Le jour sur lève sur le Mont Malade. Ma propriété. Je me réveille douloureusement. Le cimetière de bouteille qui m’entoure me rappelle qu’hier, je fêtais mon anniversaire. Profitant de ma baisse de vigilance, Harper a encore frappé. Je suis la seule autorité en ces lieux. J’aurais dû le voir venir, ce vandale.

Vol, saccage… Les victimes témoignent. Aucun doute possible, c’est bien Harper. Très bien, c’est la fois de trop. Il est temps que justice soit faite.

Les témoins, deux jeunes filles affolées, affirment que le voyou a emporté son butin dans la forêt voisine. J’enfourche donc ma monture et part aussitôt à sa recherche. Heureusement, j’ai pensé à prendre un encas. Midi sonne au loin alors que je n’ai toujours aucune piste du bandit.

Ce n’est que lorsque la vieille horloge du village sonne quatorze heure que je le retrouve. Au deuxième coup, il remarque ma présence. À ses côtés, le butin qu’il a dérobé.

Mon adversaire sait-il qu’il ne pourrait se soustraire à mon châtiment ? Peu importe, il a causé bien trop de dommages dans mon secteur pour que je n’agisse pas.

Appelez cela justice ou vengeance, je n’en aurai cure. Ce que j’allais faire, je le ferais sans hésitation.

Nous nous faisons face, nos armes rangées dans leurs étuis sous le soleil écrasant. Le petit vent d’ouest n’empêchait pas la sueur de perler sur mon front. Le duel allait être compliqué. Dangereux. Pas d’armes à feu. Juste nos armes tranchantes.

Je me saisis de lui dans le secret espoir de le décontenancer. Raté. Sans toutefois parvenir à se dégager, il m’assaille déjà le bras gauche, me le lacérant en un coup foudroyant, puis un deuxième…

Son regard en dit long… C’était un avertissement. Je peux encore le laisser partir et il cessera les hostilités. Mais je refuse de m’avouer vaincue. Je sors maladroitement mon arme et attaque à mon tour.

La première griffe du félin vole dans les airs et atterrit sur mon vélo. Les autres ne tardent pas à suivre, interrompant pour un temps le sillage de destruction de Harper.