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Faucheuse![]() Spectacles![]() Academy Universe - ancien lore
![]() ![]() Une vie pour une vie(par Faucheuse)Je marchais, lentement. Je n’étais pas pressĂ©, j’avais le temps. La jeune fille Ă mes cĂ´tĂ©s, consciente de ce que nous allions faire, restait coite. Elle me tenait la main et vint appuyer sa tĂŞte contre mon bras. Depuis qu’elle Ă©tait avec moi, ma vie avait pris un tout autre sens. Et je ne voulais pas qu’elle se sĂ©pare de moi un jour, bien que le doute l’habitait en ce jour… Les gens s’affairaient autour de nous, comme si nous Ă©tions invisibles… Peut-ĂŞtre sans doute parce que nous l’étions vraiment. Au moment oĂą Elinor et moi arrivions Ă l’étage oĂą se trouvait notre victime — la première sur la liste, Sarah Lanvin — la main de mon apprentie serra la mienne davantage. Je m’arrĂŞtai un instant et la regardai. — Sommes-nous obligĂ©s de faire cela ? Et si on avait le choix ? J’acquiesçai tristement Ă ses mots… mais nous n’avions pas le choix. Le cycle de la vie et de la mort ne pouvait pas ĂŞtre arrĂŞtĂ©. Tenter de l’enrayer Ă©tait vain. Je repris ma dĂ©marche assurĂ©e. Il restait cinq minutes et la porte que nous devions atteindre n’était qu’à une dizaine de mètres de nous. N’ayant pas immĂ©diatement remarquĂ© qu’elle m’avait lâchĂ© la main, je ne m’arrĂŞtai pour l’attendre que lorsque j’entendis les pas de la jeune fille se prĂ©cipiter pour me rejoindre. Je la regardai du coin de l’œil… son visage Ă©tait sombre. Elle dĂ©testait ce que nous nous apprĂŞtions Ă faire, c’était une Ă©vidence. Enfin, nous franchĂ®mes les portes de la chambre. Il y avait lĂ une jeune femme de vingt-huit ans. Dans ses bras, un jeune enfant qui venait tout juste de s’éveiller au monde. Ă€ son microscopique poignet, juste au-dessus d’une tâche de vin, un bracelet indiquĂ© son prĂ©nom : Sarah. Je regardai l’horloge murale. Encore trois minutes. Je fis apparaĂ®tre ma faux. Le moment Ă©tait bientĂ´t venu. Encore une fois, la main d’Elinor pressa la mienne. — MaĂ®tre… Renonçons… Ne peux-tu pas faire cela pour moi ? — Je ferai bien des choses par amour pour toi… Mais pas cela. — Mais pourquoi ? Pourquoi ? Je ne comprends pas… — Leçon cent… — Non ! m’interrompit-elle. Je ne veux pas recevoir une leçon ! Il n’y a pas d’âge pour mourir… Pas d’état d’âme… Je connais toutes ces leçons ! Je les connais très bien ! Mais je… Nous ne… Elle commença Ă sangloter. — Nous ne pouvons pas faire ça, rajouta-t-elle. — Cette femme pourra enfanter Ă nouveau. — Mais ce bĂ©bĂ© n’a que quelques minutes. Elle sera effondrĂ©e. Ne pouvons-nous pas l’épargner… Faucher quelqu’un d’autre… Ă€ l’étage au-dessus, il y a des gens qui ont vĂ©cu plus d’un siècle… — Une vie pour une vie ? Mais… qui se sacrifierait pour cet enfant ? Qui ? Personne n’aime suffisamment cet enfant pour sacrifier sa vie pour lui. Il vient d’arriver dans ce monde. Vainc ton apprĂ©hension… Nous devons agir. — Tu as tort, maĂ®tre ! Je penchai la tĂŞte, intriguĂ©. — Ă€ qui penses-tu ? Sans me demander mon avis, Elinor retira le voile qui occultait notre prĂ©sence Ă la jeune mère. La jeune femme eut un geste de recul en nous voyant, serrant son enfant contre elle. Elle comprit immĂ©diatement qui nous Ă©tions. Quant au pourquoi de notre venue… — Je vous en prie… Ă©pargnez-nous ! Sarah a besoin de moi et j’ai besoin d’elle ! — Nous sommes navrĂ©s, madame, fit Elinor. Nous n’avons pas le choix. Nous sommes venus pour votre fille… La jeune femme commença Ă pleurer, enfouissant la tĂŞte de son bĂ©bĂ© contre son cou. Il nous restait vingt secondes. — Vous ne pouvez pas… Je vous en prie... — Tu es jeune… Tu pourras avoir un autre enfant, mortelle, fis-je. — Je… Non… Je ne peux plus… Elinor nous regarda tour Ă tour. Les soignants regardaient la jeune femme comme si elle Ă©tait folle. Pour eux, elle parlait dans le vide.
Lorsque nous quittâmes le bâtiment, mes pensées étaient troublées. Pourrais-je un jour faire preuve d’autant d’abnégation pour ma protégée… par amour pour elle ? Le lendemain, la rubrique nécrologique indiquerait que Delphine Lanvin était morte en couches après avoir donné naissance à son enfant… Qu’elle laisserait Pierre Lanvin, son mari, dans le deuil. La jeune fille qui m’accompagnait resta blottie contre moi jusqu’à ce que nous quittions ce monde. Et au moment où nous retournions là où nous vivions, elle tourna sa tête vers moi et me souffla simplement : « Merci... » Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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