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JilanoAlhuin![]() Spectacles![]() ![]() Astra montait dans sa grande tour. Elle allait au sommet, comme chaque jour. Elle observait les Ă©toiles, comme chaque jour. Elle en crĂ©ait, comme chaque jour. Elle en voyait mourir, comme chaque jour. Celle-ci enleva une mèche d’un bleu cosmique qui tombait sur front, rejetĂ©e sur celui-ci par Meronne, un petit compagnon Ă©toilĂ© qu’elle avait créé en espĂ©rant combler sa solitude, qui aimait ĂŞtre sur la tĂŞte de sa maitresse. Astra lui avait donnĂ© une apparence d’un petit hĂ©risson dont la peau semblait translucide, teintĂ©e d’un bleu nocturne, mais lui avait donnĂ© un caractère joueur et espiègle. Celui-ci lui faisait d’ailleurs bien comprendre, car il aimait la distraire dans son travail. Parfois elle aimerait crĂ©er plus d’ami, mais elle ne pouvait se le permettre, sinon certains de ses enfants Ă©toilĂ©s devraient disparaitre. La crĂ©atrice arriva au sommet de la bâtisse, devant une porte de bois abimĂ©e, vieille de quelques millĂ©naires, mais qui tenait encore. MĂŞme si finalement, cela ne changeait rien pour Astra, qui prĂ©fĂ©rait observer ses enfants que de s’occuper d’une telle broutille. Elle se demandait parfois si ces fascinantes crĂ©atures mortelles savaient qu’elle existait, imaginant comme ils la pensaient. Elle se crĂ©ait des avatars d’elle-mĂŞme, transformant ses yeux violets en un jaune orangĂ©, proche du soleil, ses cheveux bleus qui devenaient aussi noir que la nuit, son visage jeune qui ne lui donnait qu’une vingtaine d’annĂ©e malgrĂ© les millĂ©naires qu’elle a vĂ©cus devenant ceux d’une vieille dame que le temps n’aurait pas Ă©pargnĂ©, sa silhouette fĂ©minine fine et Ă©lĂ©gante qui devenait celle d’un homme dont tout lui Ă©tait opposĂ©, tout comme sa tenue violette voguant au bleu qui ne serait que d’un noir charbon, qui ne changeait jamais de couleur. C’était un rĂŞve naĂŻf d’une autre Ă©poque qui persistait sans cesse dont elle riait. Elle entra dans la pièce, une grande pièce ronde, qui Ă©tait vide de meuble, mais ce n’était pas ce manque de dĂ©coration Ă©vident qui faisait la splendeur qu’adorait Astra. Il s’agissait des murs, le toit, tout ce qui l’entourait. La forgeuse d’étoile y voyait toutes les constellations, toutes les planètes, toutes les vies qu’elle avait créées. Elle pouvait en crĂ©er Ă sa guise, d’un simple claquement de doigts. La forgeuse tournait dans la pièce, observant ses enfants d’un regard doux et bienveillant. Elle les effleura de sa tour solitaire, ressentant sur des doigts la chaleur qui les avait emplis. Elle jouait avec leur forme, les transformant en animaux qui se dĂ©plaçaient dans les galaxies. Un sourire s’esquissa, alors qu’elle se perdait dans ce rĂŞve cosmique. Sa bienveillance la guidait, jusqu’à ce qu’elle s’arrĂŞte sur une Ă©toile qu’elle toucha. Celle-ci Ă©tait froide, bien plus froide que tout ce qu’elle avait connu. Sa lumière n’était plus qu’une lĂ©gère lueur, si faible qu’elle Ă©tait invisible. L’étoile Ă©tait bien sombre, et Astra crut d’abord Ă la mort d’un de ses enfants. Elle toucha l’astre en tremblant, mais ce qu’il se passa l’horrifia. La noirceur de l’étoile se propagea sur les autres Ă©toiles, tout comme elle apparaissait sur les doigts de la crĂ©atrice. Impuissante, elle observait ses enfants devenir sombre, mourant comme s’ils n’étaient rien. L’ombre s’avança sur son corps, dĂ©vorant sa main, son bras. Elle ne s’arrĂŞta que lorsqu’Astra ne voyait plus rien. — Non, non, non… murmura-t-elle, avant de s’effondrer au sol, la vue aussi sombre que l’étoile. Lorsqu’elle se rĂ©veilla, elle ne savait pas combien de temps elle Ă©tait tombĂ©e. Son petit hĂ©risson Ă©tait sur elle, paniquĂ© et versant de petites larmes sur elle. Quand sa maitresse s’éveilla, il vint approcher sa tĂŞte de son visage, se frottant contre elle. Elle caressa son petit animal, lui chuchotant quelques mots avant de se lever. Son regard observait ses enfants. Son cĹ“ur fut soulagĂ©, l’obscuritĂ© ne les avait pas englouties. Mais l’étoile noire, elle, semblait avoir acquis en force, comme si une puissance inconnue se nourrissait de la terreur de la crĂ©atrice. Elle voulut l’effleurer, pensant pouvoir la soigner, avant de voir sa main droite qui Ă©tait assombrie de ce mĂŞme noir qui touchait l’astre froid. Elle se rassĂ©nĂ©ra, avant d’observer autour de l’ancienne Ă©toile. Celle-ci Ă©tait seule dans le cosmos, ce qui n’était pas anodin pour la forgeuse. Les Ă©toiles autour de son enfant avaient disparu. Tous, sans exception. Elle ne savait que faire devant cette chose devant elle. Astra se dĂ©cida Ă vĂ©rifier si une autre de ses enfants avaient subi le mĂŞme sort, mais elle fut ravie de voir que ce n’était pas le cas. Le petit hĂ©risson sur sa tĂŞte poussa un petit cri soudain. — Qu’y a-t-il ? demanda sa maitresse, curieuse. Le hĂ©risson lui dĂ©signa, autant qu’il le pouvait, un lieu Ă travers les constellations. Une petite planète, encore sauvage dans bien des domaines. Elle ne comprit pas pourquoi son petit animal la lui avait dĂ©signĂ©e, mais jamais il n’avait ça auparavant. Cela n’était pas un de ses tours idiots. Quoi que, il Ă©tait crĂ©atif quand il s’agissait de l’ennuyer… — Meronne, ce n’est pas le moment. Le petit animal rĂ©pĂ©ta alors sa demande, plus insistante. La jeune fille observait la crĂ©ature stellaire, dont le regard semblait surpris, un regard qu’elle ne l’avait jamais vu avoir. — Soit, qu’y a-t-il de si problĂ©matique ? demanda-t-elle avant d’observer la planète. De lĂ d’oĂą elle Ă©tait, il n’y avait rien de spĂ©cial. De la vĂ©gĂ©tation, quelques villages calmes, des animaux sauvages qui chassaient et se nourrissaient tandis que d’autres dormaient. Quelque chose de bien banal. Elle allait s’arrĂŞter, quand elle entendit une voix lĂ©gère. — Astra. appela la voix. La crĂ©atrice replongea sur cette Ă©trange planète. Jamais auparavant n’avait entendu quelqu’un l’appeler. Encore faudrait-il qu’elle sache elle-mĂŞme comment elle avait eu son prĂ©nom. — Astra ! rappela la voix, plus forte encore. C’est alors qu’elle le vit. Un jeune garçon, aux longs cheveux qui tombaient dans son dos. Il Ă©tait vĂŞtu très simplement, ne possĂ©dait qu’un haut et d’un pantalon de tissu brun, avec au-dessus, une peau de bĂŞte qui lui tenait chaud. Son regard saphir semblait voir la forgeuse. Elle observa son animal, qui acquiesça d’un petit signe de tĂŞte ce qu’elle pensait. Quelqu’un la voyait ! Quelqu’un la voyait ! Le jeune garçon fit un signe de la main vers elle, comme pour la saluer. Elle fit un bref signe, croyant qu’il n’allait pas s’en apercevoir, mais le sourire qu’il portait ne lui Ă´ta aucun doute. Il l’avait vue lui rĂ©pondre. Astra prit une longue inspiration, avant de reculer de la pièce. La crĂ©atrice cessa ses observations et se tourna vers le hĂ©risson. Elle qui vivait si loin des galaxies, sur un lieu si solitaire, que nul n’avait jamais trouvĂ©, Ă©tait dĂ©couvert par un simple garçon sur une planète quelconque ? Impossible, il devait y avoir une part d’histoire qu’elle manquait, un dĂ©tail qu’elle n’avait pas aperçu. Pourtant, elle ne trouvait rien. Aucune idĂ©e ne se pointait. Du moins, une idĂ©e Ă©tait apparue, mais elle l’avait rejetĂ©e. — Et si je rencontrais ce mortel, avait-elle pensĂ©. Cette idĂ©e qu’elle chassait et qui revenait sans cesse la hantait. Elle observa la tour, ce qui avait Ă©tĂ© sa vie d’aussi longtemps qu’elle s’en souvienne. Son regard vint sur la planète, puis sur Meronne. Elle esquissa un sourire. — Est-ce que tu m’accompagnes ? Le petit hĂ©risson bondit en guise de rĂ©ponse sur son domicile, c’est-Ă -dire la tĂŞte d’Astra. Elle claqua des doigts, et l’instant d’après, elle n’était plus dans la tour. Le jeune garçon qui observait les Ă©toiles semblait déçu de ne plus la voir. Il songea Ă rentrer, avant d’entendre un bruit de derrière lui. Il se retourne et la vit. — Bonsoir Astra, dit-il alors que des larmes apparurent sous ces yeux. Ravi de te revoir. Elle semblait avoir mal compris, et lui intima de rĂ©pĂ©ter. Le jeune homme semblait presque triste. — Tu ne te souviens pas ? La jeune fille hocha en signe de tĂŞte. De quoi devait-elle se souvenir. Elle n’avait jamais vĂ©cu hors de sa tour. Non ? — Je pensais que c’était le cas, dit-il d’une voix déçue. — De quoi suis-je sensĂ©e me souvenir ? — Ne connais-tu pas un certain Mercury ? Elle l’observait, perdue. Il est vrai qu’en l’observant un peu plus, il semblait ĂŞtre familier, comme si ce n’était pas la première fois qu’ils se voyaient. Mais il y avait un trou dans son esprit, comme si quelque chose avait Ă©tĂ© oubliĂ©. — Je… Je ne me souviens pas en connaĂ®tre un. Le jeune homme Ă©tait emprunt de tristesse. Il soupira, avant de prendre la parole. — Le cycle des Ă©toiles, tu t’en souviens ? — Je le sais depuis ma naissance. — Et quel est-il ? — Le cycle des Ă©toiles reprĂ©sente la vie que mes enfants ont. Toutes se doivent de vivre plusieurs milliers de vie mortelles. — Pour qu’ils puissent tous rĂŞver avec elles. — Pour qu’ils puissent tous… rĂŞver avec… elles… Comme si son esprit venait d’assimiler quelque chose, elle tomba Ă genoux. La douleur qu’elle ressentait Ă©tait plus grande encore que tous ce qu’elle avait connu jusqu’à prĂ©sent. Son cĹ“ur battait la chamade, chaque souvenir s’imprĂ©gnait d’une Ă©motion qu’elle ne pensait pas avoir, et ce trou bĂ©ant de son esprit s’emplit. Une personne entra dans ses souvenirs et ses pensĂ©es, comme s’il avait toujours Ă©tĂ© prĂ©sent. — M…Mercury ? balbutia-t-elle. Le jeune homme sourit. — Je pensais que jamais tu ne te souviendrais. Je n’ai jamais oubliĂ© notre promesse. Le souvenir en question remontait il y a des millĂ©naires, des milliards d’annĂ©e, quand la vie apparaissait Ă peine. Ils Ă©taient tous les deux assis sur une falaise, les jambes dans le vide. — Astra… — Qu’est-ce qu’il y a, Mercury ? — N’as-tu pas peur ? Elle ne comprit pas la question. — Pourquoi aurais-je peur ? — N’as-tu pas peur de… d’être triste ? Je suis mortel, je ne vivrai jamais autant que toi. — Les mortels se rĂ©incarnent, je te l’ai dit. — Mais si je ne suis pas la mĂŞme personne ? — Ça n’arrivera pas, et tu le sais. — Comment peux-tu en ĂŞtre sĂ»r ? — Je le sais, c’est tout. Le jeune garçon se perdit dans les yeux violets de la jeune fille. — Est-ce que tu peux me promettre quelque chose ? — Que veux-tu donc ? — Qu’on ne se quittera jamais, qu’on ne s’oubliera jamais. — Mercury… Je… Je ne sais pas… Tu es mortel, et si tu meurs… ce sera comme avec mes enfants, et tu le sais. — Astra, nous nous rĂ©incarnons, tu le dis toi-mĂŞme. Je ne mourrai jamais vraiment. S’il te plait… juste cette promesse — Si tu veux. Je veux bien essayer. — Je veux qu’on se promette de se revoir, de s’appeler Ă nouveau quand je mourrai. Je veux ĂŞtre avec toi. Parce que tu es l’étoile qui me fait rĂŞver. Le regard bienveillant d’Astra se posa sur lui. — Je te le promets. La jeune fille avait mal. Elle observa autour d’elle. Mercury n’avait pas bougĂ©, il ne faisait que la regarder, inquiet, ne sachant quoi faire, mĂŞme si elle nota que Meronne Ă©tait dĂ©sormais sur sa tĂŞte Ă lui. Elle observa sa main sombre, que le jeune homme tenait. L’ombre sur celle-ci semblait disparaitre. — Que s’est-il passĂ© ? — Tu t’es Ă©vanouie, voilĂ ce qu’il s’est passĂ©. J’ai cru te perdre. — DĂ©solĂ©e… Le silence s’imposa entre eux, avant qu’il ne lui lâche la main. La marque cessa de disparaitre, mais elle n’avança pas. La forgeuse se leva, s’aidant du jeune homme pour tenir debout. Encore, la marque semblait disparaitre. Astra semblait comprendre, les pièces se plaçaient petit Ă petit dans son esprit. — Je… Je crois savoir pourquoi j’ai oubliĂ©, commença-t-elle, notant le silence du jeune homme. La rĂ©ponse Ă©tait Ă©vidente, tout comme la solitude de sa tour. Elle ne supportait pas de devoir le voir mourir comme ses enfants, de le voir comme un mortel qui disparaissait. Elle s’était infligĂ©e elle-mĂŞme cet oubli. Mercury l’avait Ă©coutĂ© en silence. — Je comprends mieux pourquoi tu n’avais pas voulu me faire cette promesse. Elle se frotta les yeux, embuĂ©s de larmes, avant de le regarder. — Je ne veux pas te perdre encore Mercury, chaque fois, ça me tue un peu plus. — Alors, laisse-moi t’accompagner. Le petit hĂ©risson acquiesça d’un signe de tĂŞte et un petit bruit presque inaudible. Il lui tendit la main, qu’elle regardait pendant un instant avant de la saisir. Elle claqua Ă nouveau des doigts, et ils se trouvèrent Ă nouveau dans la tour. Mercury poussa un soupir d’étonnement en voyant toutes les constellations et toutes les Ă©toiles qui tournaient autour de lui. C’était un spectacle magnifique. — C’est ici que tu vis ? — Depuis toujours. — C’est beau. Le jeune homme aperçut très vite le lieu sombre parmi ces astres. — Que se passe-t-il ? — Je ne sais pas. Il s’avança vers celle-ci, avant de revenir vers Astra, un sourire aux visages. — Je sais. Donne-moi la main. Astra lui faisait confiance. L’ombre sur sa main s’effaça jusqu’à disparaitre. — Ce n’est pas n’importe quelle Ă©toile. C’est ton Ă©toile. Viens. Elle l’écoutait en silence. Elle imita son geste quand il dĂ©posa sa main sur l’étoile froide. L’ombre sur celle-ci disparaissait, tout comme le froid, et elle devint alors un astre chaleureux, plus chaud encore que tout ce qu’elle avait touchĂ©, et plus lumineux encore. Astra relâcha l’astre, qui brillait. — Merci, murmura-t-elle. — Ne me remercie pas. Tu es l’étoile avec laquelle je veux rĂŞver. Astra sourit, mais elle craignait encore de le voir mourir. Merion s’approcha de sa maitresse, et caressa sa tĂŞte sur son visage comme il aimait le faire. Il avait une idĂ©e derrière la tĂŞte, mais pour une fois, ce n’était pas pour agacer sa maitresse. C’était pour lui offrir un cadeau. Il se tourna vers Mercury, ferma les yeux, et petit Ă petit, son corps disparaissait, et l’énergie qui s’en libĂ©rait entra dans le jeune garçon. Quand il eut disparu, ils ne purent prononcer qu’un mot. — Merci. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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