…

— Leney, si l’on ne fait rien, ce n’est pas seulement une pièce de l’échiquier que nous perdrons, mais le roi. En faisant ça, je risque un pion pour gagner la partie.

Elle se tut, baissant légèrement le regard, pensant à sa nouvelle apprentie.

— Mais, commença le directeur, si tu tiens tant que ça Ă  garder cette pièce intacte… Tu peux modifier quelques informations. Je te laisse carte blanche Ă  ce sujet. Est-ce que cela te va ?

— Je ferai mon possible pour que vous ayez des rĂ©sultats. Je vous remercie de m’avoir Ă©coutĂ©e Ă  son sujet.

— Tu sais pertinemment que je suis prĂŞt Ă  Ă©couter tes demandes.

Leney quitta son bureau en silence, tandis qu’il regardait à nouveau le discours de son vieil ami.

— Échec et mat, vieux camarade.