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FaucheuseElinor![]() Spectacles![]() L'histoire des Faucheuses
![]() ![]() Le chemin des morts(par Faucheuse et Elinor)Six ans se sont écoulés depuis ce que les autorités ont appelé « le massacre de Gastonville ». Mais Elinor est toujours la même enfant. Les âmes qu’elle consume ralentissent son vieillissement. Cela ne signifie pas qu’elle est immortelle. Cet honneur n’est réservé qu’aux vraies faucheuses. Et même si j’ai bon espoir qu’un jour, sa faux côtoie la mienne sur les champs de bataille, elle n’est pas encore prête. Même si elle donne tout son cœur à l’ouvrage, l’apprentissage est horriblement long. Un jour, j’en suis certain, elle me supplantera. Je ferai tout pour cela. Mais pour l’heure, nous avons fort à faire. Ma liste indique trois personnes, dans l’ouest sauvage américain. Je devrais y aller seul. Je le devrais, oui. Mais ces derniers temps, Elinor s’ennuie. Elle a terminé de lire tous les ouvrages de la bibliothèque et ne sait plus que faire de ces soirées libres. Alors, je me décide à lui proposer une nouvelle forme d’apprentissage. J’apparais devant la porte de sa chambre et toque à la porte.
Je relis pour la Ă©nième mon livre prĂ©fĂ©rĂ© de la bibliothèque de mon maĂ®tre, quand il frappe Ă ma porte. J'espère qu'il va m'annoncer quelque chose de rĂ©jouissant. Je n'irai pas jusqu'Ă dire que je m'ennuie ferme, mais presque. Je lui ouvre, et lui souris : — Leçon du jour ? Il me rĂ©pond d'un air Ă©nigmatique : — PrĂ©pare-toi. Enfile tes affaires les moins salissantes, et rejoins moi en bas. J'ai prĂ©vu quelque chose de... spĂ©cial aujourd'hui. Enfin un peu de divertissement ! Ce n'est pas que je n'aime pas ma vie, loin de lĂ , mais... les journĂ©es sont longues en ce moment. Je me change en quatrième vitesse, et je le retrouve dans le hall d'entrĂ©e. Je lui demande , intriguĂ©e : — OĂą allons nous MaĂ®tre ? — Tu verras bien. Mais tu vas ĂŞtre heureuse, nous allons monter Ă cheval ! Une destination inconnue ! Une virĂ©e Ă cheval ! Tout est rĂ©uni pour que cette journĂ©e soit mĂ©morable. J'ai tellement hâte. Il me tend sa main blafarde, je la saisis, et nous quittons notre demeure. Une nouvelle aventure commence !
Nos chevaux empreints de magie nous emmènent en quelques secondes dans le dĂ©sert aride. Une petite ville aux allures fantomatiques se dresse au milieu du sable qui tourbillonne au grĂ© des vents. Mon cheval noir comme le jais s’agite alors que nous approchons lentement des habitations. Je regarde un instant celui de mon apprentie. Le coursier alezan est bien plus calme que ma monture. Étrange… D’un autre cĂ´tĂ©, Ghost, mon Ă©talon, m’est liĂ© depuis tellement de siècles... Il ressent parfois les morts Ă venir. Probablement celles de Daryl Dykes et de Malcolm Colter, les deux premiers de ma liste. Dans moins d’une heure, leurs âmes auront Ă©tĂ© collectĂ©es. Et j’espère bien qu’Elinor saura s’en charger. Elle a dĂ©jĂ rĂ©cupĂ©rĂ© sa première âme lors du massacre qui sauva son père. C’est quelque chose qu’elle sut faire avec une aisance dĂ©concertante. Nous arrivons enfin au village. Deux individus se font face, la main tout près de leur ceinture, prĂŞts Ă dĂ©gainer leurs armes. Un sourire se dessine sur mon visage. Stupides mortels ! Ils me facilitent tellement le travail. Je me tourne vers la jeune fille qui m’accompagne, afin de lui expliquer ce qu’il se passe. C’est quelque chose auquel elle n’avait jamais assister. Pas que cela ne se fasse pas en France, mais surtout que les villageois ne rĂ©glaient pas leurs diffĂ©rents de la sorte. — Ces deux individus vont s’entre-tuer. Pourquoi ? Cela importe peu. Mais ils appellent cela un duel. Le but ? Éliminer celui qui leur a causĂ© un affront. Mais… comme tu pourras le voir leurs deux noms sont sur notre liste. Je tends mon parchemin magique Ă Elinor afin qu’elle le constate Ă son tour. Nous sommes invisibles Ă leurs yeux. Lorsque la vie quittera leur corps, nous serons prĂŞts.
Le voyage a Ă©tĂ© extrĂŞmement plaisant. Galoper sur le dos de Phoenix est toujours un plaisir, Ă fortiori lorsque de vastes plaines s'offrent Ă nous. Pour mon maĂ®tre, en revanche... c'est une autre histoire. Il monte correctement certes, mais il n'est pas spĂ©cialement Ă l'aise Ă cheval, mĂŞme après des siècles de pratique avec Ghost. Je m'amuse toujours de cela, mais sans jamais l'Ă©nerver. Je le respecte et l'apprĂ©cie trop pour vouloir le mettre en colère. J'ai donc galopĂ©, cheveux au vent, en toute libertĂ©, tandis que lui est restĂ© bien sagement au pas. Mais le vrai but du voyage est encore plus intĂ©ressant. Un vrai duel, comme dans mes livres, Ă l'issue fatale. Je vais vraiment prendre plaisir Ă voir agir mon maĂ®tre. Peut-ĂŞtre mĂŞme qu'il me laissera en faucher un. Je brĂ»le d'impatience. Il doit remarquer mon enthousiasme, car il me dit : — Prends Dykes, je m'occupe de Colter. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Je fais apparaĂ®tre ma faux dans ma main. Je commence doucement Ă avancer. Celui qui m'est confiĂ© est le plus loin de moi. Je dois ĂŞtre discrète. Mais je connais les gestes Ă accomplir par cĹ“ur. Un frisson d'excitation se rĂ©pand en moi, comme Ă chaque fois que je m'apprĂŞte Ă prendre une vie. Et soudain, le premier coup de feu retentit. Phoenix se cabre. Je ne comprends pas ce qui lui arrive, il est d'ordinaire si calme. Et tout s'enchaĂ®ne très vite. Il part au galop. Je n'arrive pas Ă l'arrĂŞter. Ma cible jette un regard sur moi. Elle m'a vue. L'homme pointe son arme sur moi. Il presse la gâchette. Mon cheval s'arrĂŞte brusquement. Au pire moment. Je peux presque voir la balle arriver sur moi. Je suis tĂ©tanisĂ©e. Et je me sens dĂ©chiquetĂ©e de l'intĂ©rieur. La douleur est insupportable. Je tombe de cheval. Je perds beaucoup de sang, je le sais, je le sens. Tout comme je sens que je pars, peu Ă peu.
J’ai l’impression que le temps s’est figé. Non… Il s’est réellement figé ! La balle flotte dans les airs et le tireur regarde toujours dans la direction du cheval avec des yeux mauvais. Que s’est-il passé ? Je saute au bas de ma monture et me précipite sur mon apprentie. Du sang coule abondamment de son thorax. Son cœur a été épargné… mais pas son poumon. Non, ce n’est pas possible. Je ne sais que faire. Je ne suis pas médecin. Je prends des vies, je ne les… Je réalise alors que je ne souhaite pas la voir mourir. Pour la toute première fois depuis que je suis une faucheuse, je désire en restaurer une. Que dois-je faire ? Que font-ils toujours dans ces cas-là ? Je les ai vu faire des centaines de fois. Tenter de sauver la vie que je m’apprête à prendre. Mais pris de panique, je ne parviens pas à me souvenir des bons gestes. Un doute m’assaille soudainement et je fais apparaître mon parchemin dans ma main. Les noms des deux cowboys ont disparu. À leur place apparaît lentement, comme écrit par une main invisible une nouvelle ligne : Elinor, apprentie faucheuse. Mes yeux s’écarquillent. C’est impossible. C’est une faucheuse, elle ne peut… Non, elle n’est pas encore une faucheuse. Elle est toujours mortelle. Les âmes lui confèrent la possibilité de ralentir son vieillissement, pas d’échapper à la mort. Je n’aurais jamais dû l’emmener. Elle n’a pas encore toutes mes compétences. Dès lors qu’elle s’est éloignée de moi, mon pouvoir qui nous occultait aux yeux des mortels a cessé d’agir sur elle. Voilà pourquoi cet individu a pu la voir. De rage, je fais apparaître ma faux dans ma main et le décapite d’un seul mouvement de poignet. Sa tête se détache de son corps, se soulève sur un centimètre puis s’immobilise… Le temps est toujours figé pour les mortels. Comment est-ce possible ? Un pouvoir caché de ma condition de faucheuse ? Une intuition me prend tout à coup. Je soulève l’inerte Elinor dans mes bras et la pose aussi délicatement que je peux sur mon cheval avant de monter à mon tour. Les yeux de la monture s’embrasent tandis que nous passons dans l’autre monde. Je n’ai plus besoin de savoir chevaucher, Ghost sait parfaitement où il va, au galop le plus rapide que je lui ai jamais connu.
Mon cœur bat encore. Faiblement, mais il bat. Je sens qu'il me soulève, tout en douceur, comme si j'étais un nourrisson fragile. Je sais que je n'en ai plus pour très longtemps. Mais je veux le rassurer. Lui dire que tout ira bien. Qu'il me trouvera un remplacement. Pourtant, je n'y arrive pas. Mes yeux refusent de s'ouvrir. Mes lèvres refusent de bouger. Ma voix refuse de produire un son. Mes mains refusent de s'animer pour serrer la sienne. Je vais m'en aller, mais je ne pourrais pas lui dire adieu. Je ne pourrais pas le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi. Je ne pourrais pas lui dire qu'il a été comme un père pour moi. Je ne pourrais pas lui dire... que je l'aime. Je n'ai jamais ressenti une telle connexion, de tels sentiments pour quelqu'un avant lui. Même pas pour mon propre père. Nous sommes... des âmes sœurs. Et je ne pourrais jamais lui dire. Je sens une larme couler sur ma joue. Lui qui l'essuie, plein de douceur. Je ne veux pas partir, mais je n'ai pas le choix. Alors qu'il me tient serrée contre son corps glacé, comme pour me protéger, je m'élève. Peu à peu, je quitte mon corps. J'attends la fameuse lumière blanche. Mais elle ne vient pas. Je ne suis plus en moi, mais je suis restée. Cependant, je sens bien que je suis en sursis. Seul un fil, un minuscule fil me retient auprès de lui. Et je sais qu'il peut se briser à tout moment. Alors je vais profiter du temps qu'il me reste. Je me dresse devant lui. Je ne sais pas comment il me voit, mais je sais que c'est le cas. Ses yeux sont embués de larmes. Je lui souris.
Elle agonise… Son âme se dĂ©tache peu Ă peu de son corps. Notre prĂ©sence dans l’autre monde semble ralentir sa mort. Je vois son âme face Ă moi et j’en suis bouleversĂ©. J’avais toujours arrachĂ© les âmes sans prendre le temps de les regarder. Simple petite flamme Ă mes yeux jusqu’alors, je rĂ©alise devant le spectacle qui s’offre Ă moi Ă quel point j’avais Ă©tĂ© aveugle. L'âme d’Elinor est la plus belle chose que j’ai pu voir jusqu’à prĂ©sent. Alors que Ghost cavalcade Ă vive allure, je n’aperçois qu’à peine les terres arides des morts. Des plaines stĂ©riles remplies de cactus. Parfois, nous croisons des spectres, âmes qui ont quittĂ© leur corps sans ĂŞtre fauchĂ©es. PrivĂ©s de repos, des cowboys me saluent en baissant leur chapeau… des dames s’approchent de ma monture, prĂŞtes Ă me proposer mille promesses dont je n’ai cure. Elles ne flottent Ă mes cĂ´tĂ©s que de courts instants, jusqu’à ce que je les repousse. Seule mon apprentie m’intĂ©resse. Je blottis son corps presque sans vie contre moi. Je l’étreins. Je pleure… Je devrais lui accorder l’éternel repos, mais je n’y parviens simplement pas. Il me suffirait d’un geste pour que son âme rejoigne ma maĂ®tresse… BientĂ´t, nous atteignons une haute colline sur laquelle se dresse une bâtisse. Une vieille pancarte en bois indique le nom des lieux : « Le Mont Malade ». Mon cheval s’immobilise devant la porte du bâtiment. Je descends de ma monture, ne sachant trop ce que je dois faire. L’esprit d’Elinor me regarde, les yeux embuĂ©s de larmes. Non corporelle, elle ne parvient pas Ă les laisser s’échapper. Je lui caresse la joue doucement et elle ferme les yeux Ă mon contact. Puis je reprends dĂ©licatement son corps dans mes bras. — Je ne te laissera pas, Elinor. Ă€ l’intĂ©rieur du bâtiment, j’entends un piano bastringue jouer. La musique est entraĂ®nante probablement. Je n’y fais qu’à peine attention. Je pousse la porte Ă double battant avec mon dos et pĂ©nètre l’édifice. Lorsque je me retourne, je suis surpris. Je m’étais attendu Ă rencontrer ma maĂ®tresse, la Mort en personne. Il n’en est rien. Un homme me regarde. L’étoile sur sa poitrine pourrait laisser Ă penser qu’il fait rĂ©gner la justice. — Vous ĂŞtes venus pour la sauver, faucheuse ? Votre rĂ´le n’est-il pas de prendre ? PlutĂ´t que de donner ? Laissez-la ici et repartez d’oĂą vous venez ! — Je ne repartirais pas sans elle, murmurais-je, retenant un sanglot. — Il n’y a de la place que pour une seule faucheuse dans ton monde. — Je ne repartirais pas sans elle, rĂ©pĂ©tais-je, Ă©treignant davantage le corps de mon apprentie.
Je m'efface. De plus en plus. Le fil qui me retient s'amenuise. Mais je ne veux pas le quitter. Je refuse. Je veux pouvoir lui parler. Mais je suis lĂ , impuissante. Et je le vois, effondrĂ©, Ă nĂ©gocier corps et âme pour me ramener avec lui. A cet instant, je donnerais tout pour qu'il ne se soit rien passer. Pour ĂŞtre encore dans notre manoir, Ă continuer mon apprentissage. TOUT. Mais je ne peux pas revenir en arrière. Je ne peux pas... En face de moi continue ce duel fatal, dont l'issue est plus qu'incertaine. Ma vie se joue, et je ne peux rien faire. — Laissez-moi la ramener avec moi. Je vous donnerai tout ce que vous voulez. Je peux mĂŞme vous laisser mon âme, si c'est le prix Ă payer pour qu'elle vive. Ainsi, il est prĂŞt Ă se sacrifier pour moi. Je veux rejoindre mon corps pour l'enlacer, je veux me serrer contre lui. Je ne le vois mĂŞme plus comme un maĂ®tre. Je le vois juste comme... le lien qui nous unit est indescriptible. — Voyons, ne dis pas de bĂŞtises. Comment ferions nous, si seule une apprentie qui n'a pas fini sa formation pouvait assurer la fonction de faucheuse. Je dĂ©teste cet homme. Son ton hautain, sa posture de tout-puissant, son tutoiement insolent. Je le dĂ©teste. Et je me dĂ©teste de ne pas pouvoir intervenir. Mais si mes yeux le pouvaient, ils le tueraient instantanĂ©ment Ă coups d'Ă©clair. — Je te propose un accord, et il n'est pas nĂ©gociable. Tu retournas avec elle dans le monde des humains pour achever son apprentissage, mais dès qu'elle sera prĂŞte, tu rejoindras l'au-delĂ , sans possibilitĂ© de retour. Je ne sais pas quoi penser de ce marchĂ©. Mais je n'en ai pas le temps. Le lien qui me raccroche au monde physique va rompre. D'une seconde Ă l'autre. Alors, je tente pour le tout. Je me rapproche de lui. Mon maĂ®tre, mon ami, mon père, mon âme sĹ“ur. Et j'emploie toute l'Ă©nergie qu'il me reste pour une dernière chose. Je redeviens physique, sans pour autant retrouver mon corps. Et je lui prends la main. Je la serre de toutes mes forces. Et je lui dis, dans un murmure, en espĂ©rant rĂ©ussir Ă faire passer tout ce que je ressens dans de simples mots, un simple regard : — J'ai confiance en toi. Aie confiance aussi. Nous trouverons des solutions. Je ne veux pas te perdre. Je... Je t'aime. Je lui dĂ©pose un baiser sur la joue. Je lui serre une dernière fois la main. Et je m'efface.
J’ai tout tentĂ©, tout proposĂ©. Des milliers de sacrifices, ma propre âme… Rien n’y a fait. Un seul choix m’est proposĂ© pour la sauver. Je devrais mourir le jour oĂą elle sera prĂŞte. Mourir… L’immortelle faucheuse… mourir… Je regarde son âme. Elle me saisit la main et je sens toute la douceur de sa peau. Dans un murmure, elle place sa confiance en moi… Puis son âme se dĂ©tache de son corps et elle disparaĂ®t. Est-ce trop tard ? — J’accepte ton marchĂ© ! Dans un mouvement plus rapide que je ne peux le percevoir, il plonge sa main dans sa ceinture en sors un objet et me le lance. Je n’ai pas le temps de rĂ©agir que je suis frappĂ© Ă la poitrine. Mon corps s’embrase d’une Ă©nergie soudaine et je sens un petit peu de cette force me quitter et rejoindre le corps de mon apprentie. Puis plus rien. Le silence est pesant. Le piano a cessĂ© de jouer et je ne m’aperçois que maintenant qu’il jouait sans musicien. J’enlace une dernière fois le corps sans vie d’Elinor et je la dĂ©pose au sol, juste après lui avoir embrassĂ© le front. J’ai mis trop de temps Ă choisir. Bien trop de temps… Je m’approche lentement de ma monture. Ghost… Je rĂ©alise que je n’avais que lui jusqu’à ce qu’elle rentre dans ma demeure. Je jette un dernier regard vers la bâtisse… — Adieu, mon apprentie ! Tout est de ma faute… J’ai voulu Ă©gayer son quotidien, je l’ai menĂ© Ă la mort. C’est comme si je l’avais placĂ© sur un Ă©chafaud et avais moi-mĂŞme abaissĂ© le levier… Tout est uniquement de ma faute… Je monte sur l’étalon couleur de jais. Mais je ne pars pas. Je ne parviens pas Ă l’abandonner. Je me refuse Ă reprendre ma mission si elle n’est pas Ă mes cĂ´tĂ©s.
J'ouvre les yeux. Mes véritables yeux. Je suis de nouveau dans mon corps. Ainsi, il a accepté le marché. Mais je ne le laisserai pas mourir. Je trouverai un moyen pour annuler cet accord. Toutefois, chaque chose en son temps. Je me relève doucement. Je me sens maladroite, pataude. J'espère ne jamais revivre cette affreuse expérience. En face de moi se tient l'homme. Sans un mot, il me montre la sortie. Je ne sais pas qui il est, et ne souhaite pas le savoir. du moins, pas pour le moment. Une seule chose m'importe, le retrouver. Je me précipite à la sortie du manoir. Je me souviens du trajet que j'ai fait sous ma forme spirituelle. J'ouvre l'immense porte de bois. Et il est là . Il n'est pas parti. Je suis incapable de bouger, incapable de produire le moindre son. Mais Ghost me voit. Et après lui, son cavalier. Je le vois, il est surpris de me voir. Surpris, et infiniment heureux. Il descend de cheval. Et je cours vers lui. Il m'ouvre ses bras. Je m'y réfugie. Il me presse contre lui. Nous pleurons tous les deux. Je sens ses larmes sur mes cheveux. Mais je n'en ai que faire. Il dépose un léger baiser sur mon front. Je suis si heureuse de le retrouver. Je ne veux plus jamais le quitter. Quand j'étais encore dans mon village, je pensais que l'amour, ce sentiment de plénitude, ne pouvaient s'éprouver qu'entre deux amoureux. Mais je me trompais. Des siècles nous séparent. Et pourtant, je me sens complète quand je suis avec lui. C'est mon tout, la petite partie de moi qui me manquait. Je me rends compte aujourd'hui. Rien ne pourra rompre le lien qui nous unit. Jamais. Notre étreinte est une promesse. Une promesse emplie d'espoir. Nous ne nous séparerons plus. Nous resterons ensemble. Nous trouverons un moyen de rompre l'accord qu'il a passé. Et rien ne saurait briser un serment tel que celui-ci. Cette histoire fait partie d'un tout plus grand !
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