L'Académie de Lu





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Défi de Schrödinger (trois images)

L'histoire d'Astra


(par JilanoAlhuin)
(Thème : DĂ©fi de Schrödinger)



Astra montait dans sa grande tour. Elle allait au sommet, comme chaque jour. Elle observait les étoiles, comme chaque jour. Elle en créait, comme chaque jour. Elle en voyait mourir, comme chaque jour.

Celle-ci enleva une mèche d’un bleu cosmique qui tombait sur front, rejetée sur celui-ci par Meronne, un petit compagnon étoilé qu’elle avait créé en espérant combler sa solitude, qui aimait être sur la tête de sa maitresse. Astra lui avait donné une apparence d’un petit hérisson dont la peau semblait translucide, teintée d’un bleu nocturne, mais lui avait donné un caractère joueur et espiègle. Celui-ci lui faisait d’ailleurs bien comprendre, car il aimait la distraire dans son travail. Parfois elle aimerait créer plus d’ami, mais elle ne pouvait se le permettre, sinon certains de ses enfants étoilés devraient disparaitre.

La créatrice arriva au sommet de la bâtisse, devant une porte de bois abimée, vieille de quelques millénaires, mais qui tenait encore. Même si finalement, cela ne changeait rien pour Astra, qui préférait observer ses enfants que de s’occuper d’une telle broutille. Elle se demandait parfois si ces fascinantes créatures mortelles savaient qu’elle existait, imaginant comme ils la pensaient. Elle se créait des avatars d’elle-même, transformant ses yeux violets en un jaune orangé, proche du soleil, ses cheveux bleus qui devenaient aussi noir que la nuit, son visage jeune qui ne lui donnait qu’une vingtaine d’année malgré les millénaires qu’elle a vécus devenant ceux d’une vieille dame que le temps n’aurait pas épargné, sa silhouette féminine fine et élégante qui devenait celle d’un homme dont tout lui était opposé, tout comme sa tenue violette voguant au bleu qui ne serait que d’un noir charbon, qui ne changeait jamais de couleur. C’était un rêve naïf d’une autre époque qui persistait sans cesse dont elle riait.

Elle entra dans la pièce, une grande pièce ronde, qui était vide de meuble, mais ce n’était pas ce manque de décoration évident qui faisait la splendeur qu’adorait Astra. Il s’agissait des murs, le toit, tout ce qui l’entourait. La forgeuse d’étoile y voyait toutes les constellations, toutes les planètes, toutes les vies qu’elle avait créées. Elle pouvait en créer à sa guise, d’un simple claquement de doigts. La forgeuse tournait dans la pièce, observant ses enfants d’un regard doux et bienveillant. Elle les effleura de sa tour solitaire, ressentant sur des doigts la chaleur qui les avait emplis. Elle jouait avec leur forme, les transformant en animaux qui se déplaçaient dans les galaxies. Un sourire s’esquissa, alors qu’elle se perdait dans ce rêve cosmique. Sa bienveillance la guidait, jusqu’à ce qu’elle s’arrête sur une étoile qu’elle toucha.

Celle-ci était froide, bien plus froide que tout ce qu’elle avait connu. Sa lumière n’était plus qu’une légère lueur, si faible qu’elle était invisible. L’étoile était bien sombre, et Astra crut d’abord à la mort d’un de ses enfants. Elle toucha l’astre en tremblant, mais ce qu’il se passa l’horrifia. La noirceur de l’étoile se propagea sur les autres étoiles, tout comme elle apparaissait sur les doigts de la créatrice. Impuissante, elle observait ses enfants devenir sombre, mourant comme s’ils n’étaient rien. L’ombre s’avança sur son corps, dévorant sa main, son bras. Elle ne s’arrêta que lorsqu’Astra ne voyait plus rien.

— Non, non, non… murmura-t-elle, avant de s’effondrer au sol, la vue aussi sombre que l’étoile.

Lorsqu’elle se réveilla, elle ne savait pas combien de temps elle était tombée. Son petit hérisson était sur elle, paniqué et versant de petites larmes sur elle. Quand sa maitresse s’éveilla, il vint approcher sa tête de son visage, se frottant contre elle. Elle caressa son petit animal, lui chuchotant quelques mots avant de se lever. Son regard observait ses enfants. Son cœur fut soulagé, l’obscurité ne les avait pas englouties. Mais l’étoile noire, elle, semblait avoir acquis en force, comme si une puissance inconnue se nourrissait de la terreur de la créatrice. Elle voulut l’effleurer, pensant pouvoir la soigner, avant de voir sa main droite qui était assombrie de ce même noir qui touchait l’astre froid. Elle se rassénéra, avant d’observer autour de l’ancienne étoile. Celle-ci était seule dans le cosmos, ce qui n’était pas anodin pour la forgeuse. Les étoiles autour de son enfant avaient disparu. Tous, sans exception. Elle ne savait que faire devant cette chose devant elle. Astra se décida à vérifier si une autre de ses enfants avaient subi le même sort, mais elle fut ravie de voir que ce n’était pas le cas. Le petit hérisson sur sa tête poussa un petit cri soudain.

— Qu’y a-t-il ? demanda sa maitresse, curieuse.

Le hérisson lui désigna, autant qu’il le pouvait, un lieu à travers les constellations. Une petite planète, encore sauvage dans bien des domaines. Elle ne comprit pas pourquoi son petit animal la lui avait désignée, mais jamais il n’avait ça auparavant. Cela n’était pas un de ses tours idiots.

Quoi que, il était créatif quand il s’agissait de l’ennuyer…

— Meronne, ce n’est pas le moment.

Le petit animal répéta alors sa demande, plus insistante. La jeune fille observait la créature stellaire, dont le regard semblait surpris, un regard qu’elle ne l’avait jamais vu avoir.

— Soit, qu’y a-t-il de si problĂ©matique ? demanda-t-elle avant d’observer la planète.

De là d’où elle était, il n’y avait rien de spécial. De la végétation, quelques villages calmes, des animaux sauvages qui chassaient et se nourrissaient tandis que d’autres dormaient. Quelque chose de bien banal. Elle allait s’arrêter, quand elle entendit une voix légère.

— Astra. appela la voix.

La créatrice replongea sur cette étrange planète. Jamais auparavant n’avait entendu quelqu’un l’appeler. Encore faudrait-il qu’elle sache elle-même comment elle avait eu son prénom.

— Astra ! rappela la voix, plus forte encore.

C’est alors qu’elle le vit. Un jeune garçon, aux longs cheveux qui tombaient dans son dos. Il était vêtu très simplement, ne possédait qu’un haut et d’un pantalon de tissu brun, avec au-dessus, une peau de bête qui lui tenait chaud. Son regard saphir semblait voir la forgeuse. Elle observa son animal, qui acquiesça d’un petit signe de tête ce qu’elle pensait.

Quelqu’un la voyait ! Quelqu’un la voyait !

Le jeune garçon fit un signe de la main vers elle, comme pour la saluer. Elle fit un bref signe, croyant qu’il n’allait pas s’en apercevoir, mais le sourire qu’il portait ne lui Ă´ta aucun doute. Il l’avait vue lui rĂ©pondre. Astra prit une longue inspiration, avant de reculer de la pièce. La crĂ©atrice cessa ses observations et se tourna vers le hĂ©risson. Elle qui vivait si loin des galaxies, sur un lieu si solitaire, que nul n’avait jamais trouvĂ©, Ă©tait dĂ©couvert par un simple garçon sur une planète quelconque ? Impossible, il devait y avoir une part d’histoire qu’elle manquait, un dĂ©tail qu’elle n’avait pas aperçu. Pourtant, elle ne trouvait rien. Aucune idĂ©e ne se pointait. Du moins, une idĂ©e Ă©tait apparue, mais elle l’avait rejetĂ©e.

— Et si je rencontrais ce mortel, avait-elle pensĂ©.

Cette idée qu’elle chassait et qui revenait sans cesse la hantait. Elle observa la tour, ce qui avait été sa vie d’aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. Son regard vint sur la planète, puis sur Meronne. Elle esquissa un sourire.

— Est-ce que tu m’accompagnes ?

Le petit hérisson bondit en guise de réponse sur son domicile, c’est-à-dire la tête d’Astra. Elle claqua des doigts, et l’instant d’après, elle n’était plus dans la tour. Le jeune garçon qui observait les étoiles semblait déçu de ne plus la voir. Il songea à rentrer, avant d’entendre un bruit de derrière lui. Il se retourne et la vit.

— Bonsoir Astra, dit-il alors que des larmes apparurent sous ces yeux. Ravi de te revoir.

Elle semblait avoir mal compris, et lui intima de répéter. Le jeune homme semblait presque triste.

— Tu ne te souviens pas ?

La jeune fille hocha en signe de tĂŞte. De quoi devait-elle se souvenir. Elle n’avait jamais vĂ©cu hors de sa tour. Non ?

— Je pensais que c’était le cas, dit-il d’une voix déçue.

— De quoi suis-je sensĂ©e me souvenir ?

— Ne connais-tu pas un certain Mercury ?

Elle l’observait, perdue. Il est vrai qu’en l’observant un peu plus, il semblait être familier, comme si ce n’était pas la première fois qu’ils se voyaient. Mais il y avait un trou dans son esprit, comme si quelque chose avait été oublié.

— Je… Je ne me souviens pas en connaĂ®tre un.

Le jeune homme était emprunt de tristesse. Il soupira, avant de prendre la parole.

— Le cycle des Ă©toiles, tu t’en souviens ?

— Je le sais depuis ma naissance.

— Et quel est-il ?

— Le cycle des Ă©toiles reprĂ©sente la vie que mes enfants ont. Toutes se doivent de vivre plusieurs milliers de vie mortelles.

— Pour qu’ils puissent tous rĂŞver avec elles.

— Pour qu’ils puissent tous… rĂŞver avec… elles…

Comme si son esprit venait d’assimiler quelque chose, elle tomba à genoux. La douleur qu’elle ressentait était plus grande encore que tous ce qu’elle avait connu jusqu’à présent. Son cœur battait la chamade, chaque souvenir s’imprégnait d’une émotion qu’elle ne pensait pas avoir, et ce trou béant de son esprit s’emplit. Une personne entra dans ses souvenirs et ses pensées, comme s’il avait toujours été présent.

— M…Mercury ? balbutia-t-elle.

Le jeune homme sourit.

— Je pensais que jamais tu ne te souviendrais. Je n’ai jamais oubliĂ© notre promesse.

Le souvenir en question remontait il y a des millénaires, des milliards d’année, quand la vie apparaissait à peine. Ils étaient tous les deux assis sur une falaise, les jambes dans le vide.

— Astra…

— Qu’est-ce qu’il y a, Mercury ?

— N’as-tu pas peur ?

Elle ne comprit pas la question.

— Pourquoi aurais-je peur ?

— N’as-tu pas peur de… d’être triste ? Je suis mortel, je ne vivrai jamais autant que toi.

— Les mortels se rĂ©incarnent, je te l’ai dit.

— Mais si je ne suis pas la mĂŞme personne ?

— Ça n’arrivera pas, et tu le sais.

— Comment peux-tu en ĂŞtre sĂ»r ?

— Je le sais, c’est tout.

Le jeune garçon se perdit dans les yeux violets de la jeune fille.

— Est-ce que tu peux me promettre quelque chose ?

— Que veux-tu donc ?

— Qu’on ne se quittera jamais, qu’on ne s’oubliera jamais.

— Mercury… Je… Je ne sais pas… Tu es mortel, et si tu meurs… ce sera comme avec mes enfants, et tu le sais.

— Astra, nous nous rĂ©incarnons, tu le dis toi-mĂŞme. Je ne mourrai jamais vraiment. S’il te plait… juste cette promesse

— Si tu veux. Je veux bien essayer.

— Je veux qu’on se promette de se revoir, de s’appeler Ă  nouveau quand je mourrai. Je veux ĂŞtre avec toi. Parce que tu es l’étoile qui me fait rĂŞver.

Le regard bienveillant d’Astra se posa sur lui.

— Je te le promets.

La jeune fille avait mal. Elle observa autour d’elle. Mercury n’avait pas bougé, il ne faisait que la regarder, inquiet, ne sachant quoi faire, même si elle nota que Meronne était désormais sur sa tête à lui. Elle observa sa main sombre, que le jeune homme tenait. L’ombre sur celle-ci semblait disparaitre.

— Que s’est-il passĂ© ?

— Tu t’es Ă©vanouie, voilĂ  ce qu’il s’est passĂ©. J’ai cru te perdre.

— DĂ©solĂ©e…

Le silence s’imposa entre eux, avant qu’il ne lui lâche la main. La marque cessa de disparaitre, mais elle n’avança pas. La forgeuse se leva, s’aidant du jeune homme pour tenir debout. Encore, la marque semblait disparaitre. Astra semblait comprendre, les pièces se plaçaient petit à petit dans son esprit.

— Je… Je crois savoir pourquoi j’ai oubliĂ©, commença-t-elle, notant le silence du jeune homme.

La réponse était évidente, tout comme la solitude de sa tour. Elle ne supportait pas de devoir le voir mourir comme ses enfants, de le voir comme un mortel qui disparaissait. Elle s’était infligée elle-même cet oubli.

Mercury l’avait écouté en silence.

— Je comprends mieux pourquoi tu n’avais pas voulu me faire cette promesse.

Elle se frotta les yeux, embués de larmes, avant de le regarder.

— Je ne veux pas te perdre encore Mercury, chaque fois, ça me tue un peu plus.

— Alors, laisse-moi t’accompagner.

Le petit hérisson acquiesça d’un signe de tête et un petit bruit presque inaudible. Il lui tendit la main, qu’elle regardait pendant un instant avant de la saisir. Elle claqua à nouveau des doigts, et ils se trouvèrent à nouveau dans la tour. Mercury poussa un soupir d’étonnement en voyant toutes les constellations et toutes les étoiles qui tournaient autour de lui. C’était un spectacle magnifique.

— C’est ici que tu vis ?

— Depuis toujours.

— C’est beau.

Le jeune homme aperçut très vite le lieu sombre parmi ces astres.

— Que se passe-t-il ?

— Je ne sais pas.

Il s’avança vers celle-ci, avant de revenir vers Astra, un sourire aux visages.

— Je sais. Donne-moi la main.

Astra lui faisait confiance. L’ombre sur sa main s’effaça jusqu’à disparaitre.

— Ce n’est pas n’importe quelle Ă©toile. C’est ton Ă©toile. Viens.

Elle l’écoutait en silence. Elle imita son geste quand il déposa sa main sur l’étoile froide. L’ombre sur celle-ci disparaissait, tout comme le froid, et elle devint alors un astre chaleureux, plus chaud encore que tout ce qu’elle avait touché, et plus lumineux encore. Astra relâcha l’astre, qui brillait.

— Merci, murmura-t-elle.

— Ne me remercie pas. Tu es l’étoile avec laquelle je veux rĂŞver.

Astra sourit, mais elle craignait encore de le voir mourir. Merion s’approcha de sa maitresse, et caressa sa tête sur son visage comme il aimait le faire. Il avait une idée derrière la tête, mais pour une fois, ce n’était pas pour agacer sa maitresse. C’était pour lui offrir un cadeau. Il se tourna vers Mercury, ferma les yeux, et petit à petit, son corps disparaissait, et l’énergie qui s’en libérait entra dans le jeune garçon. Quand il eut disparu, ils ne purent prononcer qu’un mot.

— Merci.










Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !











Ellumyne

tu t'es lancé dans une sacré histoire pour ce défi ! Et finalement, tu fais quand même référence au temps qui passe, et même si ce n'est pas exactement au centre du récit, ça reste dans le thème.


Le 21/03/2021 à 14:20:00

















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